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Microfinance et développement: une mise en évidence théorique et empirique de la relation

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par Hermann-Didier TEBILI
Université Paul Cézanne Aix en Provence Faculté d'économie Appliquée - Master Institutions et Développement 2008
  

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C/Le modèle de Stiglitz et Weiss et le rationnement du crédit

L'approche de l'école de la répression financière est fondée sur l'hypothèse implicite d'un marché parfait. Et pourtant, avec Stiglitz et Weiss [1981], le rationnement du crédit peut coexister dans un marché du crédit compétitif (Cf. Venet B.1994, p94). L'explication du rationnement du crédit réside dans l'introduction de l'hypothèse de l'asymétrie de l'information dans la théorie de l'équilibre [Arrow G.A, 1970]. Bien avant d'illustrer cette hypothèse, il convient de définir le rationnement du crédit qui désigne le fait que parmi des demandeurs de crédit supposés identiques, certains obtiennent le crédit et d'autres ne l'obtiennent pas, bien que ces derniers soient prêts à payer des taux d'intérêt plus élevés. Le rationnement du crédit fait aussi référence à une situation où certaine catégorie d'individus soient incapables d'accéder au marché du crédit compte tenu du taux d'équilibre du marché. Comme nous l'avons déjà souligné, l'explication pertinente de la persistance du rationnement du crédit réside dans l'asymétrie informationnelle, cette hypothèse s'illustre bien par l'exemple du marché des voitures d'occasion d'AKerlof. Sur ce marché, les prix ne véhiculent pas une information parfaite de l'état ou de la qualité réelle de la voiture vendue. Ils sont le reflet, pour les acheteurs, de la perception de la qualité moyenne des automobiles vendues. Les vendeurs de voitures d'occasion perçoivent une prime aux dépens des

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Les innovations sont la résultante d'une recherche de profits de monopoles temporaires et les institutions financières sont importantes dans la mesure où elles évaluent et financent les entrepreneurs dans leur activité d'innovation et dans leur apport de produits nouveaux sur le marché.

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Pour plus de précisions sur ces modèles, se reporter à la communication de V. Seltz : « le rôle du système financier dans le développement économique ».

offreurs de biens de qualité supérieure à la qualité moyenne et qui progressivement seront évincés du marché. Dans le cas extrême de ce processus, «les mauvaises transactions, chassent les bonnes transactions » et d'autres termes, «les mauvais projets, chassent les bons projets » et conduisent à l'effondrement du marché.

Cette hypothèse d'asymétrie d'information trouve toute sa justification dans le marché du crédit, surtout par le fait que les bailleurs de fonds n'ont qu'un droit de regard ex-post sur les résultats des investissements réalisés par leurs clients grâce à leur concours. Si nous nous situons de manière à priori, rien ne permet à un bailleur de fonds d'opérer une distinction entre les bons et mauvais emprunteurs. Par conséquent, de manière générale, celui-ci propose un prix moyen des fonds à l'ensemble des clients.

S'agissant du comportement des banques face à cette situation d'asymétrie d'information qui a été décrit par Stiglitz et Weiss [1981] 15, le problème d'asymétrie d'information sur le marché du crédit est à l'origine des phénomènes de sélection adverse et d'incitations adverses. Lorsque le taux d'intérêt augmente, les projets les moins risqués, c'est-à-dire ceux ayant le plus de chance d'aboutir et de supporter des charges accrues d'intérêt, voient leur rentabilité espérée diminuer fortement. Les investisseurs les moins risqués se retirent donc au plus vite du marché et il y a entrée des investisseurs plus risqués insensibles aux variations des taux (sélection adverse), tandis que les investisseurs qui ne quittent pas le marché sont plus incités à choisir des projets risqués (incitation adverse). Alors, l'accroissement des taux va entraîner ainsi un accroissement de la proportion des projets risqués dans le portefeuille de prêts bancaires et une baisse de l'espérance de rentabilité des banques. Cela accroît la fragilité bancaire et donc les risques de faillite. Il existe donc un seuil maximum de taux d'intérêt qui correspond à une meilleure diversification du portefeuille de prêts des banques et à une rentabilité espérée maximale. Du coup, au delà de ce seuil, il y a une baisse de l'espérance de rentabilité du fait de la détérioration de la qualité des emprunteurs. De plus il faut noter que de plus en plus de projets ne sont pas rentable au-delà d'un certain niveau de taux d'intérêt. Si le taux d'intérêt se fixe au dessous de ce seuil maximum, toute augmentation des taux fait augmenter le profit espéré des banques (effet revenu>effet risque). Or on sait que la politique d'augmentation des taux d'intérêt conduit aussi à une modification de la configuration de la structure qualitative des groupes débiteurs. De plus, les acteurs du marché du crédit sont donc sensibles aux taux d'intérêt. Par conséquent, une hausse des taux débiteurs est susceptible de conduire à la dégradation de la situation de l'ensemble des acteurs du marché du crédit.

15 Voir en annexe les graphiques 1et 2 qui décrivent respectivement l'espérance de profit de la banque en fonction du taux d'intérêt et du revenu dégagé par un projet dans un modèle de Stiglitz et Weiss.

Cependant, les banquiers ne sont pas des acteurs passifs dans l'acte de crédit et l'explication du rationnement du crédit par exclusion de certains candidats du crédit peut trouver leur explication dans la stratégie bancaire de maximisation du profit. En effet, le banquier est un preneur de risque qu'il essaye de minimiser en réduisant les asymétries d'information, par conséquent, cela nous conduit à nous interroger de savoir comment les banques réussissent elles à réduire des asymétries information afin de réduire le rationnement du crédit. Avec l'asymétrie d'information, l'agent (l'emprunteur) a des informations sur le niveau du risque de son projet et la rentabilité de celui-ci que le principal ne dispose pas (le préteur). L'agent est incité à profiter de cette avantage informationnel pour mener des actions qui sont contraires aux intérêts du principal et qui maximise son bien être. Dans le cas de relation de prêts, l'emprunteur est incité à tricher sur le niveau des résultats réalisés par son projet en déclarant qu'ils sont faibles afin de ne pas payer les intérêts. L'emprunteur est aussi incité à choisir des projets risqués mais à forte rentabilité en cas de succès parce qu'en cas de mauvais résultat, les pertes sont subies par le prêteur. Comme nous l'avons déjà souligner c'est ce qui engendre la sélection adverse (avant l'octroi du prêt) car les agents sont plus incités à mentir pour être sélectionnés pour l'octroi du prêt. Or on sait que tout accroissement du risque de sélection adverse amène les banques à être plus frileuses dans l'octroi du crédit. Du coup l'impossibilité de discriminer les emprunteurs conduit au rationnement du crédit.

Le second effet est l'aléa moral, se manifeste après l'octroi du prêt, le principal est confronté à cet aléa (hasard) si l'agent modifie les termes du contrat signé exante en menant expost des actions qui ne vont pas dans l'intérêt du principal. Il peut s'agit pour l'emprunteur de s'engager par exemple dans des activités risquées qui réduisent la probabilité du remboursement du prêt.

Toutefois, l'aléa moral ne saurait être associé à l'asymétrie d'information dans la mesure où, le prêteur peut bien être informé sur les agissements de l'emprunteur, mais n'ayant pas les moyens où s'il est coûteux d'empêcher l'emprunteur de nuire à ses intérêts l'agent aura un comportement d'aléa moral qui lui-même dépendra des procédures de faillite.

Les banques ne sont pas soumises au problème de free rider16 parce que une seule banque peut participer toute seule à l'octroi d'un crédit à un client. Elle peut alors profiter pleinement des retombées de l'activité d'information et de monitoring. De fait, cette activité d'inscrit dans un

16 Le problème de free-rider: la collecte d'information sur la qualité des projets ou la surveillance des emprunteurs sont un bien public; tout le monde en profite des effets positifs (réduire le risque de sélection adverse et d'aléa moral), il y a un problème de free-rider si certains agents ne subissent pas les coûts de collecte d'information et de monitoring et ils profitent de cet investissement.

cadre de bien privé. Ce qui permet à la banque de disposer d'information confidentielle sur les entreprises. De plus les banques sont plus aptes à entrer dans une relation de long terme avec des entreprises en leur offrant tout une gamme de services afin de les fidéliser (dépôts, assurance, moyens de paiement, conseil, crédit, ligne de crédit....).Cette relation de long terme réduit les asymétries d'information. Ainsi, la banque connaît le passé du client et ce dernier n'a pas intérêt à avoir un comportement d'aléa moral au prix de perdre la confiance des banques ainsi que les services de celles-ci. Donc, la détention des comptes clients fournir des informations sur la rentabilité des activités des entreprises. Du coup, en cas de problème ou d'aléa moral cela est visible sur le compte il s'agit entre autres : de découvert, hausse des flux de liquidité etc.

Les banques peuvent aussi offrir une multiplicité de contrats de crédit qui ne se différencient pas que par le taux d'intérêt, mais aussi par d'autres caractéristiques telles que le montant des garanties hypothécaires. Par ce mécanisme, les banques permettent aux emprunteurs de révéler leur type, les bons investisseurs accepterons de donner plus de garanties parce qu'ils sont persuadés qu'il y a une forte probabilité que leurs projets réussiront et par conséquent récupérons leurs sûretés tandis que les mauvais n'ont pas intérêt à hypothéquer un montant élevé de garantie parce qu'ils savent qu'il y a une forte chance de perte.

Dans les PED, la difficulté de collecte de l'information sur la qualité des emprunteurs reste médiocre, car beaucoup d'entreprises notamment les PME ne tiennent pas de comptabilité et on a une réglementation laxiste etc.....Ce qui donne aux banques une place importante dans le système financier. Dans ces pays, le contrat de crédit bancaire permet de mieux gérer les problèmes d'asymétrie d'information. Néanmoins, des situations d'incertitudes et de manque de garantie de la part des micro-entrepreneurs ne permettent pas aux banques d'élargir l'offre de crédit c'est ce qui expliquerait le désintéressement des banques classiques pour une telle clientèle dans les PED et c'est justement pour combler à ce besoin que les IMF ont supplées les banques classiques. En effet, le contrat de crédit peut s'interprété de deux manière soit le taux d'intérêt englobe tout, soit il n'est qu'une composante avec d'autres éléments tels que la caution, les fonds propres apportés par le souscripteur ce qui permettent de réduire les défaillances de celui-ci en cas de perte pour la banque. Cette réponse standard au problème d'asymétrie d'information sur le marché de crédit consistant à avoir recours à diverses formes de garanties ne constitue pas une réponse possible en microfinance dans la mesure où les micro-entrepreneurs ne disposent pas de ces garanties. D'où ce secteur a dû développer toute une technologie de crédit différentes contrats standards que nous présenterons par la suite.

Donc, pour revenir au rationnement de crédit, le red-lining terme utilisé par la littérature anglo-saxonne correspond beaucoup plus à la réalité observée dans les PED. Le red-lining consiste à écarter un groupe d'emprunteurs du crédit, quelque soit le taux en vigueur car supposé très risqué par la banque. Dans ce cas, le rationnement ne s'explique pas en termes d'adéquation de l'offre et de la demande par les quantités. C'est tout simplement un refus de prêter à une catégorie d'emprunteur en l'occurrence ici les pauvres, même si les banques disposent de suffisamment de ressources. Le red-lining correspond exactement à ce qui se passe dans les PED.

Ainsi, le rationnement en vigueur dans les PED ne correspond pas à celui décrit par le modèle de Stiglitz et Weiss [1981] mais plutôt à du re-lining. En effet, les banques africaines connaissent une situation de surliquidité du fait notamment des dépôts à vue et des revenus des États liés aux matières premières [Hugon, 2007]. Ce sont ces différents problèmes d'asymétrie d'information, source des imperfections de marché sur lesquelles repose la théorie de la microfinance. Cette théorie considère l'existence des intermédiaires financiers, en particuliers des institutions de microfinance comme l'arrangement institutionnel optimal pour surmonter ou résoudre les divers types d'asymétrie d'informations.

Ainsi, partant de ce constat d'exclusion du système bancaire d'une part importante de la population dans les PED, la microfinance semble jouer un rôle important.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand