INTRODUCTION
La sélection génétique des trois
dernières dizaines d'années a considérablement
augmenté le potentiel de production des animaux, transformant les vaches
laitières en de formidables machine à produire. Mais comme toute
machine, elles demandent de l'entretien. Le moteur de la production
laitière est assurément l'alimentation, la composition du lait et
la quantité produite étant étroitement liées
à ce qui est offert à la machine à transformer. De
nombreux éléments viennent ensuite prendre part à cet
édifice : le patrimoine génétique, la conduite
d'élevage, le logement, la maîtrise sanitaire, sont autant de
facteurs apportant leur contribution à une production optimale.
Néanmoins, tous ces éléments sont articulés par la
reproduction. C'est l'évènement majeur, le démarreur de la
machine, sans lequel la vache ne peut donner naissance à son veau et par
là même ne peut initier sa lactation.
Mais ce fonctionnement est fragile. Il existe des
corrélations négatives entre production et reproduction et on
assiste depuis quelques temps à une chute des paramètres de
fertilité et de fécondité [58], et ce malgré
l'amélioration des connaissances concernant le déroulement du
cycle oestral, des moyens de maîtrise thérapeutique (protocoles de
synchronisation des chaleurs par exemple) et des progrès zootechniques
nombreux (maîtrise de la nutrition/alimentation). Ce constat est une
donnée rencontrée dans de nombreuses études, en
particulier en race Prim'Holstein, que les auteurs soient anglais [80],
irlandais [85], américains [63], français ou belges [72].
La réussite de la reproduction est une suite
d'évènements emboîtés. La vache doit être
cyclée, exprimer des chaleurs, être détectée,
inséminée au bon moment, produire un ovocyte fécondable,
l'utérus doit pouvoir accueillir l'embryon, lui permettre de s'implanter
et de survivre durant toute la gestation [21].
Les origines probables d'échec sont
régulièrement expliquées par la difficulté de
maîtrise du post-partum. Cette période est à risque pour la
vache qui voit sa production laitière croître chaque jour et de la
même façon ses besoins énergétiques alors que d'une
part l'alimentation, aussi bien gérée soit-elle, ne peut subvenir
à ces besoins et que d'autre part, cette période correspond
à celle de la mise à la reproduction.
De nombreuses études traitent alors du déficit
énergétique, de son impact sur la reproduction et des
mécanismes reliant les deux. Il est alors apparut utile
d'appréhender le déficit de façon concrète. La note
d'état corporel s'avère un outil utile fiable et offert à
tous pour juger du statut nutritionnel d'un animal. Nous étudierons donc
dans une première partie la technique de notation de l'état
corporel, les relations qui existent avec les paramètres de l'animal et
les variations normales au cours du cycle reproductif. Dans une seconde partie,
nous étudierons les relations existant ou non entre cette note et les
paramètres de reproduction.
PREMIERE PARTIE : METHODE DE NOTATION DE
L'ETAT CORPOREL
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La notation de l'état corporel s'est
développée au cours des trente dernières années
pour fournir aux éleveurs et aux partenaires de l'élevage un
outil pratique d'usage et fiable, permettant d'estimer les réserves
énergétiques. Cet indicateur du bilan énergétique
est utilisé non seulement pour le suivi d'élevage et
l'évaluation de la conduite nutritionnelle du troupeau mais aussi dans
de nombreuses enquêtes pour évaluer ses relations aussi bien avec
les paramètres de production qu'avec les paramètres de
reproduction. Mais l'attribution d'une telle note nécessitait de mettre
en place des critères les plus objectifs possibles. Plusieurs grilles se
sont développées selon les pays ou selon les races. La
correspondance entre chacune d'elles est assez facile puisque les
repères anatomiques étudiés pour l'attribution de la note
sont assez uniformes. Il est donc intéressant de présenter dans
un premier temps les repères étudiés pour l'attribution de
la note afin, dans un second temps, de mettre en évidence les relations
existantes entre cette note et les réserves énergétiques
de l'animal puis, enfin, d'étudier les variations qui accompagnent
l'état d'engraissement au cours du cycle de production.
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