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La diversité culturelle dans le procès international relatif aux droits de l'homme

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par Titine Pétronie KOUENDZE INGOBA
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master en Droits de l'homme et Action Humanitaire 2004
  

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B- Dialogue et traduction

Le dialogue en cours de procès est l'étape suivante au cours de laquelle le contact paraît encore plus complexe, tout le problème réside dans le langage. Le juge ne parle pas la langue des parties, les parties ne parlent pas la langue du juge. Le seul moyen à ce stade qui permette la communication est la traduction. Mais encore la traduction, elle-même pose de sérieux problèmes malgré les efforts qu'essaye de fournir le juge. Dans l'affaire Akayesu, l'interrogatoire de l'accusé Jean Paul Akayesu, illustre clairement cette difficulté.

Le procès verbal d'audience de l'affaire Bagosora démontre également ces difficultés. Il est à remarquer dans cette affaire que les transcriptions en français ne répondaient pas à celles déjà effectuées du kinyarwanda à l'anglais. La chambre de première instance a informé qu'il fallait corriger ces erreurs. Ce genre de difficultés peut conduire à dénaturer une affaire et à lui faire perdre de toute sa substance.42(*)

La traduction et l'interprétation constituent deux difficultés réelles auxquelles se trouve confronté le juge. En plus du fait qu'il se doit de rétablir la vérité, donc de comprendre ce qui s'est réellement passé, l'obstacle que constitue le langage, oblige qu'il rétablisse la vérité dans cette contradiction croissante entre les différents témoignages et entre les dépositions et les déclarations à l'audience. Nous examinerons clairement cette situation dans le prochain chapitre. Un auteur contemporain disait, « toute traduction est une trahison », ce qui exprime qu'il y a toujours une part de vérité qui s'envole lorsqu'il faut traduire, les paroles de quelqu'un. Cette assertion s'applique clairement au procès international où on n'est jamais certain que la traduction faite par le traducteur, rapporte véritablement le sens de l'expression de la personne qui parle.

L'autre constat qui ressort de ce fait est qu'il n'est pas facile pour le juge de définir, et de comprendre le sens des expressions particulières, propres à une langue et par conséquent précises, qui pourtant se trouvent au centre même de l'affaire. Dans l'affaire Bagilishema, on constate clairement les difficultés qu'a rencontrées le juge pour donner un sens avec des mots anglais et français à l'expression « Interahmwe ». La décision indique en effet : « Le terme Interahmwe désigne habituellement l'aile jeunesse du MRND. En l'espèce toutefois certains témoins ont confondu Interahmwe, Abakiga et citoyen de Mabanza. »43(*)Pour en comprendre le sens véritable, il lui a fallu examiner différents témoignages, écouter différents témoins et experts. La difficulté se trouve encore renforcée par le fait que les explications des témoins s'avèrent partagées. Ce qu'il faut comprendre c'est que tout le problème réside dans le fait que la langue des déposants, le kinyarwanda, est bien difficile à traduire. Il faut dire qu'il existe des expressions dans les langues africaines qui trouvent difficilement d'équivalents en français ou en anglais. C'est une difficulté qui peut conduire le juge à faire une mauvaise interprétation des faits.

Force est de relever que la traduction et l'interprétation sont l'une des causes fondamentales de la lenteur et de la longueur des procédures devant les tribunaux pénaux internationaux. Cette question sera examinée dans la seconde partie de notre étude, lorsqu'il s'agira d'évoquer l'avenir de la justice pénale internationale.

* 42 Procès verbal d'audience, Trial Day 183, affaire Bagosora et Al, case n°ICTR-98-41-T, Chambre de première instance, 8 septembre 2004.

* 43TPIR, Le procureur contre Ignace Bagilishema, Arrêt de la Chambre de première instance, 1 juin 2001, §187, p. 32.

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