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La production imprimée à  Angers pendant la période révolutionnaire, 1787-1799


par Cédric Pichot
Université d'Angers - Maà®trise d'histoire du livre 2002
  

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II- La Révolution du livre, ou l'explosion quantitative (1789- 1792) :

En 1789, les cahiers des électeurs sont, dans l'ensemble, favorables à la liberté de la presse20. Si ceux du clergé contiennent de nombreuses réserves, en revanche, ceux de la noblesse, et surtout ceux du tiers, condamnent la censure préalable qui ralentit les publications et établit une présomption de culpabilité. Le premier débat sur la presse s'engage le lundi 24 août 1789 devant l'assemblée nationale constituante. A partir de ce moment, la censure n'est plus en me sure de canaliser la production imprimée nationale. Cette dernière devient trop importante, du fait des actualités politiques et autres, pour être vérifiée avant d'être publiée, comme c'était le cas auparavant. Il s'agit donc d'étudier les conditions exactes de la libéralisation de l'imprimé. Ensuite, il faut constater les réorientations que subit ce dernier. Enfin, nous verrons que des débouchés d'une nouvelle nature se créent pour les imprimeurs.

A- La liberté d'imprimer :

Le 26 août 1789, l'article XI de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen établit que << la libre communication des pensées et opinions est un des droits les plus précieux de l'homme. Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi... >>. Le 16 février 1791, les corporations sont abolies. Par un décret du 2 mars 1791, la possibilité est faite à toute personne d'exercer la profession qu'elle désire : << A compter du 1er avril 1791, il sera libre à toute personne de faire tel négoce ou d'exercer telle profession, art ou métier qu'elle trouvera bon ... >>. Il s'agit donc d'une importante entrave à la liberté du travail qui disparaît au début de 1791 et qui permet à chacun d'exercer le métier d'imprimeur ou de libraire.

Dans les Affiches d'Angers, on constate la vérification exercée sur le journal par la mention << Vu, permis d'imprimer, CLAVEAU, Maire & Lieutenant Général de Police >> qui est présente jusqu'au début du mois de mai 1790. Cependant, dès les numéros 71, 72 et 73, datés du samedi 28 novembre au samedi 5 décembre 1789, on constate que seule la marque de propriété royale, << Avec privilège du Roi >>, est présente. On repère toutefois la marque de permission d'impression jusqu'au n° 36 du mardi 4 mai 1790, signalée par l'autorisation : << Vu, permis d'imprimer, TURPIN, Officier-Municipal, faisant les fonctions de Lieut. Gén. De Police >>. A partir du n° 37 du samedi 8 mai 179021, la formule change et toute marque de censure disparaît : << A ANGERS, chez MAME, Imprimeur de la Municipalité, 1790. >>.

20 MANEVY, Raymond, La Révolution et la liberté de la presse, éd. Estienne, 1965, 112p.

21 Les numéros des Affiches d 'Angers recommencent au n° 1 à chaque début d'année, soit à partir du 1 er janvier jusqu'en 1792, puis après le 22 septembre à partir de cette même année.

Néanmoins, il ne s'agit pas d'une véritable vérification : les historiens sont unanimes pour dire que la censure disparaît totalement dès l'année 178922. Cela signifie donc que cette marque de « vérification » est certainement illusoire. On remarque donc que l'étau réglementaire qui confinait les imprimeurs et la production imprimée se desserre et que la publication de textes est désormais prête à se populariser.

B- La Révolution de l'imprimé :

La liberté d'impression, survenue du fait du trop grand nombre de publications et de l'impossibilité de les contrôler, permet à n'importe qui de s'exprimer à travers l'imprimé. De ce fait, de nombreuses personnes publient des textes d'opinions : ainsi, J.-B. Cordier fait imprimer personnellement en 1789 le texte n° 5823 pour donner son opinion sur les rapports entre le Tiers état et les autres ordres. En 1791, il publie un nouveau texte, le document n° 19824, qui porte sur la royauté et le pouvoir exécutif en 1791. Dans ce dernier document, il fait des louanges à la liberté récemment acquise et déclare ses espoirs placés dans le pouvoir qui devrait en découler.

De plus, la fonction d'information est fortement accentuée du fait de la liberté d'imprimer. Elle domine dès la décennie 1780, plus encore avec les multiples pièces relatives à la convocation, à la tenue et au déroulement des États généraux. Les discours et rapports présentés à la séance d'ouverture, le 5 mai 1789, sont publiés par l'imprimerie royale et repris par les imprimeurs du Roi en province. Ces imprimés officiels ou para-officiels se multiplient jusqu'au Directoire : discours, projets, rapports, procès-verbaux, instructions, décrets, lois, mais aussi description d'événements importants, notamment les fêtes révolutionnaires. Ces informations, qui intéressaient déjà certaines personnes avant 1789, se développent partout en France après la Révolution. Cela est dû surtout à l'intérêt pour la chose publique et l'actualité politique. C'est pourquoi il est possible d'observer l'augmentation quantitative des périodiques angevins, dès le début de la période25.

C- Les impressions pour les départements :

22 CHARTIER, Roger, MARTIN, Henri-Jean, Histoire de l 'édition française, T. II, Le livre triomphant, 1660- 1830, Paris, Promodis, 1984, p. 694, par exemple.

23 La confession d'un pauvre roturier angevin, à l'occasion d'un avis au Tiers-Etat de la province (...), s.i., 1789.

24 Discours sur la royauté, son organisation, l'hérédité et l'inviolabilité du pouvoir exécutif, (...), s.i., 1791.

25 Voir l'annexe 4.

Après la création des 83 départements en 1790, dont le document n° 10726 nous explique les modalités, chaque département est chargé de réimprimer les textes officiels. Comme nous le montre le document n° 60027, ceux-ci sont imprimés par ordre de l'Assemblée nationale et envoyés à chaque département pour qu'il les fasse réimprimer en nombre suffisant, puis les transmette à chacun de ses districts et municipalités. Ainsi, on peut être certain de la bonne communication des informations, du plus haut niveau de l'Etat, jusqu'à la population. Les textes administratifs sont donc généralement des copies de textes imprimés à Paris par l'imprimerie de la République et expédiés vers chaque départements.

Cependant, le département et la municipalité d'Angers deviennent aussi d'importants organes de consultation et de décision. En fait, la Révolution engendre une décentralisation relative, surtout en regard de la concentration qui existait sous le régime monarchique. Le département et la municipalité prennent donc un certain nombre de décisions, puis les font imprimer, afin de les communiquer aux organes qui leur sont hiérarchiquement inférieurs. Cela fait d'eux d'importants clients des imprimeurs.

Le cumul de ces impressions, faites directement pour les départements, et de celles envoyées par l'Assemblée nationale aux départements pour les faire réimprimer sont un facteur qui fait largement croître la quantité de travail des imprimeurs et leur procure des revenus supplémentaires. Ils se situent donc au centre de la vie politique révolutionnaire et sont en contact permanent avec les personnes qui s'y intéressent. Les impressions pour le département constituent donc un apport révolutionnaire très intéressant pour les imprimeurs.

Dans ces conditions, les débuts de la Révolution voient se multiplier les titres. Comme le montre l'Annexe 1 (« La répartition de la production imprimée angevine »), la production de textes bondit de 12 textes en 1788 à 50 en 1789. Ainsi, dès 1789, notamment dans le cadre des débats préparant les états généraux, les intellectuels peuvent s'exprimer et partager leurs opinions, comme le montrent les documents n° 5528, 5829, 6230... De plus, comme on le verra dans les chapitres 4, 5 et 9, la forme et l'orientation des documents angevins change complètement au long de la période. En revanche, si Angers entre pleinement dans la Révolution, cela lui porte un important préjudice durant la Terreur et les guerres de Vendée.

26 Lettres patentes du Roi (...), qui ordonne la division de la France en quatre-vingt tRois Départements, Mame, 1790.

27 Proclamation du 21 floréal an III. Le comité de Salut Public, aux autorités civiles et militaires, et à tous les citoyens, Mame, 1795.

28 Discours patriotique sur l 'égalité et la liberté civile et politique, (...), Pavie, 1789.

29 La confession d'un pauvre roturier angevin, à l'occasion d'un avis au Tiers-Etat de la province (...), s.i., 1789. 30 Lettre à un seigneur d'Anjou, accusé de tromper le peuple, s.i., 1789.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille