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Diagnostic agraire du Bajo Andarax, Almería (Agriculture intensive sous serre et travail des immigrés)

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par Sarah Dauvergne
AgroParisTech - DAA 2007
  

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d. Le 19ème siècle

On arrive au 1 9ème siècle avec des systèmes de production qui ressemblent beaucoup à ceux qu'ont laissé les arabes. L'espace est toujours divisé entre les huertas, les terres irriguées, les terrasses et les terres non irriguées. La chute du commerce de la soie et la soude industrielle prive la région d'activités rémunératrices, mais on assiste à une explosion de l'activité minière.

La Desamortizaci6n provoque la création de latifundios, de manière très relative toutefois car la région étant très aride, et les seules terres d'intérêts étant les terres irriguées, les terres de l'Eglise et les terres communales mises en vente sont de très petites surfaces.

Les changements techniques de l'époque, rotation biennale avec culture de légumineuse à la place de la jachère, ne se généralisent pas, sans doute du fait de la structure

en latifundios/minifundios. La révolution des transports avec l'utilisation de la vapeur va permettre l'exportation du raisin.

La côte, qui avait été désertée à cause des attaques de pirates, se repeuple. Dans les terres hautes restent les journaliers, qui se tournent vers l'activité minière ou émigrent, et les petits propriétaires.

e.

Début du 20ème siècle : une des provinces les plus pauvres d'Espagne

Deux activités permettent la naissance d'une bourgeoisie à Almería : l'exportation du raisin et l'activité minière, mais la grande partie de la population, travailleurs agricoles ou mineurs vivent dans une très grande pauvreté, ce qui provoque une forte émigration en Algérie et en Amérique.

La province d'Almeria est l'une des plus pauvres d'Espagne, elle est considérée comme étant très « en retard » par rapport au reste de l'Espagne. L'absence d'industrie n'est pas compensée par l'activité agricole.

La Guerre Civile, notamment le bombardement de la ville par les Allemands, laisse de profondes blessures. L'après-guerre est particulièrement dur, et à partir des années cinquante la province vit une authentique saignée démographique. Des milliers de personnes émigrent en Catalogne, en France et en Allemagne.

f. Les politiques de colonisation des gouvernements Franco

En 1956, avec le changement qui se produit dans la politique espagnole, l'ouverture sur le commerce international et la fin de l'interventionnisme du primer franquismo, s'initie à travers l'Instituto Nacional de Colonizaciôn (INC) une politique de colonisation des Campos de Dalias (El Ejido) et Campos de Nijar. L'action de l'INC consiste principalement dans l'installation d'infrastructure d'irrigation, transformant des milliers d'hectare en terres propices à la culture des fruits et légumes et l'installation facilitée de colons par des dons de bétail et une politique de logement. Les latifundistes qui ne mettent pas en culture les terres sont expropriés. C'est un revirement complet de la politique agricole de Franco.

Différentes lois et décrets permettent ce changement, alliés au travail très important de l'INC. Les objectifs principaux de cette politique sont l'augmentation de la productivité et l'intensification en travail des systèmes de production, afin de créer une base sociale paysanne et de diminuer l'exode rural.

L'intervention de l'Etat s'est focalisée sur le Campos de Dalias et de Nijar, situés à une trentaine de kilomètres, et n'a pas agit directement sur la zone étudiée, à part pour le financement de prêt privé aux propriétaires et aux producteurs mais on peut penser qu'elle a influencée grandement l'histoire de la zone.

La Loi de Base du 26 décembre 1939 pour la colonisation de grandes zones. L'introduction de cette loi est une déclaration de principe :

« La doctrine politique du Nouveau Etat signale par des jalons précis l'orientation de la Réforme Agraire.

Le premier pas, ainsi que le signale de nombreux textes de José Antonio et du Caudillo, est la colonisation de grandes zones du territoire national, spécialement celles qui soumises par l'eau, attendent depuis des années l'irrigation qui permettra de féconder les

terres. Non seulement les intérêts, parfois légitimes et respectable, du capitalisme rural, mais aussi d'autres bâtards, en se protégeant dans l 'Etat libéral et parlementaire, ont retardé durant des décennies la transformation la plus révolutionnaire qui se peut faire sur ce sol, l'irrigation, empêchant la réalisation d'immenses bénéfices économiques et sociales pour la Nation entière.

La clameur des combattants, du peuple, et du sang versé pour les idéaux de la nouvelle révolution, exigent que nous dépassions les obstacles qui s'opposent à nous, et la collaboration des différents intérêts pour permettre à un rythme accéléré la colonisation des grandes zones irrigables de marais et la réalisation d'autres travaux de hauts intérêt national sur les terres sèches, afin d'augmenter le productivité du sol espagnol et la création de milliers de lots familiaux où la paysannerie libre emploiera cette liberté à soutenir, et à défendre celle de la Patrie, contribuant par son travail à sa grandeur. »

Cette première loi ne remet pas en cause la propriété privée. En effet, le régime franquiste s'est largement appuyé sur les latifundistes pendant la guerre civile. Mais il y a tout de même l'idée de favoriser les métayers et les journaliers en augmentant la productivité grâce à l'irrigation, et ainsi augmenter la nécessité de main-d'oeuvre sur ces terres, afin de diminuer le chômage agricole. Certains pensent que l'irrigation dissoudra spontanément la grande propriété. Si il ne s'agit pas encore d'exproprier les grands propriétaires, il y a une reconnaissance du fait que le manque d'investissement des latifundistes, qui préfèrent ne pas prendre de risque et qui profitent des salaires agricoles extrêmement faibles pour ne pas moderniser l'agriculture, est préjudiciable à l'intérêt général.

Cette loi part du principe que l'initiative privée permettra les changements et les investissements nécessaires.

Loi du 20 novembre 1940 de Colonisation d'intérêt local. Cette loi, qui vient dans la suite de la précédente, aide les propriétaires à améliorer la productivité des terres, par l'installation de système d'irrigation.

Mais ces différentes lois n'ont pas l'effet escompté, ou du moins pas assez rapidement, l'idée que l'initiative privée sera à la base de la transformation qui s'annonce, et qu'elle se fera en respectant la propriété privée des latifundistes s'effrite. C'est à ce moment que l'INC, vecteur de l'intervention étatique, va réellement prendre de l'importance.

Décret du 23 juin 1942 : l'INC peut acquérir des terres agricoles avec un objectif de parcellisation. Décret du 5 juillet 1944 : l'INC peut acheter et parcelliser les terres. On réalise une « colonisation directe pour servir d'exemple ». La Loi du 27 avril 1946, sur l'expropriation inévitable de terres agricoles, est une révision de la Loi de Base.

Loi du 21 avril 1949 : intervention de l'Etat, colonisation des zones irrigables et distribution de la propriété dans les zones irrigables, appui à l'action de l'INC. On abandonne la Loi de Base de 1939, et on cesse de protéger la propriété privée au nom de « fin sociale supérieure ». Comme l'initiative privée n'est pas un moteur assez puissant pour permettre les investissements, cette loi augmente l'importance de l'INC.

L'INC va donc mettre en place des projets :

* Le Plan Général de Colonisation permet à l'INC de transformer les terres sèches en terres irriguées si le propriétaire ne le fait pas lui-même et d'y installer des colons.

* Le Plan de Travaux allie le ministère de l'Agriculture et le ministère des Travaux Publics pour la construction des infrastructures nécessaires : installation électriques, puits, habitations et bâtiments agricoles, habitations pour les commerçants et les artisans.

* Le Projet de Parcellisation permet l'expropriation des grands propriétaires à moins qu'ils installent eux-mêmes le plus grand nombre de colons sur leurs terres.

Les terres sont classées en trois groupes :

* La réserve : Terres laissées aux propriétaires à condition qu'ils les cultivent eux- mêmes ou qu'ils y installent des métayers. La surface dépend du nombre de membres de la famille.

* Les terres en excès : Les terres améliorables expropriées pour faire des lots familiaux.

* L'exception : les terres qui, déjà irriguées atteignent les objectifs de productivité de l'INC ou les terres qui ne peuvent pas être irriguées.

Si 5 ans après l'installation de structures d'irrigation, les objectifs de productivité ne sont pas atteints, les terres sont expropriées.

En ce qui concerne les colons, on leur donne du bétail, du matériel, et une habitation qu'ils doivent rembourser au bout d'un certain temps.

Le nombre de colons installés par l'INC est assez faible en comparaison du mouvement migratoire qui a lieu au début des années 1960. Les grands propriétaires, poussés par la menace de l'expropriation, font finalement les investissements nécessaires et de nombreux métayers se sont installés sur ces terres. Beaucoup de propriétaires ont finalement vendus leur terre aux métayers, à un prix bien supérieur au coût d'installation des structures d'irrigation et très supérieur aux indemnisations de l'INC.

g. La fin du 20ème siècle : un renouveau basé sur l'agriculture intensive

Les latifundios d'Andalousie orientale ne sont pas comparables avec ceux d'Andalousie occidentale. Les terres, dès lors qu'elles ne sont pas irriguées, ont peu de valeurs. Les minifundios se sont concentrés sur les terres irriguées alors que les latifundios s'étendent sur des hectares de terres désertiques. Les grands propriétaires ont adopté un mode de vie urbain et, peu à peu, se désintéressent des activités agricoles. La culture du raisin, fortement concurrencée, disparaît. Des migrations continuent des zones de montagnes vers la côte, et vers d'autres régions d'Espagne et d'autres pays d'Europe.

La fin du siècle voit le renouveau d'une prospérité basée sur l'agriculture intensive sous serre et sur le tourisme. Le succès agricole a permis le développement de l'industrie et du secteur tertiaire. Le développement de la province d'Almeria, région enclavée et généralement oubliée, est perçu comme miraculeux. Voilà comment le décrivent Fernández Lavandera et Pizarro Checa en 1981 : « ...la seconde moitié du siècle nous a habitué aux miracles (...). Mais voilà le cas d'Almerta qui, contre les nouvelles lois économiques et sociales, s'est développée de manière spectaculaire, précisément grâce à l'agriculture ; fait si singulier qu'on ne peut le qualifier seulement de miracle .
· c'est le miracle du miracle.
» Beaucoup pressentent qu'un tel développement économique s'accompagne d'une grande fragilité.

Des études historiques écartent cette vision miraculeuse et essayent d'expliquer ce changement dans l'économie d'Almeria. Les facteurs historiques mis en jeu, autres que techniques, économiques et politiques, peuvent être la présence d'une paysannerie

méditerranéenne avec une ancienne culture de l'irrigation et le précédent d'autres cycles de production agricole orientée vers le marché extérieur.

Au cours des dernières années, Almería s'est convertie en Terre promise pour des milliers d'immigrants d'Afrique du Nord et d'Europe de l'Est venus à la recherche d'une vie meilleure.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon