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L'impact des décisions administratives sur le suivi éducatif des mineurs étrangers isolés et des jeunes majeurs en France

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par Roland TCHOUAGA
Institut national de formation et d'application - Diplome d'état d'éducateur spécialisé 2006
  

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B. Les problématiques du mineur isolé

1) Les mineurs étrangers : entre survie et raison d'état.

Je pars d'une réalité constatée, faisant apparaître le chevauchement entre deux statuts : celui d'enfant seul sur le territoire français, donc nécessitant une protection obligatoire  mais entré illégalement.

En tant qu'éducateur spécialisé, j'interviens pour protéger le mineur et pour l'aider à construire son avenir. Comme s'il avait à s'insérer en France alors qu'il n'est pas sur d'être autorisé à rester en France. Parfois une personne se présente comme mineur mais ne l'est pas. Par conséquent nous nous demandons quel accompagnement pourrait convenir à un jeune dans une telle situation. J'ai donc pu distinguer deux figures types de mineurs isolés :

-les mineurs qui arrivent sans document d'identité

- les mineurs munis de documents d'identité.

Je parle de la question des documents d'identité car il existe des disparités dans la prise en charge selon que le jeune est muni de documents d'identité ou non.,

Ces mineurs, sont en danger en France, en l'absence de leurs parents.

Devrai-je me contenter d'organiser l'accueil, la mise à l'abri puis la prise en charge de ces mineurs, sans m'interroger sur :

2.  Pourquoi viennent-ils ?

Pour savoir ce qui motive les mineurs isolés à quitter leurs pays, il faudrait les mettre en confiance dans un cadre sécurisant. En les écoutant il apparaît qu'ils quittent leurs pays par des moyens terrestres, aérien et maritimes. Ils voyagent parfois pendant des jours, des mois, voire des années pour arriver jusqu'à nous. Certains arrivent à passer les frontières et à rentrer dans les pays européens, d'autres sont arrêtés et refoulés,d'autres encore sont maintenus dans des zones d'attente portuaires et aéroportuaire.

Certains viennent rejoindre la famille, les compatriotes, les contacts pour une éventuelle carrière de footballeur. D'autres fuient les guerres, la misère et une vie sans perspective d'avenir. Ils arrivent soit accompagnés, mal accompagnés ou seuls en France.

Dans une étude quantitative sur la population des mineurs isolés, la sociologue A. Etiemble a pu établir une typologie4(*) des mineurs étrangers isolés.

Les exilés

Les mineurs exilés viennent des régions du monde où sévissent des conflits ethniques et des guerres. Beaucoup de ces mineurs quittent ces pays de peur des représailles liés à leurs origines sociales, ethniques ou religieuses. Ils seraient aidés par des organisations humanitaires, ou religieuses qui les aidera à échapper à des enrôlements forcés dans des armées.

Les mandatés.

Les mineurs sont encouragés dans leur départ par la famille. Ceux-ci veulent échapper à la misère en envoyant leurs enfants tenter leur chance en France.

La famille, souvent a dépensé toutes ses économies pour financer le voyage de leur enfant. Le mandat du mineur consiste à faire des études, avoir des diplômes et élever le niveau de la famille ; ou bien travailler le plus vite possible afin d'envoyer de l'argent à la famille.

Les exploités

Ils sont aux mains des trafiquants de drogue et des filières de prostitutions, de trafics humains, souvent avec l'accord ou la complicité de la famille. Le jeune à qui l'on a promis une vie meilleure en France, se retrouve comme prostitué, domestique, travailleur clandestin, menant des activités de mendicité, et de délinquance.

Les fugueurs

Les mineurs fugueurs fuient leur domicile familial suite à un conflit ou des maltraitances. Leurs fugues les conduit à franchir les frontières de leurs pays.

Les errants

Parmi les mineurs errants, on distingue les « enfants dans la rue » qui vivent déjà en situation d'errance dans leurs pays avant de se décider à quitter leurs pays. Les enfants de la rue vivent dans la rue depuis très jeunes et ne quittent que rarement leurs pays.

Au cours de mon travail auprès des mineurs isolés étrangers, j'ai constaté que ces catégories étaient perméables entre elles. Aussi, les exilés se retrouvent implicitement porteurs d'un mandat, les mandatés peuvent devenir des exploités ou des fugueurs. Tous connaissent l'errance, la vie dans la rue, la galère, avant d'être repérés ou de rentrer en contact avec une association.

Leurs projets sont divers et variés : certains veulent passer en transit vers d'autres pays d'Europe. D'autres fuient leurs pays et choisissent la France pour des raisons historiques. Ceux qui restent en France veulent une formation, un travail, ils veulent gagner de l'argent. Pourtant ils ont besoin d'une prise en charge éducative liée à la vulnérabilité de leur situation ; ils ont aussi besoin d'une protection administrative pour les éloigner du danger dont ils sont sujets en France, et d'une représentation juridique  qui leur permettrait d'être accompagnés dans toutes les démarches judiciairo-administratives. La politique migratoire consiste à choisir désormais les personnes qui souhaitent immigrer en France. La question des mineurs isolés étrangers est désormais l'objet d'enjeux financiers entre l'état et les départements.

Ce qui place le mineur isolé dans un statut duel et ambigu et d'autant plus fragilisant. M'interroger ainsi peut aider à donner un sens à l'action éducative, et à mieux l'adapter aux problématiques du jeune. Dans l'accueil du mineur isolé, il faudra pourtant que je parvienne à concilier la prise en compte de ses besoins, de ses éventuels projets, avec une législation qui vise la maîtrise des flux migratoires.

* 4 ANGELINA ETIEMBLE, sociologue et chercheur au centre d'études et de recherches sur les transformations collectives (CERTAC), université de Rennes II, article paru dans la revue HOMMES ET MIGRATIONS, numéro 1251, « enfants sans frontières », 2004, www.adri.fr.

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