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Diagnostic agraire du Bajo Andarax, Almería (Agriculture intensive sous serre et travail des immigrés)

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par Sarah Dauvergne
AgroParisTech - DAA 2007
  

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2. L'histoire agricole de la province d'Almeria à partir de l'époque

arabe

« Pour la première fois depuis que je parcours le pays me vient à l'esprit que les almerienses n'ont jamais été protagonistes dans leur histoire, mais bien des figurants, résignés et muets. Occupée successivement par les Phéniciens, Carthaginois, Romains, Visigoths, Almería connut une brève période de splendeur dans les lumières de la domination musulmane. « Quand Almería était Almería, dit un proverbe que les anciens répètent avec mélancolie, Grenade était son grenier». Depuis sa conquête par les Rois Catholiques, la région a souffert d'une pathétique et incessante décadence. La monarchie espagnole lui a envoyé gouverneurs et maires mais Almería ne s'est pas vraiment intégré à l'Espagne. Les almerienses irriguèrent de leur sang les possessions d'Europe, d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique mais leur sacrifice n'apporta aucune compensation à leur petit pays. La déforestation, l'émigration ont transformé en ce désert actuel les paysages antiques. Colonisée par le pouvoir centralisé des Bourbons, comme elle le fut par l'industrie étrangère et catalane, Almería fut ignorée par les rois, ministres, réformateurs, écrivains. Une légende d'incompréhension et d'oubli devait la maintenir loin de tous les mouvements rénovateurs qui se produisirent en Espagne. Au dix-huitième siècle, elle était la cendrillon de nos provinces et quand les écrivains de Quatre-vingt Dix-huit marchèrent sur les chemins et la terre de la péninsule, ils se détournèrent d'elle, et ne jugèrent pas digne de leurs talents de défendre sa cause. Depuis toujours, offrant ses fils au pays, petits almerienses aux visages terreux, les cheveux noirs et le regard brillant, vêtus, sans aucun doute, des mêmes vêtements usés que leur descendants actuels... Ils ne furent jamais de grands conquérants comme les Castillans ou les Extremaduriens, navigants intrépides comme les Galiciens ou les Basques, ni commerçants de fortune comme les Sévillans ou les Catalans. Son apport fut presque toujours anonyme. Ils furent les rameurs silencieux des galons, la troupe souffrante des armées, la main d'oeuvre obscure vivant dans l'abnégation. Et si Almería figure peu dans les manuels d'Histoire, là où, de par le monde, un jour ou l'autre, les espagnols posèrent le pied, les fosses communes contiennent un bon pourcentage d 'almerienses. »

Juan Goytisolo, 1960, Campos de Nijar.

a. Les systèmes agraires mis en place par les Arabes (avant 1492)

Almería fut peuplée et occupée par les Phéniciens, entretint des relations amicales avec les Grecs, puis fut colonisée par les Carthaginois et les Romains, les Vandales, les Wisigoths et les Byzantins. Cependant c'est la civilisation islamique, avec huit siècles de présence dans la province, qui exerça l'influence la plus importante. Au début du 8ème siècle, les Arabes -principalement des Yéménites- et les Berbères arrivent sur le territoire d'Almeria et commencent à développer une agriculture qui modifia substantiellement le paysage. Pechina est alors la capitale de la province. En 955, la ville d'Almeria qui jusqu'alors, avait été un quartier portuaire de Pechina est officiellement créée sous le nom de Al Mariyyat Bayyana, avec la création d'une forteresse destinée à résister aux attaques venant de la mer : l'Alcazaba. La nouvelle cité deviendra le principal port du califat de Cordoue et elle développera un important commerce avec la Méditerranée Orientale et l'Afrique du Nord.

Les terres agricoles sont organisées en auréoles concentriques autour des villages. Les zones les plus importantes sont les vegas, c'est-à-dire les zones irriguées, situées sur les

plaines ou cônes alluviaux, de petite surface et très intensives en travail, et les zones aménagées en terrasse plus proche de la sierra.

Les jardins irrigués constituent la première auréole, proche des habitations. On y cultive le mûrier, l'olivier, l'amandier, l'oranger, la vigne, le lin et des produits horticoles... La cafia, graminées de 3 à 4 mètres de haut est utilisée pour protéger les parcelles du vent, et garde cette fonction jusqu'à l'arrivée des serres dans la zone.

Les terres labourables irriguées : on y cultive des céréales, blé et orge, du lin, associés avec des produits horticoles et des arbres (mûriers, palmiers, orangers, citronniers, poirier, pommiers). Le travail du sol est effectué à l'aide d'un araire tiré par des boeufs ou des ânes.

Les terrasses sont utilisées pour la culture de céréales en association avec de l'arboriculture, oliviers et figuiers. Les terrasses sont construites de manière à retenir l'eau.

Les terres cultivées non irriguées produisent très peu : on y cultive dans les zones de bas-fond de l'orge et quelques arbres, par exemple l'amandier. Les récoltes sont aléatoires à cause de la rareté des pluies (on peut récolter une année sur deux ou trois), les friches sont très longues et on utilise le feu pour augmenter la fertilité du sol et se débarrasser des mauvaises herbes. On cultive aussi la barrilla sur les friches ou sur les céréales mortes, cette plante, qui apprécie les milieux salins, produit une sorte de soude utilisée dans la fabrication de savon.

Le reste des terres constitue la plus grande surface : ce sont des espaces incultes, utilisés comme pâturage, et pour la collecte de l'esparto, plante spontanée, qui sert à la fabrication de cordes, et qui a permis durant des siècles la survie des habitants les plus pauvres.

L'élevage de brebis et de chèvres est transhumant, entre la plaine côtière et la sierra.

La province d'Almeria est déficitaire en céréales et doit en importer. Les paysans se livrent généralement également à des activités de petit artisanat, à partir de la soie, du lin, de la laine. L'unité administrative est le « taha ». La terre est propriété éminente du taha et un droit d'utilisation est accordé à celui qui la travaille. L'eau est liée à la terre, elle est un droit pour l'agriculteur. Les parcelles sont très dispersées.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote