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Activités rurales et patrimoine ligneux: implication des populations, enjeux et perspectives de gestion dans la communauté rurale de Koussanar (département de Tambacounda au Sénégal)

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par Elias THIAM
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Maitrise 2006
  

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II-2- Les activités rurales: Quel rapport avec l'état du patrimoine ligneux ?

La communauté rurale de Koussanar est fortement marquée par la ruralité. Les activités des populations tournent autour du secteur primaire allant de l'agriculture à l'exploitation forestière en passant par l'élevage. Ces derniers s'accompagnent de pratiques qui peuvent porter atteinte à l'environnement d'une manière générale et à l'état du patrimoine ligneux en particulier. Ceci entraîne des répercussions sur le plan économique dans un contexte de mauvaise définition de l'affectation des terres.

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II-2-1- Le système foncier

Le système foncier peut être défini comme un ensemble de relations qui organisent les rapports entre l'homme et la terre, d'une part, et « les rapports des hommes entre eux à propos de la terre », (Ndiaye I., 1999 p.16) d'autre part. Le régime foncier au niveau de la C.R.K est essentiellement coutumier autrement dit que les droits individuels à l'usage de la terre se fondent sur la coutume.

La gestion de l'espace rural est marquée par une grande complexité au vu des nombreux enjeux qu'elle soulève. Le poids de la tradition y est bien pesant et remet en question la création du domaine national par la loi n°64-46 du 17 juin 1964. En vertu de cette dernière, toutes les terres coutumières vont être versées dans le domaine national. Elle se résume ainsi en son article premier: « toutes les terres non classées dans le domaine public (domaine détenu par l'Etat en vu de la satisfaction des besoins d'intérêt collectif) non immatriculées et dont la propriété n'a été transcrite à la conservation des hypothèques à la date d'entrée en vigueur de la présente loi, constituent, de plein droit, le domaine national ».

Au Sénégal oriental deux zones peuvent se dégager à cet effet: les zones de terroir sur lesquelles s'exerce l'essentiel des activités rurales (culture, élevage, etc.) et aussi sur lesquelles les conseillers ruraux ont une certaine responsabilité (affectation, désaffectation) ; les zones pionnières ne sont pas concernées par ces conditions.

Pour mieux contrôler l'occupation et la gestion des terres, en vue d'une meilleure démocratie locale et d'une harmonieuse exploitation des ressources conformément aux orientations nationales, le Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols (P.O.A.S) s'est imposé comme un outil incontournable. Ceci s'inscrit dans une logique de meilleure intégration entre les différentes activités rurales. La zone n'en dispose pas car, suppose-t-on, l'occupation de l'espace n'a pas encore suscité des conflits notables.

Pourtant, le problème est plus aigu qu'il ne le parait. L'imprécision des délimitations des terroirs villageois10 est un véritable problème.

10 aucune cartographie ne permet de définir avec exactitude les limites de tel ou tel village, communauté rurale ou arrondissemen

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En guise d'illustration, nous nous référons au problème qui a opposé les CR de Koussanar et de Malème Niani. En fait, le conseil rural de Koussanar avait autorisé à un éleveur de s'installer dans une zone bien définie, nous dit M. Diop, C.A.D.L de Koussanar. Après quelques années, un autre en a formulé la demande au niveau du C.R de Malème Niani. Sans autorisation officielle du conseil régional, il s'est installé et a commencé à défricher. C'est alors que l'occupant initial et d'autres personnes se sont opposés à son action. Cela fit l'objet d'altercations entre adversaires et entre conseils ruraux. Le problème a été partiellement résolu dans la mesure où celui qui défrichait n'avait pas l'aval du conseil régional et a dû abdiquer provisoirement. Toujours est-il que l'énigme reste entière quant à l'appartenance de cette portion de territoire.

L'insouciance de ces impératifs par les systèmes coutumiers de gestion des terres est véritablement problématique. La gestion coutumière est souvent entachée de discrimination car étant monopolisée par la lignée des fondateurs de village. C'est donc le chef de village qui est habilité à octroyer les parcelles à ceux qui en formulent la demande. Ils acquièrent ainsi un droit d'usage sur cette terre qui peut, par ailleurs, devenir leur propriété. Chez les mandingues, la terre est un bien familial accessible par legs à la suite d'un décès de l'usufruitier. Elle devient la propriété du frère cadet ou du fils aîné qui y exerce son pouvoir.

Par contre, chez les peuls, la gestion foncière relève de la compétence du chef de famille. Après mort de celui-ci, la terre est partagée entre ses fils et la gestion devient individuelle.

En somme, le chef de village détient le monopole de la gestion des terres mais leur valorisation est souvent assurée par des tiers (propriétaires)

Sur le plan cultural, la gestion des terres est confrontée à certaines difficultés liées, paradoxalement, au manque de terres. En fait, le problème des superficies cultivables ne se pose pas mais certains villageois estiment que les zones assez éloignées des villages sont le domaine de prédilection des phacochères et des singes, véritables dévastateurs des champs. Qui plus est, les exploitants non résidents (dotés de moyens) accentuent ce problème du fait des grandes superficies qu'ils s'approprient par le truchement des autorités compétentes (chef de village, personne morale). (Ndiaye I., 1999).

Toutefois, la gestion se modernise dans le cadre de la décentralisation compte tenu des importantes sollicitations de terres (souvent 20 ha) par des personnes étrangères disposant de

moyens non négligeables. Les autochtones se plaignent de voir leurs espaces de culture diminuer de plus en plus.

Au delà de cet aspect spatial, on note un manque réel de coordination entre élus locaux et structures déconcentrées (sous préfecture, service des eaux, forêts, chasse et de la conservation des sols). Ces derniers ne sont pas décisifs dans le processus de gestion des terroirs. En ce sens, une illustration incontestée est l'exploitation forestière. Certaines personnes s'en plaignent auprès des institutions locales mais sans suite.

La tenure foncière met en exergue plusieurs scénarii :

- le détenteur de la terre peut ne pas en être l'occupant, ni l'exploitant. La terre est ici prêtée à un saisonnier ou un nouvel arrivant ;

- l'exploitant peut résider en dehors du village (commerçant en général). Ainsi, il emploie la main d'oeuvre locale.

- le statut d'exploitant ne confère pas toujours un statut de détenteur comme on le constate avec les employés saisonniers ou « sourga ».

La tenure foncière s'appréhende à travers ces statuts de détenteur, d'occupant et d'exploitant ; d'où une grande complexité du système foncier.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard