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L'émergence d'une culture des droits de l'homme au Cameroun

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par Cyrille APALA MOIFFO
Université de Nantes - Diplôme d'Université de 3è cycle en Droits Fondamentaux 2005
  

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Paragraphe 1 : La fin de la guerre froide

Tout le temps qu'a duré la guerre froide, les Etats occidentaux n'ont pas trouvé à redire sur les dictatures africaines et se sont même accommodés des multiples violations des droits de l'homme sur le continent. En raison de la division du monde en deux blocs idéologiques (le socialisme et le capitalisme d'inspiration libérale), les Etats occidentaux préfèrent garder un mutisme face aux nombreuses dérives autoritaires des dirigeants africains, afin de conserver sur eux toute leur influence et éviter ainsi le basculement vers le camp adverse.

La chute du mur de Berlin en novembre 1989 scelle définitivement le sort du socialisme dont la décadence a commencé avec la « perestroïka » prônée par GORBATCHEV5(*), et ouvre une nouvelle ère marquée par la fin de la guerre froide entre l'ex-URSS et les Etats-Unis.

Ce bouleversement radical dans la marche du monde a pour effet de changer les conceptions occidentales à l'égard des régimes africains, qui devront désormais se mettre à l'école de la démocratie occidentale et du capitalisme érigés en système mondial.

Ce processus est la résultante du vent de démocratisation venu de l'Est (A) relayé par le discours de La Baule (B).

A- Le vent de démocratisation venu de l'Est

La vague libérale dans l'ex-Union soviétique6(*) diffusée dans ses satellites de l'Europe centrale et orientale au cours de l'année 1989, s'introduit en Afrique d'abord sous la forme de l'effondrement des régimes qui lui sont alliés7(*) et exerce ensuite un effet d'entraînement partout ailleurs en incitant au démantèlement des dictatures.

C'est donc à la faveur du « vent d'Est » qui a soufflé sur les dictatures que les pays de l'Afrique sub-saharienne, dont le Cameroun, ont pris le chemin de la libéralisation politique au début des années 1990.

Même si le discours officiel au Cameroun à ce sujet soutient avec insistance que la démocratisation avait été amorcée bien avant cette date et en dehors de toute contrainte extérieure ou interne, force est de constater que huit ans après le retrait du président AHIDJO8(*), le monolithisme politique était toujours maintenu, les droits et libertés des citoyens étroitement encadrés et la séparation des pouvoirs un mythe.

Il faut donc attendre les années 1990 pour voir l'étau liberticide se desserrer, le multipartisme réhabilité et la démocratie9(*) s'installer, conformément aux recommandations du Sommet de La Baule.

B- Le discours de La Baule

Le positionnement du capitalisme et du libéralisme dans un monde désormais unipolaire amène les Etats du Nord à donner une nouvelle orientation à leur coopération avec ceux du Sud. C'est notamment le cas de la France vis-à-vis des pays francophones d'Afrique, dont le président MITTERRAND énonçait les principes lors du 16ème Sommet franco-africain de La Baule (20-21 juin 1990).

A cette occasion il déclare que « l'augmentation de l'aide aux pays africains dépendra en grande partie des progrès dans le domaine de la démocratisation » et poursuit en disant que l'aide française sera plus « tiède face aux régimes qui se comporteraient de façon autoritaire », tandis qu'elle sera plus « enthousiaste envers ceux qui franchiront avec courage le pas de la démocratisation »10(*). Le Président MITERRAND poursuit en disant que la démocratie, « c'est un principe universel qui vient d'apparaître aux peuples de l'Europe centrale comme une évidence absolue au point qu'en l'espace de quelques semaines, les régimes considérés comme les plus forts ont été bouleversés ».

Ce ton ferme du sommet de La Baule, bien qu'ayant suscité inquiétudes et angoisses chez les dirigeants africains11(*), a été un facteur déterminant pour leur engagement sur la voie de l'instauration des Etats de droit. Selon ABDOU DIOUF, en effet, « il n'y a pas trente six chemins vers la démocratie. Il faut un Etat, il faut le développement et il faut l'apprentissage des libertés »12(*).

De toute évidence, en tant que membre de la communauté des Etats francophones d'Afrique, le Cameroun a lui aussi été marqué par les stigmates de cette nouvelle ère, qui oblige désormais les gouvernants à composer avec les citoyens, en mettant un accent sur la participation de ces derniers à la vie publique et sur le nécessaire respect de leurs droits et libertés fondamentaux.

Il importe aussi de souligner l'apport des organisations internationales à la réalisation de cet objectif.

* 5 N'GBANDA NZAMBO-KO-ATUMBA (H), Afrique : démocratie piégée, Condé-sur-Noireau, Equilibres Aujourd'hui, 1994, p. 87. Il souligne que dans l'entendement de son initiateur, la philosophie de la perestroïka consiste essentiellement en une rationalisation et une rentabilisation du système socialiste dans l'optique de pouvoir lui rendre toute sa performance et gagner la guerre froide qui l'opposait aux Etats-Unis et à leurs alliés.

* 6 Cette vague libérale est le fait de la perestroïka (restructuration) et de la glasnost (transparence) initiées par Mikhaïl GORBATCHEV en 1985, dont les résultats ont produit l'effet contraire escompté, entraînant l'exacerbation des nationalismes dans l'ex-URSS et la chute du socialisme.

* 7 Ce sont le Bénin, le Congo (Brazzaville), l'Ethiopie, la Somalie. N'GBANDA NZAMBO-KO-ATUMBA (H), op. cit, p. 87.

* 8 AHMADOU AHIDJO a été le premier Président de la République du Cameroun (1960-1982).

* 9 L'année 1990 voit en effet l'Assemblée nationale voter, sous l'impulsion du gouvernement, une série de lois sur les libertés.

* 10 N'GBANDA NZAMBO-KO-ATUMBA (H), op. cit, p. 89.

* 11 Ces inquiétudes se sont exprimées au lendemain du Sommet de La Baule, lors du 26ème Sommet de l'OUA (9-11 juillet 1990). Dans la déclaration finale, tout en s'engageant à démocratiser leurs sociétés et à consolider les institutions démocratiques, les Chefs d'Etat et de gouvernement exprimaient leurs inquiétudes quant à la tendance qui vise à imposer de nouvelles conditions de nature politique pour l'assistance.

* 12 Le Sénégal dont ABDOU DIOUF était le président, est l'un des premiers pays africains à s'être engagé sur la voie de la libéralisation de la vie politique, et ceci, avant même que ne souffle le « vent d'Est ». En effet, après le retrait volontaire du président Senghor, le multipartisme y a été instauré et les élections pluralistes organisées.

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