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Etude des conséquences immédiates et à  terme des phénomènes associés à  un événement El Nino


par Florent Demoraes
Université de Savoie - DEA Interface Nature / Sociétés 1999
  

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II / Les phénomènes associés à l'avènement d'une phase El Niño :

un enchaînement d'aléas45

L'avènement d'une phase ENOA, nous l'avons vu, implique la migration vers le sud

de l'EM, structure pluviogène déterminante aux latitudes intertropicales d'une part, et des

changements de la force et de la direction des flux aérologiques tropicaux (alizés) d'autre part.

Ceci va engendrer une série de bouleversements des régimes hydro-météorologiques

classiques. Ces anomalies46 vont se répercuter à leur tour sur les dynamiques d'érosion et par

voie de conséquence contribuer à modifier les milieux morpho-dynamiques. Ces effets induits

représentent un ensemble de manifestations inhabituelles qui peuvent s'apparenter dans bien

des cas à de véritables catastrophes. Ces phénomènes associés, ces impacts, sont autant

d'aléas physiques (sécheresses, inondations, ouragans, érosion littorale lors des surcotes

marines, enfoncement et/ou translation du lit des rivières, glissements de terrain...) qui sont

susceptibles de constituer, comme nous le verrons par la suite, une menace pour les

implantations humaines47 d'autant plus que ces derniers peuvent s'enchaîner et leur action se

combiner. Il est donc nécessaire d'établir un bilan de ces incidences climatiques et

environnementales extrêmes afin d'en saisir toute la portée ultérieure.

A / - Des perturbations climatiques, inégales selon les événements et

les régions du globe

J'envisage pour cette partie de suivre une approche à différentes échelles. Tout

d'abord, je m'appliquerai à aborder d'une manière générale les répercussions planétaires

supposées du phénomène pour ensuite détailler les effets plus régionaux en Amérique Latine.

1 / - Le concept des téléconnexions, mythe ou réalité ?

Une série de questionnements vient nécessairement à l'esprit lorsque l'on évoque la

notion de téléconnexion. Qu'entend-on exactement par «téléconnexions» ? Quel est le sens

des relations ? Est-ce que les épisodes ENOA sont réellement responsables de toutes les

perturbations observées au cours d'une année à Niño ?

Il est important avant toute chose de clarifier et de relativiser ce terme largement

utilisé dans les revues scientifiques et dans les médias. Tout d'abord, il convient de noter que

les manifestations associées sont très hétéroclites. Cette hétérogénéité ne facilite pas

l'identification de la part de responsabilité des épisodes El Niño dans la survenue desdites

anomalies. De même, si l'on enregistre effectivement une succession de perturbations

climatiques inhabituelles lors des phases ENOA, on ne peut pas affirmer qu'elles sont

systématiquement toutes imputables au phénomène El Niño, tant les dynamiques qui régissent

le système climatique planétaire sont nombreuses et complexes.

45 Se référer pour ce chapitre à la partie II de la bibliographie : Répercussions du phénomène El Nino sur les

régimes hydro-climatiques, sur les processus d'érosion et sur l'environnement (phénomènes associés)

46 Qui s'écarte de la moyenne, qui se singularise de ce qui est habituellement ou le plus fréquemment observé

47 cf. III/A

21

Par ailleurs, s'il existe des liens entre l'occurrence des événements El Niño et

l'apparition d'intempéries extrêmes, le sens de la relation n'a pas été clairement défini. Est-ce

que c'est l'ENOA qui est responsable des désordres météorologiques observés ou alors existet-

il un tiers facteur, une cause commune qui commande les deux premiers éléments ? Leroux

suggère que : «Au même titre que la Grande Sécheresse sahélienne, l'augmentation de

fréquence des Niño du Pacifique résulte du glissement vers le sud de l'EM, clairement associé

à la dynamique boréale. Si de nombreux phénomènes sont réellement «interconnectés », c'est

dans cette origine commune que la cause des covariations doit donc être recherchée» (Leroux,

1996).

Ainsi, l'emploi de termes tels que «covariations statistiques», «concordance ou

simultanéité événementielle» plutôt que «téléconnexion» ou «corrélation» semble mieux

approprié à défaut de liens physiques logiques démontrés entre ces manifestations.

Figure n°6 - Carte des effets supposés des événements El Niño au niveau planétaire

d'après http://nic.fb4.noaa.gov:80/products/analysis_monitoring/GLOB_CLIM/lmgtandp.gif

La carte ci-dessus indique quelques exemples de «téléconnexions». Dans le détail, il

est mentionné pour l'Europe qu'elle n'est pas affectée par El Niño dans la mesure où elle

dépend du système Atlantique. Le système Atlantique est-il réellement indépendant du

système Pacifique ? Ne dépendent-ils pas tous deux de la dynamique boréale ? En Indonésie,

en Nouvelle-Guinée et en Australie, si la sécheresse est certes imputable à l'avènement d'un

épisode El Niño (déplacement de la zone convective vers l'est), en ce qui concerne les

incendies, si le risque est sans aucun doute augmenté par le déficit hydrique, le responsable

reste bel et bien l'homme en quête permanente de nouveaux espaces cultivables, argument

que les médias oublient souvent de préciser... Il faut donc être particulièrement vigilant vis à

vis des distorsions et du sensationnalisme que l'on rencontre dans la littérature.

22

On constate également une influence très nette sur la cyclogenèse dans l'Atlantique et

dans la Pacifique. «... Six cyclones ont traversé la Polynésie habituellement épargnée, de

février à la mi-avril 1983 dont Weena sur Bora-Bora. C'est également parce que l'EMV, lieu

de naissance privilégié des cyclones, était alors fortement décalée vers le sud, autorisant en

s'éloignant de l'équateur géographique, l'intervention de la force géostrophique (vorticité) et

la rencontre avec les AMP austraux (Leroux, 1996). En effet, les dépressions tropicales sont

«happées» par le couloir dépressionnaire situé sur la face avant des AMP et s'éloignent ainsi

des basses latitudes(cf. figure n°2).

«En contrepartie, dans l'hémisphère nord, dans l'Atlantique, les années à Niño n'ont

qu'une faible activité cyclonique, avec un nombre moyen de 6,5 cyclones par an contre une

moyenne annuelle générale de 9,8 (Gray, 1984), parce que le rapprochement de l'EMV près

de l'équateur géographique s'accompagne dans la phase initiale d'une réduction de la

vorticité» (Leroux, 1996).

Au cours des phases négatives de l'IOA, on observe en outre des modifications dans le

régime des moussons. «During northern summer season, the Indian Monsoon rainfall tends to

be less than normal, especially in the northwest» (...) «The persistence of El Niño ... is likely

to delay the onset of the monsoon over tropical northern Australia» (...) «In view of the

continued strength of the anomalous warming of the central Pacific region, the tendency

would be for an overall weaker monsoon period across South-East Asia» (WMO, 1997b48).

En ce qui concerne, l'Afrique, les configurations météorologiques habituelles sont

également modifiées. «The prevailing warm episode conditions coupled with general warm

SST49 anomaly patterns in the Indian Ocean are therefore expected to enhance convection

over much of eastern Africa and suppress convection over parts of southern Africa.

Consequently, most parts of the east and central African sector are expected to receive well

above normal rainfall while the southern sector is likely to experience near-normal to below

normal rainfall»(WMO, 1997b50). L'Afrique sahélienne, quant à elle, enregistre une nette

péjoration pluviométrique associée au décalage vers le sud de la structure pluviogène qu'est

l'EMV lors des phases négatives de l'IOA51.

Après ce rapide aperçu des simultanéités hydro-climatiques exceptionnelles

susceptibles de se manifester au cours des phases ENOA à l'échelle de la planète, je propose

dans le paragraphe qui suit d'analyser plus en détail les effets au niveau régional des

événements El Niño en Amérique Latine.

48 WMO, 1997b, El Niño Update, N°3, November 1997, 4p.

49 Sea Surface Temperatures

50 WMO, 1997b, El Niño Update, N°3, November 1997, 4p.

51 Se référer à Leroux, 1996.

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