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Efficacite des Privatisations camerounaises : une analyse à travers la théorie de la Gouvernance partenariale

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par Jean Biwolé Fouda
Université de Douala - D.E.A de Sciences de Gestion 2004
  

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INTRODUCTION GENERALE

S'il est un phénomène économique à la mode ces deux dernières décades dans tous les continents, ce pourrait bien être la privatisation. En effet elle a connu une acceptation mondiale, au point d'en convaincre même les plus sceptiques. Barber Conable l'ancien directeur de la Banque Mondiale trouvait d'ailleurs que l'une des caractéristiques les plus remarquables de ces dernières années est le consensus fait autour des forces du marché et l'efficacité économique, comme étant le meilleur moyen d'aboutir à un développement durable. C'est donc en toute logique que les flux financiers générés par les cessions des entreprises publiques sous forme d'offre publique d'achat ces vingt dernières années s'élèvent à plus de 400 milliards de dollars

( Megginson et Netter 1997 ).

L'internationalisation du phénomène étant un fait, il faut cependant relever que

les raisons qui poussent les décideurs à choisir cette option diffèrent selon que celle-ci s'opère dans un pays développé ou non. Dans le premier cas, la privatisation répond à une logique de vitalité, à un souci d'impulser une nouvelle dynamique à l'économie ou encore à une volonté des pouvoirs publics d'accroître l'actionnariat populaire. Bref elle est une politique volontariste de la part de ces gouvernements. Par contre dans les pays en voie de développement, en général il est beaucoup plus question d'entrer dans

la mouvance du libéralisme, se pliant ainsi aux exigences des bailleurs de fonds internationaux qui ne sont disposés à n'aider que ceux qui désengagent l'Etat du secteur productif.

Le Cameroun n'est pas épargné par ce vent. Confronté à la fin de la décennie 80

à de graves difficultés économiques1, il tente dans un premier temps de solutionner le problème par un ajustement volontaire ( Gankou et Bondoma 2003). Après l'échec de celui-ci, il entreprend un vaste programme de privatisation qui, quoique imposé par les créanciers internationaux vient tout de même sonner le glas d'une gestion moribonde

des entreprises du portefeuille de l'Etat2.

1 En 1990 le rapport de la SNI sur les performances des entreprises publiques camerounaises révèle que 87

d'entre elles ont un déficit de plus de 33.6 milliards FCFA et des Dettes à court terme de plus de 400 milliards

FCFA...

2 - La loi N° 90/004 du 22juin 1990 relative à la privatisation des Entreprises publiques et parapubliques ;

- La loi N° 90/1423 du 03/10/90 portant privatisation de certaines entreprises du secteur public et parapublic

La démarche relative à la définition de la problématique de la présente

étude s'articule autour de deux points. D'abord il sera question pour nous de mentionner sans entrer dans les développements quelques fondements théoriques des privatisations. Ensuite nous retracerons le parcours de la recherche empirique sur cette thématique en soulignant les limites de chaque étape et essayerons de nous situer dans

ce processus.

Il faut remonter en 1776 pour trouver les premiers écrits officiels en faveur des forces du marché. En effet à cette époque, la question fondamentale à laquelle il fallait trouver une réponse était celle de savoir si oui ou non l'Etat en tant que producteur assurait mieux que quiconque le bien être des populations. En d'autres termes, serait-il avantageux pour le citoyen de laisser la responsabilité à l'Etat de décider sur la qualité, la quantité et le prix des biens et services à produire ? Ou faudrait-il laisser agir les forces du marché ? Adam Smith apporte une réponse à cette question à travers

sa philosophie du « laisser faire ». Il démontre dans « The wealth of Nations » que pour un plus grand bien être commun, il est préférable de limiter l'intervention de l'Etat dans l'économie, et de laisser les mécanismes de marché jouer pleinement. Mill affirmera plus tard que « le laissez faire en bref doit être la pratique générale. Chaque manquement à cette règle, à moins qu'il ne soit nécessaire pour un grand bien, représente un certain mal ».

Les arguments en faveur de la privatisation se dénombrent également sur un plan micro économique avec les théories néoclassiques, particulièrement dans leurs développements néoinstitutionnels (théorie des droits de propriété, théorie des coûts de transaction, théorie de l'agence). Toutes ces contributions se prononcent en faveur d'une supériorité du système de propriété privé.

Sur un plan purement empirique, le débat sur l'accroissement de performance, induit par la privatisation comme le prévoit la théorie, à toujours suscité une grande controverse. En effet, les méthodes utilisées par les différents auteurs pour filmer cette relation ont connu une évolution dont le file conducteur est la recherche d'une plus

grande visibilité.

On n'est parti des études faisant une comparaison entre les entreprises privées

d'une part et les entreprises publiques d'autre part3. Ces études ne portaient pas directement sur la privatisation. Et aussi paradoxale que cela puisse paraître, un très grand nombre d'études sur les privatisations se regroupent dans cette vague4. Le fait

que celles-ci aboutissent à des résultats ambigus décrédibilise cette méthode. En effet,

on ne saurait comparer des entreprises différentes dans leurs objectifs, leurs tailles (petites, moyennes, grandes), leurs contextes (monopole, concurrente). La critique majeur ici à notre avis est que ces recherches comparent des entreprises, et non pas le phénomène de la privatisation ou mieux les effets du passage du public au privé.

A la lumière de ces critiques, on a évolué vers des recherches étudiant l'impact

du transfert d'une entreprise du secteur privé au secteur public. A ce niveau, si la comparaison des performances ex ante et ex post5 est le dénominateur commun, il n'en demeure pas moins vrai que de nombreux clivages persistent dans les approches de comparaison. La performance d'une entreprise privatisée peut être comparée respectivement avec sa propre performance avant la privatisation, avec d'autres firmes

qui n'ont pas encore été privatisées, avec la performance des entreprises étrangères privatisées ou pas, etc.... Ici les études de cas sont monnaie courante, ceci compte tenu de la faible quantité de données disponibles pour envisager des modèles économétriques. La méthode mise sur pied par Megginson et al (1994) est particulièrement intéressante et mérite d'être mentionnée. En effet ces auteurs recensent une soixantaine d'entreprises (61) dans 18 pays et 32 industries différentes et comparent leurs performances avant et après la privatisation sur une période de sept ans (3 ans avant la privatisation et 3 ans après).

Une grosse critique faite à ces études est leur caractère international. En effet, «la diversité des cadres juridiques et réglementaires, les particularités des

économies nationales ( par exemple le niveau de développement ou la qualité de

3 On pourrait également loger dans ce ensemble (quoique les critiques n'auraient pas la même ampleur), les

études qui comparent les performances des firmes privatisées à celle d'un groupe de firmes non privatisées, ou à

la performance qu'elles auraient réalisées si elles étaient restées publiques (performance potentielle). C'est la dimensions transversale selon Charreaux et Alexandre (2001)

4 Blankart(19980), De Alesi(1980), borcherdind et al (1982), Millward(1982), Millward et Parker (1983), Courchesne( 1985), Yarrow(1986), Domberger et Pigott(1986), Borins et Boothman et vining(1987), Donohue(1989), Baily et Pack(1995).

5 Charreaux et Alexandre (2001) designent cette méthodologie comme étant la dimension longitudinale

l'administration publique6), la comparabilité des cadres comptables », sont autant

d'éléments qui réduisent la fiabilité de telles comparaisons. C'est ainsi que Charreaux souligne la nécessité de recourir à des études nationales, tout au moins de manière complémentaire pour échapper à ces biais. Notre étude obéit à cette logique.

Une autre limite que l'on attribue à ces études est que malgré l'accent qui est mis sur le phénomène de privatisation, il reste quand même que l'ambiguïté des résultats, déjà fustigée dans la première vague de recherche est toujours présente. En effet, certaines de ces études comme celles de Parker et Martin (1991) Parker (1993), Bishop et Kay (1989) arrivent à la conclusion que la privatisation n'est pas forcement synonyme d'accroissement de performance. D'autres par contre comme celles de Galal, Leroy, Tandon et Vogelsang(1992) et celle de Megginson, Nash et Randerborhg (1994) aboutissent à une forte performance consécutive aux privatisations. Face à cette lacune persistante, on est en droit de se poser la question de savoir pourquoi ces va-et-vient entre prédictions théoriques et observations empiriques ?

La dernière vague de recherche empirique sur la privatisation est une tentative

de réponse à cette question. Les protagonistes de ce courant affirment que jusque là la littérature existante sur la privatisation a partiellement analysé le problème, en le limitant à la question de savoir si oui ou non le système de propriété privée était consécutif à une plus grande performance. Pourtant, la supériorité de cette forme de propriété sur la forme publique en terme de performance n'est que la condition nécessaire de l'existence d'une relation positive privatisation/performance (Villalonga

2000). Mais cette condition n'est pas suffisante. C'est ainsi qu'on assiste à la mise sur pied des modèles économétriques à même de mieux analyser la relation. Les auteurs introduisent donc dans l'analyse l'étude des facteurs temps (statique/dynamique), et environnement (politique et économique). C'est le cas de Villalonga (2000) qui fait l'hypothèse selon laquelle les effets de la privatisation sur la performance sont fonction de la période de temps (plus ou moins longue) considérée par l'étude. Il teste

cette proposition par un échantillon d'entreprises espagnoles. C'est le cas également de

6Une des limites est que ces études font l'hypothèse d'une gestion publique également inefficace dans les différentes nations. Ce qui est loin d'être vrai.

certains auteurs qui intègrent dans le modèle les variables telles que « le contexte de

privatisation, les caractéristiques organisationnelles et de gouvernance de l'entreprise,

et le levier d'efficacité », qui sont de nature à influencer d'une manière ou d'une autre

la performance des firmes privatisées.

Cette dernière vague de recherche a beau affiné l'analyse, l'ambiguïté des résultats -- certaines aboutissant même à un accroissement de performance quelques années avant la privatisation, ce qui justifie un effort de restructuration ( Villalonga

2000, Charreaux et Alexandre 2000) -- ainsi que de nombreuses autres critiques demeurent valables :

- les mesures de performance utilisées jusque là ne tiennent comptent que du mesurable, et ne se focalisent que sur l'actionnaire comme seul créancier résiduel. C'est à ce titre qu'elles privilégient la valeur actionnariale comme indicateur de mesure d'efficacité. Pourtant, une conception plus large de la rente organisationnelle (préconisée par la théorie de la gouvernance partenariale), symbolisée par la « stakeholder value » (Charreaux et Alexandre 1998, Figge et Schaltegger 2000) devrait également être prise en compte pour une mesure de la performance. Le danger de limiter la valeur crée à la seule valeur actionnariale est illustré par Charreaux et al (1998) en faisant une « analogie avec le domaine de l'enseignement où la seule note attribuée à un élève ne saurait mesurer la totalité de

la valeur crée par la fonction éducative sur lui ;

- pratiquement dans la même lancée, la plupart de ces études ne prennent en compte les effets de la privatisation sur le bien être des consommateurs, des salariés, etc.... Cette critique est d'ailleurs faite par Megginson et Netter (2000), ainsi que par Charreaux et al (2000) dans le but d'orienter la recherche vers ces nouveaux axes ;

- une autre critique et non des moindres est que ces études ne tiennent pas compte du sujet auquel ce programme s'applique à savoir l'entreprise7. Pourtant la

privatisation entraîne des bouleversements à l'intérieur de l'entreprise à même de

7Ceci s'apparente au problème de l'entreprise « boîte noire» dans le débat sur la théorie de la

firme.

donner un coup de fouet à la performance. Vouloir attribuer l'accroissement de

performance au seul changement de propriété, au temps et à l'environnement politico-économique toute chose étant égale par ailleurs serait une considération bien partielle du phénomène qui pourrait bien justifier l'hétérogénéité des résultats empiriques.

C'est pour contourner ces dernières critiques que Chatelin (2002 et 2001)

rapproche la thématique de la privatisation à la théorie de la gouvernance partenariale

et démontre sa portée explicative dans la compréhension de la dynamique organisationnelle sous-jacente à la privatisation. La prise en compte de l'ensemble des partenaires, et donc l'analyse de la valeur partenariale est ainsi nécessaire pour comprendre le comportement de l'entreprise en matière de performance. Malgré que cette approche se heurte aujourd'hui au difficile problème de la mesure de la valeur partenariale, notre étude se réclame de cette nouvelle tendance. Elle s'inspire des travaux des pionniers et se propose d'apporter une réponse à certaines questions restées en suspens. Se limitant aux privatisations effectuées au Cameroun, elle voudrait savoir quel est l'impact de la privatisation sur la performance économique

et partenariale des entreprises camerounaises ? Autrement dit qu'elle est son impact sur chacun des partenaires de l'entreprise ? A qui profite les privatisations menées au Cameroun ?

Pour apporter une réponse à ces questions, nous émettons les hypothèses suivantes :

- H1 « la privatisation accroît la performance économique de l'entreprise »

- H2 « la privatisation accroît la valeur appropriable par chaque groupe de partenaire pris individuellement »

Cette étude nous permet de percevoir des intérêts aussi bien sur le plan scientifique

que sur le plan pratique.

Au niveau de la recherche scientifique, elle permet d'affirmer la nécessité de développer l'approche partenariale de la firme qui n'est qu'émergente et déjà confrontée à une adversité farouche. En effet, Jensen (2000) considère que celle-ci ne saurait être un concurrent sérieux de la conception actionnariale de la firme. Pour cet auteur le fait que cette conception souffre d'un manque d'indicateur de mesure agrée

la discrédite énormément. Il trouve d'ailleurs qu'elle n'est qu'une résurgence des approches marxistes. Sternberg (1997) dans le même lancée estime que la liste des partenaires étant inépuisable, la rente potentielle ne sera jamais équitablement repartie. Cette étude se propose donc de montrer l'importance de l'approche partenariale, car la mesure de l'efficacité d'une privatisation devrait s'étendre à ses effets sur tous les partenaires de l'entreprise.

Sur le plan de la recherche scientifique également, cette étude nous permettra de confirmer la véracité de la relation positive qui semble exister entre la privatisation et

la performance dans les pays sous développés en général et au Cameroun en particulier. Ainsi elle va poser les bases d'une tentative d'explication de la réussite ou

de l'échec des programmes de privatisation dans ces économies.

Sur un plan pratique, cette étude permettra de porter un jugement de valeur sur le programme de privatisation en cours au Cameroun. Cette appréciation pourrait ainsi ajuster le comportement du Gouvernement dans la négociation des contrats afin de garantir une réussite totale aux opérations avenirs. Aussi la présente étude, parce que faisant ressortir dans une certaine mesure l'impact de la privatisation sur les partenaires sociaux de l'entreprise (client, salariés, Etat, Bailleurs de fonds etc....), permettra au Gouvernement de savoir si la privatisation est un moyen de lutte contre

la pauvreté, en d'autres termes si elle contribue au développement.

L'objectif de cette recherche est de savoir si la privatisation permet d'améliorer de manière significative les performances des entreprises privatisées au Cameroun. Cette

préoccupation bien évidemment ne se limite pas à la seule influence du phénomène sur

la richesse des actionnaires. Elle cherche également à connaître l'impact de la

privatisation sur les autres partenaires de l'entreprise que sont les salariés, les clients,

les fournisseurs, l'Etat, et les autres bailleurs de fonds. En d'autres termes elle voudrait être à mesure de répondre au terme de cette étude à la question de savoir si les privatisations menées au Cameroun permettent une amélioration des performances partenariales des entreprises privatisées.

En fin de compte cette étude s'articule autour de deux axes :

- la première partie est consacrée à l'étude théorique de la relation P/P et comporte deux chapitres. Le premier s'attelle à donner un contenu à la notion de privatisation et à rappeler quels sont ses différents objectifs. Il s'agit également dans ce chapitre, d'entrer pleinement dans le débat sur la relation P/P, en rappelant les fondements théoriques des politiques de privatisations et en examinant les raisons de l'ambiguïté des résultats qui caractérise les recherches empiriques sur la dite relation.

Le deuxième chapitre quant à lui se consacre au renouvellement de l'analyse de la relation P/P, à travers la TGP.

- la deuxième partie qui comporte également deux chapitres se consacre à la vérification de la relation établie, en se penchant non seulement sur la performance économique, mais également sur la performance partenariale. Ainsi, le chapitre trois entre dans les profondeurs du processus de privatisation camerounais et explique la méthodologie utilisée pour l'évaluer. Le dernier chapitre enfin donne un aperçu des

performances économiques et partenariales des privatisations menées au Cameroun.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo