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Le droit à la guerre préventive: essai de réflexion sur la légalité et la légitimité du concept

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par Tohouindji G. Christian HESSOU
Université d'ABOMEY CALAVI - Cycle I de l'ENAM 2005
  

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Paragraphe 2 : Les mobiles les plus controversés

Le pétrole est considéré comme l'enjeu majeur ayant déterminé l'engagement des Etats-Unis en Irak (A). Hormis l'enjeu pétrolier de cette guerre, certains analystes voient en l'invasion de l'Irak, la première phase de la mise en oeuvre d'une idéologie stratégique et

impériale élaborée soigneusement par « les faucons »2 du gouvernement américain (B).

1 Waclaw Jedrzejewicz, The Polish Plan for a "Preventive War" against Germany in 1933. New York: éd. The Polish

Review, 1966. (Cité par Alexandra Viatteau. Op cit.)

2Les membre du gouvernement qui ont été surnommés les « les faucons » sont : le Vice-Président des Etats-Unis Dick

Cheney, le chef du Pentagone Donald Rumsfeld et son adjoint Paul Wolfowitz.

A- L'enjeu pétrolier

Le contrôle du pétrole irakien est, selon la plupart des opposants à une guerre contre

l'Irak, la raison principale pour laquelle l'administration Bush est parvenue à une confrontation militaire dite préventive.

En réalité, plus des deux tiers des réserves mondiales connues de pétrole se trouvent concentrés sous le sol de quelques Etats situés en bordure du Golfe : Iran, Irak, Koweït, Arabie saoudite, Qatar et Emirats arabes unis. Pour les pays développés, et surtout pour les Etats-Unis, grands dilapidateurs d'énergies, cette région joue un rôle capital et détient l'une

des clés fondamentales de leur croissance et de leur mode de vie. Toute intervention contre

des pays du Golfe est donc considérée comme une menace pour les intérêts vitaux des Etats- Unis: «Toute tentative, de la part de n'importe quelle puissance étrangère, de prendre le contrôle de la région du golfe Persique sera considérée comme une attaque contre les intérêts vitaux des Etats-Unis d'Amérique. Et cette attaque sera repoussée par tous les moyens nécessaires, y compris la force militaire » déclarait le Président américain Jimmy Carter dans

son discours sur l'état de la nation en 1980. 1

Cette déclaration témoigne de toute l'importance de la région du golfe arabo-persique pour les Etats-Unis qui depuis 1945 n'ont cessé d'accroître d'une manière ou d'une autre, leur influence dans la zone. Toutefois, deux importants pays échappent à la mainmise de Washington : l'Iran, depuis la révolution islamique de 1979, et l'Irak, depuis l'invasion du Koweït, en 1990. L'Arabie saoudite est elle-même devenue suspecte depuis les attentats du 11 septembre 2001 en raison de ses liens avec l'islamisme militant et de l'aide financière qu'auraient apportée des Saoudiens au réseau Al-Qaida. Il y a donc un risque de voir baisser l'influence exercée par les Etats-Unis.

Or ceux-ci ne peuvent pas tolérer une situation pareille surtout en l'état actuel où un rapport de la National Energy Policy Development Group, rédigé par le Vice-Président Richard Cheney, indiquait que la dépendance américaine en pétrole étranger devrait passer de

52 % de la consommation totale en 2001 à 66 % en 2020. Ainsi les Etats-Unis vont devoir

1Ignacio Ramonet. De la guerre perpétuelle. Le monde diplomatique, mars 2003. [En ligne]. Disponible sur :

http://www.monde-diplomatique.fr/2003/03/RAMONET/9870 (page consultée le 03 novembre 2005)

importer, en 2020, 60 % de pétrole de plus qu'aujourd'hui, passant ainsi de 10,4 millions de barils par jour à environ 16,7 millions1.

Selon les analystes, c'est l'Irak qui a été désigné comme première cible afin de répondre à ces besoins en hydrocarbure. Pour ce faire, Saddam n'étant plus sous « la tutelle américaine » depuis la guerre du golfe, il faudra l'écarter du pouvoir et installer un gouvernement favorable aux Américains. Cela permettrait à ceux-ci de mettre plus facilement

la main sur les réserves de l'Irak (les deuxièmes plus importantes du monde). Cela permettrait aussi, par la levée de l'embargo, de financer un programme pour l'exploitation davantage de nouveaux gisements dans le pays. L'Irak pourrait ainsi quadrupler sa production actuelle de

1,5 millions de barils/jour. Pour l'heure, le pays n'en exploite que la moitié. Selon le quotidien britannique The Guardian, des réunions entre l'ancienne opposition irakienne et des représentants du gouvernement américain avaient même eu lieu à ce titre. Ces réunions avaient pour but d'après le même quotidien, d'évoquer l'avenir du pétrole après Saddam.2

La guerre contre l'Irak ne serait donc due qu'à ses richesses pétrolières tant convoitées. Mais les enjeux de cette guerre ne se limitent pas qu'au pétrole. Selon ce qui est

dit dans la presse, elle se justifie aussi par l'ambition nouvelle des Etats-Unis de dominer le monde.

B- L'enjeu hégémonique et impérialiste

L'invasion de l'Irak est considérée par certains comme la première grande étape d'une

redéfinition de la géopolitique mondiale et du rôle que les Etats-Unis entendent y jouer. Cette vision aurait été élaborée avant le 11 septembre. Mais, ce sont les crimes commis par Al Qaeda ce jour du 11 septembre qui ont permis d'obtenir le soutien du peuple américain.

En effet, dès avant l'accession de G. W. Bush au pouvoir, un "think tank" (réservoir à pensée) républicain avait sorti « The Project for the New American Century »3. Sont signataires de ce document : Dick Cheney qui est devenu Vice-Président, Donald Rumsfeld devenu Secrétaire à la Défense et Paul Wolfowitz devenu adjoint au Secrétaire à la

Défense.Les objectifs de ce projet étaient :

1Michael T. Klare. Op cit.

2Radio France. L'Amérique et l'or noir irakien. Reportage diffusé le 28 janvier 2003. [En ligne]. Disponible sur :

http://www.radiofrance.fr/reportage/dossiers/irak/reperes.php?type=4 (page consultée le 03 novembre 2005)

3 Projet pour un nouveau siècle américain

- Défendre l' « American Homeland » (terre américaine) ;

- Combattre et gagner de manière décisive sur plusieurs théâtres d'opération simultanés : on peut avoir un front au Moyen-Orient et un autre en Asie (comme durant la seconde guerre mondial, en Europe et en Asie) ;

- Mener des opérations de "gendarmerie" au niveau planétaire.

- Assurer la révolution dans la gestion des affaires militaires. A ce niveau il est prévu le développement massif de nouveaux systèmes d'armement. Dans ce contexte, il est aussi envisagé la reprise de la recherche et des essais nucléaires.1

La « stratégie de sécurité nationale » (NSS) publiée en septembre 2002, ne serait donc que l'officialisation de cette ambition militaire et idéologique. Ce document (la NSS), commente un journaliste, « affirme que si le gouvernement américain décide unilatéralement qu'un Etat représente une menace future pour les Etats-Unis, (...) ceux-ci interviendront préventivement pour éliminer la menace, si nécessaire en procédant à un "changement de

régime" »2 Il préconiserait une domination américaine dans toutes les régions du monde. Les

Etats-Unis agiront donc préventivement afin d'anticiper des actes hostiles de la part de leurs adversaires potentiels et de les dissuader d'accroître leur force militaire dans l'espoir de surpasser ou d'égaler la puissance américaine.

Selon cette doctrine, les Etats-Unis doivent en effet s'assurer une force militaire sans égale pour pouvoir imposer partout leur volonté. Il leur faut donc anticiper l'apparition d'Etats capables de bloquer leurs impératifs. L'Irak représentait à cet égard, un pays-clé dans une région-clé. Mais il s'agirait aussi d'empêcher qu'un jour les puissances nucléaires comme

la Chine et la Russie ne remettent en question leur hégémonie globale.

La guerre en Irak marquerait donc l'apogée d'une décennie de travail intellectuel et politique intense d'un petit groupe de néoconservateurs qui ont cristallisé leurs ambitions sous

la présidence de George Bush.3

Vu tout cela, peut-on accepter aussi facilement que les Etats usent du concept de la guerre préventive pour mener une politique impérialiste, agressive ou bien à d'autres fins peu honorables ? Est-ce qu'une telle attitude est de nature à légitimer la guerre préventive ?

Nous donnerons la réponse à ces questions dans le chapitre suivant.

1 Cf. Philip S. Golub. Métamorphoses d'une politique impériale. Le monde diplomatique, mars 2003. [En ligne]. Disponible

sur : http://www.monde-diplomatique.fr/2003/03/GOLUB/9964 (page consultée le 31 août 2005)

2 Hicham Ben Abdallah El Alaoui. Le monde arabe au pied du mur. Le monde diplomatique, octobre 2003, p. 18

3 Hicham Ben Abdallah El Alaoui. Op-cit. p.18

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