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Le droit à la guerre préventive: essai de réflexion sur la légalité et la légitimité du concept

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par Tohouindji G. Christian HESSOU
Université d'ABOMEY CALAVI - Cycle I de l'ENAM 2005
  

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Section 2 : Les mobiles présumés de l'intervention

Beaucoup de supputations ont eu cours sur les mobiles plus ou moins cachés de la guerre irakienne. Il a été dit que le Président Bush a voulu mener à terme le travail laissé inachevé par son père ; qu'il fallait venger l'affront du 11 septembre 2001, ou faire diversion après l'échec des tentatives de capture de Ben Laden, ou encore s'assurer le contrôle des gisements pétroliers. La presse arabe est allée même jusqu'à parler, d'un complot sioniste, conduit par un petit groupe d'idéologues néo-conservateurs, pour remodeler le Proche-Orient

au profit d'Israël, d'une croisade intégriste chrétienne contre l'islam, d'une entreprise néo- coloniale, impériale...

Dans le cadre de notre étude nous ne prétendrons pas à pouvoir développer tous ces aspects soulevés. Nous nous baserons seulement sur les mobiles les plus pertinents et les plus

1Radio France. Irak : les USA renoncent à la quête d'ADM. [En ligne]. Disponible sur :

http://www.radiofrance.fr/chaines/france-info/minisites/monde/index.php?m=2&numero=85000022 (page consultée le 28

octobre 2005)

développés qui auraient poussé la coalition à intervenir en Irak. La plupart de ces analyses sont propres aux Etats-Unis mais n'épargnent pas pour autant tous les pays de la coalition ; le

cas de la Pologne sera par conséquent étudié.

Les mobiles que nous allons étudier peuvent être rangés en deux groupes : les mobiles

qui semblent plus ou moins légitimes (paragraphe1) et ceux qui font l'objet d'une dénonciation tapageuse (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les mobiles plus ou moins légitimes

Deux principaux arguments retiennent notre attention dans le groupe des mobiles qui semblent moins intéressés. Le premier concerne les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis (A). Le second est en rapport avec la deuxième guerre mondiale. Il concerne directement le passé de la Pologne (B).

A- Le choc provoqué par l'affront du 11 septembre 2001

Les attentats du 11 septembre 2001 ont suscité un choc émotionnel comme on en voit

très rarement. Pour la première fois depuis 1812 les Etats-Unis ont été frappés par un ennemi extérieur sur leur territoire continental. Les pertes humaines subies dans cette attaque en une seule journée représentent l'équivalent de trois fois Pearl Harbor, ou encore près d'un huitième des pertes totales subies pendant la guerre du Viêt-Nam1. Ces attentats ont touché les deux symboles de la puissance américaine ; le symbole militaire avec le pentagone, et le symbole économique avec le World Trade Center. S'en fallait-il de très peu pour que la Maison Blanche soit aussi atteinte. Néanmoins, l'objectif visé par les terroristes avait été atteint : la vulnérabilité de la super puissance américaine fut mise à nu.

Ces attaques constituaient donc bel et bien une déclaration de guerre. Mais une déclaration de guerre de la part de quel Etat, lorsqu'on admet que le groupe Al Qaïda a sans doute agi avec la collaboration de certains Etats dans l'ombre ? Le premier Etat complice trouvé sur la base des preuves et d'une manière légitime par la communauté internationale était l'Afghanistan. Une campagne sous mandat de l'ONU avait alors été très tôt menée

contre le régime des Talibans.

1Pascal Boniface (sous la direction de). Les leçons du 11 septembre. Paris : PUF, 2001, p. 8

Mais persuadés que la guerre aux Talibans n'était que la première phase d'une guerre globale en réponse au 11 septembre, les Etats-Unis ont continué d'identifier à leur manière les autres complices ayant participé de près ou de loin à cet affront. En son temps, le Président américain avait même été autorisé par le Congrès à « user de toute la force nécessaire et appropriée contre les nations, Organisations ou personnes, qui selon lui ont planifié, ou aidé

à commettre les attentats »1.

Le 20 septembre 2001, soit neuf jours après les attentats, la campagne contre le terrorisme a été explicitée par le Président lors d'un discours devant le Congrès. Cette campagne ne sera pas limitée à une série de bombardements punitifs ou à une grande bataille, mais elle impliquera une « campagne prolongée » s'étendant à plusieurs théâtres d'opération jusqu'à ce que « chaque groupe terroriste à visée mondiale ait été découvert, arrêté et détruit

». Cette campagne prolongée a été par la suite étendue à l'axe du mal (Irak, Iran et Corée du

Nord) en raison de l'intention de ces pays de développer des armements nucléaires, chimiques

et bactériologiques2. Or depuis le 11 septembre, les Etats-Unis craignent de manière obsessionnelle la jonction entre la technologie chimique et le terrorisme international.

Le lundi 12 septembre 2002, soit un an après les attentats, le Président Bush présente devant le Conseil de Sécurité, la guerre d'Irak comme une manière de prévenir cette jonction.

Le 11 septembre 2001 a donc changé la donne de la défense aux Etats-Unis : ceux-ci n'entendent plus subir avant de réagir.

En réalité, l'argument qui consiste en la prévention d'une jonction entre les armes biologiques et le terrorisme, aurait pu tout à fait être juste. Il aurait pu être juste s'il en existait

les preuves contre l'Irak. Mais ce n'est pas le cas. 3

Le 11 septembre 2001, bien qu'étant une raison historique déterminante dans la politique de défense des Etats-Unis, ne suffira pas à justifier leur engagement en Irak. En ce

qui concerne la Pologne, quelles pourraient bien être les raisons historiques qui l'auraient

poussé à s'engager aux côtés des Etats-Unis ?

1Pascal Boniface (sous la direction de). Les leçons du 11 septembre. Paris : PUF, 2001, p. 47

2 Michael T. Klare. Les vrais desseins de M. George Bush. Le monde diplomatique, novembre 2003. [En ligne]. Disponible

sur : http://www.monde-diplomatique.fr/2002/11/KLARE/17285 (page consultée le 03 novembre 2005)

3 Certes les Etats-Unis peuvent estimer qu'ils en ont donné les preuves en Février 2003 devant le CS des NU.

Mais doit-on confondre les preuves formelles à des indices dont la fiabilité n'est non plus prouvée ? Cela nous interroge sur les modalités de preuve d'un danger imminent.

B- Les raisons historiques de l'engagement polonais dans le conflit

Il ressort du passé de la Pologne et même de l'histoire de l'humanité que si une guerre

préventive avait été réussie contre Hitler, il n'aurait pas eu à causer tant de dégâts dans le monde. Certains documents que nous avons consultés au cours de nos recherches nous ont révélé que la Pologne, de peur de n'être envahi par l'Allemagne nazie, avait mis sur pied un projet de défense préventive qui n'avait malheureusement pas abouti.

Nous allons exposer ici ce qu'a été la proposition polonaise de guerre préventive contre Hitler accédant au pouvoir en Allemagne en 1933. Cette connaissance de l'histoire de l'Europe nous permettra de mieux comprendre pourquoi la Pologne s'est engagée dans la guerre préventive contre l'Irak.

Dans l'entre-deux-guerres, à partir de 1922, le fascisme s'était déjà installé en Italie et l'hitlérisme s'emparait du pouvoir en Allemagne. C'est alors que commença, à l'initiative de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Union soviétique et du Japon, une nouvelle phase de la course aux armements à l'échelle internationale. Cela ébranla la conviction que les traités et les engagements entre Etats seraient respectés. Les conférences internationales confirmèrent que

les obligations contractées avaient leur valeur de chiffon. Le chef de cabinet du Duce, le baron

Aloisi, propageait ouvertement, à haute voix, la révision de la frontière germano-polonaise.1

C'est alors que, réunissant informations et analyses du renseignement et de la diplomatie, le Maréchal Pilsudski2 fit à Paris en 1933, la proposition d'une "guerre préventive" contre le nouveau régime nazi. Le concept et le projet polonais de cette "guerre préventive" étaient fondés sur trois initiatives simultanées :

1) concentrer des troupes polonaises en Poméranie et autour de la Prusse orientale ;

2) demander qu'une Commission internationale examine l'état des armements secrets allemands, fabriqués en infraction au Traité de Versailles ;

3) suggérer en cas de refus de l'Allemagne d'autoriser l'examen de son potentiel militaire, l'armée française occupe la Rhénanie et l'armée polonaise la Prusse

orientale et la Silésie.

1Alexandra Viatteau. 1933-2003: La guerre préventive selon Varsovie et Washington. Classiques de science politique. Classique N°4. [En ligne]. Disponible sur : http://www.diploweb.com/science-politique/guerrepreventive.htm [page consultée

le 27 septembre 2005])

2 Le Maréchal Pilsudski était le chef d'Etat de la Pologne. Il joua un rôle prépondérant dans la création de l'Etat Polonais à partir de 1918.

La réponse de la France à la Pologne fut que la société française ne tolérerait pas d'offensive franco-polonaise contre Hitler et que cela pourrait être interprété comme une agression aux termes du Pacte Briand-Kellog de 1928. 1

En tout état de cause, la position française peut se comprendre. L'Allemagne en cette période était militairement plus puissante par rapport à une France qui peinait encore à se relever de la crise économique de 1929. Déclarer une guerre préventive à l'Allemagne aurait donc été un péril audacieux et inutile. Cet acte aurait légitimé par anticipation une invasion de

la France et de la Pologne par l'Allemagne.

Toutefois, il n'en demeure pas moins que l'inaction des puissances européennes dans l'entre deux guerres vis-à-vis de l'Allemagne a poussé celle-ci à aiguiser son bellicisme et à envahir plus tard la Pologne. C'est cette invasion qui a d'ailleurs déclenché la deuxième guerre mondiale dont on n'ignore plus les conséquences sur la Pologne et le reste du monde.

D'après Alexandra Viatteau, il semble que c'est dans l'intention de prendre une revanche sur le passé, que la Pologne a vite fait de saisir l'occasion irakienne d'une guerre préventive. Cela pourrait laisser croire que lutter préventivement contre Saddam Hussein, aurait pour conséquence d'éviter un désastre pareil à celui orchestré par Hitler. Seulement, dans le cas de Saddam Hussein, la menace a été plus démontrée dans le verbe que dans les faits. Le mobile polonais est donc tout aussi critiquable que celui du choc provoqué aux Etats- Unis par le 11 septembre.

Pour toutes ces raisons nous pensons que ces motivations ne sont pas totalement légitimes d'où le thème "plus ou moins". Maintenant il convient de présenter les motivations

les plus controversées.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus