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Elevage Pastoral en Ariège : Vulnérabilité des animaux au pâturage, évolutions des systèmes d'élevage, adaptations aux mesures d'accompagnement du plan du réintroduction et de conservation de l'ours brun (Ursus artos) dans les Pyrénées françaises 2006-2009.

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par Eric Duplex ZOUKEKANG
INPT/ENSAT/ENFA - Master AgroBioSciences: The Agro Food Chain 2008
  

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Conclusion

L'estive n'est pas seulement symbolique dans le fonctionnement des élevages de montagne mais le poumon (économique, assainissement, reproduction) de leur existence, qui contribue à maintenir un tissu rural vivant ; c'est l'identité territoriale du berger. Pour les éleveurs ariégeois, la mobilité pastorale n'est pas simplement une technique avec laquelle ils s'approprient les ressources ; c'est la source même de leur succès dans le contexte agricole actuel. Les animaux et les hommes ont progressivement pris l'habitude de leur environnement et du rythme de vie pratiqué à cet égard. Ici, la logique de garde est l'adaptation du savoir-faire du berger aux habitudes animales et à leurs comportements spontanés, aux conditions biophysiques du milieu, aux objectifs des éleveurs. Elle est aussi fonction du point de vue du berger à propos de l'entretien de l'espace, de l'optimisation et de la maximisation de l'utilisation de la ressource naturelle... Donc, il n'existe pas de norme absolue pour le choix d'un bon parcours. Ce qui rend le bétail des éleveurs de certaines régions prospérer pourrait être préjudiciable à celui des éleveurs d'autres régions. Ainsi, le choix doit toujours être fait, conformément à ce dont les animaux sont devenus habitués. En définitive, les bergers ont une connaissance intime sur les régions qui leur sont familiers. Aujourd'hui, il est très difficile de distinguer clairement le savoir-faire de la connaissance. En Ariège les éleveurs et les bergers ont le plus souvent une formation agricole de base, mais les conditions du milieu les obligent à utiliser seulement leur savoir-faire dans la pratique de leur travail. Par conséquent introduire de nouvelles données techniques suppose qu'une réhabilitation ait été faite en amont. Par ailleurs, la façon dont les moutonniers envisagent les pratiques qu'ils mettent en oeuvre en référence à l'idée qu'ils ont de leur travail, dépend de leur expérience et des interactions sociales au sein des groupes professionnels locaux. Pour que les éleveurs soient plus coopérants aux résolutions liées aux questions environnementales par un changement de leurs pratiques, la transformation de leurs connaissances et savoir-faire doit s'opérer au sein des associations locales en rapport aux attentes et aux conditions du milieu.

Dans le contexte économique du pastoralisme aujourd'hui, des frais supplémentaires sont difficilement supportables. Puisque les mesures d'accompagnements préconisent seulement 50% de subvention pour la prise en charge du berger lorsque toutes les mesures ne sont pas mises en place et 80% quand elles le sont toutes, près de 99% des éleveurs pro-ours enquêtés sont juste des

opportunistes46 parce qu'ils utilisaient déjà chien Patou et garde serrée dans leur pratique. Ils y ont inclus les parcs pour bénéficier au maximum de la subvention lors de l'engagement d'un berger. Pour tous les éleveurs, les mesures d'accompagnement ne sont applicables ni partout, ni à plein temps, ni par tous les temps. Le couple Berger - chien Patou réduit la prédation, mais il ne devrait pas être présenté comme une panacée pour les problèmes du pastoralisme. Rien n'a changé dans les exploitations et les systèmes, même la diversification des exploitations était courante avant le lancement du plan ours. Afin d'avancer dans le processus de cohabitation, les autorités devraient revenir en arrière, éliminer la frustration et les conflits d'intérêts et mettre le prix47. Pour que le projet soit efficace, il faille diviser par 200 le nombre de moutons qui estivent pour avoir le nombre de bergers, de cabanes, des parcs et chiens Patou nécessaires. Le système pratiqué aujourd'hui a fortement évolué s'adaptant aux évolutions socio-économiques et techniques. De plus, le milieu offre une certaine capacité d'adaptation, mais l'allégation à une certaine fierté professionnelle est une pierre d'achoppement pour la mise en oeuvre des mesures d'accompagnement même si le plan ours présente le pastoralisme et ses problèmes en tranches de saucisson. Les agriculteurs peuvent élever autrement, mais ils doivent y penser et le concevoir eux-mêmes.

Il a peut-être été pensé qu'avec le retour de l'ours, les éleveurs devraient passer d'un raisonnement quantitatif à un raisonnement qualitatif. Cela vaut-il la peine dans le contexte actuel où la variation du prix du marché des intrants est à l'opposé de celui des produits ? Certains éleveurs ont fait un produit labellisé, mais son prix a très vite atteint un prix plafond alors qu'ils étaient encore économiquement très précaires, gagnant la plus part de temps moins que le salaire minimum garanti (SMIG). Aujourd'hui, les propos sont assez unanimes chez les éleveurs : J'aimerais que ça continue après moi, j'aimerais transmettre mais ne conseille pas ma progéniture de s'installer. Il semble exister peu d'alternatives aux contraintes actuelles. Certains éleveurs souhaitent actuellement faire connaître leur travail et les conditions de sa pratique, afin que toutes les décisions à leur sujet prennent en compte les contextes du milieu. Peu ou pas d'éleveurs pensent agrandir l'exploitation. Un certain nombre d'entre eux pensent qu'ils devraient d'abord rendre stable l'exploitation et la maintenir à son état de fonctionnement actuel. Pour les éleveurs ovins, la fromagerie, l'élevage

46 Q : Etant une minorité pro-ours dans une zone fortement opposante reconnaissez-vous avoir raison dans votre choix et vous sentez-vous en sécurité ? R : Il ne faut pas mélanger les choses, j'applique les mesures d'accompagnements mais ne me définis pas pro-ours ; ça c'est autre chose. Je pense d'abord à mes bêtes ; j'espère encore pouvoir arriver à les garder et arriver à transmettre (Entretien 8, 11, 14. Mai, 2008).

Q : Avec l'ours qu'est ce qui a changé dans votre système de conduite ? R : Peut-être les parcs quoique... l'ours n'est pas chez moi donc je ne les ai vraiment pas testé même s'ils existent (Entretien 7, 8, 9. Mai, 2008)

47 Protéger l'environnement coûte cher. Ne rien faire coûtera beaucoup plus cher (Kofi Annan).

bovin, les cultures céréalières48 (coup dur pour l'environnement!) et l'abandon sont leurs seules perspectives imaginables. Ils sont d'accords aux modèles conceptuels mais avec les composantes locales et des partenariats. Ils exigent de s'informer auprès des leaders et gestionnaires en observant voire reconnaissant les succès de leurs pratiques et actions présentes. Ils sont farouchement opposés aux modèles préconçus (contrats kit clés en main) prédisant le comportement du système.

Peut-être la réintroduction de l'ours sera à court terme bénéfique à la biodiversité et le pastoralisme, mais pour le moment, il est difficile de suggérer quoi que ce soit. Seuls les bergers ont bénéficié de quelque chose de ce projet ; était-ce là l'objectif ? L'avenir du pastoralisme dépendra fortement des décisions politiques prises par les gouvernements. Il est improbable de voir une extension significative des pâturages fermés, les conditions d'existence des pastoralistes deviendront de plus en plus difficiles puisque agriculteurs et lobbys de conservation exproprient les terres de pâture. Travailler avec les pasteurs, et comprendre de façon plus sympathique leurs systèmes de production, pourrait servir à la fois à protéger leurs modes de vie et renforcer leur capacité de production sur des terres marginales et à favoriser la cohabitation d'avec l'ours. L'introduction de la variabilité, de l'incertitude et de l'irréversibilité dans les dynamiques des systèmes, conduit à poser la question du développement en termes de gestion des interactions entre des variabilités économiques et sociales et des variabilités naturelles, tant dans l'espace que dans le temps.

48 Pour ceux dont l'âge permet encore d'aller s'installer ailleurs et pour qui l'agriculture demeure une passion et offre une certaine qualité de vie.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard