4.2. DISCUSSION
4.2.1. Taux de couverture en moustiquaires
Le taux initial d'enfants ayant dormi sous une moustiquaire
avant la distribution moustiquaires imprégnées est de 16,7%. Il
est identique au taux obtenu pour les enfants de moins 5 ans lors de
l'enquête à indicateurs multiples réalisée en 2006
qui a décrit un taux de 17,1% (MICS, 2006). Le taux le plus
élevé est observé dans le département de
Grand-Bassam avec un taux de 38,6% contre un taux de 8,0% observé dans
le département d'Adzopé.
Parmi ces moustiquaires, seulement 4 % sont
imprégnées d'insecticide. Nos résultats ne
différent pas de celui de l'enquête à indicateurs multiples
qui avait mis en évidence un taux de couverture en moustiquaires
imprégnées d'insecticide de 3%.
Dans le département d'Adzopé, aucune des
moustiquaires utilisées n'étaient imprégnée
d'insecticide. Les seules moustiquaires imprégnées (4%)
observées proviennent uniquement du département de Grand-Bassam.
Ce taux de couverture en moustiquaire relativement élevé du
département de Grand-Bassam par rapport à celui d'Adzopé
pourrait s'expliquer par sa proximité d'Abidjan (capitale
économique).
Le taux de couverture globale en moustiquaires
imprégnées à longue durée d'action (MILDA) un an
après leur distribution est de 91%. Le taux le plus élevé
est observé dans le département d'Adzopé avec un taux de
97% contre un taux de 86% observé dans le département de
Grand-Bassam. Ces taux sont largement supérieurs au taux minimum
recommandé par l'OMS dans les essais contrôlés et
randomisés (OMS, 2009 b). En effet, selon l'OMS, pour obtenir une
protection des moustiquaires en matière de lutte antipaludique, il faut
un taux de couverture de la population d'au moins 80%. Ainsi, les taux de
couverture enregistrés au cours de cette étude se situant au
delà des normes OMS, nous pouvons affirmer que la distribution de MILDA
initiée par l'ONG ICMRT et le CEMV a été bien menée
et suivie.
Ce fort taux de couverture en MILDA du département
d'Adzopé par rapport à celui de Grand -Bassam s'explique par le
fait que certaines personnes ayant reçu les moustiquaires ont soit,
quitté les villages au profit de la ville (Grand-Bassam) soit les ont
remis à leurs parents vivant en ville.
4.2.2. Prévalence parasitaire.
La seule espèce plasmodiale rencontrée avant et
après la distribution et la pose de moustiquaires est Plasmodium
falciparum. Cela s'explique par deux faits :
- c'est la principale espèce rencontrée en
Côte d'Ivoire (Assi et al., 2004 ; Tia et al., 2006)
;
- nous avons effectué uniquement des gouttes
épaisses et non des frottis sanguins. En effet, c'est le frottis sanguin
qui permet l'identification exhaustive des espèces plasmodiales.
La prévalence parasitaire globale avant et après la
distribution des MII varie de 88,9 % à 98%. On constate une augmentation
de 9,3 % de la prévalence.
En considérant les départements et les
enquêtes, nous constatons que la prévalence est passée de
89,5 % à 96 % soit une augmentation de 6,7 % à Adzopé. A
Grand-Bassam, la prévalence est passée de 88,9 % à 100 %,
soit une augmentation de 11,5 %.
Nos données indiquent que l'utilisation des MII dans
nos zones d'étude n'a aucun impact sur la prévalence de
l'infestation. Cette situation a été évoquée par
Mouchet et al (2004) qui affirmaient que dans beaucoup d'essais
où les MII ont été distribuées aux
communautés, la prévalence parasitaire n'a pas été
sensiblement abaissée. De même, Assi (2001) affirmait que les MII
n'influençaient pas les taux de prévalence des infestations
à P. malariae.
Dans la 1ère enquête, nous avons
observé que les enfants de 2 à 9 ans ont un indice plasmodique de
89% et de 87% respectivement dans les départements d'Adzopé et de
GrandBassam. Ainsi, nos sites d'étude sont des zones
d'holoendémicité palustre. Nos travaux corroborent l'ensemble des
observations faites en zone de forêt de Côte d'Ivoire par Bleu
(2000). Ces prévalences en zones forestière (Adzopé) et
lagunaire (Bassam) de la Côte d'Ivoire sont plus élevées
que celles observées par Assi (2001) en région de savane, au Nord
de la Côte d'Ivoire qui varient de 49% à 68%. Cela pourrait
s'expliquer par la faible maîtrise de l'utilisation des moustiquaires
dans nos sites d'étude.
|