I.6.3.3. ÉCOLOGIE
En mode calme, Posidonia oceanica peut se
développer très près du niveau moyen de la mer : ses
feuilles s'étalent alors à la surface.
La profondeur maximale dépend de la transparence de
l'eau (de 15 à 44 m). Dans le Var et en Corse, des touffes
isolées de P. oceanica ont été observées
jusqu'à 45-48m de profondeur (AUGIER et BOUDOURESQUE, 1979 ;
BOUDOURESQUE et al., 1990).
Posidonia oceanica craint la dessalure. Elle
dépérit immédiatement en dessous de 33%o (c'est la faible
salinité qui l'élimine de la mer de Marmara : 21 à
27%o).
L'espèce semble mieux résister aux
salinités élevées, tel que 41%o qui constitue sa limite
supérieure de tolérance (BEN ALAYA, 1972). En effet, elle est
présente dans des lagunes hypersalines de Tunisie (Bahiret El Biban :
46%o en moyenne en Aoüt).
Les températures extrêmes mesurées dans un
herbier à P. oceanica sont 9,0 et 29,2°C (AUGIER et
al., 1980 ; ROBERT, 1988). Il est possible toutefois que les
températures basses (moins de 10°C) et hautes (plus de 28°C)
ne soient supportées qu'exceptionnellement (BOUDOURESQUE et
al., 2006).
Posidonia oceanica craint un hydrodynamisme trop
intense. Les tempêtes arrachent des faisceaux de feuilles, dont certains
constitueront des boutures. Elles peuvent éroder la matte, soit
directement, soit en la vidant de son sédiment, ce qui la fragilise,
c'est la raison pour laquelle, en mode battu, l'herbier ne s'approche pas
à plus de 1 ou 2 m de la surface (AUGIER et BOUDOURESQUE, 1979).
I.6.3.4. FAUNE ET FLORE ASSOCIÉES
La flore et la faune de l'herbier à P.
oceanica sont d'une exceptionnelle richesse. Environ 20% de toutes les
espèces recensées en Méditerranée y ont
été signalées, ce qui en fait le principal pôle de
biodiversité en Méditerranée (BOUDOURESQUE, 1996).
Le caractère le plus original de l'herbier a P.
oceanica est la juxtaposition de deux types de production primaire
(BOUDOURESQUE et al., 1994 et BOUDOURESQUE, 1996) : Le premier est la
production de la posidonie elle-même, il s'agit d'une matière
végétale riche en composes peu biodégradables (cellulose,
lignine), protégée chimiquement (acides phénoliques)
contre les herbivores (PIOVETTI et al., 1984 ; CUNY et al.,
1995 et AGOSTINI et al., 1998) ; Le second type de production est
celui des épiphytes des feuilles, facilement biodégradables, sans
défenses chimiques, et donc très appréciés par les
herbivores.
La posidonie est peu consommée par les herbivores
(moins de 10%) : l'oursin Paracentrotus lividus, le poisson Sarpa
salpa et divers crabes du genre Pisa principalement (VELIMIROV, 1984 ;
BOUDOURESQUE et al., 1994 ; RICO-RAIMONDINO, 1995 et PERGENT et
al., 1997). Une partie des feuilles mortes reste sur place, constituant
une litière consommée par de nombreux détritivores,
principalement des Crustacés, et des Echinodermes (ZUPI et FRESI, 1984
et PERGENT et al., 1997). le reste (en moyenne 40% est exporté
vers d'autres écosystèmes, où ces feuilles constituent un
apport majeur de nourriture (VERLAQUE et NEDELEC, 1983 et PERGENT et al.,
1994).
Les épiphytes des feuilles sont principalement des
Rhodobiontes, calcifiées ou non : (Acrochaetium spp,
Pneophyllum fragile, etc.), des Fucophycees :(Cladosiphon
cylindricus, Giraudia sphacelarioides, etc.), des Bryozoaires :
(Electra posidoniae, Collarina balzaci, etc.) et des
Hydraires : (Aglaophenia pluma, Monotheca posidoniae, etc.)
(PÉRÈS et PICARD, 1964 et ROMERO, 1988).
Les épiphytes des feuilles sont consommés par
l'oursin Paracentrotus lividus et par le poisson Sarpa salpa
(en même temps que les feuilles) ainsi que par de nombreux petits
Gastropodes (Gibbula ardens, Alvania lineata, etc.) et
Crustacés Amphipodes (Amphithoe ramondi, Hyale
camptonyx, etc.) (LEPOINT et al., 2000).
De nombreuses espèces de prédateurs,
principalement des poissons (Coris julis, Diplodus annularis,
Labrus viridis, Scorpaena porcus, Serranus scriba,
Symphodus cinereus, etc.) et des étoiles de mer (Luidia
ciliaris, Marthasterias glacialis) se nourrissent des
Crustacés, Gastropodes, Polychètes, oursins et pour quelques-uns
des poissons de l'herbier à P. oceanica (HARMELIN-VIVIEN, 1982,
1984; ZUPI et FRESI, 1984 ; DANCE et SAVY, 1987 et SAVY, 1987).
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