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Situation actuelle et perspectives d'avenir des exploitations familiales face à  un développement rapide de l'agro-business: diagnostic agraire, canton de Quininde ( Equateur )

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par Romain JAVAUX
Ecole supérieure d'agro-développement international Cergy, France - Ingénieur agronome international 2009
  

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3. SYSTEME DE CULTURE ET D'ELEVAGE, DE PRODUCTION ET LEURS EVOLUTIONS

Pour comprendre comment on peut appuyer et orienter les exploitations familiales dans ce canton, il est important d'étudier les différents systèmes de culture, d'élevage, les différents mode de gestion des producteurs au sein de leur système de production. Dans un contexte politique en faveur de l'agro-business, une analyse économique est une clef de lecture, en terme de revenu, de cout d'opportunité, pour montrer la situation actuelle des économies familiales.

3.1. SYSTEME DE CULTURE ET D'ELEVAGE

3.1.1.SYSTEME AGROFORESTIER

Tel qu'il a été analysé dans la partie consacrée au zonage, les systèmes agroforestiers se rencontrent de manière prépondérante dans la zone amont. Ces systèmes peuvent être définis comme une association de cultures pérennes et semi pérennes présents sur une même surface.

Bien que le cacao est la principale source de revenus au sein des exploitations familiales, on ne peut pas parler de système de culture de cacao à proprement parlé, du fait qu'il n'existe pas de système de monoculture pure de cacao dans le canton ; c'est pourquoi nous l'intégrons dans les systèmes agroforestiers.

Pour renforcer quelques limites d'étude dans cette sous partie, nous nous sommes appuyés sur le Diagnostic Agraire du canton Rioverde d'Emilie Cordelier et Marion Morize réalisé en 2003, dans une zone voisine et similaire à la notre.

De ces systèmes agroforestiers, nous avons identifié trois variétés de cacao :

Le cacao « nacional » ou « criollo ». Il domine dans la zone. (52 J/ha au total avec un rendement maximum de 12 quintaux/ha/an soit une productivité de 6$ par jour de travail).

Le cacao « colombien » ou « vénézuélien », est également important dans la zone. Il provient des croisements Nacional x Trinitario. Ses caractéristiques et sa conduite sont cependant similaires à celles du « criollo ».

Le cacao amélioré dit « hybride » ou « ramilla » (clone CCN51) : il est de plus en plus répandu dans la zone (64 J/ha avec un rendement de 37 quintaux/ha/an soit une productivité de 15$ par jour de travail).

Durant sa phase de croissance, le cacao est associé à la banane plantain (et/ou la banane). Celle-ci meurt au bout de trois ou quatre ans. Diverses espèces forestières ou fruitières sont plantées ensuite: Guaba (arbre légumineuse), papayers, orangers, mandariniers, coco, manguiers, etc. Ces espèces assurent l'ombrage permanent nécessaire au cacao, permettent de limiter la pression des adventices et de maintenir une certaine humidité.

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Cet agro-système, mis en oeuvre depuis de nombreuses années, a l'avantage de présenter un maintien d'un sol humide, un microclimat, une production de biomasse et une population de ravageurs.

- Pour le sol: la diversité des cultures partageant une même surface permet de ralentir le phénomène d'érosion grâce à l'importance du couvert végétal.

- Pour le microclimat: la présence d'arbres fruitiers et de bois au sein de ces systèmes réduit l'impact du vent, ce qui entraîne une faible perte d'eau par évapotranspiration.

- Pour la production de biomasse: du fait de la présence de divers végétaux, le processus photosynthétique augmente la création de matière végétale et donc la production de biomasse.

- Pour les ravageurs: un système associé permet l'existence d'ennemis naturels, permettant un équilibre au sein du même système.

Itinéraire Technique

La gestion du système agroforestier commence par un nettoyage qui se réalise généralement aux périodes d'entrée et de sortie de l'hiver, respectivement au cours des mois de décembre-janvier et juin-juillet.

Le cacao est planté qu'à l'arrivée des premières pluies pour lui permettre un développement rapide. A l'aide d'une corde, l'agriculteur définit les ligne de semis (inter-rang de trois à quatre mètres) puis enfouit la graine pré-germée tous les trois-quatre mètres, ce qui donne une densité de 600 plants par hectare en moyenne.

Remarque : pour le cacao CCN51, une mise en pépinière est présente : au mois d'octobre, les graines sont placées dans des sachets plastiques (qui servent de godet) remplis de terre et irrigués deux à trois fois par semaine jusqu'à transplantation, au bout de deux mois.

La banane plantain est plantée dans l'inter-rang, à même densité, mais alternant parfois avec un arbre fruitier ou un Guabo, plantés un peu plus tard. Les jeunes cacaoyers et les bananiers plantain sont ensuite désherbés en couronne tous les trois mois en hiver et moins fréquemment en été, pour maintenir l'humidité au sol pendant les mois secs.

Ce n'est qu'au bout de trois ans, quand l'ombrage devient suffisant, que s'espacent les désherbages (deux fois par an). Outre la nécessité de limiter la croissance des mauvaises herbes à l'arrivée des pluies et de nettoyer après la période pluvieuse, ces deux périodes correspondent aux moments de plus forte floraison du cacao et les agriculteurs affirment que ce désherbage est nécessaire pour assurer une bonne récolte par la suite .Cette activité est faite par la famille elle-même ou par l'intermédiaire d'un salarié.

Ces dernières années, certains producteurs ont opté pour l'utilisation de produits chimiques pour le désherbage, à raison de 1 à 2 fois par an. Cette pratique n'est pas encore répandue, puisque les producteurs considèrent encore que l'excès de produits chimiques provoque des dommages à leurs systèmes agroforestiers. Toutefois, il n'est pas écarté que l'utilisation de produits chimiques s'accroit au fil des ans, du fait que cette pratique est moins chère que la pratique manuelle (prix produits agro-chimiques, voir annexe 1).

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Tableau 3: Comparaison des nettoyages manuel et chimique pour un hectare (étude SIPAE, 2009)

Nettoyage Temps de travail

(homme/jour)

Coût du journalier

($)

Consommations
intermédiaires ($)

Coût total ($)

Manuel Chimique

5

10

0

50

1

10

8

18

Une autre activité qui se déroule à l'intérieur des systèmes agroforestiers ou diversifiés est l'élagage. L'élagage consiste à enlever les branches et les feuilles sèches, dites "suceuses", ainsi que les fruits malades des arbres. Les pousses de plantes présentant les meilleures caractéristiques sont laissées. Cette taille des branches malades est principalement utilisé pour le cacao face à la maladie « Escoba Bruja » et « Monilla » lorsque les plants ont plus de huit ans en général. La meilleure époque pour tailler est en été, au mois d'août, une fois que le nettoyage a été réalisé. Certains producteurs font la taille deux fois par an pour les cacaoyers, alors appelée taille phytosanitaire. Pour tous les arbres fruitiers, en particulier les agrumes, les tailles sont effectuées chaque deux ou trois ans

La fertilisation des systèmes agroforestiers est effectuée depuis quelques années. Il existe des producteurs qui ont reçu une formation sur les formes de fertilisation organiques. Ceux-ci fertilisent avec des engrais liquides à une fréquence de deux à quatre fois par an. Pour autant, la plupart des agriculteurs rencontrés ne font pas d'apport d'engrais ou d'amendement organique.

Production, récolte et post-récolte

La majeure partie de la production est fournit à l'époque hivernale, ce qui correspond aux mois de janvier à mai, et commence à diminuer au cours des mois d'été, comme le montre le tableau ci-dessous :

Tableau 4: Calendrier cultural des système agroforestiers (étude SIPAE, 2009)

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En premier lieu, nous observons la diversité que présente ce système, depuis les cultures de subsistance jusqu'aux cultures de rente. Bien qu'il y ait une plus grande production en hiver, cela n'exclut pas que la production reste constante au cours de l'année, ce qui permet au producteur de bénéficier d'une certaine stabilité dans le temps.

Dans le cas du cacao, la saison principale de production est l'hiver, les mois d'avril et de mai présentant les plus gros volumes de récolte. Au cours de ces mois, il est possible de récolter toutes les deux semaines. La récolte peut être faite à deux personnes; l'une récolte les cosses de cacao et les regroupe sur le sol, l'autre les ramasse et les coupe en deux pour extraire les amandes et les dépose dans un seau ou sur un sac.

En fonction du producteur, le prix de vente peut variée entre 50$/quintal et 110$/quintal selon que les amandes sont vendues directement (en « baba ») ou bien fermentées et séchées et que ces exploitants font partie ou non d'associations, de groupements de producteurs.

En rappel, se regrouper permet d'avoir de meilleures relations et un pouvoir de négociation avec les intermédiaires ou directement avec des transformateurs (par le biais de partenariat). Ainsi, ces producteurs assurent une sécurité de production et de qualité régulière (garantie par des certifications biologiques par exemple) et donc un meilleur prix de vente.

En règle générale, les producteurs laissent fermenter les amandes un à deux jours, puis les mettent à sécher sur des auvents ou sur les bords des routes. Cependant, ce travail de transformation dépend pour beaucoup des intermédiaires se focalisant généralement sur la quantité vendue et non sur la qualité. Il faut ajouter à cela les fluctuations des cours mondiaux du cacao.

En plus de la récolte du cacao, la production majeure de bananes est réalisée au cours de la saison des pluies. [a récolte des bananes s'effectue tout au long de l'année, et habituellement toutes les deux semaines. Ce travail nécessite deux personnes, celle qui coupe les régimes et l'autre qui les charge. Une fois les régimes récoltés, le stipe est coupé pour être laissé sur le sol et y pourrir (gestion du cycle de fertilité). Le moment de récolte des agrumes (oranges et mandarines) s'étale de mars à novembre, les mois de septembre et d'octobre présentant une augmentation de la production. [a récolte peut être effectuée par l'agriculteur même, selon les besoins de la famille, ou peut être directement faite par des acheteurs à la ferme. Le café est récolté à la sortie des mois pluvieux. Comme dans les systèmes diversifiés actuels le nombre de plants de café est faible, quelques heures suffisent à sa récolte.

Les produits comme la banane, le manioc, la papaye, la goyave ou le pamplemousse, sont destinés principalement à l'alimentation familiale et leur récolte est associée à un besoin immédiat de consommation.

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Les différents agro-systèmes présents

D'après les enquêtes réalisées auprès de plusieurs producteurs qui administrent un système d'agroforesterie, on distingue deux sous-systèmes différenciés par le mode de gestion et le niveau de rendement, décrits comme suit:

Les Systèmes Agroforestiers à fort rendement (SA1): le producteur gérant ce système a reçu une formation agricole d'une association ou de l'organisation paysanne à laquelle il appartient. Des tailles phytosanitaires sont réalisées ; elles représentent l'une des activités les plus importantes pour le producteur. La fertilisation organique offerte par ces tailles, associée à un apport d'autres produits biologiques provenant de la même ferme, permet de maintenir un bon rendement.

De plus, son cacao joue un rôle prédominant au sein de son système : sa parcelle est en transition entre la variété nationale et hybride. Pour les calculs, on a pris une moyenne de 60% de variétés « criollo » et 40% pour le CCN51. Son rendement total moyen via le cacao est d'environ 22 quintaux/ha/an vendu à 80 $/quintal du fait d'une bonne fermentation et séchage des amandes soit une rémunération de 1760 $ soit 72% de la rémunération (Produit Brut total) du système (2460 $). Il faut ajouté à cela la rémunération des arbres fruitiers, soit 700 $ /an selon les producteurs interrogés.

Les Systèmes Agroforestiers à faible rendement (SA 2): la plupart de ces producteurs sont indépendant, ils n'ont pas eu l'opportunité de recevoir une formation et gèrent donc leur système agroforestier de manière traditionnelle. La gestion de ces exploitations agricoles est plus simple, l'élagage et la taille se font tous les deux à trois ans. Il n'existe pas de taille phytosanitaire adéquate et les cacaoyers sont remplis de mousses et de plantes parasitaires. Il n'y a que de faibles fertilisations au sein du système.

Ses plants de cacao ne sont que de variétés nationales. Leurs rendements n'excèdent rarement les 6,5 quintaux/ha/an, dont les amandes sont vendues généralement en baba ou seulement fermentées soit à 70 $/quintal soit une rémunération de 455 $ soit 47% de la rémunération (Produit Brute total) du système (950 $) D'où l'intérêt des cultures associées dans les cacaoyères (que les fruits soient vendus ou autoconsommés).

Graphique 13: Comparaison du PB total entre SP1 et SP2. (étude SIPAE, 2009)

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La tendance actuelle est de changer ses plants de cacao national par celui hybride du fait d'une productivité de travail trois fois plus important et d'une production commençant à partir de la deuxième année. En revanche, cette variété est beaucoup plus vulnérable aux maladies d'où un traitement chimique plus important (problème environnementale).

Cette volonté d'implanter cette variété hybride est due à une mauvaise commercialisation où seule la quantité du produit, via les intermédiaires, prédomine actuellement. Mais aussi, par des institutions de crédit telles que la BNF, qui mettent en place de nouvelles lignes de crédit en faveur de cette variété donnant plus de garantie.

Le problème de cette variété est qu'elle n'entre plus dans une stratégie de niche économique pour le producteur, ce que les ONG essayent de faire valoir auprès de ces exploitations paysannes (en incitant par exemple les groupements de producteurs ou l'obtention de certifications) pour leur assurer une pérennité de leur système de production.

Cultures complémentaires

Sur de petites surfaces, les producteurs ont l'habitude de cultiver des céréales destinés à la consommation familiale. En fonction des conditions agro-écologiques du terrain, les plantations de riz en hiver et de maïs d'été sont fréquentes. Le riz est la base de l'alimentation de la famille. Quand il est semé en hiver, toute la production est récoltée, stockée et consommée en fonction des besoins. La production de maïs, en plus de servir de nourriture aux paysans, est également destinée en grande partie à l'élevage de poulets, qui complètent l'alimentation familiale.

Remarque : La production des quantités de maïs et riz produites étant marginale, elle n'a pas fait l'objet d'étude.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand