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Microfinance, développement financier et coopération internationale au Sénégal

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par Ndeye Arame Gaye
Université Aix Marseille 2 - Maitrise en sciences de gestion 2008
  

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Chapitre 3

Comment améliorer davantage le secteur financier Sénégalais à travers la microfinance pour mieux établir les bases saines du développement économique?

Pour ce faire, on va voir comment les acteurs de la microfinance doivent agir à travers les rôles qui leur sont assignés.

I. L'Etat et des agences coopération internationale, stabilisateurs des environnements économique et financier 

Ils constituent les précurseurs de l'évolution du secteur financier Sénégalais. On a pensé qu'il serait favorable de les impliquer en premier.

1) Pour une lutte contre la «  rivalité » financière de l'état vis-à-vis des institutions financières et des PME

Les états de l'Afrique de l'Ouest ont toujours été dénoncés du fait de leur implication dans le système bancaire pour bénéficier d'apports financiers leur permettant de réduire leur déficit public, tout en bénéficiant des moyens offerts par la banque centrale (BCEAO). Ils usent des moyens octroyés aussi par les Banques de développement plusieurs projets mis en oeuvre par ces derniers bénéficient de financement sans porter leurs fruits ou sans même voir le jour.

L'état Sénégalais devrait s'engager dans la lutte contre « la rivalité financière » que les états de l'Union mènent avec les entreprises, qui sont les vecteurs du développement économique alors que la vocation des projets étatiques est le plus souvent social et non économique. Il peut impliquer les acteurs financiers comme les banques et les IMF à lutter contre la précarité sociale en exigeant des résultats.

Le rôle de l'état devrait se limiter à la restauration de la confiance pour certaines banques. En plus il doit les orienter vers les réalités sociales et les pousser à en tenir compte lors de la mise e place de leurs politiques de crédit et de collecte de l'épargne.

Sur ce point, il peut favoriser les relations Banques-IMF pour lutter contre l'asymétrie de l'information qui existe au niveau du secteur financier Sénégalais.

2) Pour une considération du secteur informel

Au niveau organisationnel, l'informel n'est pas à bannir mais à intégrer. Il constitue la base de l'économie Sénégalaise, avec rappelons le, 60 % de sa population active. Le secteur est à réformer et la population n'a pas conscience des méfaits qu'il a sur l'image internationale du pays. Des campagnes de sensibilisation pourraient être organisées pour les informer, comme l'état et ses partenaires du développement l'ont fait pour la lutte contre le Paludisme ou le Sida. Le fait de prendre conscience de nos maladies économiques (endettement, manque de financement des activités économiques, corruption, lourdeurs administratives, manque de garanties, inflation, taux d'intérêt élevés...), nous permettrait de trouver des solutions adéquates à nos réalités. Par contre, le fait de les importer et de ne pas faire l'effort d'adapter les solutions du Nord de façon adéquate, ne fera que qu'aggraver notre situation économique, sociale et financière.

Les agences de coopération devraient refuser que les programmes soient uniquement l'affaire de l'état, mai ils devraient constituer l'affaire de tous. En plus elles doivent considérer les réalités socio-économico-cuturelles du Sénégal. En insistant de nouveau, l'importation de modèles économiques et financiers d'autres pays ne feraient que remuer le couteau dans la plaie. Cela pourrait impliquer d'autres problèmes structurels. Le diagnostic sur le terrain est une méthode simpliste, mais d'une grande efficacité pour trouver des solutions adéquates à la population visée.

3) Pour une incitation fiscale des PME et un allègement de la réglementation du système financier décentralisé

L'état doit veiller à l'adéquation entre les réglementations bancaire et financière avec les traditions sociales et culturelles. Il pourrait par exemple alléger les charges fiscales pour les intermédiaires financiers qui mettraient leurs outils en adéquation aux réalités socio-écomiques du Sénégal. D'autres part, la fiscalité des PME est lourde et implique une persistance du secteur informel. En effet les PME informelles n'auront pas comme finalité de devenir formelles si elles voient que leurs coûts augmentent, notamment ceux liés à l'immatriculation, aux démarches administratives et à l'impôt. Encore faudrait-il qu'elles soient informées de l'existence et de l'intérêt de telles démarches. 

L'allègement de la réglementation pour les PME et pour les IMF serait favorable à celles-ci et l'économie Sénégalaise.

Les agences de coopération devraient exiger un effort fiscal de la part du gouvernement avant la mise en place des programmes de développement visant les PME. Cela pourrait permettre une efficacité de leurs politiques, puisqu'elles ne pourraient voir ceci se concrétiser que si le secteur informel rétrécit. En effet beaucoup de bailleurs de fonds ne peuvent pas avoir accès à ce type de marché puisque le risque y est très élevé, voir même non quantifiable.

4) Pour une autonomie des structures d'appui publiques

Les structures d'appui ne sont pas autorisées (pour l'instant) à effectuer des études sectorielles pour permettre aux banques et aux IMF d'avoir accès aux informations relatives aux PME qu'elles pourraient financer. Le manque d'informations pertinentes empêche ces dernières à considérer l'importance du renforcement financier et de son intérêt économique. Elles ne s'engageraient pas à effectuer des études pour neutraliser l'asymétrie de l'information, ce qui leur coûterait cher et exclurait un certain nombre de PME.

Autonomiser les structures d'appui au service des PME permettrait de remédier à cette insuffisance. Encore faudrait-il penser à une privatisation prochaine de ces dernières ?

5) Pour une orientation des bailleurs de fonds vers les secteurs porteurs

Cette recommandation est conditionnée par la réussite de la lutte contre les pratiques informelles. Certes le secteur formel peut être quantifié et approché, mais il existe des niches qui ne sont pas encore exploitées faute de moyens. Les ressources humaines sont au rendez vous, mais les capacités de production font défaut. Si l'état pouvait communiquer sur les pratiques à avoir pour attirer les bailleurs de fonds, cela permettrait l'émergence d'activités restées jusqu'ici dans le noir. Les structures d'appui essaient d'aller vers ce sens, mais il y'a un manque de dynamisme et les études sur le terrain manque énormément, notamment sur l'économie parallèle. Comment pourrait-on alors l'éradiquer, si son existence est notée, mais non prise en charge ?

Notons qu'il ne s'agit en aucun cas de mener des politiques de répression contre des marchands ambulant qui gagnent leur vie et ne sont pas dans la délinquance. Il s'agit simplement de les informer sur la nocivité de leurs activités dans l'économie Sénégalaise, et sur la possibilité d'être pris en charge tout en améliorant leurs activités.

Encore faudrait-il que l'état prenne conscience du facteur important de la communication avec la population avant la mise en place de programmes qui ne seront perçus que par des « intellectuels », sachant que la population Sénégalaise compte plus de 70% d'analphabètes.

Les moyens de communication visés pourraient être des sketchs à la télévision et des campagnes de sensibilisation, les programmes de santé les ont bien intégrés. Et pourquoi les programmes de développement n'en feraient pas autant ?

II. Les Banques classiques et les IMF, accompagnateurs financiers incontournables des PME

1) Pour un partenariat entre banques et IMF

Certaines banques effectuent du Dowscaling, c'est-à-dire qu'elles adaptent leurs produits à une cible prédéterminée. C'est le cas de la CBAO (Sénégal) qui a mis en place un service dédié à la microfinance. Le but de cette dernière est de se tailler une part de marché dans le secteur ou les banques sont « exclues » du fait de la concurrence forte des IMF. Certaines vont jusqu'à collaborer avec des IMF pour récupérer les clients qui ne peuvent plus bénéficier de financement du fait de la taille que leurs activités ont atteint. Les banques concurrencent à cet égard avec les IMF au niveau des clients qui auparavant étaient exclus du système bancaire, mais qui deviennent réintégrables du fait de leur évolution financière rendue possible par les dites IMF.

Ainsi, les banques et les IMF devraient établir des politiques communes visant à assainir le système financier ensemble. En effet, cette tache n'incombe pas seulement les IMF antérieurement et les banques à posteriori. La concurrence que le système financier décentralisé (SFD) subit à ce niveau pourrait même remettre en cause les performances déjà notées du secteur de la microfinance d'une part. Ce qui serait dommageable, car le secteur bancaire rappelons le ne s'est pas basé sur les réalités socioculturelles et économico financières pour mettre en place ses politiques. Elles devraient s'imprégner des stratégies du SFD pour développer des produits adéquats.

D'autre part, les IMF confient leurs dépôts aux banques classiques. Donc le développement du secteur de la microfinance ne permet pas réellement une concurrence des banques classiques, mais il lui favorable puisqu'il leur apporte des liquidités supplémentaires. Liquidités, qui ne pouvaient être reçues à cause du manque de structuration de certaines PME informelles et de la majorité des ménages Sénégalais. L'informel étant au coeur du système économique et financier.

Parallèlement, les IMF ne doivent pas « dormir sur leurs lauriers», à cause des évolutions économique, financière, sociale, culturelle, politique et juridique. Elles ont été les premières à être capables à s'adapter dans un environnement non structuré et fortement risqué financièrement L'innovation financière leur a permis cette réelle adaptation. Elles sont dans un environnement fortement concurrentiel, où l'innovation en produits, en services, en outils de gestion sera inévitable pour conserver sa clientèle.

Celles qui sont constituées en réseau devraient alléger leur procédure de gestion, rendue caduque à cause de la diversité des caisses fédérées. Les simplifier, reviendrait à conserver leurs clients et leurs employés.

Les clients qui sont susceptibles de croître, doivent faire l'objet d'une étude prévisionnelle. C'est-à-dire que, pour les empêcher d'aller vers les banques pour assouvir leurs besoins financiers, qui ne peuvent pas être satisfaits par l'institution à laquelle ils ont adhéré, celle-ci doit effectuer des efforts d'anticipation des besoins de la clientèle. Cela pourrait s'effectuer en étudiant l'évolution des prêts accordés à un client type et ses capacités à rembourser sur une période donnée.

2) Pour une collaboration entre IMF

Une IMF doit aussi être capable de nouer des partenariats avec ses concurrents au niveau national, international et au niveau de l'union pour s'imprégner des pratiques du secteur de la microfinance et pour ne pas être prise au dépourvu, vu la forte croissance du secteur.

Elles pourraient renforcer leur regroupement au niveau des organisations professionnelles de la microfinance pour bénéficier d'allègements au niveau de la réglementation et au niveau des taux de leur refinancement. Le fait de constituer des groupes de pression au niveau national et international pourrait apporter des changements au niveau des pratiques financières qui ont toujours existé et qui ont toujours accompagne les banques. Cela pourrait constituer une révolution financière, qui doit être bien pensée et motivée pour lutter contre l'exclusion financière des populations pauvres.

La mise en place de l'association professionnelle des institutions de microfinance d'épargne et de crédit du Sénégal (APIMEC) constitue un excellent début à cet effet.

3) Pour une diversification de l'offre aux PME et un dépassement du clivage Banque-IMF

Les besoins des PME sont divers et variés. Cependant, la majorité de leurs besoins satisfaits sont de court terme. Leurs besoins en investissement sont rarement financés. Les IMF ont du mal à retenir leurs clients qui grossissent. Les plafonds de crédits qu'elles ont fixés leur empêchent de financer des montants trop élevés. Ce qui fait l'affaire de certaines banques. Pourtant celles-ci n'ont pas mis en place jusqu'ici des stratégies visant à développer des produits pour la clientèle qui « s'évapore des IMF ». Les IMF doivent innover en matière de fidélisation de leurs clients et de nouveaux produits. Pour ce faire, leurs plafonds devront être révisés. Cependant, une collaboration entre banques et IMF comme on l'a déjà recommandé serait avantageuse.

Le clivage entre banques et IMF doit être dépassé pour laisser la place un réel partenariat, pouvant aller jusqu'au partage même de base de données pour permettre aux «clients-IMF» susceptibles de progresser en mode «clients-banque» de le faire, ainsi qu'aux «clients-Banques» d'aller en mode «clients-IMF» s'ils ne peuvent pas remplir les conditions exigées.

Les banques et les IMF doivent aider les PME à bien formaliser leurs besoins pour qu'elles y répondent bien. Ainsi, si l'objet du crédit est bien défini, cela favoriserait un recours excessif au crédit. Par exemple un besoin technique (en formation par exemple) ne devrait pas être camouflé par un besoin purement financier, sachant qu'un besoin technique s'accompagne d'un besoin financier dans le cas ou la formation n'est pas gratuite. Les structures d'appui publiques octroient des formations gratuites aux PME à cet effet. Ainsi, la dépense serait évitée.

4) Pour une mise en place d'une centrale des risques

Il faut noter que les trois réseaux d'IMF (ACEP, CMS et PAMECAS) font chacun plus de 20 millions de FCFA de dépôt. Leur disparition équivaudrait à la disparition d'une banque selon l'étude menée sur la mésofinance du programme de renforcement institutionnel de la microfinance et de son environnement (PRIME) Ce qui pourrait entraîner des risques systémiques. La collaboration entre banques et IMF permettrait d'évincer ce risque. Au niveau des IMF, il y'a un manque de mutualisation des risques, ce qui n'est pas sans risque non plus.

La collaboration entre banques et IMF pourrait permettre d'avoir plus de visibilité sur leur environnement technique, financier et juridique.

5) Pour une réforme de l'environnement financier

La faiblesse du financement à long terme relève du fait que l'environnement financier Sénégalais est risqué dans un certaine meure. Le groupe de réflexion du PRIME pointe du doigt certains éléments de la réglementation qu'il est important d'améliorer pour la zone UEMOA. Il s'agit :

-du taux de transformation financière fixé par la BCEAO (=100%, couverture exigée des emplois long terme par des ressources long terme)

-des accords de classement

-des ratios de portefeuille

-du problème de l'utilisation des ressources à long terme

-de la cherté du coût du crédit

La considération de cette recommandation implique fortement la Banque centrale et l'ensemble des institutions financières de la sous région.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon