Conclusion
Dans ce travail nous avons
posé certaines interrogations soulevées par la délinquance
juvénile en Haïti. Nous avons essayé de cerner par une
approche théorique, historique, analytique et dialectique du
phénomène de la délinquance dans sa diversité et
ses multiples facettes et manifestations sur le plan international et sur le
plan national.
Après avoir dégagé la
problématique des défis de la délinquance juvénile
en Haïti, nous avons cru nécessaire d'indiquer des pistes de
solutions. Le travail comporte deux grands volets. Nous avons d'abord fait une
étude de la délinquance juvénile et de la justice des
mineurs dans quelques pays. Nous y avons recherché le fondement
théorique et historique de ce phénomène à travers
certains documents juridiques internationaux.
Sur le plan international nous avons montré comment
certains pays, que nous avons choisi à titre d'exemple, a mis en oeuvre
tout un ensemble de mesures légales et institutionnelles pour pouvoir
protéger sa population contre ce fléau tout en assurant la
protection des droits de l'enfant.
Sur le plan national, la question de la délinquance
juvénile a été étudiée dans sa double
perspective sociologique et juridique. Nous en avons présentés
l'ampleur, la typologie, certaines causes et effets, ainsi que les principales
mesures prises par l'État Haïtien pour la combattre.
En ce qui concerne la typologie de la délinquance
juvénile en Haïti, nous avons tenté de les
répertorier en fonction de leur provenance. Aussi les avons-nous
classé en : enfants de famille pauvre, enfants de famille
monoparentale, enfants de famille rigide, enfants gâtés, enfants
de bidonvilles et enfants des rues.
Quant aux réponses de l'État Haïtien
à la délinquance juvénile, nous avons pris en compte
certains articles de la Constitution de 1987 en vigueur, du Code d'Instruction
Criminelle, du Code Pénal, de la Loi du 7 septembre 1961 sur le Mineur
en Face de la loi pénale et des Tribunaux Spéciaux pour enfants
et aussi du décret du 20 novembre 1961 instituant près le
Tribunal Civil de Port-au-Prince une section spéciale
dénommée : « Tribunal pour enfants ». Ont
été aussi décrites les institutions ou organismes
remplissant des missions ou des tâches se rattachant à la
protection de la jeunesse délinquante.
Par les dimensions que le phénomène de la
délinquance juvénile a pris durant ces dix dernières
années, nous avons montré comment elle est devenue un
fléau et un défi pour les autorités haïtiennes.
Nous avons montré que la délinquance
juvénile chez nous, essentiellement urbaine et associative, est
politiquement organisée dans bien des cas. Souvent commanditée et
conseillée, elle est également liée à un certain
activisme politique. Elle est, de ce fait, devenue une arme puissante au
service des idéologies politiques.
Examinant la problématique de l'enfance
délinquante en Haïti, nous nous sommes questionné sur
l'efficacité des mesures légales et institutionnelles jusqu'ici
utilisées.
Nous avons noté les lacunes de certains textes de loi,
les violations des normes internationales relatives à ce
problème, la défaillance de certaines institutions, l'inexistence
de certaines autres, l'insuffisance des moyens financiers et logistiques mis
par l'État ou le gouvernement à la disposition des responsables
du service de la protection de la jeunesse délinquante de l'IBESR.
Par ailleurs nous avons aussi considéré les
multiples torts et dommages sociaux, économiques et moraux causés
par la minorité délinquante en Haïti. Il nous a paru
impérieux d'ouvrir des pistes de solution, d'élaborer un plan de
lutte contre ce fléau. Nos propositions se sont constituées en un
ensemble de mesures légales, institutionnelles, sociales et
économiques.
Nous avons proposé la modification de certaines
dispositions légales, désuètes, inadaptées et
l'application entière de celles jugées valables ; nous avons
aussi envisagé l'engagement de réformes à opérer au
niveau de certains organes et services relatifs à la protection des
enfants. Nous avons aussi insisté sur certaines structures à
mettre en place et sur le rôle déterminant que l'État,
l'école, les médias, la famille, et toutes autres institutions
privées doivent jouer leurs rôles dans la lutte contre la
délinquance juvénile.
La question de la délinquance juvénile en
Haïti est cruciale. Le phénomène est complexe et les mesures
envisagées sont diverses. Cependant, quels que soient les moyens mis en
oeuvre, il serait illusoire de croire que nous pourrions d'un coup relever les
défis de la délinquance juvénile en Haïti. Nous
sommes confiant que nos suggestions seront prises en considération par
tous les secteurs concernés et prendront acte des mesures qui
s'imposent.
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