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Microfinance et développement: une mise en évidence théorique et empirique de la relation

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par Hermann-Didier TEBILI
Université Paul Cézanne Aix en Provence Faculté d'économie Appliquée - Master Institutions et Développement 2008
  

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§2. Fondements analytique du rationnement du crédit: La microfinance une réponse aux rationnements du crédit

La littérature économique présente le rationnement du crédit sous plusieurs angles. Sans choisir une exclusivement, nous retiendrons deux qui seront exposés à partir des modèles néolibéraux de la répression financière et du comportement de la firme bancaire en situation d'asymétrie informationnel.

A/Libération financière versus répression financière et l'exclusion du marché du crédit

Dans la littérature économique, les travaux sur l'impact du développement financier sur le développement économique par le canal de la croissance sont légions (abondants). A cet effet, on peut dire que Schumpeter [1911,1959] est sans doute l'auteur précurseur dans la mesure où il avançait que les services financiers étaient indispensables à la croissance où ils améliorent la productivité en encourageant l'innovation technologique et en identifiant les entrepreneurs par son processus de sélection des meilleurs projets à financer. On trouve déjà chez lui une analyse substantielle du rôle du crédit dans la mesure où il y a une liaison entre production et crédit. Car la production nécessite du crédit, et son accès n'est pas chose évidente surtout dans les PED. Il déclarait::

« ... Can only become an entrepreneur by previously becoming a debtor... W7hat (the entrepreneur) first wants is
credit. Before he requires any goods, whatever, he requires purchasing power. He is the typical debtor in capitalist
society.» (page 102).

Il faut préciser qu'il place l'activité bancaire au centre de ce processus en déclarant que: «...The banker is not so much primarily the middleman in the commodity (purchasing power) as a producer of this commodity... He is the ephor of the exchange economy.»(p.74). De plus, Schumpeter considérait en effet que l'entrepreneur et le banquier représentaient les deux acteurs clé du processus d'innovation dans la mesure où ils sont complémentaires.

Après lui, il faut dire que les travaux se sont plutôt concentrés sur le rôle de l'entrepreneur. La littérature sur le système financier connaît un renouveau dans la seconde moitié du 20eme siècle, avec d'autres auteurs qui ont tenté de mettre en évidence la relation positive entre le secteur financier et le secteur réel.

A ce sujet on peut évoquer les travaux de Shaw [1960] qui traite du rôle de l'activité d'intermédiation sur la croissance. Il nous explique que l'activité d'intermédiation permet de résoudre la double coïncidence des besoins comme dans une économie de troc. En effet, en absence d'intermédiaire financier, il faudrait que le prêteur rencontre le demandeur de crédit qui puisse être d'accord pour emprunter le montant proposé par le prêteur, au taux d'intérêt et pour la durée qu'il souhaite ; ce qui n'est toutefois pas évident. Les intermédiaires financiers par contre permettent de régler ce problème, en collectant et en centralisant l'épargne des agents excédentaires et en octroyant des crédits aux agents déficitaires.

Goldsmith [1969] consacre une étude importante au rôle de la structure financière dans les PED. Ces pays sont caractérisés par un sous développement financier. AKerlof [1970] estime que

le marché du crédit dans les PED est semblable au marché des «lemons ». Il pense que le développement des intermédiaires financiers pourrait par le biais des contrats révélateurs qu'ils auront proposés aux agents les amèneraient à déclarer les vrais informations sur leur type. Puis arrive Mac Kinnon [1973] et Shaw [1973] qui eux ont travaillés sur la question du développement financier en préconisant avec leur paradigme de «répression financière » que la libéralisation du secteur financier est un moyen efficace pour accélérer la croissance. Cette approche a reçue un écho très favorable auprès de grands organismes internationaux comme la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International qui les prescrivaient pour régler les problèmes de croissance faible dans les PED au début des années80.

Pourtant à cette même époque déjà, des auteurs tels que L. Taylor [1983] et Van Winjbergen [1983] commencent à contester le bien fondé de la libéralisation financière en s'appuyant sur une vision structurelle de l'économie. Tout en estimant que cette politique conduirait à un ralentissement de la croissance économique.

C'est dans ce contexte intellectuelle que les modèles beaucoup plus récents de N. Roubini et Sala-i-Martin [1992] viennent enrichi l'approche initiale de Mac Kinnon et Shaw. L'objectif de leur modèle est de montrer les distorsions exogènes sur les marchés financiers avec pour eux «l'existence d'une répression financière » sur la croissance. En effet, la répression financière se caractérise par la fixation des taux réels en dessous de leur niveau d'équilibre(plafonnement des taux), politique d'allocation sélective du crédit avec obligation faite prioritairement de financer les projets gouvernementaux, très peu rentables. On a un protectionnisme financier et le gouvernement y voit un moyen privilégié d'avoir accès à des ressources bon marché, donc peut avoir un intérêt a empêché le développement du secteur financier dans la mesure rend la perception de l'impôt de l'inflation plus difficile. Donc en somme la répression réduit la formation du capital, biaise les choix techniques au détriment des activités intensives en main d'oeuvre et conduit à des investissements intensifs en capital et de mauvaise qualité.

Selon ces auteurs, c'est ce qui expliquerait les écarts de développement entre les différents pays. De plus, la répression financière va de main mise de l'État sur le système financier à la pure nationalisation des Banques. Une économie réprimée financièrement comme se fut le cas dans les PED avant les libéralisations se caractérisaient par le fait que les « canaux d'épargne » sont souvent sous développés où l'épargne n'assure pas une allocation optimal de celle-ci grâce à des moyens compétitifs; les entreprises sont découragés à investir parce que de mauvaises politiques financières réduisent ou les rendent excessivement instables » comme le souligne Dornbush et Reynoso [1989]. Alors libérer les marchés financiers va permettre la croissance de l'investissement et donc favoriser le développement. Il faut remarquer que l'ensemble de cette

théorie de libéralisation suppose une croissance entre taux d'intérêt réel et épargne. Cette approche prend uniquement en compte que l'effet de substitution qui implique que un accroissement de l'épargne lorsque sa rémunération s'accroît. Il faudra ajouter l'effet revenu qui agit en sens inverse et implique une relation plutôt décroissante entre épargne et taux d'intérêt réel. Du coup on arrive à un résultat ambigu, sauf à considérer comme Mac Kinnon que l'épargne est initialement faible dans les PED que l'augmentation de sa rémunération ne peut qu'avoir un effet positif.

Cependant, l'approche de Mac Kinnon et Shaw est fondé sur l'hypothèse implicite que le marché financier est un marché parfait ce qui est loin d'être réaliste. Stiglitz et Weiss [1981] ont montré qu'il pouvait exister un rationnement de crédit, même sur les marchés de crédit compétitifs du crédit. Ce qui induit que la libéralisation peut s'avérer inefficace compte tenu des imperfections du marché de crédit. Stiglitz et Weiss [1981] furent les premiers auteurs à montrer que les déséquilibres des marchés financiers sont la cause de l'échec des politiques de libéralisation financière.

Bien avant, de développer le modèle de Stiglitz et Weiss, il faut rappeler que d'autres auteurs ce sont aussi intéressés à l'échec des politiques de libéralisation financière. Cho [1986] souligne que « les régimes seuls d'intérêt libres ne sont pas suffisants pour assurer une allocation optimale complète du capital lorsqu'il existe des imperfections d'information. Les banques vont éviter de financer de nouveaux groupes d'emprunteurs productifs parce qu'ils seront perçus comme trop risqués, et cela même si les banques sont neutres au risque ou qu'il n'existe pas d'administration des taux d'intérêt»7.Ce qui pose le problème du fonctionnement des banques privées sur un marché libre et justifie l'intervention de l'État comme une réponse aux imperfections des marchés.

Mankiw [1986], considère que l'inefficience dans les mécanismes d'allocation du crédit sur le marché financier due au fait que les emprunteurs disposent de plus information sur leur risque que les prêteurs, peut être améliorée grâce à une intervention étatique.

Enfin, le courant de pensée néo structuralistes, attribue l'échec des politiques de libéralisation financière dans les PED au fait qu'il néglige un des aspects structurels les plus caractéristiques de ces économies qui est l'existence d'un secteur informel. Pour les tenants de l'approche Mac Kinnon/Shaw, ce dualisme financier n'est qu' « avatar de la répression financière et de la fragmentation de l'économie ».8De plus la Banque Mondiale [1989] a adhérée à cette approche en stipulant à cet effet que : « l'existence de marchés informels est souvent un signe de la répression financière ».9 Shaw renchérit en disant : « le secteur informel qui ne constitue qu'un substitut imparfait aux actifsfinanciers

7 1986, pp. 196-197

8

Op. cité par B. Venet (200)

9 1989, p 67

va devoir faire face à la concurrence accrue d'un secteur financier organisé plus libéralisé10 ». Ainsi, il suggère une disparition à terme du secteur informel compte tenu de la substituabilité et la croissance du secteur officiel suite à la libéralisation. Cependant, Jensen [1989] souligne que « l'existence de marché financier non officiel n'estpasforcement la preuve nécessaire de la répression financière, mais plutôt la manifestation d'une organisation particulière de production et de marketing» (op.cité.page 9). En effet, le courant néo structuraliste critique la libéralisation financière en intégrant le secteur informel dans le système financier global.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon