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Microfinance et développement: une mise en évidence théorique et empirique de la relation

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par Hermann-Didier TEBILI
Université Paul Cézanne Aix en Provence Faculté d'économie Appliquée - Master Institutions et Développement 2008
  

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B/Le courant de pensée néo structuralistes et l'importance des marchés financiers informels

Le courant néo structuralistes, avec pour chef de fil Taylor [1983] rejettent l'argument souvent avancé selon lequel la structure financière des PED serait la cause de leur sous développement. Pour eux, les marchés informels (caractéristiques de sous développement financier) déterminent le taux d'intérêt nominal qui provient de l'égalisation entre l'offre et la demande de crédit serait un facteur de croissance économique, et loin d'être un handicap au développement économique. Ainsi, Fry [1988] stipule formellement les fondements théoriques du courant néo structuraliste en ces termes :

« les modèles structuralistes reposent sur cinq assertions radicalement différentes de celles de Mac Kinnon :(1)Les salaires sont déterminés d'une manière exogène (ou institutionnelle) au travers de conflits entre les classes sociales ;(2)l'inflation est déterminée par les poids relatifs des capitalistes et des travailleurs( qui sont eux-mêmes influencés par l'état de l'économie) ;(3)l'épargne se détermine comme une fraction des profits et non des salaires ;(4)le niveau général des prix est déterminé par des marges fixes sur les coûts du travail,les importations et le financement du capitalproductif(taux d'intérêt) ;(5)les pays en voie de développement dépendent de façon critique de leurs importations de matières premières,des biens d'équipement et des biens intermédiaires ». (op. cité,page 87).

Taylor [1983], souligne le caractère compétitif du secteur informel en expliquant que sur ces marchés, les détenteurs de monnaie servent de banques et jouent le rôle d'intermédiaires financiers entre les épargnants et investisseurs. En effet, dans les modèles néo-structuralistes [inspiré de l'analyse de Tobin]11 les ménages ont accès à trois types d'actifs financiers :


·l'or ou la monnaie,

10

12 op. cité, p85

11 Tobin. J [1947]. Son analyse traite des marchés financiers et de leurs liens avec les décisions des agents économiques en matière de consommation, d'emploi, de productive et des prix. Sa théorie de sélection du portefeuille a pour objectif d'analyser les décisions des agents détenant des actifs réels et financiers et contractant simultanément des emprunts. À la différence du modèle keynésien, Tobin ne considère pas seulement la monnaie mais l'ensemble des actifs et des dettes. En montrant comment les décisions résultent d'un arbitrage entre la prise de risque et le taux de rendement anticipé, il énonce son théorème de séparation.

· les dépôts bancaires,

· les prêts sur les marchés informels.

Par conséquent, les prêts sur ces marchés apparaissent comme une alternative aux, dépôts bancaires dans la mesure où les capitaux sont supposés circuler librement entre les deux secteurs. En terme d'efficacité du secteur non officiel sur le secteur bancaire pour les néo structuralistes, Taylor [1983] et Wijnbergen [1983] avancent trois arguments qui sont spécifiques consécutive à l'échec des politiques de libéralisations financière dans les PED en montrant les avantages que peuvent procurer les économies non organisées:

· L'existence des normes réglementaires en matière de réserves obligatoires peut entraîner une baisse de l'intermédiation financière; par contre, sur le marché financier non organisé, il n'existe pas d'obligation de réserve. Les réserves obligatoires constituées par les banques sont, dans les modèles néo structuralistes, un obstacle à la l'intermédiation financière. En effet, elles réduisent l'offre réelle totale de crédit pour les entreprises.

· L'augmentation du taux d'intérêt sur les dépôts entraîne un changement des actifs du secteur financier informel vers le secteur financier structuré de crédit, elle peut réduire la demande d'encaisses monétaires, ce qui affecterait de fait l'offre de prêts sur les marchés financiers informel, provoquant ainsi une augmentation du taux d'intérêt nominal sur le marché informel.

· La hausse des taux d'intérêt accroît le coût du capital du capital productif, ce qui conduit, à une augmentation du niveau général des prix (inflation par les coûts) et à une baisse de l'investissement et de la demande réelle. De plus, une augmentation de la progression à épargner peut faire baisser davantage la demande effective. Ce qui réduit le taux de croissance de l'économie.

Ainsi, si nous nous referons à Mac Kinnon qui suppose que la libéralisation financière se traduira par une augmentation des taux sur les dépôts, elle aura des effets nocifs sur la croissance selon les néo structuralistes. Ils soulignent le fait qu'un niveau élevé des taux d'intérêt qui vise la rémunération réelle des dépôts bancaires accroît l'inflation à court terme à travers la hausse coûts de production et ralentit la croissance, qui à son tour réduirait le volume de crédit à l'économie.

Par ailleurs pour, les néo structuralistes, c'est l'effet de substitution qui l'emporte sur l'effet revenu puisque l'augmentation des taux d'intérêt servis sur les dépôts consécutive à la libéralisation financière entraînerait une hausse de la demande de biens de consommation, qui à son tour fera monter l'inflation qui affecterait négative la croissance économique.

Bien que Taylor [1983] signale le caractère compétitif des marchés informels : ces marchés sont souvent «complétifs et agiles» (op.cité.page 10), car les modèles structuralistes restent basés sur cette hypothèse ; ce qui ne correspond pas tout à fait à la réalité. En effet, un certain nombre de problèmes se pose vu qu'une autre caractéristique des modèles néo structuralistes est qu'ils ne font pas de différence entre les investissements productifs et les investissements non efficients (non productifs) qui eux accroissent les coûts du crédit. De plus en ce qui concerne l'hypothèse d'efficacité du secteur informel dans l'allocation des ressources et la constitution systématique de réserves obligatoires par le système bancaire elles paraissent peu satisfaisantes. Même si nous convenons avec eux que la contribution du secteur informel à l'augmentation du revenu national reste indéniable dans beaucoup de PED. Il est estimé à près de 40% du PIB du Burkina-Faso par exemple, cependant il n'y pas de secteur financier informel homogène. On parle plutôt d'une multitude de micro-marchés qui force est de le reconnaître on peut de rapport entre eux et prennent diverses formes (tontines, préteurs individuels....). Par conséquent, il parait compliqué de parler de taux d'intérêt unique d'équilibre sur ce secteur non officiel car il n'est pas homogène. G. Christensen [1993] qui tente de montrer que le secteur financier informel n'exerce pas réellement d'activité d'intermédiation financière. Par ailleurs, pour ce qui est de l'intermédiation bancaire, il faut noter qu'elle exerce par le canal de deux fonctions que sont : la mobilisation de l'épargne et le financement de l'activité (prêts d'investissement.). En effet, elle transforme les ressources courtes en emplois long tandis que les intermédiaires du marché informel ne remplissent pas cette condition car les prêts du secteur informel ont une maturité courte et sont d'un faible montants ce qui induirait des coûts de transactions élevés. Cependant, on constate toutefois une relative spécialisation de leur part dans l'activité de collecte de l'épargne et de l'activité de prêts.

Kapur [1992] estime que les réserves détenues par le secteur formel, contrairement aux conclusions des néo structuralistes sont un gage de liquidité à court terme et donc sources de sécurité supplémentaire pour le système officiel. Car lui procurant un avantage de liquidité, et que si le secteur informel souhaite accroître sa sécurité, il doit lui aussi constituer des réserves. Il rajoute qu'en l'absence de réserve, les agents courraient un risquent d'illiquidité élevé qui

expliquerait le haut niveau des taux d'intérêt sur le marché informel. Ce qui le conduit à pensé que dans une économie où le secteur financier formel est déchargé de ses contraintes, les agents vont posséder à la fois des actifs du secteur non officiel (moins liquides mais mieux rémunérés) et des dépôts bancaires. Les idées de Kapur nous semblent judicieuses dans la mesure où elles mettent en évidence la complémentarité entre les secteurs financiers officiels et informels.

Kapur avance trois arguments en faveur du secteur informel qui constitue ses principaux avantages :

· sa bonne implantation géographique dans les zones où il est difficile au secteur bancaire officiel de s'implanter compte tenu des coûts.

· L'absence d'asymétrie d'information entre prêteurs et emprunteurs dans la mesure où les prêts ne sont accordés qu'aux individus membres de la communauté (village, quartier...) où l'information circule très vite.

· Enfin, la faiblesse du risque d'aléa de moralité car le mauvais débiteurs risquent l'exclusion pure et simple de la communauté.

En définitive, au delà des oppositions d'approche entre le courant néolibérale et celui des néo structuralistes sur le bien fondé ou non de la libéralisation financière en tant que facteur accélération de la croissance, il faut convenir avec Cho [1990], que « les deux approches ne s'a~~rontent pas sur la libéralisation, mais sur l'approche de celle-ci »12. Mais plutôt sur le secteur à favoriser le développement compte tenu de l'efficacité qu'ils accordent de manière différente à chaque secteur financier. Les « Mac Kinnoniens » veulent qu'en à eux permettre le développement du secteur bancaire tandis que les néo-structuralistes veulent qu'ils en soient du secteur non-officiel.

Compte tenu de l'application effective de la libéralisation financière, nous aurons ultérieurement l'occasion d'apprécier son impact réel du développement de cette politique dans les pays où elles été mise en place. Car comme nous le signalions, les recommandations de Mac Kinnon et Shaw ont reçu un écho très favorable aux près des institutions internationales tels que le Fmi et la Banque mondiale qui ont vu un moyen efficace de sortir un certains nombre d'économies du sous développement. (Exemple l'argentine dans le milieu des années 70, suivie de la chili pour ne citer que cela).

Cependant, il faut souligner que les nouvelles approches de la libéralisation financière tiennent compte maintenant des imperfections qui règnent sur les marchés financiers

12

1990, p447

(Asymétrie d'information, sélection adverse...), Mac Kinnon « admet donc que l'administration des taux peut avoir lieu même si les taux peut se justifier dans certaines conditions et que le développement économique peut avoir lieu même si les taux sont régulés» (op. cité Demetriades (1993) ,298).

King et Levine [1992,1993] à partir d'un modèle de croissance endogène « schumpétérien »13d'intermédiation financière, soulignent l'importance du facteur financier sur la croissance et le développement.14En somme, avec la libéralisation, on a le principe que le développement financier peut conduit au développement et contrairement à l'approche traditionnelle de celle-ci, la monnaie et le capital puissent être complémentaire que substituables dans une économie peu monétarisé. De plus que le développement du secteur financier puisse accroître le bien être des agents.

Du coup, comment expliquer, sans se référer à la répression financière, la concomitance d'une épargne bancaire nette et d'un rationnement du crédit ?

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus