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FLS: Analyse des manuels et évaluation des compétences linguistiques en RD. Congo

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par Willy Ilunga Ntumba
Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle - Master2 Recherche 2006
  

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CHAPITRE I : POLITIQUES LINGUISTIQUES EDUCATIVES EN RDC :

LA PART DU FRANÇAIS.

Scolariser le jeune congolais dans sa langue maternelle et/ou dans une langue étrangère, voilà les termes du dilemme qui a toujours caractérisé le choix de la langue d'enseignement en RDC. Même si de facto le français s'impose à ce jour comme le seul médium à tous les niveaux de l'éducation nationale. Ceci appelle une prise en charge conséquente. Il est en effet question, dans ce premier chapitre, de passer en revue les politiques linguistiques éducatives qui ont marqué l'histoire d'un pays qui connaît l'une des situations sociolinguistiques les plus complexes au monde.

Situer le processus d'enseignement/apprentissage du français dans son « environnement » vaut son pesant d'or ; c'est permettre d'évaluer les possibilités d'input et d'output, d'appréhender le rôle des participants à ce processus, les attitudes et motivations qui poussent à apprendre la langue. La présentation de la situation sociolinguistique et des statuts des locuteurs aide à saisir le discours didactique en présence, la nature de l'input, ainsi que les stratégies d'apprentissage que les apprenants peuvent déployer pour atteindre leur objectif qui est de se performer, d'acquérir le savoir et savoir-faire (Housen 2002). Nous cherchons à savoir quels sont les mécanismes que ce pays met en place pour réguler les interactions langagières de ses citoyens. Nous présenterons au préalable sa situation sociolinguistique ainsi que la structure de son système d'enseignement.

I.1. La situation sociolinguistique

I.1.1. Le contexte historico-linguistique

L'histoire retiendra que le territoire de la RDC constitue un ensemble d'anciens royaumes et empires - organisés « politiquement » - qui disposaient, chacun, d'une culture et d'une langue propres à l'époque précoloniale. Les langues étrangères s'ajoutent à ce moule à partir du 15ème siècle. Le portugais en premier avec la découverte de l'embouchure du fleuve Congo par Diego Cao, la langue arabe avec l'invasion des marchands orientaux, le français et le néerlandais avec la colonisation des Belges ayant tracé les frontières actuelles. Environ « 212 langues » y sont répertoriées (Nsuka-zi-Kabwiku 2003, pp. 35-36).

Sous forme d'une double diglossie langues ethniques/langues nationales et langues nationales/français, la situation sociolinguistique nationale s'articule autour des quatre paliers des langues (Sesep 1987, p. 110) :

1°) Les langues dites vernaculaires qui sont les plus nombreuses parmi les langues ethniques. Elles servent de moyen de communication et d'identification entre les membres d'une même ethnie ou d'une même tribu. Ces langues appartiennent généralement aux peuplades qui occupent des espaces territoriaux plus restreints (chefferie, secteur, commune).

2°) Les langues véhiculaires à moindre échelle, parlées par des tribus aux populations assez nombreuses qui partagent des frontières géographiques avec plus de deux autres groupes ethniques, et dont la plupart sont des langues parlées dans des districts. Quelques unes d'entre elles vont pratiquement devenir des langues provinciales à la suite de la promulgation de la nouvelle constitution3(*) (le 18 février 2006).

3°) Les langues véhiculaires à grande échelle qui sont des langues de contacts interethniques, débordant les frontières provinciales. Il s'agit de quatre langues nationales reconnues constitutionnellement (swahili, lingala, kikongo et tshiluba) qui découpent le pays - suivant son découpage territorial tel que stipulé dans l'ancienne constitution - en quatre régions linguistiques :

- la région swahiliphone (Katanga, Maniema, Nord-Kivu, Province Orientale, Sud-Kivu),

- la région lingalaphone (Equateur, Kinshasa, nord-ouest de la Province Orientale),

- la région kikongophone(Bandundu, Bas-Congo) et

- la région tshilubaphone (Kasaï-Occidental, Kasaï-Oriental).

Les langues nationales sont enseignées à l'école primaire et au niveau supérieur et universitaire (à la faculté des lettres et dans la section de français et linguistique africaine des Instituts supérieurs pédagogiques). Elles se parlent couramment sur les lieux de travail (dans tous les domaines), s'utilisent dans les médias audiovisuels (animation libre, émission, journal, théâtre) et servent à la traduction de certains textes officiels, notamment la constitution. Elles véhiculent le message religieux (prédication, évangélisation) depuis la colonisation.

4°) Le français qui est la langue officielle du pays, médium et matière à tous les niveaux de l'éducation nationale. Tous les textes officiels et administratifs sont rédigés et/ou publiés en français. C'est la langue de la religion, des médias et du multimédia. La langue française sert de moyen de communication au-delà des frontières linguistiques susmentionnées. Nkongolo (1997, pp. 113-114) lui attribue essentiellement des fonctions pédagogique, médiatique, politique, administrative, diplomatique et unificatrice4(*).

* 3 La constitution adoptée à la suite du référendum populaire de 2006 prévoit la structuration administrative du Congo en 25 provinces plus la capitale Kinshasa. Cette structuration doit entrer en vigueur trente-six mois après l'installation des institutions de la troisième République. C'est le cas de l'omongo à l'Equateur, de l'otetela à Sankuru, du yaka à Kwilu, du zande à Haut-Uele, etc.

* 4 Pour Nkongolo la langue française assume la fonction unificatrice parce qu'elle parvient à jouer le rôle de « facteur d'unité nationale » au-delà des frontières régionales à l'absence d'une langue nationale unique.

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