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La coexistence humaine et participation politique du citoyen. Une réévaluation de l'espace politique avec Hannah Arendt

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par Gauthier Malulu Lock j
Faculté de Philosophie saint Pierre Canisius. Kimwenza-Kinshasa - Graduat en Philosophie 1999
  

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3.4. Critiques de la théorie politique de Hannah Arendt.

3.4.1. Hannah Arendt et nous : essai d'appropriation de la pensée

politique d'Arendt pour réévaluer le politique en Afrique.

Il est question à présent d'utiliser le modèle politique arendtien pour comprendre et pour critiquer le politique en Afrique. Mais, avant cela, il nous semble utile de récapituler, en utilisant nos propres expressions, l'essentiel de la pensée de Hannah Arendt qui a fait l'objet de notre travail.

Pour Hannah Arendt, nous l'avons dit, la coexistence humaine est un fait irrécusable qui est lié et est conséquent à l'être social de l'homme. Cette coexistence est politique en tant qu'elle appelle les hommes vivant ensemble à s'organiser de telle façon que chaque individu puisse avoir la possibilité et l'occasion de dire et d'entendre, d'agir et de voir les autres agir. Une telle organisation rendra heureux ce vivre ensemble. Conséquemment, la participation politique suppose la coexistence , elle est force qui maintient et qui rend harmonieuse la coexistence ; il y a participation lorsque cette possibilité d'apparaître et de voir est actualisée, c'est-à-dire lorsque, comme autour de la table, chaque individu est vu et entendu par ses égaux. La participation politique, si elle existe effectivement dans un pays, rend le politique aisé, facile et transforme le pays en un espace vraiment vivable.

Qu'en est-il de la participation politique en Afrique ? Nous n'allons pas raconter ici l'histoire épique de ce continent. Contentons-nous de rappeler que depuis la fin de la colonisation et à partir du temps des indépendances, l'Afrique cherche son chemin du mieux - vivre ; mieux encore, elle se recherche sur tous les plans, et surtout sur le plan politique.

Il y a un tâtonnement. C'est pourquoi d'aucuns pensent, à tort peut-être, que l'Afrique n'a pas «d'hommes politiques», ou «qu'elle n'est pas prédisposée à la démocratie», ou encore que «le peuple n'est pas encore mûr pour prendre part aux affaires politiques», etc.

La vérité essentielle qui régente ces affirmations est, à notre sens, que la

plupart des pays d'Afrique n'ont pas encore atteint la pleine réalisation de la

participation politique où chaque citoyen aurait un mot à dire sur les affaires politiques

qui engagent normalement la destinée collective de la nation. En d'autres termes, plus proche de ceux de Hannah Arendt, on dirait que le dialogue ( partage de la parole) entre tous (peuple et «ceux qui les gouvernent») et l'initiative individuelle d'action publique sont loin d'être effectifs (réalités).

En effet, il y eut une longue période marquée surtout par l'exclusion du peuple entier à la prise des décisions politiques ; cette période n'est pas encore révolue, elle est présente dans certains Etats d'Afrique. L'exclusion politique dont les populations africaines sont victimes est soit conditionnée par l'indifférence même du peuple, soit simplement imposée par les dirigeants.

3.4.1.1. L'exclusion voulue ou conditionnée par l'attitude du

peuple.

C'est la forme la plus fréquente d'exclusion qu'on rencontre actuellement en Afrique. Nous avons déjà parlé brièvement des causes de l'indifférence politique des populations africaines. Il s'agit surtout du spiritualisme (conviction d'ordre religieux_) et de l'exclusion du peule par les gouvernants.

Revenons à la cause religieuse ou aux convictions spirituelles. En effet, sous l'inspiration d'un spiritualisme à outrance, de nombreuses personnes se dégagent, se désintéressent de la vie de la polis, soi-disant pour s'occuper totalement des affaires de Dieu. Une telle attitude nous paraît mal venue et donc facilement critiquable, puisque la gloire de Dieu est l'homme vivant, et qu'il nous faut dire, par ricochet, que les affaires de Dieu sont celles qui aident l'homme à goûter le Royaume inauguré par Jésus-Christ dans la synagogue de Nazareth.

Ce détour par la spiritualité nous permet de réfuter l'auto - exclusion des croyants, notamment des chrétiens, de la vie de leur cité terrestre.

«la foi, estimait Monseigneur Matagrin, pour le plus grand bien de l'homme et de la société, a et doit avoir effectivement quelque chose à dire à la politique et la politique a bien le droit d'interroger à son tour la foi»_.

Ces propos courageux aideront certainement à bannir le fidéisme qui sévit en Afrique. La foi vécue dans une indifférence à l'égard de notre condition humaine devient une aliénation de l'homme ; car l'homme y détruit lui-même son essence politique, tout en voulant vivre dans un espace organisé où il puisse bien vivre son engagement de croyant.

3.4.1.2. L'exclusion imposée au peuple par le régime en place.

Cette forme d'exclusion n'est pas très rare ni recherchée, car c'est la forme qui prévaut dans presque tous les pays africains depuis des temps immémoriaux. La colonisation fut la forme la plus humiliante d'exclusion. Les régimes oligarchiques qui ont succédé aux indépendances en sont encore des exemples patents.

Cette exclusion consiste en une monopolisation et en une privatisation des affaires politiques par et entre les mains d'un groupe réduit autour du pouvoir en place. La plupart des pays d'Afrique ont connu des gouvernements dictatoriaux avec parti unique, durant au moins vingt ans. Chaque fois qu'on y parlait des élections, c'était obligatoirement en vue de reconduire le même président.

Il faut reconnaître pourtant que laisser ainsi un peuple entier en marge des affaires engageant sa vie, le priver de la vie publique (donc de son humanité), c'est banalement l«animaliser», et Hannah Arendt pourra même dire que c'est gérer le pays à la manière d'une famille où il y a la dictature du chef de famille qui donne des ordres que d'autres exécutent sans riposte.

Ces deux formes d'exclusion privent l'homme de son droit et de son devoir

civique de disposer de lui-même et, dans la perspective arendtienne, de dire, d'agir

publiquement à propos des affaires politiques. D'une manière simple, nous dirions

que la participation politique, acte d'échange de la parole et de l'action, n'est pas encore une chose totalement acquise dans certains pays d'Afrique. Cela surtout à cause de la gestion de type familial que l'on applique à la nation. Le devoir de participation politique incombe à chaque citoyen en tant qu'il vit dans la polis, et comme bios politikos dans le sens arendtien. Jacques Ellul rappelle que «le grand mal, ce qui donne à l'Etat son indépendance, ce serait en réalité l'apolitisme du citoyen »_. Il est vrai par ailleurs que «l'autorité, comme le souligne Enègren, doit assurer, de façon parfaitement immanente, la solidarité du lien politique_», tel est normalement le rôle de l'Etat.

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