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Les relations inter claniques chez les peuples Suundi de la République du Congo : héritage de Koongo dya Ntotila

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par Samuel KIDIBA
Université Marien Ngouabi - Doctorant en anthropologie culturelle 2006
  

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2.3. Les éléments de moralité et de fidélité des membres du clan

Le devoir de sang

Le clan, kaanda est fait des hommes et des femmes qui se reconnaissent d'un même ancêtre, mukulu et ayant une matriarche commune, luvila. Clan = kaanda, dikaanda, pluriel makaanda, « di » art singulier, « ma » art pluriel, la pomme de la main. Les traces de la pomme varient selon qu'on est issu de la même mère, d'un même kaanda ou d'un autre. Et on dit en suundi, kaanda dyeeto di mosi, meenga ma mosi twidi, nous sommes du même clan, le même sang. En effet, le lien de sang dans un kaanda, chez les suundi, est très déterminant et contraignant. Ayant le même sang que ses parents : soeur, mpaangi ya mukeento, kibusi, frère, mpaangi ya bakala, nkasi, mère, ngudi, oncle, ngwa nkasi neveu ou nièce, mwaana nkasi etc. le membre du clan suundi a un devoir. Un devoir moral d'assister, en tout temps et en tout lieu, ses parents consanguins. Ne pas le faire rimerait à un refus pur de soi-même et de ses origines. D'aucuns finissent par être envoûtés ou ensorcelés pour n'avoir pas respecté ou honoré ce lien tout naturel. Le luvila est fait des soeurs qui sont nées d'une même mère et donc le (s) même (s) oncle (s), mfumu, ngudi nkasi, ngwa nkasi, mama nkasi, la mère homme, frère cadet ou aîné de maman. Le ngwa nkasi ou ngudi nkasi est souvent le chef du clan, mfumu dikaanda. Les mères donnent des descendants et descendantes qui se diront être du même luvila chacune. On est, en vérité, de la même mère génitrice, la même souche, luvila lumosi. Cette nomenclature structurale du clan, chez les Koongo, est à l'image de celle de maman Nguunu aux origines de Mbanza Koongo. On dit ainsi que Mpanzu, Nzinga et Nsaku étaient du même luvila.

Ce devoir de sang a une grande dimension identitaire dont la responsabilité morale incombe à chaque membre. Le clan est vu, sous cet angle, comme une identité culturelle plurielle qui se définit de façon claire sur le kinkulu, l'ancien, un héritage aux doubles assises matérielle et immatérielle.

Pour parler des sources anthropologiques, notons ce que dit Lewis Henri MORGAN, du clan et de la tribu, « Le clan est un groupe de parents consanguins descendants d'un même ancêtre commun et distingués par un nom de gens et liés par des relations de sang. Quant à la tribu, il la définit comme une société complètement organisée, un assemblage de clans, et qui par ailleurs présente la caractéristique d'être individualisée par un nom, par un dialecte séparé, par gouvernement suprême et par la possession d'un territoire qu'elle occupe et défend comme le sien propre. »17(*)

Ainsi, le clan est une structure qui fonctionne au mieux chez les Kongo : rigoureuse, bien structurée, solidaire, organisée, démocratique, libre ; sans doute par fidélité aux ancêtres de Koongo dya Ntotila dont le royaume était l'un des plus organisés jamais rencontrés par les explorateurs portugais. Les membres  du clan, bisi kaanda, sont unis dans un système d'organisation sociale leur permettant de se reconnaître à travers un nombre de biens, tant matériels qu'immatériels, hérités de leur longue descendance commune: la terre, kitoto, le territoire, nsi ; des symboles, bidiimbu ; l'héritage, fwa, kitoto, nsi, kinkulu, bunkaaka, les noms, nkuumbu.

Kinkulu, «ki » article le ou un ; nkulu, ancien, vieux ; bunkaaka,  « bu» article le ou un, nkaaka, grand parent, ancien, vieux. Tout est fonction du passé, de l'ancien et donc de l'héritage des ancêtres. Un pilier sur lequel s'appuie le clan dans son fonctionnement ou les relations des membres d'un même clan.

Un histoire commune se transmet de génération à génération, une histoire construite autour de la vie du clan, ses rapports avec les autres clans, la gestion et la conservation de tous les biens hérités des ancêtres, des interdits, miina qui sont un vrai code moral pour tout membre du clan. Les membres du clan sont tenus à observer un nombre de « lois » qui fait l'équilibre du groupe.

La même histoire se transmet aussi par la transmission des noms des ancêtres qu'on donne à la descendance : le nom de la mère ou de grand-mère est donné a une fille et celui du père ou du grand-père au fils.

«  Les rapports sociaux entre membres d'un clan sont déterminants et se reposent sur plusieurs aspects: droits d'aînesse, cérémonies de règlement de conflits, le plus vieux est supposé être au parfum de tout. Il a vécu des faits, des temps, des expériences, des échecs et des réussites, il est un homme de raison, investi d'un pouvoir doublé de sagesse, il est illuminé. Les jeunes ne doivent pas l'interrompre, le plus jeune n'a nullement le droit de prendre la parole de façon anarchique ou non autorisée. C'est une manière de faire prendre conscience au plus jeune, un apprentissage à l'écoute, à la patience, à l'attention. C'est pourquoi, chez les Suundi du sud de Boko-Songho département de la Bouenza en République du Congo, le vieux jouit d'un respect glacial qui le place à un niveau élevé de la société. Il a la clé des solutions aux multiples problèmes sociaux, il est sensé être ce juge, nzoonzi investi d'une sagesse lui permettant de juger impartialement tout cas de conflit de quelque nature qu'il soit, au niveau du clan ou de toute la société. Il faut préciser que le nzoonzi, chez ces peuples, peut être relativement jeune »18(*)

* 17Cité par Emmanuel KAMDEM, in Management et inter culturalité en Afrique, Expérience du Cameroun, Presses de l'Université Laval, 2002.

* 18 Samuel KIDIBA, L'interdit comme mode de codification de la société traditionnelle au Congo Brazzaville, in Journal La renaissance du Ministère de la Culture et des Arts, 2003.

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