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Situation actuelle et perspectives d'avenir des exploitations familiales face à  un développement rapide de l'agro-business: diagnostic agraire, canton de Quininde ( Equateur )

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par Romain JAVAUX
Ecole supérieure d'agro-développement international Cergy, France - Ingénieur agronome international 2009
  

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2.5.4.2. LES DIFFERENTES MANIERES DE POUVOIR ACCEDER AU CREDIT

Le crédit informel :

C'est la manière d'obtenir un prêt rapide sans la nécessité d'avoir un titre de propriété et sans le besoin de réaliser de nombreuses démarches administratives. Ce crédit est mis en place par les intermédiaires pour couvrir des besoins urgents des producteurs ; comme se procurer des pesticides durant une forte période d'humidité.

Ces crédits sont à placement de courte durée n'excédant pas les trois mois. Il n'est donc pas possible d'obtenir des prêts importants (maximum 300$), se basant sur la confiance et la pression sociale.

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Aussi les grossistes à Quininde donnent du crédit de plus forte valeur mais demandent plus de garanties comme par exemple des gages de bijoux ou autres objets de valeur, des papiers écrits et signés, etc. L'avantage de ces crédits est qu'il n'y a pas d'intérêts à payer, peu de démarches administratives et pas de nécessité d'avoir une terre légalisée.

Les producteurs sans grandes ressources peuvent aller voir les « chulqueros », personnes principalement d'origine colombienne, qui sont un moyen d'obtenir du crédit de plus grande valeur. Par contre, les intérêts sont très élevés, jusqu'à 30% par mois, à paiement journalier. Si le producteur ne paye pas un jour, il devra payer le triple le lendemain, ainsi de suite. Ces « chulqueros » savent où le demandeur vit et n'hésitent pas à s'approprier leur propriété en cas de non paiement. Il est arrivé que ces non paiements aillent jusqu'au meurtre de la famille selon certains dires. Ce mode de crédit est dangereux.

Le crédit commun :

Cette forme de crédit est une alternative pour les populations vivant en communautés isolées du marché. A Quininde et ses alentours, il existe deux associations privées depuis six ans, Minga et Finca dont chacune recense plus de 600 producteurs et commerçants. Afin d'accéder au crédit, il est nécessaire d'être adhérant.

Ces crédits ne nécessitent que peu de démarches administratives et sont compris en termes de valeur entre 300$ et 3 000$ en cycle de six à neuf mois avec 15% d'intérêt. Ce crédit n'est pas destiné à la plantation d'une culture mais seulement dédié à la production.

Pour les communautés éloignées, il existe le crédit communautaire fonctionnant sur le principe d'une caisse commune : pour celles ayant recours à cette forme de crédit, les cycles sont de onze mois en moyenne avec un intérêt de 3% et peuvent atteindre une valeur allant jusqu'à 1500$. La garantie fondamentale pour ce crédit se base sur la pression sociale.

Remarque : ce crédit n'est que peu répandu chez les communautés par manque de sensibilisation et de formation de l'Etat à cet égard. De plus en plus d'ONG appuient ce type de crédit au sein des communautés.

Les coopératives :

Il n'y a qu'une coopérative à Quininde : la coopérative d'Antorche. Elle a à son actif plus de 600 membres. Elle fonctionne comme une banque privée mais demande moins de garanties ; pour accéder à un crédit, il faut être membre depuis plus de six mois avec un compte disposant d'un minimum de 70$. De plus, il faut disposer de son titre de propriété ainsi qu'au moins 15% du montant du crédit demandé. L'intérêt de ces prêts est de 33% pour les cultures à cycle court. Autant dire que les petits exploitants sont exclus de cette coopérative par manque de ressources fixes, sans légalisation des terres.

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Les banques privées :

Il en existe deux implantées dans le canton de Quininde : la banque de Pichincha et la banque Internationale ; une autre est également implantée à Esmeraldas : la CNF. Ces institutions privées sont essentiellement axées vers les grands propriétaires ou grandes firmes : il faut disposer de son titre de propriété, un capital fixe sur un compte pendant 6 mois minimum ; les placement sont de courtes durées (trois ans en général) pour des crédits d'une valeur minimum de 10 000$ pour la majorité. Ces crédits n'ont pas d'années de grâce ainsi qu'un intérêt annuel dépassant pour la majorité 15%. De plus il n'existe pas de lignes de crédit pour semer une culture, ils ne sont que destinés à la production.

A partir de cette année, il y a une augmentation générale des lignes de crédit agricole au sein de ces banques, principalement pour la palme africaine. Depuis un an, il existe des accords avec les extracteurs de palme via l'association ANCUPA, ce qui octroie des avantages en termes de taux d'intérêt ainsi que de placements à long terme pour les palmiculteurs.

Les petits producteurs sont exclus de ce système privé de crédit (pas de titre de propriété, peu de capital fixe, pas de culture de palme, etc.).

La Banque Nationale de Développement :

La BNF a généré entre les années 70 et 80 une grande quantité de crédits (argent provenant du pétrole) à un faible taux d'intérêt, subventionnant principalement les moyens et grands propriétaires qui détournaient ces ressources pour d'autres secteurs de l'économie plus rentables. Ceci provoqua la décapitalisation de la banque et une réduction du crédit ainsi que l'élimination des taux d'intérêts subventionnés.

Dans les années 90, en parallèle du retirement de l'Etat, la BNF a réduit ses opérations à plus de 70%. « Les restrictions sur les emprunts de la BNF a forcé les petits agriculteurs à se tourner vers des prêteurs privés » (Commission nationale de planification et de coordination économique, p123).

Pour autant, depuis le gouvernement de Rafael Correa, nous observons de plus en plus de lignes de crédits en faveur des petits producteurs, bien que la légalisation de la terre reste une clause de garantie pour accéder au crédit. Aujourd'hui, il y a plus de 5000 membres ayant eu recours à cette banque publique.

Graphique 7: Répartition du crédit de la BNF dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

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Sur la base de ce graphique, nous pouvons constater que les crédits concédés par la BNF dans ce canton sont principalement tournés vers la production de la palme et du cacao. En valeur, nous savons par l'étude menée sur le terrain, que le crédit pour la palme a été octroyé à 90 palmiculteurs pour 892 ha cette année. Pour les 494 ha de cacao, il y a eu plus de 537 producteurs ayant accédé à ce crédit. De ces valeurs, nous pouvons justifier qu'en moyenne, les producteurs ayant eu recours au crédit via la palme ont une propriété de 10 ha en comparaison à 1 ha pour le cacao.

Remarque : depuis 2009, il existe une demande de plus en plus forte chez les producteurs ayant moins de 1 ha pour planter du cacao CCN51 du fait de son meilleur rendement.

En conséquence d'un grand nombre de non paiement des prêts de la part des producteurs (en 2009, le chiffre d'affaire était déficitaire de 500 000$ ), les crédits individuels sont suivis par une assistance technique. Le versement du crédit s'effectue en deux temps : 60% du crédit va directement au producteur puis, après un mois, il y a une visite pour être certain que ce prêt a bien répondu et sa demande initiale. A partir de ce moment, les 40% restants sont reversés au producteur.

Voici les lignes de crédits par la BNF :

Comparaison entre le crédit pour le
cacao et la palme de la ligne
"microcrédit" depuis 2007

77

Palma Cacao

195

socios superficia values

1246

145,500

475

860,450

Graphique 8: Comparaison de la ligne de microcrédit
de la BNF à Quininde (étude SIPAE, 2009)

Depuis 2007, une ligne « microcrédit » s'est ouverte en faveur des producteurs de cacao : ce crédit permet d'accéder jusqu'à 7 000$ avec un intérêt annuel de 11%, sur un placement de 2 ans. Cette ligne de crédit est vraiment une avancée sociale pour les petits producteurs voulant accéder au crédit pour la production mise en place autant que pour la plantation de nouvelles cultures.

Remarque : cette ligne de crédit est orienté principalement via le cacao hybride (CCN51), assurant beaucoup plus de garantie de remboursement que le « criollo », variété nationale, comme nous le décrirons dans les systèmes de cultures.

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De plus, depuis 2007 s'est ouverte la ligne 5/5/5 (5000 $ à 5% à payer en 5 ans) ayant donnée de meilleures possibilités pour les petits producteurs, comme le montrent les deux graphiques suivants :

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Comparaison entre le cacao et la palme pour la ligne 5/5/5 depuis 2007

Palma Cacao

859

socios superficia values

312,834

34

180

86,940

Graphique 9: Comparaison des producteurs accédant au crédit 5/5/5 (étude SIPAE, 2009)

Plus de la moitié des producteurs ayant eu recours à ce crédit ont moins de 10 ha de terre. Ceci montrant encore une fois un réel avancement social, une nouvelle stratégie de développement bien réelle auprès des populations en nécessité.

Bien que les intérêts et les placements de la BNF sont très opportuns pour les producteurs en comparaison avec les autres services formels de crédits, les démarches et le temps pour accéder au crédit sont très lents.

Un producteur sans son titre de propriété ne peut toujours pas accéder aux instituts formels autant pour implanter une nouvelle culture que pour la production en place. Rappelons que seulement 60% de la population productive du canton de Quininde détiennent leur titre de propriété.

Une alternative a été mise en place depuis deux ans par le gouvernement de Rafael Correa : un crédit de sollicitude pour légaliser la terre. Ce crédit est d'une valeur de 1500$ avec un placement de deux années à un taux d'intérêt de 8,5%, dont un an de grâce. Ce crédit est le premier existant en Equateur pour aider les producteurs à sécuriser leur terre et donc avoir accès à des crédits.

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Comparaison entre la BNF et les banques privées :

Dans le canton de Quininde, les deux plus grandes institutions de crédit en termes de membres ainsi que de ressources financières sont la BNF et la Banque Internationale.

Graphique 10: Comparaison entre la BNF et les banques Privées à Quininde (étude SIPAE, 2009)

2003 2004 2005 2006 2007 2008

Comparaison de l'argent versé pour les crédit
entre la banque Internationale et la BNF entre
2003 et 2008

25 000 000,00 20 000 000,00 15 000 000,00 10 000 000,00

5 000 000,00

0,00

 

Banco Internacional BNF

4000

3000

2000

1000

0

Comparaison des producteurs ayant accédé à
des crédits par la banque Internationale et la
BNF entre 2003 et 2008

Banco internacional BNF

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Au contraire de la Banque Internationale, la BNF n'a que peu de capital à redistribuer jusqu'en 2007. Depuis la nouvelle constitution, il existe une plus grande injection de capital dans la BNF, ainsi que la création de nouvelles lignes de crédits comme nous avons pu le constater. En effet, il y a neuf fois plus de producteurs ayant accès au crédit par la BNF en 2008 qu'en 2006. De plus, cela démontre encore une fois que les banques privées n'émettent que de gros crédits, donc favorisant seulement les grands producteurs.

Cette réelle évolution, étant beaucoup plus en adéquation avec les attentes et les nécessités des petits producteurs, montre une impacte concrète de la présence de l'Etat dans les campagnes. A l'opposé, les banques privées n'ont pas de stratégie de développement global mais suivent une logique capitaliste, rentable en termes économiques.

Il demeure néanmoins une grande inégalité d'accès au crédit entre les petits et grands producteurs ainsi qu'entre les institutions de crédits. Les alternatives informelles, sans sécurité légale d'obtention de crédit par les exploitations familiales, sont encore très présentes chez les petits producteurs. Les grands problèmes rencontrés dans la zone d'étude sont le manque de titre de propriété et une instabilité des revenus dans le temps, souvent trop faibles vis-à-vis des garanties demandées par les banques ou coopératives ainsi que pour la BNF.

De plus, la discrimination raciale ainsi que les cultures privilégiées telles que la palme ou le cacao hybride sont d'autres freins pour accéder au crédit, non négligeables pour des producteurs d'origine africaine, en majorité dans la zone et cultivant du cacao de type « criollo ».

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille