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Diagnostic agraire du Bajo Andarax, Almería (Agriculture intensive sous serre et travail des immigrés)

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par Sarah Dauvergne
AgroParisTech - DAA 2007
  

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B. Rappel historique

1. L'histoire agricole espagnole et andalouse à partir du 18ème siècle

a. Le 18éme siècle

Au début du 18éme siècle, l'Andalousie est une région très riche, grâce à son agriculture et au commerce portuaire. Séville et Cadiz sont les villes les plus riches d'Espagne. Mais les écarts de richesse sont considérables, la reconquête de l'Andalousie par les Chrétiens, et divers processus de rachat, héritage et mariage a permis l'accaparement des terres par les nobles et la famille du roi. L'agriculture est de type latifundiste et est soumise au marché et aux investissements étrangers et, seulement 1/9éme des terres sont cultivées. De ce fait, la région ne suit pas la Révolution Industrielle qui démarre en Catalogne et se retrouve en quelques dizaines d'années parmi les régions les plus pauvres d'Espagne. Les principales productions sont les céréales, la vigne, l'olivier et l'élevage transhumant, exclusivité d'une « caste » de pasteurs très puissante : la Mesta. Une première Réforme Agraire est tentée par Charles III en 1768.

b. Le 19éme siècle et la Desamortizacién

En 1794, Jovellanos écrit un rapport d'inspiration smithienne qui prône l'accès à la propriété privée par le plus grand nombre. Sur cette base, la Couronne espagnole lance une politique de colonisation en Andalousie, en permettant à des colons de s'installer sur des lots de 32 ha, en plus de terres de pâture et de terres exploitables en arboriculture. Les colons viennent d'Allemagne et de Hollande. La Réforme Agraire de la ilustraci6n est engagée sur cinq principes : la libéralisation du commerce, la répartition des terres municipales, la consolidation du cultivateur, l'interdiction de sous-louer les terres et la limitation des privilèges.

Par la suite, l'inquisition est abolie en 1820 et la Mesta, qui était contre l'encloturement des terres, en 1836. La Desamortizaci6n, qui consiste en la vente des terres de l'Eglise et des terres municipales va permettre aux grands propriétaires nobles et bourgeois de les racheter et de se forger de grands domaines. Il s'agit véritablement d'une révolution bourgeoise dont les bénéficiaires sont les spéculateurs, les bourgeois (commerçants, fonctionnaires,...), les classes rurales moyennes en voie d'« embourgeoisement », les nobles, quelques étrangers et quelques représentants du clergé. La propriété se concentre, et c'est à cette période que se constituent les latifundios qui existent encore aujourd'hui, surtout en Andalousie occidentale.

Le défrichement des terres de parcours porte préjudice aux paysans les plus pauvres, les terres marginales sont mises en culture sans succès et souvent abandonnées. Beaucoup de contrats de location sont rompus ou la rente est augmentée. On assiste alors à la naissance d'un prolétariat paysan qui perdurera jusqu'au 20ème siècle, et à des mouvements et à des revendications paysannes. La Desamortizaci6n absorbe les capitaux et on fait alors appel aux investissements étrangers pour l'industrie, toutefois l'industrie est insuffisante pour absorber la main d'oeuvre paysanne.

c. Le début du 20éme siècle

La structure sociale est pyramidale, dominées par les latifundistes et propriétaires absentéistes. La première guerre mondiale, à laquelle l'Espagne ne prend pas part, provoque une hausse des prix et des exportations, notamment d'huile d'olive et relance la production, mais elle provoque aussi une forte inflation, insoutenable pour les salariés agricoles andalous. Des mouvements anarchistes et syndicalistes de grande ampleur apparaissent.

A partir de 1920, Primo Rivera, soutenu par le Roi, installe une dictature stabilisatrice. Il engage une politique keynésienne et l'inflation diminue. Il abandonne le pouvoir en 1930, dans une situation de crise économique et de trouble.

Des élections sont organisées, gagnées par une coalition de gauche menées par Manuel Azaña, qui lance une Réforme Agraire en 1932. Cette Réforme Agraire donne beaucoup de pouvoirs aux syndicats paysans, qui encore aujourd'hui sont très influents. Les latifundistes sont imposés très fortement et les surfaces sont limitées en fonction du type de culture. En réalité seulement quatre types de terres sont expropriables : les terres héritées du système féodal, les terres mal cultivées (trop extensives), les terres irrigables non irriguées et les terres systématiquement louées. Sont exclues les terres des grands propriétaires qui cultivent avec un système de faire valoir direct, les forêts et terres de pâture qui n'ont jamais été labourées, et les terres louées en métayage. Les paysans occupent spontanément les terres, ce qui va permettre une redistribution importante.

Mais la Réforme Agraire a été mal ciblée, elle porte davantage préjudice aux moyennes exploitations qu'aux latifundistes qui font des pressions sur le gouvernement et résistent grâce aux mouvements nationalistes. La coalition se divise, les anarchistes et socialistes radicaux jugeant les réformes trop lentes, les modérés les jugeant trop rapides.

En 1933, la droite gagne les élections et tentent de revenir sur la Réforme Agraire et d'en annuler les effets, ce qui provoque d'énormes tensions et une répression sévère. En 1936, la coalition du Front Populaire remporte à nouveau les élections, mais les socialistes refusent de participer au gouvernement. Les désordres de multiplient : combats de rue entre militants d'extrême gauche et phalangistes, prise de possession des terres par les paysans,...

La Phalange favorise le coup de force du général Francisco Franco, le 17 juillet 1936 à Melilla. Le 18 juillet, les garnisons d'Espagne se soulèvent mais elles se heurtent à la résistance des grandes organisations ouvrières. Le pays se divise en deux, entre nationalistes (militaires, grands propriétaires) et républicains (ouvriers industriels ou agricoles). Il s'ensuit une longue guerre civile qui dure jusqu'en 1939. Franco se proclame chef de l'Etat le 1er octobre 1936. La guerre civile prend fin le 1er avril 1939, laissant derrière elle près de 400.000 morts et un pays ruiné.

d. Le franquisme (i) 1939-1950 : el primer franquismo

La résistance des républicains dure jusqu'en 1950. Franco mène une politique d'isolement et d'interventionnisme qui provoque de graves problèmes économiques. En 1937 est créé le Service National du Blé, en 1938, le Service National de Réforme Economique et Sociale de la Terre, chargée de la contre-réforme agraire et en 1939 l'Institut National de Colonisation. Le régime de Franco est largement soutenu par les grands propriétaires. C'est une période de grande pauvreté et de pénuries. L'alimentation est rationnée, les prix du blé sont soutenus chez le producteur et maintenus bas à la consommation, les autres productions

ont des prix maintenus artificiellement bas, ce qui provoque le développement d'un marché noir. Les latifundistes profitent largement des prix très élevés du marché noir.

Malgré des lois qui contraignent à l'augmentation de la production, à cause des prix très bas, des terres sont abandonnées ou les récoltes sont vendues au marché noir, la production baisse. La main d'oeuvre est très abondante et très bon marché : 52,3% de la population agricole andalouse est salariée. De plus, avec les prix agricoles bas et l'absence de syndicats ou mouvements de revendications, les salaires baissent. La main d'oeuvre est tellement bon marché que certains latifundistes vont expulser les métayers pour installer une agriculture à salariés. Dans les années 40 quelques mauvaises récoltes provoquent des famines.

(ii) 1951-1959 : période de transition et d'ouverture

A partir de 1950, la politique interventionniste est atténuée et la croissance économique repart, les autres pays européens sont également en pleine croissance après la guerre. Le rationnement est aboli en 1952. En 1959 est mis en place un Plan de Stabilisation Economique, qui libéralise le marché intérieur et extérieur. La peseta est dévaluée ce qui provoque l'afflux d'investissements étrangers. Les importations diminuent, et avec l'augmentation des revenus du tourisme et l'augmentation des capitaux étrangers, la balance des paiements s'équilibre.

La conséquence de la nouvelle politique est l'augmentation des surfaces cultivées, de la productivité et de la production.

(iii) 1960-1975 : années de développement

Avec l'ouverture des marchés et le développement économique, les systèmes agraires se transforment brutalement. Le système traditionnel des années 1950 tombe en crise, la main d'oeuvre est trop abondante, les produits peu diversifiés (Franco avait largement soutenu la production de céréales), les minifundistes vivent d'une agriculture de subsistance et les latifundistes, protégés par les prix soutenus du blé, n'ont pas investi. L'équilibre de l'offre et de la demande du blé se rompt avec l'apparition de nouvelles habitudes alimentaires, la demande de viande, fruits, légumes augmente. Une forte émigration des journaliers, salariés et des petits producteurs dans les années 1960 provoque l'augmentation des salaires agricoles, et cette augmentation provoque l'intérêt des grands propriétaires pour investir et moderniser l'agriculture.

Beaucoup de petites exploitations agricoles disparaissent. L'agriculture se modernise, avec l'utilisation de semences améliorées, d'engrais chimiques et les réseaux de commercialisation se développent. C'est également le début du crédit bancaire. L'agriculture jour un rôle décisif dans le développement industriel en se convertissant en demandeuse de produits industriel.

L'envoi de capitaux par les nombreux migrants des pays européens vers l'Espagne et le tourisme sont aussi des facteurs importants dans la résolution de la crise.

e. L'après- Franco

(i) 19 76-1985 : la transition

En 1979, la loi des « exploitations manifestement améliorables » touche les propriétés qui ne sont pas exploitées depuis deux ans, qui ne disposent pas de moyens suffisants ou dont

la surface est supérieure à 50 ha irrigués ou 500 ha non irrigués. En 1984 est voté une nouvelle loi de Réforme Agraire.

(ii) 1986-2007 . l'intégration à l'Union Européenne

Il reste encore beaucoup de latifundios en Andalousie, surtout en Andalousie occidentale. 3% des exploitations s'étendent sur plus de la moitié de la superficie, et 57% des exploitations se partagent 7% de la superficie. En ce qui concerne les terres irriguées, les chiffres reflètent toujours une forte inégalité, mais moins marquée : 40% de la superficie est concentrée sur 3% des exploitations et 62% des exploitations occupent 14% de la surface. Le prix de la terre est élevé, et dans l'ensemble, les exploitations de petite taille ne s'agrandissent pas. Dans ce contexte l'agriculture intensive du littoral constitue une exception.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe