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Evolutions des densités, pratiques et images des rives de la RD 992 à Colombes - Densification et évolution de l'espace vécu en petite couronne parisienne

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par Alexandre Laignel
Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne - Magistère Aménagement et Urbanisme 2008
  

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Une identité industrielle

La création d'une voie impériale entre 1805 et 1810, le «boulevard du Havre», puis d'un pont reliant Colombes à Bezons en 1811, modifie la première trajectoire radiale suivie jusque là par l'urbanisation. Il s'en suit la création de quelques commerces de vignobles sur ce nouvel axe de passage "Paris-Bezons". Si elle donne lieu dans un premier temps à une urbanisation ponctuelle sur ses rives, c'est d'abord la voie ferrée qui détermine le tournant industriel du Petit-Colombes, et son urbanisation, avec l'installation en 1854 de la première usine de pétrochimie (distillation de produits pétroliers). La proximité de la nouvelle gare de marchandises "Garenne-Bezons" créée developpe ainsi un noyau industriel dans le quartier de l'actuelle Z.A.C Champs-Philippe, alors que s'opére dans le même temps une urbanisation de type pavillonnaire autour des rives sud du boulevard dans lequel habitent les nouvelles populations ouvrières. La première guerre mondiale contribue à l'installation de nouvelles industries. Dans le quartier des Ternes, à la frontière de la commune de Nanterre, l'ingénieur Félix Amiot installe sa première usine dans laquelle les ouvriers construisent des avions de guerre. C'est l'émergence d'une identité ouvrière dans le Petit-Colombes, inscrite plus généralement dans la boucle nord des Hauts-de-Seine et à l'échelle du bassin d'Argenteuil. La vie syndicale contribue à la naissance d'une identité petit-colombienne, marquée par une culture locale. Au lendemain de la guerre, l'éclatement d'une série de grèves suite à un conflit sur "la vie chère", entre le patronat de la métallurgie et les syndicats, restera un évènement marquant dans les consciences de la population. Cette culture ouvrière s'exprime en termes électoraux par la surreprésentation des votes communistes aux scrutins locaux par rapport au reste de la commune (POLETTI, 1999). Les usines apparaissent aussi dans l'histoire sociale du quartier comme des lieux étroitement attachés à la mémoire collective des guerres successives. Pendant la 2nde guerre mondiale, l'usine Amiot réquisitionnée par l'armée allemande pour fabriquer sa flotte aérienne est la cible de sabotages des résistants.

Ces évènements consécutifs à la spécificité ouvrière locale inscrivent une partie de la mémoire collective dans un certain nombre de bâtiments comme l'ancienne usine Amiot. Si la population ouvrière de banlieue est pour beaucoup composée d'anciens ruraux, elle se caractérise ici par la présence importante d'étrangers originaires du Maghreb dans les «hôtels-marchands de vin» situés en façade du boulevard du Havre. Cette particularité augure une dynamique de peuplement importante des populations originaires du Maghreb.

D'après les statistiques délivrés par le dernier recensement de l'INSEE1(*), on peut parler d'une surreprésentation des classes modestes dans le quartier du Petit-Colombes, puisque les catégories socioprofessionnelles «employés» et «ouvriers» y sont surreprésentées par rapport au reste de la commune (47,4 % dans le Petit-Colombes contre 36,5 % sur l'ensemble de la commune). Néanmoins, la "spécialisation" du quartier dans l'industrie n'existe plus. La déconcentration industrielle et la tertiarisation de la société expliquent le départ de ces activités, même si la réalité ouvrière demeure. Ce constat ne s'observe pas seulement sur les recensements, puisque l'espace petit-colombien est marqué par ce déclin de l'industrie. L'usine "Amiot" est rachetée par le ministère de la Défense après la guerre. Le centre sert jusque dans les années 1990 à la formation à la gestion des personnels militaires. Au sud, le déclin de l'activité industrielle a laissé la place à des activités de stockage et de commerce, à l'image du Conforama, espace de vente le plus grand d'Europe à son ouverture. Cette diversification de la structure des emplois des habitants du Petit-Colombes participe à la désintégration du rôle structurant que pouvait avoir l'industrie. De plus, l'échelle du vécu change. Le développement de la voie ferrée à destination des travailleurs et les migrations pendulaires atomisent plus encore l'espace vécu des petits-colombiens, ainsi que l'ancienne structuration sociale.

On assiste donc pendant cette période au développement d'une identité propre, à l'écart des centres historiques des communes de Colombes et Nanterre, à laquelle se rattache encore dans les mémoires actuelles de nombreux évènements. En terme sociologique, cette période est fondatrice des spécificités ouvrières et immigrées du quartier. Elle trouve expression aujourd'hui à travers certains éléments bâtis.

Illustration 4: Les personnes de nationalité étrangère à Colombes en 1999 - Conception et réalisation: Alexandre Laignel

* 1 RGP INSEE 1999 à l'échelle IRIS

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault