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Twingo, Vuitton, Lexomil, Carambar et Roudoudou... étude de l'utilisation des marques de publicité dans les romans contemporain

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par Laetitia van de Walle
Université Libre de Bruxelles - Licence en Langues et Littératures Romanes 2005
  

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2.2. Portrait.

Actuellement, on ne peut se passer du personnage dans les romans. Pourtant le statut du personnage a longtemps été discrédité. D'ailleurs, Aristote, dans sa « Poétique », déclarait déjà que la notion de personnage est entièrement secondaire, soumise à la loi des actions. Mais depuis lors, le personnage n'a cessé de se complexifier dans les romans, car les auteurs veulent rendre compte de l'extraordinaire diversité de l'être humain. Devenu un nom, puis

81 http://www.beaute-test.com.

82 http://www.ciao.fr/Fido patee Saveur riche en boeuf petits legumes 1 17976/TabId/2

l'agent de l'action, il se dote au XVIIème siècle d'une consistance psychologique : « il est devenu un individu, une « personne », bref un « être » pleinement constitué, alors même qu'il ne ferait rien, et avant même d'agir, le personnage a cessé d'être subordonné à l'action, il a incarné d'emblée une essence psychologique »83

C'est sur la description de ces « êtres de papier » que nous concentrons une part de notre investigation. Le portait sert à définir les personnages selon trois critères fondamentaux, abondamment croisés.

- Critères physiques: traits du visage, allure, pose du corps.

-Critères psychologiques, moraux : sentiments, pensées des héros.

- Critères sociaux: appartenance à un milieu défini, habitat, alimentation, vêtements. Selon Roland Barthes, « le portrait juxtapose sans contrainte des données d'état civil et des traits caractériels. »84

2.2.1. Critères physiques.

Les caractéristiques morphologiques du personnage - à savoir s'il est grand, petit, moustachu - ne sont pas véritablement remplaçables, synthétisées par des marques. Cependant, la mention d'un personnage ayant comme pseudonyme Barbie ou Uncle Ben's comporte l'avantage d'offrir au lecteur, la représentation immédiate et fidèle de l'aspect physique de celui-ci puisque ces créatures commerciales sont imprimées dans nos esprits. On pourrait argumenter que ces noms sont à rapprocher du « name dropping ». En réalité,

cette tendance vient de la nature double de ces produits, dont la représentation est humanisée. Nous pouvons donc admettre aisément que certains noms de marque sont associés à des types de personnage. Par ailleurs, certaines allusions à des marques rendent compte de l'aspect physique du protagoniste.

Dans « le Châtiment de Narcisse » de Bruno de Stabenrath, Annabel, est surnommée Barbie d'une manière récurrente. (p 40, 88) de même dans « l'évangile de Jimmy » de Didier van Cauwelaert, « Je me retourne sur un vieux Black en veste grise qui me tend la main, cartable sous le bras, sourire sympa et regard inquiet. Avec ses grosse joues et ses sourcils blancs il ressemble aux paquets de riz Uncle ben's. » (p 107)

83 Roland Barthes, « Introduction à l'analyse structurale des récits », Poétique du récit, Edition du Seuil, 1977, p33.

84 Ibidem, p 25.

Dans « Oscar et la dame rose » d'Eric-Emmanuel Schmitt, Mamie-Rose fait la description de Plum Pudding, la catcheuse énorme qu'elle a battue. «Tiens, Plum Pudding, l'Irlandaise, cent cinquante kilos à jeun en slip avant sa Guinness, des avant-bras comme mes cuisses, des biceps comme des jambons, des jambes dont je ne pourrais faire le tour. » (p 52) Boire une Guiness accentue sa force ; c'est une bière à quinze degrés, au goût fort et sponsor de l'équipe nationale de rugby d'Irlande : une « bière d'homme » dans les stéréotypes.

Dans « Le silence des hommes » de Christine Orban, Idylle est tombée amoureuse d'un homme qui ne lui parle pas, qui ne veut pas lui parler. Quand elle lui demande pourquoi ce mutisme, « il secoue la tête, ses cheveux raides se décollent, une vraie publicité pour l'Oréal ; ça lui va, de secouer la tête. » (p 45). Cette indication ne nous renseigne pas complètement. Cependant nous pouvons imaginer qu'il a des cheveux d'une certaine longueur lui permettant de les faire voler en tout sens.

Dans « La dilution de l'artiste » de Jean-Philippe Delhomme, Machon rencontre une fille qui travaille comme Disk Jockey dans un bar miteux, tenu par un barman violent ; elle porte « de grosses chaussures Cat » (p 66). Puisque celle-ci est en pleine ville et que l'on ne peut pas invoquer son côté sportif, ce genre de souliers, assimilé à des engins de chantier, laisse supposer qu'elle est plutôt masculine, garçon manqué.

2.2.2. Critères psychologiques.

Bien plus que les autres critères, l'état psychologique du personnage est en relation avec l'action proprement dite, avec ce qui lui arrive et qui le met dans tel ou tel état.

Dans « Le châtiment de Narcisse » de Bruno de Stabenrath, le héros, Hugo, se met à boire à partir du moment où il croit voir sa future femme avec une autre dans un jacuzzi, sous l'oeil d'un photographe qui le met dehors. Suite à cette mésaventure, il rencontre une certaine Echo qui lui annonce qu'il ne lui reste que cent jours à vivre. Hugo prend peur. La solidité de sa vie, la confiance de ses amis et l'ensemble de ses projets sont ébranlés. Avant cet épisode, Hugo ne buvait jamais, à présent il absorbe Martini sur Martini.

La marque Martini figure dans le palmarès des grandes marques connues mondialement et est reprise, aujourd'hui, dans le dictionnaire, aux côtés des noms communs. Son slogan publicitaire dans les années `50, sur les ondes de Radio Luxembourg chantait : « Avec Martini, Martini, le monde entier chante et sourit. On en boit de New York à Paris. Y'a rien

de tel qu'un vrai Martini. » Pour faire face à la concurrence et refaire de Martini une marque appréciée des jeunes adultes, l'agence McCann-Erickson s'appuie, depuis 1999, sur deux valeurs fondatrices : l'origine italienne de la boisson, l'imaginaire de la créativité, du design et de la mode. Le territoire de l'élégance et de la sensualité se résume dans le slogan

: « veramente italiano ». La botte de couturier est choisie avec son double symbole : celui, géographique de la carte des villes emblématiques de la créativité (Milan, Rome, Naples), et celui, suggéré, de l'élégance de la mode italienne. 85

Dans ce cadre, on peut penser qu'Hugo se met à boire par tristesse, mais il boit du Martini qui le fait chanter, sourire. Il s'enivre en pensant à l'origine italienne d'Annabel, son métier de mannequin, à la mode et à son élégance.

L'état dépressif d'Hugo est loin de s'améliorer, il se désespère. Jusqu'à la page 137, Hugo se saoule au Martini, mais quelques pages plus loin (p 169), il essaye d'oublier son chagrin avec l'aide de cachets de benzodiazépine. Il ingurgite « un Rohypnol 2mg arrosé de Martini » (p 169). Le Rohypnol est une benzodiazépine hypnotique. Il a été retiré du marché et est inscrit sur la liste des substances vénéneuses. Il était largement utilisé par les toxicomanes. 86

Dans la suite du roman, il ne reprend pas de Rohypnol mais du K-max et il nomme ses meilleurs amis : « Anaframil, Lexomil, Effexor, Tercian, Arcalion et Lysanxia ». Ces médicaments sont moins forts que le Rohypnol qui, mélangé à l'alcool, peut causer des pertes totales de mémoire. Anaframil est un somnifère, Lexomil est recommandé dans le traitement d'appoint de l'anxiété et des crises d'angoisse, Effexor est utilisé pour traiter la dépression, Tercian est prescrit dans certaines maladies psychiatriques (psychoses aiguës ou chroniques, schizophrénies), et pour combattre l'agressivité. Il est également utile dans les dépressions sévères. Arcalion est réservé au traitement des baisses d'activité physique ou psychique, souvent dans un contexte de dépression. Lysanxia est important pour lutter contre l'anxiété, l'angoisse, et est éventuellement indiqué dans le sevrage alcoolique. Au lieu de nous décrire sa santé psychologique, l'auteur nous la fait voir grâce à ces anxiolytiques, ces paradis artificiels. Il y a une certaine gradation, « Hugo goba un Xanax qu'il arrosa de Martini.» (p 313) Xanax est idéal contre l'anxiété, l'angoisse, et éventuellement prescrit dans le sevrage alcoolique. Bien entendu, le cocktail de ces médicaments avec du Martini n'est pas recommandé et peut même être dangereux. Le fait de prendre à la fois de l'alcool et des médicaments est un topos de la déprime.

85 http://www.prodimarques.com/sagas marques/martini/martini.php. Article de Jean Watin-Augouard

86 http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/filcoprs/010201c.htm

De même, dans « Le fabuleux divorce de Juliette B. » de Sylvie Medvedowsky, l'héroïne supporte son divorce à grand renfort de Lexomil. Elle essaie de s'en passer mais n'y arrive pas, sauf quand tout est rentré dans l'ordre. Avant cela, elle est trop préoccupée et ne peut trouver le sommeil sans l'aide de ce célèbre somnifère. Elle n'est cependant pas insensible au fait que ce médicament provoque une dépendance, elle essaye donc le Stilnox mais retourne au Lexomil : Le Lexomil fait partie de la famille des benzodiazépines et agit au niveau du système nerveux central en diminuant l'anxiété et la contraction musculaire entre autres87. Alors que Stilnox, plus léger, est repris dans les cas d'insomnie occasionnelle, transitoire ou chronique88.

Pour fêter une avancée dans sa lutte, elle s'offre une bouteille de Dom Pérignon avec sa complice. Elle passe du tout au tout, de la détresse au bonheur.

Dans « Le silence des hommes » de Christine Orban, Paul peut aider Idylle car il a les poches pleines de Di-Antalvic. (p 215) Ce médicament traite les douleurs d'intensité modérée ou sévère89.

Dans « L'amour dure trois ans » de Frédéric Beigbeder, suite à son étude révolutionnaire basée sur les statistiques, la biochimie et sa propre expérience, Marc réalise que « l'amour dure trois ans ». Pourtant l'amour éternel est un mythe bien répandu. Il ne veut plus vivre dans l'illusion. « Assis, immobile, la tête appuyée sur les deux mains, j'hésite entre la boîte de Lexomil et la pendaison : et pourquoi pas les deux ? Je n'ai pas de corde, mais plusieurs cravates Paul Smith attachées entre elles feront bien l'affaire. Les tailleurs anglais choisissent toujours des matières très résistantes. » (p 58) S'il se limite au Lexomil90, peut- être oubliera-t-il son amour angoissé et vain ; s'il se pend, il est sûr de ne jamais rien se rappeler mais cela risque d'être dur ; s'il fait les deux, le médicament évitera la peur de la mort et facilitera le geste. La qualité légendaire des cravates Paul Smith, un mythe de solidité et de grande élégance, assurera la réussite de sa macabre entreprise. De plus, son appartement lui facilite la tâche : « J' ai bien fait de louer un appartement avec poutres apparentes. Il suffit de monter sur cette chaise, là, comme ceci, puis de boire le verre de Coca-Cola contenant les anxiolytiques écrasés ... » (p 59) Mélangé avec des anxiolytiques, le Coca a un effet dévastateur, c'est bien connu !

87 http://www.doctissimo.fr

88 Ibidem.

89 Ibid.

90 Le Lexomil constitue un traitement d'appoint de l'anxiété et des crises d'angoisse.

Alice lui annonce qu'elle part en vacances pour se réconcilier avec Antoine. Marc essaye de l'oublier dans les bras de Julie, la meilleure amie d'Alice, mais il n'y parvient pas. Dépité, il se rend chez Jean-Georges, le café de son meilleur ami. « Nous ne sommes pas sortis de chez Jean-George pendant trois jours. Uniquement nourris de Chipsters et de Four Roses. » (p 138) L'engrenage infernal, se complaire dans le malheur, nous les imaginons très bien dans ce café, incapables de bouger, de se faire à manger, tellement ils sont saouls. Pourtant l'alcool ouvre l'appétit. Le Four Roses, idéal pour l'apéritif91, se marie à merveille avec les Chipsters, d'excellents petits gâteaux apéritifs au goût très salé et croquants en bouche ! En revanche, ces derniers donnent soif donc on boit...la boucle est bouclée.

Autre moyen de combattre la déprime : Claire, héroïne de « Je vais bien, ne t' en fais pas» d'Olivier Adam abuse quand le moral est au plus bas, de chocolat, parfois arrosé d'un peu de Whisky. « Mais le mélange Whisky, lait-Milka aux noisettes entières passe mal. » (p 124) Alors elle retourne au bon vieux pot de Nutella, mangé au doigt. Le cacao est un antidépresseur naturel, c'est avéré, mais en plus, Milka est la marque d'un produit dont le thème est, depuis 1991, la tendresse. Que l'on se rappelle du slogan de l'agence Young & Rubicam: « ça commence par M et ça veut dire tendresse. » 92 Le Nutella, quant à lui, donne non seulement le plaisir du chocolat, mais « plein d'énergie pour penser et se dépenser ».93

Dans le même roman, Claire est partie à Portbail pour retrouver son frère, Loïc. Elle l'a cherché dans tous les environs de Portbail sans résultat. À présent, elle se dirige vers Cherbourg. Elle « entre dans un tabac où elle achète un paquet de Craven A light. » (p 87) Les cigarettes Craven A sont légères et douces94, en plus Claire choisit des allégées. D'habitude, elle ne fume pas, mais en ce moment, elle est nerveuse, inquiète, déçue de ne pas trouver son frère.

Dans « Quatrième étage » de Nicolas Ancion, Serge joue les plombiers chez une inconnue prénommée Louise. Il la trouve très jolie. Comme il n'a toujours pas fini de réparer les toilettes quand elle rentre, elle lui propose de se joindre à elle pour le repas. Serge accepte, il trouve Louise très belle, en plus elle s'est parfumée. Il est un peu timide, nerveux. Il a dit qu'il s'appelait Thomas, il ne sait pas pourquoi il a inventé ce prénom. En tout cas, cela accentue sa nervosité et il dit : « ton paquet de L&M était sur la table, et je n'avais pas envie

91 http://www.whisky.fr/fiches/Four Roses 20409.html

92 www.prodimarques.com/sagas marques/milka/milka.php

93 www.nutella.fr

94 www.hc-sc.gc.ca/hecs-sesc/tabac/faits/douce/bref.html

de refuser [une cigarette]. » (p 163) Elle l'invite à rester pour le dessert, elle le tutoie. Serge (alias Thomas) en est tout secoué et ajoute: « j'aurais pu répondre et enchaîner sur le coup, profiter de la faille que tu venais de révéler, mais non. J'ai saisi la paquet de L&M et j'ai dit : je ne fume jamais d'habitude. » (p 169)

Dans « Le merveilleux divorce de Juliette B. » de Sylvie Medvedowsky, Chloé, une des meilleures amies de Juliette, vient de se séparer de son prince charmant. « Elle avale des fraises tagada toute la journée » (p 238). Ayant subi une déception amoureuse, nous pouvons penser qu'elle souhaiterait retrouver le monde de l'enfance où tout était si simple de ce point de vue. En effet, ces fraises Tagada, « guimauves enrobées de sucre rose rouge et au goût délicieux de fraise, ce sont d'abord celles de notre enfance, puis celles de nos récrés, celles de nos chagrins et pleins d'autres moments où une sucrerie a mis un peu de bonheur ou de douceur dans notre vie.»95

Dans « Ensemble, c'est tout » d'Anna Gavalda, Philibert n'est pas bien dans sa peau, il est d'une timidité maladive. Il prend du Lexo96 (p 559), car il a besoin de se détendre pour ne pas bégayer.

2.2.3. Critères sociaux. 2.2.3.1. Lieux fréquentés.

Nous pouvons, sans peine, évaluer l'incidence des lieux fréquentés par les protagonistes du roman sur leur identité, leur classe sociale.

Dans « L'amour dure trois ans » de Frédéric Beigbeder, Marc Marronnier va fêter son divorce dans ses cinq endroits favoris, prisés par la « jet set » parisienne : Castel, Buddha, Bus, Cabaret, Queen. (p 17)

Dans « le châtiment de Narcisse » de Bruno de Stabenrath, les protagonistes ont également coutume de se retrouver chez Castel (p 102) rue Princesse à Paris ou au Fouquet's. Tous deux sont des lieux de prestige réservés à la plus haute société parisienne.

95 http://victoriathesite.free.fr/gourmandise.html

96 Le Lexomil constitue un traitement d'appoint de l'anxiété et des crises d'angoisse

Dans « Madrid ne dort pas » de Grégoire Polet, le « Café Comercial »97 est un lieu très important. Le roman s'ouvre au « Café Comercial » et s'y termine. C'est de là que le narrateur observe la plupart des protagonistes. Il est intéressant de constater que dans cette taverne se tient une fois par mois un atelier littéraire98. Or trois des protagonistes, écrivains, le fréquentent.

Dans « Quatrième étage », Nicolas Ancion distingue les clients du GB de ceux du Delhaize. Il convient en effet de faire une distinction entre la clientèle du GB, plus modeste que celle du Delhaize qui a un goût plus prononcé pour les produits de luxe, bien que le groupe alimentaire ait également créé une sous-marque bon marché: Derby.

Dans « Caroline assassine » de Sophie Jabes, la famille de Caroline est cliente chez Monoprix, un grand magasin populaire, qui vend de tout à bas prix dans le domaine de la mode, de l'alimentation et de la maison. Monoprix prétend contribuer activement à la qualité de vie de ses clients : « Tout ce qui passe par la ville, passe d'abord par Monoprix et Prisunic.99 »

Dans « Je vais bien, ne t'en fais pas » d'Olivier Adam, Claire s'arrête chez Franprix pour s'acheter une pomme. Les magasins Franprix, dont le slogan est « franchement accessible » sont typiquement parisiens. « Franprix propose un assortiment de produits de marques nationales, complété par 30 % de produits labellisés Leader Price. Centrés sur le meilleur rapport qualité/prix, ils axent également leur positionnement sur des surfaces avant tout pratiques, n'excédant pas 400 à 500 m2. »100

Dans « Ensemble, c'est tout » d'Anna Gavalda, Mémé avait coutume d'aller à l'Inter. Nous supposons qu'il s'agit de l'Intermaché. Elle s'y rend avec son amie Yvonne. Si elles arrivent trop tard, elles n'ont plus de Caddies (de chariots). Les « Mousquetaires

Intermarché » ont fait un pacte avec le consommateur : celui-ci s'articule autour de cinq principes, énoncés dès les origines, par les fondateurs d'Intermarché en ces termes : « Nous nous engageons :1 - à nous battre toute l'année pour pratiquer les prix les plus bas ; 2 - à être vigilants sur la qualité et la fraîcheur ; 3 - à vous garantir un large choix dans tous les rayons ;

97 Orthographe Espagnole

98 http://www.margencero.com/taller literario/taller dcha.htm

99 http://www.monoprix.fr

100 http://www.groupe-casino.fr/legroupe/?id art=90012013&lang=fr&sr=2

4 - à vous assurer une information claire, loyale et complète pour respecter votre liberté d'achat ; 5 - à vous recevoir dans un Intermarché accueillant, pratique et de dimension humaine. »101Paulette a une petite pension, mais ne roule pas sur l'or. Elle aime la qualité surtout pour la nourriture, comme son petit-fils Franck, cuisinier. Ensuite, avec Camille, elle ira au Franprix, mais comme ce type de magasin est petit, elles en ont vite fait le tour. Elles décident de fréquenter le Monoprix (p 416, 418, 422) avec leur Caddie à roulettes (p 416). La famille de Philibert, qui vit dans un château, n'a plus le sou, elle fait ses courses chez Leader Price. (p 543). Ces magasins vendent une marchandise mono-marque jusqu'à trente pour cent moins chère. 102

2.2.3.2. Les voitures.

Un moyen assez efficace pour décrire le niveau social d'un personnage est de le faire rouler dans une voiture de marque bien particulière. Déjà dans la « Distinction », en 1979, Pierre Bourdieu distinguait les différentes classes sociales en fonction des marques de voiture. Ainsi, selon lui, les électeurs de l'homme politique G. Marchais roulaient majoritairement en 2CV, ceux de F. Mitterrand en R5, de J.J. Servan-Schreiber en Porsche ou en Simca, de J.Chirac en Porsche, ceux de M. Poniatowski en Peugeot 504 et ceux de V. Giscard d'Estaing en Rolls-Royce103. Même si cette enquête est largement dépassée, elle présente l'avantage de nous montrer que les marques de voiture correspondent bien à un milieu défini. Il s'agit d'un constat qui ne date pas d'hier, évidemment. Nous avons remarqué que les marques de voiture sont de loin les plus citées dans les romans.

Dans « Le châtiment de Narcisse » de Bruno de Stabenrath, Hugo démolit son cabriolet Porsche 1971. Hugo a vraisemblablement un niveau de vie très élevé. Non seulement, il se déplace en Porsche, marque prestigieuse104, mais en plus, il s'agit d'un cabriolet de 1971. On pourrait donc dire qu'il fait partie d'une collection. Cependant, le genre de la voiture ne semble pas essentiel pour lui car, à propos de ce véhicule, il dit

simplement : « Récupère ma Porsche, [...] jette-la à la casse et loue-moi une bagnole. » (p 48) Sa femme Annabel reçoit, elle, comme cadeau de mariage, le dernier cabriolet Lexus. (p 296) Lexus est un véhicule japonais de luxe. Manifestement, le milieu social des personnages est imprégné de faste.

101 http://www.intermarche.com/intermarche esprit.aspx

102 http://www.leader-price-int.com/france/concept.htm

103 Pierre Bourdieu « La distinction », les éditions de minuit, 1979, p 628.

104 http://www.porsche.be/company/philosophy/default.htm

Dans « Le silence des hommes » de Christine Orban, après avoir rencontré son amant et sa femme au restaurant, Idylle se dit que de toute façon elle ne veut pas se marier. « Cette vie-là ne m'intéresse pas. Je ne veux pas terminer dans une Range Rover, assise à côté d'un conducteur qui serait mon mari, le mot me fait rire, à tourner le bouton de la radio, à faire taire des gosses hurlants aux doigts pleins de confiture à l'arrière, à prier pour que le labrador n'avale pas le rôti prédécoupé en fines tranches rangé dans le coffre. » (p 79) La Range Rover est une « familiale », de standing. Idylle ne veut pas d'une vie de famille avec tout le confort, la belle voiture, les enfants et le chien si son mari ne parle pas.

Dans « Belle mère » de Claude Pujade-Renaud, Lucien s'achète une Quinze Citroën avec l'argent hérité de sa tante. Il compte bien trouver une fiancée grâce à cette « belle carrosserie », mais cela échoue. Pourtant, c'est un modèle de haut de gamme, avec un moteur six cylindres. A cause de sa consommation élevée en carburant, il la revend à un collectionneur et achète une Peugeot 204.

Dans « Le merveilleux divorce de Juliette B. » de Sylvie Medvedowsky, Marco, le futur mari de Juliette, se prépare pour son premier rendez-vous avec Juliette. Il se demande ce qui pourrait l'attirer chez lui et il se dit « qu'il faut avoir les atouts du macho : la belle bagnole (ça j'ai une Porsche, ça impressionne toujours).» (p 111) Cette marque séduit par son statut de voiture de prestige. Grâce à celle-ci, il va, pense-t-il, conquérir le coeur de Juliette.

Juliette explique qu'au début de son mariage, son mari et elle roulaient en GTI, elle précise qu' « à l'époque, c'était la voiture de tous les jeunes couples branchés. » (p28)

Juliette a reçu comme cadeau de divorce une Twingo, très fonctionnelle. « Pratique, sympathique et élégante, Twingo est votre complice au quotidien. » De plus, elle symbolise l'esprit d'ouverture. 105

Dans « Le temps des Dieux » de Dominique Barbéris, le père de la petite fille roule dans une DS noire (p 22). C'était la voiture des nantis de l'époque. En effet, selon Pierre Bourdieu, la Citroën DS, déesse, peut être associée aux riches commerçants et aux patrons des industries106.

105 http://www.renault.fr/RenaultSITe/puma/FR/PROD FR/MEL PROD/fr/Twingo

106 Pierre Bourdieu « la distinction », Paris, Les éditions de minuit, 1979, p 628.

Dans « La dilution de l'artiste » de Jean-Philippe Delhomme, Machond possède une Renault 5 espagnole avec un coffre énorme. Il l'a achetée à un prix extrêmement bas. Les gens la trouvent énigmatique. A l'opposé, le docteur Fouasse se déplace dans une Jaguar Berline peu récente (p 87) dans laquelle règne une atmosphère de luxe.

Dans « Caroline assassine » de Sophie Jabès, la mère de cette dernière possède une vieille 404 solide, classique.

Dans « Ensemble, c'est tout » d'Anna Gavalda, le grand -père de Franck roule en Simca (p 354). Celle-ci montre le statut social des grands-parents : petits employés modestes.

2.2.3.3. Habitat.

L'intérieur de l'endroit où vivent les personnages est également suggéré au moyen de marques qui peuvent aussi mettre en évidence un style de vie déterminé.

Dans « Je vais bien, ne t'en fais pas » d'Olivier Adam, peu après son retour de vacances, Claire est invitée dans une soirée à l'ambiance bon enfant, les invités sont affalés sur le canapé noir ou sur les chaises Habitat. (p 140) Les meubles Habitat représentent la volonté de créer son univers, ce sont des meubles pratiques, luxueux et raffinés, tout comme leurs propriétaires107.

Dans « Quatrième étage » de Nicolas Ancion, Serge effectue des travaux de plomberie dans l'appartement de Louise. Cette dernière est absente lors de son arrivée, il ne peut s'empêcher d'inspecter les lieux afin de se faire une idée de la personnalité de l'occupante. Il remarque « une étagère Billy du catalogue Ikea. » Le concept Ikea implique un ameublement ingénieux pour le rangement, solide et bon marché. « La vocation d'Ikea consiste à marier design, fonction et petits prix pour offrir au grand public l'accès à un chez soi agréable et harmonieux - avec des économies pour d'autres plaisirs de la vie... »108 Ikea permet de démarrer dans la vie grâce à des meubles économiques et malins. En effet, Louise vient de se lancer dans la vie active.

107 www.habitat.com

108 www.ikea.com

Dans « Belle mère » de Claude Poujade-Renaud, la salle à manger est la seule pièce chauffée à l'aide d'un poêle Godin. Lucien reste collé au Godin pendant qu'Eudoxie travaille et son inertie l'agace. Le Godin était un mode de chauffage largement répandu et bon marché avant la guerre.

Dans « La dilution de l'artiste » de Jean-Philippe Delhomme, le docteur Fouasse possède une chaîne Bang et Olufsen au design très pointu, d'un prix élevé dû à la production en petit nombre d'un matériel hors du commun109.

Dans « Ensemble, c'est tout » d'Anna Gavalda, Franck, Camille et Philibert finissent par se retrouver dans l'appartement de l'arrière grand-mère de Philibert, la plus coquette des parisiennes de la Belle Epoque. Ce dernier est très « vieille France » et son appartement est à son image. Il y a un antique Frigidaire (p 127) qui fait beaucoup de bruit, une salle de bain des établissements Porcher110 de 1894 (p 190), des flacons vides : Shocking de Schiaparelli, Transparent d'Houbigant ou le Chic de Molneux, des boîtes de poudre de riz de La Diaphane (p 191). Ce sont des marques créées il y bien longtemps, elles montrent bien le côté vieux et chic de l'appartement de Philibert qui lui-même travaille dans un musée. Par exemple, la poudre de riz de La Diaphane a été commercialisée en 1892, à l'effigie de Sarah Bernhardt, « la poudre élégante par excellence »111, le parfum Shoking de Schiaparelli date de 1936 : « le ruban en forme de décolleté en V est attaché avec le « S » en forme de coeur symbole de la marque ; le flacon en cristal de Bohême est dessiné par Leonor Fini et habillé par un bouquet de fleurs ; broche dorée à l'or fin. »112 De même, dans la buanderie, Camille découvre « la cire Saint-Wandrille, l'amidon Rémy... .» (p 305) La cire était utilisée pour l'entretien des meubles anciens et des parquets. « Les Produits Monastiques, Saint-Wandrille, présentent, sous la marque Zohar, une gamme complète de produits d'entretien professionnels qui répondront à l'ensemble de vos besoins pour le nettoyage de vos sols et cuisines, pour la désinfection et le lavage du linge. »113 Ce sont des produits naturels. L'amidon Rémy servait vraisemblablement à empeser les piles de linge de maison qui se trouvaient également rangées là.

109 http://www.bang-olufsen.com/sw24423.asp

110 http://www.porcher.com/

111 http://www.19e.org/documents/economie/publicites/beaute/diaphane.htm

112 http://www.aquitaweb.com/page24d6.html

113 http://www.st-wandrille.com/fr/ascendi/pm/

En guise d'aspirateur, les colocataires de Philibert emploient « un balai Bissel de la guerre 14. » (p 324) Ces balais mécaniques étaient fabriqués depuis 1870114. Ils décident de le remplacer par un aspirateur.

Avant d'emménager dans l'appartement de Philibert, Camille logeait dans une chambre de bonne où il faisait très froid en hiver. Cet inconvénient majeur est dû à un vasistas pas très hermétique et qui n'est pas un Vélux (p 78). Nous devons rappeler que le propre de Vélux est que « les raccordements font le lien entre la fenêtre et votre toiture en assurant une étanchéité totale à l'ensemble. »115

Dans « En toute impunité »de Jacqueline Harpman, les dames de la Diguière n'ont plus aucun meuble, elles ont dû tout vendre. Il reste une vieille Underwood (p 23). Ces machines, performantes et témoins d'une avancée technologique notoire à l'époque, sont aujourd'hui des antiquités. L'auteur nous montre que la famille était en son temps suffisamment fortunée pour s'acheter une des premières machines à écrire116.

Fontanin fait installer « du mobilier de cuisine en bois et acier inoxydable, Pogenpohl ou Mobalpa, admirable et qui coûte les yeux de la tête. (p 155) L'ensemble était d'une parfaite élégance. » « Poggenpohl est devenue en plus de 110 ans la marque de cuisine la plus connue au monde, son slogan célèbre est: qualité, exclusivité et innovation. »117 « Les cuisines Mobalpa dénotent un art de vivre, elles sont allégées, épurées, débarrassées des références rustiques trop marquées. Sans jamais perdre leur âme et authenticité. Chaque modèle exalte une personnalité. »118 Nous voyons que Fontanin fait preuve de bon goût, jamais au rabais. Mais il a une fâcheuse tendance à imposer ses idées.

2.2.3.4. Habitudes alimentaires.

En visionnant le film « Mensonges et trahison », un film de Laurent Tirard, Raphaël nous déclare : « Il n' y a qu'une seule façon de savoir qui on a réellement en face de soi : c'est le

114 http://membres.lycos.fr/agauvin/historique aspirateur.htm

115 http://www.velux.fr/

116 http://magneb.club.fr/lexperec/u/underwood.html

117 http://www.poggenpohl.de/index fra.htm

118 http://www.mobalpa.fr/v3/catalogue/metier 1/index.html

test du supermarché ». A ce moment-là, les images nous amènent à la caisse d'un supermarché et Raphaël nous décrit la personnalité des gens en faisant l'inventaire de leur caddie. « Prenez cette femme par exemple », dans son caddie il y a des Kronembourg (« elle est mariée »), un pot de Nutella (« pas franchement heureuse »), des yaourts Taillefine (« elle envisage d'aller voir ailleurs »). Autre exemple : une célibataire endurcie, légèrement maniaque, met dans son chariot de supermarché, des boîtes pour chat et quantité de produits de nettoyage. Nous pourrions dire aussi « dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es ». Même si le cadre du roman ne nous permet pas toujours d'inspecter le contenu des chariots de supermarchés, nous pouvons néanmoins nous faire une idée des personnages en analysant ce qu'ils consomment.

Ainsi, dans « Je vais bien, ne t'en fais pas » d'Olivier Adam, Julien achète sa bouteille de Jameson et son rouleau de Pringles, des pots de tarama et ses Chipster.

Jameson est la première marque de whisky irlandais consommé en France aujourd'hui et la neuvième dans le monde119. Les rouleaux de Pringles, des snacks salés présentés sous forme de tuiles, sont nettement plus onéreux que des chips. Ils sont complètement irrésistibles. Les Pringles peuvent être consommés à n'importe quel moment de la journée, seuls, en apéritif ou en accompagnement des repas. Dans ce spot publicitaire, on peut voir majoritairement des jeunes insouciants et dynamiques (des jeunes qui bougent tout le temps), avec la devise

« once you pop, you can't stop »120. Tube pratique que l'on peut emmener partout. Et les Chipster ne sont pas comme les autres : « Un délicieux pétale de pomme de terre soufflé et doré, tellement fondant et croustillant que vous n'y résisterez pas ! »121

Si nous suivons les déductions de Raphaël dans le film de Laurent Tirard, nous pouvons dire que Julien est un célibataire qui ne cuisine pas, il mange des chips, il est peut-être un peu déprimé car il achète du whisky. Mais il a sûrement les moyens de se payer de bons produits, pas vraiment bon marché.

Dans « Je vais bien, ne t'en fais pas » d'Olivier Adam, Claire débarque dans un
camping et on l'installe près des occupants de son âge. L'auteur indique qu'ils sont jeunes et
nous en avons la confirmation parce qu'ils sortent de la tente avec un « pack de Kro » (p 71).
La Kronenbourg est la bière française par excellence. Elle n'est pas très coûteuse, et la boire

119 http://www.ricard-sa.com/ricard/jameson whisky irlandais.html 120 http:// www.pringles.co.kr

121 http://www.consuvote.com/les chipsters sales 66-av-5573 82.html

permet de ne pas consommer de mauvais vin, c'est donc également une question d'argent. Kronenbourg est la plus vendue en France (plus d'une sur cinq)122.

Dans « La dilution de l'artiste » de Jean-Philippe Delhomme, quand Machon se rend à Paris, chez les amis de Mme de Mauprès, il y a dans le frigo des bières Sapporo. Il se serait contenté d'une Kronenbourg mais il n'y en avait pas. Les Kronenbourg banales ne sont pas assez bien pour ces Parisiens prétentieux. Sapporo est une Pils japonaise, harmonieuse et équilibrée, très agréable123. Les bières japonaises sont particulières parce qu'elles n'ont pas le goût attendu de ce breuvage. Nous pouvons remarquer la volonté du personnage de se distinguer de la majorité des Français.

De même dans « Ensemble, c'est tout » d'Anna Gavalda, Franck, le cuisinier a coutume de boire de la Kro. (p 167) (Kronenbourg)

Dans « Caroline assassine » de Sophie Jabès, Bertrand se mitonne une mixture exquise et saupoudre le tout de malabars pilés (p 18), cela ajoute une touche colorée à la préparation, tenant à la couleur rose fluo des malabars124. Pour racheter les Misérables, Caroline s'imagine se priver « de carambars et de roudoudous (p 11) pendant un mois mais cela ne suffirait pas « et une fois son crime accompli, elle repense avec tristesse aux tartines au Nutella que lui préparait sa mère. »

Dans « Ensemble, c'est tout » d'Anna Gavalda, Philibert est d'une timidité excessive qui l'empêche de faire quoi que ce soit. Il boit du Nesquick tous les matins. Cela montre une envie de retourner dans le monde de l'enfance où il n'avait aucune responsabilité. La publicité de cette boisson a pour cible majeure les enfants. 125 Philibert est vraiment caractérisé par ce breuvage, au point que Camille et Franck le qualifient de Super Nesquick venu du ciel. (p 560)

Camille, elle, ne mange pas beaucoup, mais aime le bon vin. Elle boit du Mouton Rothschild

(p 129) et du Bourgogne aligoté (p 294). Quant à Franck, c'est un fin cuisinier et il ne met pas n'importe quoi dans ses préparations. Lorsqu'il utilise du rhum, ce n'est pas du Old Nick

122 http://www.brasseries-kronenbourg.com/ corporate/marques/index.htm

123 http://www.epicurien.be/epicurien/biere.asp?bid=662

124 http://www.cadburyfrance.com/

125 http://www.nesquik.com/

(p 299) de chez Monoprix. Il boit de la Kro (p 167), des Heineken (p 328) ou du Perrier citron. (p 590)

2.2.3.5. Habitudes vestimentaires.

Il est aisé de se figurer le niveau social du personnage grâce aux logos qu'il affiche sur ses vêtements. Mais attention les stéréotypes changent : par exemple, les habits de la marque Lacoste, traditionnellement attribués aux gens aisés, sont portés de nos jours par la racaille, à moins que ce ne soient des contrefaçons !

Dans « La dilution de l'artiste », Jean-Philippe Delhomme dépeint le fossé qui sépare les artistes de province et ceux de Paris. Il se moque du clivage Paris/Province, branché/ ringard. Ainsi, le producteur de cinéma Th. Alexandre et ses assistants sont chaussés de Nike... Nike apporte « plus d'énergie, plus d'options, plus d'opportunités. »126 Cette marque symbolise le sport et la culture, la performance et la créativité. La déesse grecque Niké, symbole de la victoire, invite les jeunes à se surpasser. Contraste évident, le vieux poissonnier Duloup est « étriqué dans un vieux Tricomer bleu marine » (p 206), genre marin, alors que l'ami parisien très à la mode de Cécile de Mauprès porte « des chaussures de sport d'une marque que l'artiste [Machon] n'avait jamais vue. » (p 234) Tricomer conçoit des vêtements marins traditionnels pour le plaisir des petits et des grands, dans un style intemporel, indémodable, confortable et très résistant.127 L' on voit bien la différence entre les artistes parisiens qui se parent de marques prestigieuses, et les artistes de province qui préfèrent la tradition et la qualité.

Dans le même roman, Cécile de Mauprès, femme d'un mécène provincial, fait ses emplettes chez « Colette Cabane de Zuccat BeauryBy. » (p 239) Nous voyons sa volonté de s'habiller avec les marques huppées de la capitale pour affirmer son rang social. Pour la marche, elle opte pour les Prada de sport. Elle a donc les moyens de s'en acheter d'une part et d'autre part, elle aime être chic. Les Prada sont les chaussures de rêve, celles que vous pourrez porter en toutes occasions.128

Dans « Le châtiment de Narcisse » de Bruno de Stabenrath, Annabel s'habille chez Dolce & Gabana, Thierry Mugler, John Galliano, LaPerla pour les sous-vêtements ou

126 http://www.nike.com

127 http://www.tricomer.tm.fr/trico.asp

128 http://www.prada.com

PKO, se chausse de tennis Marc Jacobs, de spartiates Gucci, de talons aiguilles Giuseppe Zanotti. En tant que mannequin, elle porte les vêtements les plus élégants mais aussi les plus sexy. Le nom des marques, seul, laisse supposer son rang social. Mais les descriptions de la « minirobe mousseline Dolce Gabana », ou d' « une minirobe bustier John Galliano en satin violet et noir à franges et lacets bicolores » et les chaussures « talons aiguilles python fluo Giuseppe Zanotti » sont bien plus éloquentes que la simple mention de la marque. Par contre, ces marques prestigieuses nous rappellent que nous sommes dans le monde de la jet- set et dans celui de l'industrie de luxe.

Dans « Je vais bien, ne t'en fais pas » d'Olivier Adam, Claire porte un tee-shirt Naf Naf (p 20), « marque féminine grand public évoluant dans l'univers du « City wear - Sportswear », s'adressant aux femmes de 20 à 35 ans. Naf Naf est l'une des marques de prêt- à-porter les plus connues. Innovante, performante, dynamique, c'est aussi l'une des rares marques françaises à disposer d'une véritable notoriété internationale129 ». Nous pouvons donc penser que Claire, malgré son emploi de caissière, se paye de temps en temps des petites folies, mais ce tee-shirt est « trop grand et usé » (p 20), ce qui nous laisse croire qu'elle l'a acheté en seconde main ou qu'il est tellement vieux qu'il s'est élargi. Elle change ce tee-shirt « pour un Petit Bateau, taille 16 ans, résolument petit et collé à sa peau très pâle ». (p 20) Porter des tee-shirts Petit Bateau fait partie d'un certain style vestimentaire en vogue mais celui là est trop petit, elle n'a pas les moyens de s' en payer de nouveaux.

Dans « Ensemble, c'est tout » d'Anna Gavalda, Franck est le seul qui s'habille avec des marques. Il porte un pull Ralph Lauren (p 340) et un blouson en cuir Lucky Strike (p 320).

Camille, à cause des allusions sexuelles constantes de Franck, pense qu'il porte des boxers shorts Hom (p 242), marque de même standing que Ralph Lauren ou Lacoste. C'est une marque de sous-vêtements prestigieuse, signe de virilité à la limite du macho très porté sur la chose. Elle vise la sensualité et la séduction130. Or, en réalité, il porte des Dim. (p 298) Ce sont des caleçons de grande distribution mais que la publicité les qualifie « d'objets de séduction »131 . Plus tard, pour séduire Camille, Franck s'achète un Hom.

129 http://www.nafnafgroup.com/vf/identite marques/ident marq NAF activite.html

130 http://www.hom.fr/hom.php

131 http://www.dim.fr

Philibert rencontre une fille. Elle porte des Converses roses « customisées new look. » (p

555) Les Converse sont des baskets très à la mode.132 Suzy est très à la mode, contrairement à Philibert qui est hors du temps, ou en tout cas, dans une autre époque. Cependant, ses chaussures « customisées » lui permettent d'être dans le vent sans pour autant être comme tout le monde.

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