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Analyse du contrôle interne au sein d'une institution de microfinance


par Espoir SADIKI KAMANDA
Institut Supérieur de commerce de Goma ( ISC - Goma)
Traductions: Original: fr Source:

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II.7 Notions sur le Crédit Coopératif20(*)

Le crédit coopératif a une histoire. Nous présentons à la première section son aperçu historique. Dans la deuxième section nous dégageons ses objectifs. La troisième section est consacrée à la forme de crédit octroyé et la quatrième section décrit son rôle social et économique, et précise le devoir de l'Etat à son sujet.

II.7.1 Aperçu historique du crédit coopératif

Les premières formes des coopératives d'épargne et de crédit sont nées, comme l'affirme Kikassa en Allemagne au XIXè siècle. Ce fut au moment où les efforts d'industrialisation de l'Europe faisaient des victimes parmi la nombreuse population salariée dans les villes, dans les mines de charbon et de fer. Mal payés, les ouvriers et les petits fonctionnaires avaient beaucoup de difficultés et ne parvenaient à atteindre la fin du mois qu'à force d'ingéniosité.

La sécurité sociale n'existant pas et les banques subordonnant à des garanties fort coûteuses tout octroi de crédit, cette catégorie de personnes ne pouvait obtenir de crédit qu'en recourant au service des usuriers à qui elle payait des taux d'intérêts très élevés.

Aussi, pour lui venir en aide, H. Schulze en 1849 et F. W. Raiffeisen en 1862 ont-ils créé des coopératives permettant aux pauvres de mettre ensemble leurs économies pour avoir un crédit plus facile et moins cher. Le professeur P. Lamber rapporte que déjà pendant l'hiver 1846-1847, Raiffeisen avait mis en oeuvre une action sociale en suscitant une association de philanthropes qui acheta de la farine et dirigea une boulangerie de manière à faire baisser le prix du pain dans la région.

Les actions de Raiffeisen se répandirent très vite en Allemagne. On parle même actuellement du « Raiffeisenisme ». Elles poussèrent d'autres pays d'Europe, non seulement à les adopter, mais aussi à créer l'Union Internationale Raiffeisen. Le mouvement s'étendit en Autriche, en France, en Italie (sous l'impulsion de l'abbé Melleart). En 1900, l'Europe comptait déjà quelque 8.000 sociétés coopératives d'épargne et de crédit.

De l'Europe, le mouvement gagna en 1900 le Canada où Alphonse Desjardins fonde la première caisse populaire à Lévis en Québec.

En 1906, une loi votée par le gouvernement provincial sanctionne cette création. Le but du fondateur est d'améliorer le sort des classes laborieuses en leur inculquant les vertus d'économie et de prévoyance, en leur fournissant l'opportunité de crédit nécessaire à leur relèvement économique. Le mouvement Desjardins, conçu comme une synthèse originale de différents modèles d'institutions d'épargne et de crédit européennes, se développa très rapidement à travers le pays. « En 1910, on comptait 91 caisses en opération ; en 1930, leur nombre atteignait 172. Malgré la crise économique des années 1930-1939 qui a ralenti leur rythme de développement, les caisses populaires Desjardains se chiffraient à 1.084 en 1950.

Au 31 décembre 1976, les 1.245 caisses populaires, propriété de plus de 3 millions et demi de membres possédaient 6 milliards de dollars d'épargne dont la moitié est prêtée à plus de 700.000 membres. Depuis 1963, ces coopératives sont régies par une loi propre ».

Du Canada, les coopératives d'épargne et de crédit gagnent l'Australie, les Etats-Unis d'Amérique et l'Afrique.

Donnant les statistiques de coopératives de crédit dans le monde, l' "International Credit Union Yearbook 1973 " indique qu'il existait en 1972 en Australie 1.037 coopératives qui totalisaient 5.811.721 membres et une épargne évaluée à 5.137.740.689 dollars. Aux Etats-Unis d'Amérique, il y avait 23.260 coopératives regroupant 23920314 membres avec une épargne de plus de 21 milliards.

En Afrique, les associations d'épargne et de crédit prennent différentes dénominations. Cependant, qu'il s'agisse des Caisses populaires d'épargne et de crédit, des caisses rurales d'épargne et de crédit ou de prêt, comme en Côte d'Ivoire, les coopératives d'épargne et de crédit, des banques populaires comme au Rwanda, des coopératives de crédit mutuel, ou caisse de crédit mutuel, ou mutuelle de crédit, elles poursuivent toutes le même objectif : regrouper les gens d'une même communauté qui veulent mettre ensemble leurs économies et les gérer ensemble. C'est ce qui justifie les vocables de "populaires" ou 'rurales" qui les qualifient. Elles y ont été introduites vers 1946 par les missionnaires à partir de leurs diocèses.

Les pays anglophones ont été les premiers à être sensibilisés à ce phénomène. La première caisse populaire fut fondée, en effet, en 1948 à Kampala, en Ouganda par un groupe d'enseignants réunis autour d'Emmanuel Kibirige, un prêtre Ougandais. D'autres pays suivirent le mouvement : la Tanzanie en 1950 ; le Nigeria à Kala bar, en 1953 ; le Ghana à Yirapa, en 1955 ; l'Ile Maurice à Port-Louis, en 1960 ; le Lesotho à Rome, en 1961 ; le Malawi à Ngwono, en 1962 ; le Cameroun anglophone d'abord à Njinikom, en 1963, grâce au Rév. Père Jansen, puis à Nso par le Rév. Père Barnicle.

Au Cameroun francophone, la première caisse populaire est créée le 1er août 1971, par Mgr. Jean Zoa, archevêque de Yaoundé, revenu d'un voyage d'études au Canada. Le Kenya en 1964 ; le Liberia à Monrovia, en 1965 ; la Zambi à Mbala, en 1967 ; le Togo à Kunuyowu, en 1968 par le Pasteur J. Winter.

Leur développement fut extrêmement rapide. Car en 1970, sur un total mondial de 79.206 caisses populaires, on en dénombrait 1.795 en Afrique. En 1977, il y avait déjà 9.331 caisses populaires regroupant 1.133.910 adhérents avec une épargne de 17 milliards de francs CFA. Depuis lors, le nombre de ces coopératives n'a cessé d'augmenter.

A la sixième conférence africaine sur la mobilisation des épargnes, tenue au Lesotho en 1968, les participants décidèrent de former une association africaine dénommé « Association des Coopératives d'Epargne et de Crédit en Afrique » (ACECA). En septembre de la même année, se tint à Nairobi la conférence constitutive de l'ACECA.

Le but en est d'aider les associations nationales membres à organiser la mobilisation des ressources locales... et d'institutionnaliser l'épargne et le crédit aux fins de développement économique et social. Lors de son assemblée générale d'août 1969, l'ACECA élit son siège à Nairobi au Kenya et son bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest à Lomé au Togo.

Elle regroupe déjà plus de 24 pays membres. Elle est affiliée au « Conseil Mondial des Coopératives d'Epargne et de Crédit » qui, créé en 1970 à Washnington comprend 7 associations régionales membres. L'ACECA bénéficie du soutien financier de l'Agence Canadienne de Développement International (ACDI) et de l'aide technique et morale de la « NATIONAL Association of Canada Crédit Union (NACCU) » Association Canadienne des Caisses de Crédit. Les associations membres contribuent à son budget par des cotisations annuelles fixées à 8 % de l'épargne totale des coopératives de crédit fonctionnant dans le pays.

* 20. S. MPEREBOYE Mpere seblon, cours d'économie monétaire générale, cours inédit L2 ISC Goma, 2007-2008

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