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Les bilharzioses dans la Moughata de Keur- Macene en Mauritanie: connaissances, attitudes et pratiques auprès des élèves de huit villages en octobre 2012

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par Mohamed OULD AHMEDOU
Université de l'Andalousie en collaboration avec l'université de Nouakchott - Master en santé publique 2013
  

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DISCUSSION

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La tranche d'âge comprise entre 10 et 16 ans a été choisie pour cette étude CAP afin d'apporter des informations sur la perception de la bilharziose chez les groupes les plus exposés. Les données ont été collectées oralement par une interview qui a utilisé un questionnaire structuré et standardisé. Les données ont été analysées en fonction des objectifs de l'étude.

En raison de la bonne corrélation entre la présence de l'hématurie et l'excrétion d'oeufs de Sch.haematobium en zone d'endémie comme cela a été démontrée par plusieurs études (18 ; 19 ; 23).

Nous avons considéré la présence de l'hématurie comme indicateur pour l'estimation des cas de bilharziose urinaire.

Cette proportion a été de l'ordre de 15,3% chez les élèves enquêtés. Il n'a pas été significativement différent en fonction de l'âge et la localité. Par contre, en fonction de sexe, les garçons ont été significativement plus touchés. L'éloignement des sources de contamination des habitations peut expliquer cette variation selon le sexe, si on suppose que les garçons sont capables d'aller se baigner dans des points d'eau éloignés comme cela a été déjà noté dans la haute vallée du fleuve Sénégal (18).

L'hématurie terminale (sang dans les urines) signe de la bilharziose urinaire a été perçue comme maladie dans 72,9% des cas. Auparavant, dans le bassin du fleuve Sénégal [17] comme d'ailleurs dans les Oasis [22,23], l'hématurie terminale était interprétée comme un signe de maturité de l'enfant.

La douleur à la miction (forme urinaire) et la diarrhée sanglante (forme intestinale) ont été citées par les élèves ayant eu ces signes ou symptômes respectivement dans 61,9% et 35,7% des cas. Le lien entre la diarrhée sanglante et l'infection par Sch.mansoni a été prouvé (24). Par contre ce lien entre la douleur à la miction et l'infection à S.haematobium n`ont cependant pas été prouvé.

Bien que les élèves n'aient pas pu faisant la relation entre le contact avec l'eau et la maladie que dans 23,4%, ils pensent que la maladie se contracte en buvant l'eau

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insalubre dans 8,8%. Cette perception sur la contamination a été également faite au Zimbabwe [9], au Cameroun [5, 24], Ghana [2] et au Kenya [12]. Elle justifie la consommation d'eau potable évoquée par les élèves enquêtés comme moyen d'éviter la contamination.

Le lien entre la douleur abdominale et l'infection à la forme intestinale a été défini dans 15,7% des cas. Les douleurs abdominales n'ont pas été un bon indicateur de morbidité dans le cas de notre étude contrairement à ceux déjà noté dans d'autres pays (27).

La majorité des élèves ont déclaré avoir déjà eu à se plaindre de l'hématurie dans 42,9% des cas. Les infections datant de plus d'une année étaient les plus représentées dans 57,1% des cas. Cela peut évoquer la question sur l'efficacité des campagnes de traitement de masse dans la zone?

Les activités citées et susceptibles de les mettre au contact de l'eau contaminé ont été les baignades dans 46,1% des cas, lessive dans 29,2% des cas, la pêche dans 15,8 % des cas, les jeux dans 5,4% des cas, le jardinage dans 3,0% des cas.

La baignade dans le fleuve ou le marigot est très pratiquée chez les élèves enquêtés où 74 % d'entre eux ont déclarés avoir fréquenté le fleuve ou le marigot. L'absence des infrastructures de la jeunesse, des loisirs et le manque d'eau potable dans la plus part des villages enquêtés, peuvent d'être à l' origine des pratiques à risque.

La marche pied nu évoquée comme cause de la bilharziose se retrouve également dans deux enquêtes menées par une équipe de l'Initiative pour la lutte contre les maladies endémiques « MEDCINGO » en 2011 et 2012 (22 ; 23). En effet, ces deux enquêtes ont montrés que la majorité des enquêtés font le lien entre la marche pied nu et la présence de l'hématurie, mais aussi au Ghana [2].

Les sources d'information de nos participants sur la bilharziose ont été généralement, l'école dans 24, 2% des cas, les amis dans 20,1% des cas, la radio dans 8,1% des cas. D'après nos enquêtés, les médias et les structures de santé ne sont pas impliqués dans la transmission des informations sur la bilharziose. Les

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communications inter amis viennent en deuxième position comme sources d'information après l'école. En revanche, au Zimbabwe, Gwatirisa et al. [9] ont trouvé que le personnel de santé était la principale source d'information de la population sur la bilharziose. Cela s'explique probablement par le fait qu'un seul des villages enquêtés dans notre étude dispose d'un centre de santé. L'information des medias constitue par conséquent un facteur supplémentaire important de diffusion de l'information sanitaire dans la communauté, surtout dans les villages ne disposant pas de poste de santé.

Par contre dans les oasis de l'Adrar et du Tagant, en dehors de l'école, les enfants n'ont eu aucune source d'information sur la maladie dans une forte proportion (23).

Les élèves ont déclaré que leurs parents ont recours aux centres de santé pour traiter l'hématurie chez leurs enfants dans (34,6 %) des cas. Ceux qui ont fait usage de la médecine traditionnelle au lieu de la médecine moderne ne sont pas satisfaits dans leur majorité. La chimiothérapie doit être soutenue par des activités d'EPS pour amener la population à faire recours régulièrement au traitement moderne par le praziquantel, mais aussi pour relever le niveau de connaissance de la population par rapport à la maladie et au traitement.

La honte a été citée comme première cause de non information des parents sur la présence d'une hématurie dans 37,5% des cas. Ce taux concorde avec celui du milieu des oasis où l'hématurie a été perçue comme signe de maturité dans la majorité des répondants (23). Cela témoigne de l'intérêt de l'éducation pour la santé dans la lutte contre la bilharziose.

En somme, les changements de comportements ne peuvent être importants que s'ils sont produits par une longue action d'EPS soutenue par des mesures d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement du milieu.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille