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L'art de la bifurcation : dichotomie, mythomanie et uchronie dans l'oeuvre d'Emmanuel Carrère

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par Mario Touzin
Université du Québec à Montréal - Maîtrise en Etudes Littéraires 2007
  

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1.2 Le mensonge chez l'enfant

Marcel Eck prétend que « l'enfant est assez facilement mythomaniaque en dehors de toute pathologie. Dupré [en parle comme] d'une mythomanie normale de l'enfant18(*) ».

Un enfant qui ne ment pas ne sait pas se protéger et risque de devenir anxieux. La mythomanie, chez l'enfant, est nécessaire comme mode d'identification. « La mythomanie est en quelque sorte fondatrice de notre destin », dit Boris Cyrulnik, « un enfant qui ne rêve pas son avenir est condamné à vivre dans l'immédiat, donc il n'a pas de réalisation de ses désirs.19(*) »

1.2.1 Pourquoi l'enfant ment-il ?

Il y a plusieurs raisons qui peuvent inciter un enfant à mentir, et un besoin est rattaché à chacune de ces raisons. L'enfant peut mentir pour se valoriser, pour éviter une responsabilité ou, simplement, pour faire comme tout le monde. Mais Guy Durandin, dans son ouvrage majeur sur le mensonge, affirme que

La crainte des réprimandes est le motif le plus fréquent de mensonges chez l'enfant, parce que celui-ci se trouve dans un état de dépendance complète. Il est soumis, tant pour sa subsistance que pour son éducation, aux normes et à la surveillance de ses parents et de ses maîtres, et il vit sous le signe du permis et du défendu, de l'obéissance et de la désobéissance : or, toute désobéissance est passible de punition.20(*)

Il y a également la mythomanie, mais il s'agit là d'un problème beaucoup plus profond qui résulte d'un besoin de reconnaissance. Selon Odile Dot, « pour les enfants, comme pour les adultes, la parole est un miroir : ce que nous disons reflète ce que nous sommes ou ce que nous aspirons à être. Tout langage articulé est chargé de vie. L'enfant, en parlant, se voit accomplir les actes qu'il évoque, exactement comme dans le jeu.21(*) » Chez l'enfant, l'être et le paraître forment une véritable symbiose puisqu'il n'arrive pas à faire la distinction entre le réel et l'imaginaire. Lorsque l'enfant ment, il ne le fait pas dans un but néfaste, ce qui explique pourquoi ce qui choque l'adulte ne choque pas le tout jeune enfant. Il croit ce qu'il dit et il est convaincu que tous le croient. Ainsi « les enfants cessent de pratiquer cette mythomanie nécessaire le jour où leur réel se révèle plus avantageux que leur fiction [...] lorsque la réalité devient aimable, intéressante, voire amusante, alors la mythomanie perd son sens et son utilité.22(*) »

L'enfant ignore le mensonge avant l'âge de 6 à 7 ans environ. Avant cet âge, il altère souvent mais inconsciemment la réalité. Et il a du mal à faire la différence entre le réel et l'imaginaire. Il fabule et tout lui est possible, même les interdits. Ce n'est qu'après 7 ans que le réel prend le pas sur l'imaginaire. Avant, « l'enfant ne sépare pas le subjectif de l'objectif [...] C'est pourquoi [il] confond erreur et mensonge.23(*) » À titre d'exemple, Jean Piaget a montré dans ses études sur de très jeunes enfants que ceux-ci jugeront mauvais le fait d'indiquer un chemin inexact à une personne qui s'est perdue, parce qu'on s'est trompé, alors que le fait de mentir à ses parents sur la réalité d'une note obtenue à l'école ne sera pas considéré comme mauvais si les parents ne découvrent pas qu'il y a eu falsification. L'enfant ne peut pas discriminer la réalité de la fable, et pour lui le mensonge est exclu24(*).

* 18 Ibid., p. 112.

* 19 Boris Cyrulnik interviewé par Hélène Mathieu. (2006). Boris Cyrulnik : « La mythomanie est fondatrice de notre destin ». Extrait le 8 novembre 2006, http://www.psychologies.com/cfml/article/c_article.cfm?id=2033

* 20 Durandin, op. cit., p. 28.

* 21 Odile Dot, Du petit mensonge à la mythomanie, Paris, Marabout, 1985, p. 58.

* 22 Boris Cyrulnik, préface de Le Bienfaiteur de Philippe Romon, Paris L'Archipel, 2002, p. 11.

* 23 Dot, op. cit., p. 92.

* 24 Cf. Jean Piaget, Psychologie et pédagogie, Paris, Denoël, Coll. Folio/Essais, 1988 [1969].

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