WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La prévention d'exposition aux agents anésthesiques volatils inhalatoires par les infirmiers spécialisés en anesthésie-réanimation

( Télécharger le fichier original )
par Pascal ZRA
Ecole des infirmiers spécialisés de Yaoundé - diplôme d'infirmier spécialisé en anesthésie-réanimation 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.2. PROBLÈMATIQUE

Les agents anesthésiques inhalatoires volatils sont utilisés pour anesthésier les patients dans les salles des blocs opératoires par les médecins anesthésistes réanimateurs seuls, ou assistés par les infirmiers spécialisés en anesthésie et réanimation. Leur utilité est d'induire et d'entretenirl'anesthésie à l'aide d'un appareil d'anesthésie(Bussières et al, 2013).Ils ont pour objectif principal la suppression temporaire et réversible de la conscience et de la sensibilité douloureuse liée à l'acte thérapeutique et/ ou diagnostic.

On distingue trois procédures d'anesthésie générale : l'anesthésie inhalatoire, l'anesthésie intraveineuse et l'anesthésie balancée combinant les deux premières procédures. De nos jours, les anesthésiques par inhalation sont de plus en plus utilisés dans les blocs opératoires. Les halogénés utilisés dans les pays développés sont le sévoflurane, l'isoflurane, le desflurane et tandis que l'halothane et isoflurane sont encore largement utilisés dans les pays en voie de développement du fait de leur coût abordable.

D'après Raymondet al (1998), trois types de circuit respiratoire sont couramment utilisés :

-La ventilation par l'intermédiaire d'un masque, par l'apport du mélange gazeux qui se fait selon deux modalités : soit à l'aide du circuit accessoire ; ici les gaz expirés sont dans ce cas rejetés dans la salle à moins que l'on utilise des masques à double enveloppe décrits dans la littérature étrangère et permettant une récupération partielle des gaz expirés , soit à l'aide de l'appareil d'anesthésie en position manuelle ; les gaz expirés transitent alors par la branche expiratoire, sont récupérés par l'appareil d'anesthésie et peuvent être évacués par un système d'évacuation des gaz anesthésiques(SEGA).

-Le circuit sans réinhalation de gaz (circuit ouvert). Ici, le mélange gazeux expiré peut être soit rejeté dans la salle, soit récupéré par un SEGA présenté ci-haut. Dans le cas d'un rejet dans la salle, certains ont proposé, pour réduire la pollution, de faire passer les gaz expirés à travers une cartouche de charbon actif capable de piéger les halogénés.

-Dans un circuit fermé, le mélange gazeux expiré passe sur une cartouche de chaux sodée destinée à retenir le gaz carbonique rejeté par le patient. Le mélange est alors totalement recyclé. L'alimentation du circuit en gaz neuf est faible (de l'ordre de 5% des débits mis en oeuvre en circuit ouvert), ce qui implique que le débit rejeté dans la salle se situe dans une fourchette de 0.3 à 1 l/min. Entre le circuit ouvert et le circuit fermé, il existe toute une gamme d'intermédiaires utilisant des débits variables. On les nomme les circuits «semi-fermés». Seule une partie du mélange est «recyclée» vers le circuit inspiratoire, l'autre partie (15 à 40%) est rejetée dans la salle, le plus souvent après passage sur une cartouche à charbon actif. Par ailleurs, l'utilisation des anesthésiques volatils a augmenté de 77% des anesthésies générale en 1996 contre 49% en 1980.

Les agents anesthésiques inhalatoires s'échappent des circuits de ventilation et des voies aériennes des opérés pour polluer l'atmosphère des blocs opératoires et sont susceptibles d'avoir des effets indésirables sur la santé du personnel qui les manipulent et ceux présents dans la salle.

En Allemagne, Hagemann et al (1993) ont enquêté dans 22 blocs opératoires, interrogé 120 anesthésistes et ont recueilli les plaintes suivantes : fatigue (68%), épuisement général (53%), irritabilité (26%), difficulté à la conduite (19%), céphalée (17%), trouble de la concentration (8%). Ils ont contrôlé la pollution pendant 200 jours et ont mesuré des niveaux d'exposition toujours supérieurs à la valeur moyenne pondérée d'halothane (5 ppm) et une exposition moyenne au protoxyde d'azote de 280 ppm avec des pics supérieur à 560 ppm.

D'autres travaux expérimentaux menés ont retrouvé les mêmes plaintes auxquelles s'ajoutent les avortements spontanés,malformations congénitales, les modifications des performances,les aberrations chromosomiquesdans les cellules urinaires (Lamberti, cité parRaymond et al,1998).

Selon Arnaud Bassez (2012), les effets sur la santé de l'exposition à de faibles concentrations de gaz anesthésiques sont évalués à partir de travaux menés chez l'animal, d'enquêtes épidémiologiques et d'études chez des volontaires sains. Les durées d'exposition sont également variables, idéalement proches de celles du personnel, soit 4 à 8 heures par jour, 5 jours sur 7, pendant plusieurs semaines. En 1967, Vaismancité par Arnaud Bassez (2012), est le premier à s'intéresser aux conditions de travail des personnels de santé et à noter chez un collectif de 110 anesthésistes russes la fréquence de manifestations non spécifiques (vertiges, céphalées...) , mais également l'incidence des avortements spontanés et des malformations congénitales chez leurs enfants. Aux États-Unis, au début des années 1970, le National Institute for OccupationalSafety and Health (NIOSH) en collaboration avec l'American Society of Anesthesiologists (ASA), réalise une vaste enquête nationale auprès de 73 000 « sujets exposés » aux gaz et vapeurs anesthésiques dont les résultats sont publiés en 1974.

L'alerte du NIOSH sur les médicaments dangereux publiée en 2004 a mené plusieurs groupes de professionnels de la santé à s'intéresser activement à l'utilisation sécuritaire des médicaments dangereux menant, entre autres, à la création du Guide de prévention sur la manipulation sécuritaire des médicaments dangereux de l'Association pour la santé et la sécurité au travail, secteur des affaires sociales(ASSTSAS) en 2008. Rappelons qu'un médicament dangereux est un médicament ayant au moins l'un des effets suivants :cancérogène, mutagène, tératogène, toxique pour un organe ou pour la reproduction. Tels est le cas de l'hépatite pour l'halothane, de neuropathies secondaire à l'inhalation chronique,du dommage génétique dose-dépendante pour les halogénés (Desmonts, 1999). Par ailleurs, le NIOSH révèle que l'exposition professionnelle aux gaz anesthésiques pour inhalation se produit à différentes étapes du circuit du médicament :

· bris à la réception des stocks à la pharmacie;

· bris lors du transport dans l'établissement;

· bris/déversement accidentel lors de la manipulation dans les zones d'anesthésie;

· fixation du bouchon de raccordement;

· fuites;

· évaporation en cours d'anesthésie liée à un problème d'évaporateur;

· expiration des gaz anesthésiques pour inhalation par les patients en salle de réveil;

· etc...

En Suisse, selon Rùgger (1998), bien que les patients soient les premiers concernés par ces effets indésirables, il existe également des risques pour le personnel exposé à ces gaz. Les quantités de gaz dans l'atmosphère d'un bloc opératoire sont certes beaucoup plus faibles que celles inhalées par le patient, mais l'exposition dure des années ou des décennies pour le personnel. Des symptômes non spécifiques, tels que fatigue et céphalées, sont bien connus. Des troubles plus sérieux ont été évoqués, comme des altérations de la fertilité ou de la grossesse. Si l'on tient compte du fait qu'un grand nombre de personnes travaillant en salle d'opération sont des femmes en âge de procréer, il existe un certain risque qui ne peut être exclu que par des mesures appropriées. La possibilité d'un risque d'augmentation des avortements et des malformations suite à une exposition aux agents anesthésiques par inhalation reste un objet de controverse. Dans plus de 10 études rétrospectives chez des femmes ayant travaillées avant ou durant leur grossesse dans des salles d'opération, une fréquence d'avortements spontanés augmentée de 1,5 à 2 fois a été constatée. Une telle augmentation d'avortements spontanés a aussi été démontrée chez les épouses d'hommes exposés. Une revue des taux d'avortements spontanés observés chez 2781 infirmières enceintes de la salle d'opération du groupe exposé montre que 19,5 % ont fait l'avortement contre15, 1 % sur 1948 du groupe contrôlé.

Cette exposition chronique à faible dose intéresse essentiellement le personnel hospitalier : anesthésistes, chirurgiens, infirmiers, sages- femmes, vétérinaires et, dans certains pays anglo-saxons, les chirurgiens-dentistes. L'étude de la toxicité chronique des halogénés et celle du protoxyde d'azote sont difficilement dissociables car ces composés sont généralement associés lors d'une anesthésie (Raymond, 1998).

D'après Bussiers et al (2012), une étude de cohorte rétrospective faite au Quebecau Canada a évalué les anomalies congénitales retrouvées chez les enfants d'infirmières exposées aux gaz anesthésiques pour inhalation. De 1990 à 2000, 9 433 infirmières ont donné naissance à 15 317 enfants. Ce nombre inclut 1 079 enfants avec anomalies congénitales ainsi que 80 mortinatalités, dont 23 avec des anomalies congénitales. Le degré d'exposition des infirmières a été classé en deux groupes soit « aucune exposition » ou « exposition ». L'exposition était catégorisée selon un algorithme en tant qu'« improbable », « possible » ou « probable ». L'algorithme prenait en compte les gaz utilisés par le département, le nombre de patients traités par l'infirmière et les précautions mises en place telles que la présence d'un système d'évacuation des gaz et l'évacuation complète de ces gaz avant le transport du patient vers la salle de réveil. Les gaz anesthésiques pour inhalation utilisés pouvaient inclure le protoxyde d'azote et les agents halogénés suivant : desflurane, enflurane, fluoroxène, halothane, isoflurane, méthoxyflurane et sévoflurane.

Pour tous les agents halogénés regroupés sans inclure le protoxyde d'azote, le rapport des cotes des anomalies congénitales était de 1,49 lorsque les trois types d'exposition étaient combinés. Le rapport des cotes n'était significatif que pour la catégorie « probable» 2,61 et non significatif pour les catégories « improbable » 1,08 et « possible » 1,47. La catégorie d'exposition « probable » correspondait à une infirmière travaillant dans un département utilisant des gaz anesthésiques pour inhalation dont ses tâches l'exposaient à plus de 100 patients par semaine et où il y avait moins de deux techniques de précautions utilisées. Plusieurs autres études rapportent des effets neurocomportementaux pouvant être associés à une exposition professionnelle aux gaz anesthésiques pour inhalation, notamment des maux de tête, de la fatigue, une perte d'appétit, une baisse des habiletés psychomotrices, une baisse de la vitesse de réaction, une baisse de la performance à des tests de mémoire et audiovisuels. Des effets hépatotoxiques associés à l'utilisation de l'halothane chez les patients ont également été observés lors d'exposition professionnelle prolongée, bien que cet agent ne soit plus utilisé dans les pays développés. Quelques cas d'hépatites associées à son utilisation ont été rapportés chez des anesthésiologistes, des techniciens ou d'autres professionnels médicaux exposés( Bussiers et al , 2012).

Mérat et al (2008) ont publié une revue des risques professionnels liés à la pratique de l'anesthésie, de leurs conséquences et des éléments de prévention. Huit facteurs de risques liés à la pratique de l'anesthésie ont été identifiés, incluant l'utilisation de gaz anesthésiques. L'exposition professionnelle aux gaz anesthésiques pour inhalation comprend des risques d'avortement spontané, d'anomalies congénitales, d'accouchement prématuré, de génotoxicité, ainsi que des risques d'effets neurocomportementaux.

Bien que les études menées ne soient pas exemptes de critiques, l'ensemble des données peut conduire à suspecter une nocivité des anesthésiques sur la reproduction.

En France,Saurel-Cubizolles et al (1992), cité par Raymond et al (1998) ont conduit une enquête par questionnaire et relevé des conditions de travail auprès de personnels soignants (557 exposés/566 témoins). Ils ont recueilli de façon significativement plus fréquente la notion de fatigue et identifié la survenue d'un syndrome dit neuropsychologique à savoir le cumul d'au moins deux des trois symptômes suivants : céphalées, vertiges, ralentissement des réactions. Sa survenue est corrélée à l'intensité de l'exposition appréciée à partir de l'activité opératoire et d'un indicateur, le taux de renouvellement de l'air de la salle.

Les atteintes hépatiques sont essentiellement dues à l'halothane potentialisé par le protoxyde d'azote même si quelques cas d'hépatites toxiques chez le personnel soignant ont été décrits avec l'Isoflurane. La toxicité hépatique d'halothane a donné lieu en 1989 à la création du tableau 89 des maladies professionnelles, indemnisant les hépatites provoquées par l`halothane.

Très récemment, une méta-analyse des 24 études épidémiologiques relatives aux effets de l'exposition professionnelle à des gaz anesthésiques sur la reproduction publiées en langue anglaise entre 1971 et 1995 vient d'être réalisée par le Conseil d'Evaluation des technologies de la Santé au Québec (Canada). Le risque relatif global obtenu est de 1,5 et augmente à 1,81 lorsqu'on sélectionne les 7 études épidémiologiques ayant les cotes de validité les meilleures. Le risque d'avortement étant d'environ 15% dans la population générale, le risque relatif de 1 ,5 correspond à une augmentation absolue du risque d'avortement chez les femmes. Le risque relatif a également été estimé pour certaines professions comme étant plus élevés pour les assistants dentaires 1,89.

D'après une étude rétrospectiveréalisée au centre hospitalier de Libreville du 1er janvier 2003 au 31décembre 2011 en anesthésie pédiatrique, 2627 patients âgés de 1 jour à 16 ans ont bénéficié d'une anesthésie dont 69,2 % de garçons et 30, 8 % de filles. L'anesthésie générale a été la technique la plus utilisée : 98,9 % des cas contre 1,1 % des cas d'anesthésie locorégionale. L'induction de l'anesthésie a été pratiquée 1858 fois par voie inhalatoire (71,2%) et 751 fois (28,8%) par voie intraveineuse. L'halothane et l'isoflurane ont été les agents volatils utilisés dans les proportions respectives de 99,9% et 0,1%.Seul l'halothane a été utilisé pour l'induction par voie inhalatoire.

Par ailleurs, dans la plupart des pays africains au sud du Sahara, l'anesthésie est pratiquée dans un contexte de pénurie : sous-équipement, absence de médicaments, sous-effectif en personnel qualifié (Essolaet al,2013).

En Afrique, selon le XXVIIème Congrès de la Société d'Anesthésie-Réanimation d'Afrique Noire Francophone à Dakar (2008), la pratique de l'anesthésie dans nos contrées demeure un exercice à haut risque car émaillée de complications plus ou moins fatales, la faiblesse de la démographie médicale demeure aussi un déterminant essentiel de la qualité des soins. Dans le domaine de l'anesthésie-réanimation, si la démographie connaît un certain essor, les données sur la formation médicale continue (FMC) restent insuffisantes tandisque dans les pays développés, l'anesthésie a connu un développement considérable notamment par une meilleure formation des anesthésistes, une amélioration de l'équipement et à l'effort entrepris dans sa pratique.

Il ressort de ce qui précède que l'exposition aux agents anesthésiques pourrait être source de complication dans notre milieu.

En Afrique bien qu'au Cameroun, aucune étude n'a été faite sur l'exposition aux agents anesthésiques volatils inhalatoires. Face à cette préoccupation, il nous semble important de savoir comment prévenir l'exposition aux agents anesthésiques volatils inhalatoires. Cette interrogation nous a amené à nous poser la question de recherche suivante.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire