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Le droit à la guerre préventive: essai de réflexion sur la légalité et la légitimité du concept

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par Tohouindji G. Christian HESSOU
Université d'ABOMEY CALAVI - Cycle I de l'ENAM 2005
  

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Section 2 : La doctrine de l'état de nature

Selon cette théorie le milieu international n'a pas encore atteint le stade de société. Il demeure à l'état sauvage où seule la loi de la jungle règne, et les Etats y sont libres de faire la guerre comme ils l'entendent. Dans un premier temps, nous ferons l'exposé de la théorie (paragraphe1). Ensuite nous déboucherons sur les implications de ladite théorie sur la notion

de guerre préventive (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Exposé de la théorie

Cette théorie a certes connu son véritable essor1 avec le philosophe anglais Thomas

Hobbes, notamment dans son célèbre ouvrage Le Léviathan paru en 1651 (A). Mais en dehors

de lui, plusieurs autres ont aussi soutenu cette argumentation (B).

A- La pensée de Thomas Hobbes

Pour expliquer l'état de nature, Thomas Hobbes est parti du concept selon lequel

l'homme est naturellement porté à se quereller avec ses semblables, soit pour la recherche du profit, soit pour la défense de sa sécurité, soit pour la gloire. Il estime que le seul droit qui puisse exister dans ces conditions est le droit de nature. Il définit à ce titre le droit de nature comme « la liberté qu'a chacun d'user comme il le veut de son pouvoir propre pour la préservation de sa propre vie et en conséquence de faire tout ce qu'il considèrera, selon son jugement et sa raison, comme le moyen le mieux adapté à cette fin »2. Ainsi selon lui, à l'état

de nature, un homme ne peut pas se dessaisir du droit naturel de défense dont il dispose

puisqu'il n'a pas la garantie qu'en échange de l'abandon de ce droit, sa sécurité lui serait assurée : car il n'y a pas un Léviathan3 à qui confier le pouvoir de sécurité dans l'état de

nature.

1 « Véritable essor » et non « naissance » parce qu'avant Hobbes, des auteurs tels que Machiavel avaient déjà brossé légèrement la question sans toutefois la développer sous cet angle exact de l'expression « état de nature ».

2 Thomas Hobbes.Le Léviathan. In Dominique Colas. La pensée politique. Paris : Larousse, 1992, p. 225

3 Le Léviathan est le prince à qui les hommes auront confié leur droit de défense naturelle afin que celui-ci le leur assure. Dans la société internationale, l'équivalent du Léviathan serait un gouvernement mondial s'il y en avait. Mais dans l'ordre interne, le Léviathan demeure l'autorité étatique.

Mais depuis lors, l'état de nature a pu laisser place à l'état de société à l'intérieur des Etats1, confiant ainsi la sécurité à un pouvoir commun au dessus de tous.Cependant, il subsiste intégralement dans les rapports internationaux. De manière schématique, nous obtenons de ce fait une opposition radicale entre l'ordre interne et l'ordre international. Le premier incarne l'état de société et le second, l'état de nature. De ces considérations, nous aboutissons au point crucial de la pensée de Hobbes qui fait une description assez particulière

des relations interétatiques.

Conformément aux exigences de l'état de nature, Hobbes soutient que les relations internationales ne sont dès lors qu'un champ où la violence règne encore entre les Républiques. Rien ne peut alors être injuste : « les notions de légitime et d'illégitime, de justice et d'injustice n'ont pas ici leur place. La où il n'est pas de pouvoir commun, il n'est pas de loi ; là où il n'est pas de loi, il n'est pas d'injustice. La violence et la ruse sont en temps de guerre les deux vertus cardinales »2. Chaque entité souveraine a le droit de se conduire comme elle l'entend.

Cette position a été aussi partagée par d'autres théoriciens.

B- Les pensées des autres auteurs

Dans son ouvrage célèbre Le Prince (Publié en 1513), Nicolas Machiavel s'était déjà

montré comme un porte-flambeau de la nature belliqueuse de la société internationale. Présenté comme un apologiste de la force, il conseillait à son élève dans cet ouvrage, de ne jamais ôter sa pensée de l'exercice de la guerre. Ainsi pour Machiavel, « seule la fin justifie

les moyens ». Si le Prince veut faire la guerre, qu'il le fasse ; pourvu que les résultats qu'il escomptait atteindre soient atteints efficacement. Des penseurs tels que Spinoza et Raymond Aron se sont aussi penchés sur la question.

Pour Spinoza, « les hommes dans la condition naturelle, sont ennemis les uns des autres ; ceux donc qui, ne faisant point partie d'un même Etat, gardent l'un vis-à-vis de

1 C'est d'ailleurs parce que l'état de nature a cédé place à l'état de société qu'on parle d'Etat. Car l'Etat représente l'intérêt général. Or si les individus avaient gardé leur droit de se rendre justice eux même, il n'y aurait pas d'intérêt général et seul le

désordre serait maître. Parler d'Etat équivaut donc à parler d'intérêt général ; et qui parle d'intérêt général parle de société.

En conclusion, reconnaître l'existence de l'Etat entraîne d'ores et déjà qu'on admet la substitution de l'état de société à l'état

de nature dans les rapports internes.

2Thomas Hobbes. Op cit, p. 225

l'autre les rapports de droit naturel, restent ennemis. C'est pourquoi si un Etat veut déclarer

la guerre à un autre Etat pour l'assujettir, il peut l'entreprendre à bon droit, puisque pour faire la guerre, il n'a besoin que de le vouloir »1

Raymond Aron répondra d'une manière particulière à cette question en affirmant ceci :

« j'ai cherché ce qui constituait la spécificité des relations internationales ou interétatiques et j'ai cru trouver ce trait spécifique dans la légitimité et la légalité du recours à la force armée

de la part des acteurs.»2

Cette affirmation, à l'image des précédentes, en dit déjà suffisamment sur la position

de ces auteurs par rapport à la guerre préventive, même s'ils n'ont pas toujours spécifié leurs réflexions autour de ce concept uniquement. Il nous appartient dès cet instant, de faire ressortir toutes les implications que peut avoir la théorie de l'état de nature sur la valeur de la GP.

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