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Thomas Sankara et la condition féminine: un discours révolutionnaire?

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par Poussi SAWADOGO
Université de Ouagadougou - Maà®trise sciences et techniques de l'information et de la communication 1999
  

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2. 3 LE RÔLE POLITIQUE DE LA FEMME

A l'avènement de la RDP, seules quelques femmes assument des responsabilités élevées, notamment dans les secteurs de la santé, des affaires sociales et de l'enseignement. Toutefois il est à noter que ces domaines sont généralement féminisés alors que les secteurs du pouvoir financier économique, ou de la défense leur sont défendus. Le rôle politique des femmes semble pratiquement nul. Il manque un cadre dans lequel les femmes peuvent bénéficier d'une formation politique. Conscient de l'importance numérique des femmes et des jeunes, Sankara leur fait appel pour consolider le mouvement révolutionnaire53(*). Soucieux de la libération des femmes, il oeuvre à la création de l'UFB (Union des Femmes du Burkina) et la DMOF (Direction de la Mobilisation et de l'Organisation des Femmes). Ces structures révolutionnaires vont contribuer à l'éveil politique des femmes. Les autorités de la RDP se montrent très volontaristes. La participation de la femme au processus révolutionnaire en particulier et au processus de développement économique en général est un maître mot dans les plans et programmes de développement. Le partage effectif du pouvoir avec les femmes devient une réalité. C'est le temps de l'avènement en quantité et en qualité des femmes à des postes de responsabilité politique54(*). Tous les ministères sont ouvertes aux femmes : Budget, Finances, Tourisme, Culture, Essor familial55(*). En 1987, la participation à la vie politique et au pouvoir de décision au Burkina Faso est significatif.56(*) :

Le Burkina Faso apparaît comme un pays où le pouvoir politique se féminise. « Les promesses faites dans le discours d'orientation politique du président Sankara ont été tenues »57(*).

Dès le mois d'avril 1984, trois femmes prennent en main des commandements territoriaux mettant fin au mythe de l'homme commandant58(*). Belemsaga Denise devient préfet de Bobo-Dioulasso et Bila Odette celui de Ouagadougou, Ouédraogo Joséphine se voit confier le poste de Secrétaire général de la Mairie de Ouagadougou. Le processus se poursuit et, en août 1984, trois femmes font leur entrée au gouvernement59(*) : Adèle Ouédraogo au Budget, Rita Sawadogo au sport et des loisirs et Joséphine Ouédraogo à l'essor familial et à la solidarité nationale. Les deux premières occupent des postes qui sont hors du champ « privilégié » de féminisation du pouvoir. En 1986, cinq femmes accèdent aux instances décisionnelles gouvernementales, représentant 20% de l'équipe (5/25 membres)60(*).

La « déphallocratisation » de l'administration devient une réalité tangible. Quatre femmes sont hauts-commissaires : Aïcha Traoré (Passoré), Eve Sanou (Sanguié), Béatrice Damiba (Bazèga) et Germaine Pitroipa (Kouritenga). Thomas Sankara impose des femmes dans l'armée. «  On a vu une escorte présidentielle composée exclusivement de femmes, ce qui n'est pas sans rappeler les gardes féminines (les  «amazones ») du royaume d'Abomey »61(*). Les hommes et les femmes sont astreints au Service National Populaire (SERNAPO) qui se veut une formation militaire et civique. Les autorités du CNR sont convaincues de la nécessité de la libération des femmes, et Alice Tiendrébéogo, Secrétaire d'Etat à l'Action sociale au ministère de la Santé dans le Front populaire, soutient que « ce qui est important aussi, c'est le fait que nos dirigeants sont sincères, c'est à dire qu'ils croient réellement à l'émancipation de la femme. Depuis le 4 Août 1983, il y a eu énormément d'actions qui ont été lancées en faveur des femmes burkinabé »62(*). Malgré tout, le changement des mentalités n'intervient que de manière très modeste. Les femmes participent aux travaux d'intérêts communs, mais restent muettes aux Assemblées générales et s'absentent aux veillées-débats. Celles qui militent sont critiquées et des révolutionnaires même préfèrent garder leurs femmes à la maison63(*).

Cependant, par le biais des organisations féminines, les femmes poursuivent leur marche vers l'émancipation. En mars 1985, après une profonde réflexion, les femmes soumettent au gouvernement des recommandations et des résolutions. Ce document se présente comme un résumé des principales préoccupations des femmes sur les plans juridique, éducatif et socio- économique. C'est la première fois qu'elles tentent d'élaborer une conduite à tenir pour favoriser une véritable émancipation. Elles ont compris « qu'on ne libère pas un esclave, il se libère »64(*) et s'investissent à briser elles-mêmes les chaînes de leur condition.

En somme, l'histoire et la sociologie révèlent que la femme est toujours réduite à son rôle biologique d'épouse et de mère. Thomas Sankara accède au pouvoir et s'engage à être l'avocat irréductible des femmes.

« Notre révolution intéresse tous les opprimés, tous ceux qui sont exploités dans la société actuelle. Elle intéresse par conséquent la femme, car le fondement de sa domination par l'homme se trouve dans le système d'organisation de la vie politique et économique de la société. La révolution en changeant l'ordre social qui opprime la femme, crée les conditions pour son émancipation véritable65(*) ».

DEUXIEME PARTIE :

LES DISCOURS DE SANKARA 

* 53 TARRAB (G), op. cit., p. 85.

* 54 UNICEF, op. cit., p. 45.

* 55 BADINI-FALANE (D), op. cit., pp. 157-160. Voir Annexe II

* 56Voir Annexes I et II

* 57 TARRAB (G), op. cit., p. 72.

* 58 TIAO (L. A), « Au dernier conseil des ministres. Des femmes prennent en main des commandements territoriaux » in Carrefour Africain n 827 du 20 avril 1984, P. 9.

* 59 ZERBO (S), « La RDP et la femme burkinabé : Après la parole donnée », in Sidwaya, n 105 du mercredi 12 septembre 1984, p. 3.

* 60 BADINI-FOLANE (D), op. cit. pp. 157-160. Voir Annexe I

* 61 TARRAB (G ), op. cit., p. 72. Voir Annexe IV

* 62 TARRAB (G), op. cit., p 32.

* 63 DAMIBA (B). «  Les CDR : un an d'exercice de pouvoir populaire. Des acquis amis aussi des accrocs », in Carrefour Africain n 842 du 4 août 1984, p. 11.

* 64 DAMIBA (B), op. cit., p. 12.

* 65 GAKUNZI (D), op. cit., pp. 63-64.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld