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L'art de la bifurcation : dichotomie, mythomanie et uchronie dans l'oeuvre d'Emmanuel Carrère

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par Mario Touzin
Université du Québec à Montréal - Maîtrise en Etudes Littéraires 2007
  

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1.3 La mythomanie : représentation et interprétation

La mythomanie est une pathologie caractérisée par des mensonges chroniques. Ernest Dupré, fondateur du concept de mythomanie, définissait ce terme ainsi : « Tendance constitutionnelle à l'altération de la vérité, à la fabulation, au mensonge et à la création de fables imaginaires25(*) ». La mythomanie est une forme de déséquilibre psychique caractérisée par des propos mensongers auxquels l'auteur croit lui-même. Le sujet élabore des évènements et des actes qui n'ont jamais eu lieu. Il dit avoir été témoin ou acteur, et se décrit souvent dans une position avantageuse. En fait, la mythomanie s'avère être un type de mensonge pathologique dans lequel le sujet croit à la réalité de sa production créative imaginaire et agit partiellement ou complètement en fonction d'elle. Comme le précise Boris Cyrulnik, « n'ayant pas la force d'exister dans le réel, ils (les mythomanes) ne savent pas réellement qui ils sont, puisqu'ils ne s'identifient que par l'imaginaire.26(*) » Par conséquent, le recours fréquent, voire permanent, aux mensonges est, pour le mythomane, le seul moyen de fuir une réalité qu'il ne peut accepter ou affronter sans souffrir. Il se donne ainsi l'illusion de changer cette réalité douloureuse.

1.3.1 Mensonge et mythomanie

Il ne faut pas confondre le simple mensonge dont le but est, dans la plupart des cas, de berner autrui, et qui ne dure pas dans le temps, et la vraie mythomanie qui est une impulsion irrépressible, apportant une grande satisfaction au sujet. Paul Ekman apporte cette précision :

Le menteur [...] agit avec l'intention de donner une fausse information. [...] Il a toujours le choix entre dire la vérité ou pas, et il connaît la différence entre les deux. Les mythomanes, qui savent qu'ils ne disent pas la vérité [...], sont incapables de maîtriser leur comportement [...] et ne sont pas conscients de mentir.27(*)

Alors que le mensonge normal est épisodique, motivé et proportionnel à son but, le mensonge pathologique est à la base de la fiction fantasmatique du récit du mythomane. Si, avant Freud, la mythomanie pouvait être considérée comme un « vice punissable », elle est aujourd'hui, grâce à la psychanalyse, rangée au chapitre des perversions. Pour le mythomane, la réalité est vécue comme une menace. Le sujet s'invente un univers personnel susceptible de le protéger. Nous avons vu que, dans le mensonge, quelle qu'en soit la forme, la relation avec autrui conditionne la réalité même du menteur. C'est pourquoi, selon Marcel Eck, « la mythomanie est la tendance à satisfaire un instinct personnel mais plus encore à s'affirmer par un exhibitionnisme morbide en face des autres.28(*) »

* 25 Ernest Dupré, Pathologie de l'imagination et de l'émotivité, Paris, Payot, Coll. Bibliothèque scientifique, 1925, p. 235.

* 26 Cyrulnik, op. cit., p. 17.

* 27 Ekman, op. cit., p. 20.

* 28 Eck, op. cit., p. 117.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci