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La coexistence humaine et participation politique du citoyen. Une réévaluation de l'espace politique avec Hannah Arendt

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par Gauthier Malulu Lock j
Faculté de Philosophie saint Pierre Canisius. Kimwenza-Kinshasa - Graduat en Philosophie 1999
  

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3.4.2. Critique de la pensée politique de Hannah Arendt.

L'analyse pénétrante que Hannah Arendt nous présente du politique nous a permis, selon ses propres mots, de comprendre «l'origine de l'aliénation du monde moderne [de l'Afrique, dirions-nous] de sa double retraite fuyant la terre pour l'univers et le monde pour le moi»_ ; elle nous a permis d'évaluer, mieux de réévaluer notre propre espace politique. En recourant à la « pêche à la perle », en effet, nous avons utilisé la pensée d'Arendt pour lire, pour comprendre et pour interpréter notre propre histoire contemporaine en Afrique.

La pensée d'Arendt nous paraît en effet riche et importante ; de plus, elle est

très actuelle, notamment par les questions qu'elle pose, questions qui sont vraiment

au coeur de notre expérience et de notre actualité politiques : les questions d'autorité,

de liberté, de participation, de démocratie, etc.

Puisque nous avons presque entièrement épousé, , cette pensée (dont nous

avons fait usage jusqu'ici), il nous faut ,cependant, pour éviter l'apologie c'est-à-dire

une simple défense trop subjective de Hannah Arendt, essayer d'opérer un

dépassement et une critique de la démarche arendtienne avant de finir ce travail. Il

s'agit en fait de faire ressortir, avec d'autres penseurs, les limites que peut contenir la

pensée d'Arendt.

Jacques Taminiaux rapporte qu'on «reproche quelquefois à Arendt de réserver l'activité d'action proprement dite à un petit nombre d'élus»_. Cette critique semble être fondée sur l'affirmation de Hannah Arendt selon laquelle «des activités nécessaires existant dans les sociétés humaines, deux seulement passaient pour politiques et pour constituer ce qu' Aristote nommait bios politikos : à savoir l'action (praxis) et la parole (lexis)»_. C'est-à-dire que seuls ceux qui parlent et qui agissent sont ou incarnent le bios politikos, ceux qui n'ont pas encore su s'ouvrir à la parole et l'action publiques sont exclus (pas considérés) dans la perspective d'Arendt du politique.

Contrairement à la cité grecque d'Aristote, la cité que prône Arendt ne connaît pas la distinction entre esclaves et hommes libres. Cela signifie que, pour Arendt, que l'homme, quel qu'il soit, ouvrier ou artisan, a la vocation, l'appel a faire son apparition publique sur la scène politique par l'action. Mais, avant cela, l'homme doit avoir maîtrisé les nécessités de l'existence par le travail.

Outre cette critique, de nombreux érudits taxent l'ouvrage d'Arendt de chronique des événements et elle-même de n'être qu'une simple journaliste. Cette critique est occasionnée par le style arendtien qui prête en effet au genre journalistique et narratif.

Mais c'est à dessein qu'Arendt agit de la sorte ( narrer ou faire une chronique des événements qui arrivaient) pour libérer le politique de ses «sombres temps». Nous savons toutefois que Hannah Arendt a exercé le métier de journaliste.

André Enegren, qui reconnaît clairement la valeur du projet arendtien, comme «théorie communautaire du pouvoir», lui objecte pourtant, en accord avec les réalistes, l'impossibilité de pratiquer la théorie politique qu'elle a propagée parce que cette dernière soutient la perfection de la délibération plurielle en oubliant les possibilités de corruption de la parole_.

Arendt ne voulait pas bâtir des systèmes politiques prêts à être appliqués ; elle disait qu'elle voulait dire et décrire ce que les hommes font, ce qu'ils vivent ensemble. Et cela la conduisit à se dire théoricienne de la politique. Après avoir dit et analysé ce que les hommes vivaient, Hannah Arendt re-pensera le politique pour en proposer les règles. Nous pensons aussi que, dans l'histoire de la pensée, depuis les temps anciens, personne n'a donné un modèle politique qu'il suffirait d'appliquer en quelque pays pour transformer, de manière miraculeuse, sa réalité politique.

Une autre question qu'on pose à Arendt aujourd'hui et celle que rapporte encore André Enegren : «A quoi bon poser des règles d'un jeu auquel personne ne joue plus ? »_. Cette question signifie en fait que la théorie politique d'Arendt est hors de proportion avec le jeu politique actuel, où il y a un manque évident «et de la transparence de la parole et de la limpidité du regard». Le politique s'est aujourd'hui déguisé pathologiquement en un «art d'obtenir une soumission consentie»_.

Mais, sans accepter de se complaire en cet état erroné du politique, Hannah

Arendt a voulu justement remonter au fondement du jeu politique pour y retrouver

«l'esprit originel» : le domaine de la coexistence, où les égaux discutent ensemble de

la gestion des affaires collectives. Il valait donc la peine de redéfinir les règles du jeu

politique.

Nous pensons toutefois, après l'évocation de ces quelques critiques, que Hannah Arendt garde le grand mérite d'avoir osé dire ce que les hommes font, d'avoir soulevé les grandes questions concernant le vécu politique, et la vie des hommes d'un point de vue éthique, philosophique et anthropologique. Les questions qu'elle pose ont suscité jusqu'à nos jours un débat interminable et sérieux qui engage les penseurs et les acteurs politiques, les philosophes et les moralistes, dans le souci de replacer l'homme à l'intérieur de sa vocation à bien vivre, avec les autres, en se réalisant avec eux hic et nunc. Mais comme tout initiateur d'actes, ou d'une pensée, la pensée d'Arendt mérite d'être bien comprise, complétée, contextualisée, prolongée et adaptée, pour être plus efficace, c'est-à-dire plus inspiratrice pour évaluer le politique actuel, en Afrique, en Asie, etc. Ce travail incombe aux acteurs politiques, aux éditeurs de théories politiques et aux lecteurs de Hannah Arendt.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo