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Du système d'organisation d'un centre social associatif à la citoyenneté de proximité en tant qu'enjeu démocratique

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par Yves Konaté
Université Jean Moulin - Lyon 3 - IAE - Maîtrise AES -Gestion des entreprises -Pratiques managériales 2000
  

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- CHAPITRE 3 -

UN RESULTAT :

UNE LEGITIMITE RECIPROQUEMENT
RECONNUE ET CONTROVERSEE.

Les acteurs s'estiment et reconnaissent le bien-fondé de leur légitimité respective. Cette dimension n'est pas mise en doute mais est discutée dans son processus relationnel.

La délimitation des compétences s'inscrit dans l'évolution des modalités d'intervention sociale qui distingue action sociale et aide sociale.

Le partenariat laisse apparaître que les constantes structurelles influent sur les acteurs et, en particulier, sur les cadres.

La vision de la configuration associative centre social est examinée à la lumière nuancée de l'origine statutaire des acteurs.

Toujours est-il, que l'on perçoit, constamment sous-jacente, une crainte réciproque de débordement.

1 - Une délimitation des compétences en débat.

"Je commence peu à peu à prendre conscience de l'étendue et de la complexité du champ d'action sociale de la ville. Ma connaissance est actuellement restreinte, elle se limite essentiellement aux activités des centres sociaux Dolto et Montaberlet et à celles du centre communal d'action sociale (CCAS)." L'acteur 1 (conseillère municipale), exprime sa vision des choses, en faisant la comparaison entre les ministères thématiques et les structures interministérielles : "Aujourd'hui, il est nécessaire d'apprendre à travailler ensemble." Elle précise que la répartition du champ d'action sociale, non seulement, n'est pas figée mais doit être pensée par tous les partenaires. Pourtant, en tant qu'élue, elle rajoute qu'elle a du mal à juger de la pertinence des divers dispositifs : "cela apparaît opaque, compréhensible uniquement par les professionnels." Elle considère le contrat enfance performant, dans son effectivité, mais extrêmement compliqué quand on n'est pas sur le terrain. "Ce sont des outils de technocrates mais c'est un mal nécessaire."

Pour cette élue, la politique de la ville apparaît comme emblématique de ce «mal nécessaire»,"outil d'intégration, au service des décideurs institutionnels, pour coordonner les actions de toutes les forces en présence." D'autant que celle-ci, en recouvrant d'autres domaines tel que l'urbanisme, le logement ou l'emploi "transgresse l'action sociale."

Cette dernière réflexion semble partagée par l'acteur 3 (adjoint au maire à l'emploi, à la formation professionnelle et à la jeunesse). Ainsi, celui-ci s'interroge : "Comment fait-on coexister une logique de guichet et une logique de socialisation et de développement social ?" Cet élu énonce une analyse de l'évolution des besoins et des demandes sociales, au regard d'une profonde modification du paysage social et économique.

C'est pourquoi, sans parler de clivage, "il y a deux approches complémentaires du champ de l'action sociale qui sont représentées, d'un côté, par le CCAS et, de l'autre, par l'insertion économique et sociale."

L'acteur 7 (secrétaire général adjoint) renforce l'idée que c'est "la politique de la ville qui peut permettre de développer une politique de coordination et de concertation globale au niveau de la commune."

Pour autant, cette hypothèse n'évacue pas, pour l'acteur 8 (chef de projet du DSU), l'aspect délicat de cette question. "Dans l'urbanisme, les processus sont cadrés. Dans le social, C'est plus compliqué, c'est plus difficile à appréhender." En effet, celui-ci cite les différents niveaux de traitement politique territoriaux qui s'articulent aux divers statuts d'intervenants : collectivités locales, établissements publics, associations de gestion, syndicats, etc. Néanmoins, dans cette complexité, "le centre social apparaît comme un peu à part" en tant qu'équipement, lieu d'animation et producteur de socialisation.

Par ailleurs, cet acteur estime qu'il y a "trop de partenaires, trop centrés sur eux-mêmes, il y a un manque de lisibilité dans la cohérence des différents statuts - centres sociaux associatifs, délégation de service public, association locale de gestion d'une halte garderie -." Il n'empêche, la commune lui paraît bien équipée en structures sociales, "la mairie a laissé faire une certaine délégation de son service public."

L'acteur 9 (directeur du CCAS) explique que la segmentation du champ de l'action sociale s'enracine dans l'histoire de la politique sociale de la ville." A l'époque la municipalité manquait d'expérience dans le champ du social, d'autant que le personnel spécialisé était réduit. A l'époque, aussi, la présence forte et active de la confédération syndicale des familles (CSF) a soutenu la création d'associations1."

Pour cet acteur, l'architecture des dispositifs sociaux de la ville s'est construite, d'une part, au regard des compétences légales de l'Etat (et suite aux lois de décentralisation, du Conseil général) et, d'autre part, par la prégnance engagée et militante de la CSF ; mais aussi par le contrôle politique de conformité de la municipalité. La double expérience de cet acteur, hier associative en tant que directeur, respectivement des centres sociaux Dolto et Berthaudière et aujourd'hui, en tant que personnel mairie, l'amène à exprimer que "la municipalité se doit de distribuer une prestation performante car elle s'adresse à un public qui a, sous-jacente, une exigence électorale."

Par le rappel de ce postulat élémentaire justifiant la démocratie politique, le directeur du CCAS affirme que c'est bien la municipalité qui est responsable de la gestion communale.

Assurément, les acteurs s'accordent sur ce principe de responsabilité communale. Cette délimitation essentielle ne fait aucun doute. Les élus associatifs l'expriment très directement : "La commune définit la politique de la ville", [acteur 4] ; "La municipalité est là pour répondre à toute la population", [acteur 5] ; "Elle a la responsabilité de ce qui se passe sur la commune", [acteur 6].

Seul un élu municipal [acteur 1], définit les contours de cette légitimité : "La majorité municipale est élue par les Décinois et sur un programme, elle a la légitimité des urnes et est responsable de l'ensemble de la commune."

En fixant le champ d'action sociale des centres sociaux dans le cadre d'une "mise en oeuvre de délégation de service public de la politique locale régulée conjointement dans des

1 On retrouve la CSF comme membre fondatrice des deux associations centres sociaux, en 1978 in Y. KONATE, 19991, op. cit., tableau 3 - Période de création des principales associations, des principaux équipements et dispositifs sociaux, éducatifs et culturels de Décines - p. 23.

instances appropriées, tel que le comité de pilotage1", le secrétaire général adjoint [acteur 7] en précise la démarcation.

Il s'avère que cette délimitation, pour l'acteur 8 n'a pas l'air d'aller de soi, car celle-ci "renvoie à des questions de compétences partagées." Le responsable du DSU pointe, là, la difficulté sur les possibilités d'approfondir ce débat : "Peu de gens peuvent réfléchir à cela, que cela soit des élus, des techniciens ou des habitants ; cette question est complexe car administrative, politique, économique, historique, etc."

Le directeur du CCAS [acteur 9] précise, même, qu'il y a déséquilibre : "La compétence de l'association de gestion est supérieure à celle de la municipalité", aux dépens de la commune.

Le responsable du DSU et le directeur du CCAS reprochent conjointement à l'association, d'être «une grosse boîte, une PME». "L'association de gestion est immense, elle devient monstrueuse et complexe" [acteur 9], "Dolto-Montaberlet, c'est une PME" [acteur 8]. Cette approche est corroborée par l'acteur 1 : "C'est une usine, une grosse machine, c'est une PME qui atteint une taille critique, qui atteint son développement maximum, dont la croissance ne peut aller au-delà."

Toutefois, les deux autres élus municipaux préfèrent préciser le cadre d'intervention du centre social, tel qu'ils l'entendent. Pour l'adjointe aux affaires sociales et à la solidarité [acteur 2] : "Il y en a un qui pousse (le centre social) et qui entraîne l'autre (la mairie), la progression se fait ensemble. L'un est plus près du terrain et l'autre a une vision politique globale." Cet acteur donne l'exemple d'un projet de halte-garderie, inscrit dans le contrat enfance, signé entre la CAF et la commune et qui est une commande municipale auprès de l'association. "L'association étudie le projet de mise en oeuvre de halte-garderie sous forme parentale, c'est une façon de voir avec laquelle je n'adhère pas mais je fais confiance."

L'adjoint à l'emploi, à la formation professionnelle et à la jeunesse [acteur 3] le dit autrement : "La délimitation du champ d'action sociale est une compétence partagée avec des zones d'intervention intrinsèque." Pour cet acteur, les actions de prévention en sont l'exemple même : "Le centre social a un rôle de relais de l'action publique."

L'acteur 7 le justifie en expliquant que "les compétences en matière d'action sociale de la commune sont moins définies par la loi que celles du département", ce qui permet à celle-ci d'avoir "une marge de manoeuvre plus importante, d'où l'intérêt d'avoir une action partagée - par délégation - avec les associations gestionnaires des centres sociaux."

Les administrateurs n'ignorent pas ce débat, même s'ils n'en possèdent pas toutes les arcanes ; en femmes et hommes de terrain, ils sont soucieux, voire sourcilleux, sur la reconnaissance de leur responsabilité. L'acteur 4 "voit mal un élu directif qui imposerait impérativement ses désirs à l'association. Des souhaits, d'accord, mais pas des ordres." D'ailleurs, la trésorière [acteur 6] revendique la responsabilité juridique de la fonction d'administrateur : "C'est nous qui devons veiller au bon fonctionnement de l'association." L'acteur 4 renchérit en insistant sur le fonctionnement régulier de l'association qui légitime la représentation bénévole de celle-ci. L'élu, acteur 1, semble en convenir : "Une commune n'est rien sans le relais associatif des centres sociaux. Le pluralisme m'apparaît nécessaire ; de la discussion naît la lumière."

Il ressort, pour cet acteur, que le comité de pilotage est l'instance permettant de valider conjointement les orientations partagées : "Celui-ci est un espace de délimitation." De la même manière, pour l'acteur 6, "si il y a désaccord, c'est le comité de pilotage qui doit arbitrer."

1 JALON 10 - Le comité de pilotage mairie-association de gestion -

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille