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Handicap et parentalité. Les croyances parentales en une normalité sociale possible pour leur enfant handicapé mental

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par Jean-Yves RICHIER
UNiversité Nancy 2 - UPMF Grenoble - DEA de Sociologie 2003
  

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IX. Les croyances parentales

en une normalité possible de leur enfant ................... P 74

1. Les typologies parentales .................... p 74

2. Une construction « idéaltypique » de

la famille de l'enfant handicapé mental .................... p 75

3. Le mythe du progrès .................... p 76

3.1. La situation d'incertitude .................... p 76

3.2. Le mythe du progrès dans

sa relation à la temporalité .................... p 77

3.3. Le paradigme de KUHN .................... p 78

4. Le modèle cognitiviste appliqué

aux croyances parentales .................... p 80

CONCLUSION .................... p 84

BIBLIOGRAPHIE .................... p 86

INTRODUCTION

« Une science empirique ne saurait enseigner à qui que ce soit ce qu'il doit faire, mais seulement ce qu'il peut et - le cas échéant - ce qu'il veut faire. » Max WEBER.

Ce mémoire de DEA s'intéresse à la problématique des parents d'enfants handicapés mentaux. Il est le fruit d'un travail de recherche mené depuis l'année de licence dans le cadre de nos recherches de sociologie à l'Université de Nancy 2. La réflexion élaborée au cours des pages à venir n'est pas seulement issue de l'imagination du chercheur. L'année passée, en maîtrise, nous avons pu interpeller les parents au cours d'entretiens afin de comprendre leur univers et nous avons pu nous faire une première idée sur leur situation.

Cette année a été une phase de théorisation importante afin de percevoir les mécanismes de construction d'un univers social particulier. Nous ne sommes pas isolés sur notre îlot avec notre seule vérité et nos seules certitudes ; nous faisons le constat que la recherche n'a de sens que si elle est partagée. Certes, les théories de certains auteurs ne nous ont pas semblé pertinentes, ce n'est pas pour autant qu'elles en sont dénigrées. Nous n'adoptons pas leur point de vue, c'est tout. Les théories d'autres auteurs, par contre, ne pouvaient ne pas être débattues et exposées. Elles intéressent notre objet sociologique au premier chef et nous ont permis un détachement nécessaire par rapport à nos a priori.

Nous l'avions soulevé l'année passée, notre profession est intimement liée à notre objet de recherche puisque nous le côtoyons au quotidien, dans notre pratique éducative. Le questionnement sur notre état reste sous-jacent, à savoir, quelle est la place d'un « éducateur-sociologue » au sein d'une structure d'accueil de l'éducation dite spécialisée. Pour l'heure, nous n'avons pas trouvé de réponse mais existe-t-il vraiment une réponse ? Ce qui nous semble incontestable, c'est que notre perception sur la chose « handicap » à évoluer ; elle devient désormais plus lisible, comme plus transparente devant nos questionnements. Peut-être sommes-nous enfin prêt à comprendre le monde du handicap et non plus uniquement vivre une routine professionnelle à ses côtés ? Le regard du sociologue se détache de la perception immédiate de l'éducateur, la réflexion s'allie à la pratique mais n'est-elle pas en train de la dépasser ? Nous pouvons nous demander si l'action ne met pas à mal toute réflexion et qu'à trop s'inscrire dans le « faire » nous en oublions de regarder ce que nous sommes professionnellement.

Au-delà de nos propres inquiétudes, nous recherchons à comprendre un autre monde fait également d'incertitudes, celui des parents de l'enfant handicapé mental. Comment peuvent-ils parvenir à être et vivre dans un univers détruit à l'apparition du handicap ? Quelle force les anime et les pousse à poursuivre malgré tout ? C'est vrai que ses questions sont souvent présentes à notre esprit et nous pensons que les parents se les posent également. En cherchant à les comprendre peut-être parviendrons-nous à leur faire comprendre leur situation ?

Sans leurs témoignages, ce travail n'aurait pas pu exister ; leur investissement dans cette recherche est réel et laisse supposer qu'ils souhaitent être soutenus. Il y a une part de curiosité qu'ils cherchent à assouvir : savoir comment cela se passe chez les autres avec un enfant handicapé. Savoir s'ils font bien, s'ils s'en sortent, s'ils sont de bons parents, surtout lorsqu'on n'a pas l'expérience du handicap. Tous ces questionnements rejoignent les nôtres même s'ils sont d'une nature différente : nous avons cet avantage sur eux d'être hors de l'objet de recherche alors qu'ils y participent pleinement.

Nous investirons cet objet de l'intérieur ; il nous faut le pénétrer pour le démanteler et le donner à lire aux individus. Les théoriciens appréhendés nous aident dans notre mission de « compréhension » ; nous leur devons de nous interroger sans cesse et de ne pas nous laisser séduire par un fait plaisant susceptible de valider immédiatement nos questionnements. Il faut se méfier de l'immédiateté des faits surgissant comme autant de réponses satisfaisantes ; leur validité est plutôt cachée. Le chemin qui mène à la découverte est souvent long et tortueux, c'est ce qui le rend passionnant.

Notre rédaction se décompose en neufs chapitres qu'il faut suivre comme un fil qui nous mènera jusqu'à notre futur travail de recherche. La problématique et la méthodologie vous exposent le choix des auteurs et des concepts retenus ainsi que la procédure d'enquête que nous souhaiterions mettre en oeuvre ultérieurement. Nous pouvons déjà situer le lecteur en lui disant que notre conception théorique repose sur la sociologie compréhensive de Max WEBER et sur l'individualisme méthodologique de Raymond BOUDON.

Ces définitions nous mènent au chapitre 4 dans lequel nous appréhendons la construction de l'identité sociale de parents d'enfant handicapé mental de manière originale. L'originalité relève du fait que nous avons interrogé cette construction du point de vue de la sociologie des professions. Nous posons comme préalable que les individus épousent une carrière de parents d'enfant handicapé dès que ce dernier paraît. Cette carrière, élaborée autour du handicap, nous semble différente d'une carrière « normale » de parents. Les théories interactionnistes nous sont apparues d'une grande utilité pour nous éclairer sur ce processus.

Les chapitres 5 et 6 vous invitent à lire le handicap et ses représentations sociales. Le handicap est appréhendé comme un objet qui interroge les normes sociales. Nous évoquerons sa relativité, c'est-à-dire que nous estimons qu'il est une autre norme sociale possible, mineure mais bien présente. Le sujet handicapé est tributaire des représentations que les individus projettent à son encontre ; il est un être stigmatisé mis au ban de la société. Nous interrogerons également les représentations qu'ont les parents du handicap mental et comment elles s'imposent à eux.

Nous ne pouvons traiter de la famille de l'enfant handicapé sans en étayer une définition. Dans le chapitre 7, nous développons l'idée que le handicap a « contaminé » le milieu familial. Les parents sont déstabilisés et perdus ne sachant que faire et pourtant, il faut bien agir. Ils doivent passer par une reconstruction de leur « moi » mis à mal et fissuré par le handicap mental.

Les individus mettent en place des stratégies pour surmonter le déterminisme de situation dans lequel le handicap les plonge. Il faut parvenir à « jouer » avec la société un jeu de dupe pour faire croire à l'autre et se convaincre que tout demeure possible. Le chapitre 8 propose au lecteur de mettre à jour les règles du jeu implicites qui se dévoilent dans les rapports sociaux (les interrelations) entre les parents et les autres individus.

Nous pensons que la famille de l'enfant handicapé mental est une famille idéaltype, au sens que lui donne Max WEBER, c'est-à-dire qu'elle peut être définie selon des caractères communs et spécifiques. Ce type d'agencement social positionne les acteurs parentaux dans une situation sociale les amenant à adhérer à des croyances communes. Ils croient en un progrès toujours possible de leur enfant malgré des difficultés objectives et réelles qu'il a à être comme les autres. La sociologie de Raymond BOUDON interroge les situations d'incertitude et nous émet des hypothèses sur « l'art de se persuader ». Comment l'acteur parvient-il à adhérer à des idées douteuses ou fausses et à parvenir à mener une existence à travers elles ?

Notre recherche de DEA ne saurait répondre à toutes ces questions cependant nous jetons quelques hypothèses sur la manière dont nous souhaitons les appréhender. Petit à petit, au fur et à mesure de nos investigations, nous rechercherons surtout à comprendre ce qui permet aux acteurs sociaux de parvenir à vivre même dans les situations les plus extrêmes.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein