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Les déterminants du faible taux de référence des CSI (centre de santé intégré) ruraux vers le CHD (centre hospitalier départemental), dans le district sanitaire de Tahoua, zone d'intervention du projet ALAFIA/GTZ au Niger.

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par Idrissa CHEIFOU
Université Abdou Moumouni de Niamey Niger - Maà®trise en sociologie 2003
  

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IV- DISCUSSION

Dans la discussion, il s'agit de confronter les concepts sur le système de référence, développés dans les généralités, avec les résultats de l'enquête et observations. Les résultats seront donc discutés dans leur ensemble. Ceci permet de développer une vue d'ensemble et de dépasser les observations fractionnées dans les chapitres précédents.

La présente étude a pu démontrer que le système de référence est très complexe, avec un nombre important de déterminants qui interfèrent les uns avec les autres. Les barrières liées au système de référence au Niger sont sans doute très fortes et sont à la base d'un taux de référence extrêmement bas pour la plupart des départements. D'autres études faites au Niger ont également constaté que les taux de référence sont très bas et souvent non conformes à une application correcte des instructions transmises aux agents de santé. Ainsi, « l'enquête nationale sur la prise en charge des cas d'infections respiratoires aiguës et la référence des cas graves de diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans » (Anonymous, 2000), n'a pas pu observer un cas de référence entre les CSI ruraux et l'hôpital de district.

Déjà la mise en place d'un système d'ambulance - radiophonie change sensiblement le taux de référence. A Tahoua, le taux de référence a augmenté d'un facteur 7 environ, suite à l'introduction du service (de 2,4 en 1998 à 16,4 en 2001). Cette augmentation spectaculaire a été possible parce que le taux de référence de départ était extrêmement bas. Ce taux de référence constaté à Tahoua en comparaison avec d'autres districts sanitaires est fortement influencé par le milieu urbain où les taux de référence sont toujours beaucoup plus élevés. Malgré cette hausse, le système de référence comporte beaucoup de lacunes surtout pour les `références à froid'.

Pour mieux structurer les discussions, les difficultés autour du système de référence seront réparties en trois types de barrières. Il est évident que ces barrières montreront encore des interactions entre elles rendant la réalité toujours plus complexe. Le fait que peu de données de la présente étude sont quantifiables, ne facilite pas la tâche.

Les barrières retenues sont:

v La barrière « physique » qui comporte les facteurs géographiques, les difficultés autour du transport, les coûts.

v La barrière « culturelle » qui comporte les facteurs dépendant du patient ou de son entourage : les facteurs dans le domaine de l'anthropologie de la santé et de la maladie, les croyances traditionnelles, la crédibilité des institutions sanitaires (CSI et CHD), la qualité de la relation entre l'agent de santé, le patient et sa famille, du point de vue du patient.

v La barrière « du système de santé » qui englobe les attitudes et le comportement des agents de santé, leur relation avec la société et le patient en particulier, la crédibilité et la qualité des soins au CHD (du point de vue de l'infirmier), la gamme de soins offerts et la politique nationale en la matière.

4.1- les barrieres physiques

Les infirmiers, la population et les patients ont indiqué tous que les barrières physiques par rapport au système de référence sont très importantes. Les moyens de transport des villages vers la ville de Tahoua sont rares, à l'exception des jours du marché. En plus, le prix du transport joue beaucoup.

Le prix du transport, souvent plus élevé que les frais de l'hospitalisation, combiné avec les dépenses secondaires (nourriture, surtout des accompagnants, leur logement, la corruption, le retour au village) constituent une véritable barrière financière, au-delà des frais de l'hospitalisation. La location d'un véhicule pour un malade coûte environ 35.000 f CFA pour 56 km (distance CSI de Edir vers le CHR de Tahoua). L'ambulance (à un taux fixe de 85 f CFA par km, à payer aller retour) coûterait à peu près 10.000 f CFA, l'équivalent du prix d'une césarienne au CHD. Pour les patients qui viennent des CSI les plus éloignés, le coût de l'ambulance vaut 3 fois l'intervention et jusqu'à 6 fois s'il s'agit d'un véhicule privé. Les mêmes constats ont été faits au Burkina Faso et Sierra Léone (Coulybali et al. , 2000; Samai and Sengeh, 1997). Le coût élevé du transport s'explique aussi par des distances énormes qui existent entre les CSI et le CHD et le mauvais état des pistes, comme cela a été décrit aussi par exemple au Kenya (Macyntyre and Hotchkiss, 1999).

Des dépenses importantes sont souvent oubliées dans les discussions sur le système de référence, notamment le transport des corps des patients décédés de l'hôpital vers le village. Ce transport coûte excessivement cher à la famille et là où la famille ou l'entourage du patient ne sont pas vraiment convaincus de la grande chance du patient de s'en tirer, l'entourage forme un obstacle très important pour la référence, avec plus de `pouvoir' que le patient même.

L'interview des patients référés a pu démontrer que 17% des malades à Tahoua arrivent à pieds, 31 % utilisent la charrette 39 % ont accès à un véhicule moderne, souvent à des coûts financiers énormes. La simple disponibilité des moyens de transport reste encore un problème sérieux à Tahoua. Cinquante-deux pour cent des patients référés ont eu des problèmes financiers pour respecter la référence et 39 % ont dû s'endetter.

La corruption était mentionnée plusieurs fois dans les discussions avec la population. Elle pose une barrière financière réelle pour les patients, plus qu'une barrière culturelle apparemment, puisque la population n'a presque jamais attaqué le principe de la corruption même. Cependant, il faut souligner que la corruption n'a pas fait l'objet de l'étude et qu'il faudrait une enquête en profondeur pour en dire quelque chose avec plus de certitude.

La nourriture, pour le patient et pour les accompagnants constitue aussi un frein pour l'utilisation des services hospitaliers.

Pour améliorer l'accessibilité de l'hôpital de district, les dépenses `secondaires' devraient être considérées et pas seulement les dépenses pour se faire soigner. Mais les marges de manoeuvre à ce niveau sont limitées. Un CHR est sensiblement plus coûteux qu'un hôpital de district bien que la plupart des soins soient les mêmes.

Dans certains pays (Magassa et al. , 1996), le transport pour les références d'urgence est partiellement pris en charge par le centre de santé qui réfère le patient. Le recouvrement de coûts permet aux CSI de disposer d'un fonds qui finance le transport des patients référés d'urgence. Puisqu'il n'y a que peu d'urgences parmi tous les nouveaux consultants au niveau d'un CSI, il ne s'agit que d'une petite marge du bénéfice du recouvrement de coûts qu'il faut investir pour le transport de ces cas. Pour ne pas tomber dans le piège de sur-référence non plus, une contribution de la part du patient devrait demeurer.

Pour les références à froid, la question est plus difficile. Comment subventionner les frais de transport ? Est-ce que ceci faciliterait vraiment la référence ? Est-ce que le nombre de patients référés par les CSI permet d'organiser leur transport de façon viable à partir d'un hôpital ? Dans certains pays, ceci se fait déjà, mais le service est partiellement subventionné et les taux de référence sont beaucoup plus élevés. Les taux s'adapteraient probablement assez vite dès que certaines barrières seraient levées.

Et quoi faire avec le transport des patients décédés ? Leur transport constituerait quelle charge au système de santé et quel serait l'impact sur l'acceptabilité de la référence et donc sur l'utilisation de l'hôpital ? Si l'utilisation de l'hôpital devenant ainsi plus importante, les dépenses par rapport au transport pourraient être considérées comme un investissement nécessaire pour améliorer la viabilité de l'hôpital et pour améliorer la santé de la population.

La présente étude ne peut pas répondre à ces interrogations. Elle a permis en revanche de soulever ces questions importantes qui pourraient être à la base d'un changement au niveau de l'organisation du système de santé. Surtout pour les références à froid, plusieurs scénario de recherche action pour les faciliter pourraient être entamés. Il existe déjà certaines expériences dans d'autres pays comme par exemple au Kenya, où des assurances à base communautaire facilitent le transport des patients (Macyntyre and Hotchkiss, 1999).

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote