WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Organisation du dispositif RMI et impact sur le parcours d'insertion professionnelle des allocataires RMI. Quels sont les freins institutionnels qui influent sur les parcours d'insertion ?

( Télécharger le fichier original )
par Dominique BOURIEZ
Université de Lille III - Master Sciences Humaines et Sociales, option Conseil en développement des compétences et valorisation des acquis ( CDVA) 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2 - La pauvreté en tant que construction sociale et stigmate

Pour G.Simmel (Les pauvres, 1998), le pauvre ne le devient que si la société le reconnaît en tant que tel « c'est à partir du moment où ils sont assistés, peut être même lorsque leur situation pourrait normalement donner droit à l'assistance, même si elle n'a pas encore été octroyée, qu'ils deviennent partie d'une groupe caractérisé par la pauvreté. Ce groupe ne reste pas unifié par l'interaction entre ses membres, mais par l'attitude collective que la société comme totalité apporte à son égard. Par conséquent la société ne peut être définie (...) que par rapport à la réaction sociale qui résulte d'une situation spécifique ».

La pauvreté est donc construite socialement et se structure différemment selon les sociétés dans laquelle elle se trouve. Elle est relative au niveau de vie de l'ensemble de la société.

Les personnes pauvres contraintes de solliciter les services sociaux, sont de suite stigmatisées.

1 INSEE : Indicateurs de pauvreté

2 Niveau de vie : quantité de biens et services dont dispose un individu ou une famille, que ces biens ou services soient achetés ou mis à disposition gratuitement.

3 Unité de consommation : permet de tenir compte du nombre de personne vivant dans le ménage. Le premier adulte compte pour une Unité de consommation, les autres pour une demi-unité de consommation. Une partie des dépenses sont communes. Un enfant de moins de 15 ans compte pour 0,3 unité de consommation.

Cela entraîne une altération de leur identité sociale au sein de la collectivité et modifie ses rapports avec autrui. Avec le sentiment d'être à la charge de la société, s'ajoute celui d'être socialement dévalorisé (et défavorisé).

Selon l'étude de P.Concialdi (op, pp3-4), il existe deux types de trajectoires de vie chez les pauvres :

Les trajectoires problématiques, avec une pauvreté persistante, un voisinage persistant et des sorties temporaires ou des trajectoires descendantes.

Les trajectoires non problématiques sont liées à des situations transitionnelles. Pourtant Concialdi précise que 77% des personnes en situation de pauvreté sont dans la perspective n°1.

La personne pauvre à tendance à se replier sur elle-même, à réduire ses relations avec l'extérieur, et par conséquent à réduire son réseau. Cette exclusion s'effectue progressivement, en fonction des situations de ruptures, des difficultés rencontrées : plus les difficultés sont grandes, plus le repli et le sentiment d'exclusion augmente.

A la stigmatisation4 sociale, rappelée sans cesse par autrui et les institutions (démarches spécifiques, tarifs spécifiques...), s'ajoute la stigmatisation économique. La personne pauvre n'est pas qu'une personne désargentée, c'est aussi un individu marginalisé, rejeté, et cela se voit d'autant plus dans le cadre de l'insertion professionnelle.

3 -Comment se traduit cette stigmatisation ?

Le RMI se situe bien souvent en dessous du seuil de pauvreté (relative). Cela a des conséquences sur la vie quotidienne des individus.

Les professionnels constatent qu'il est très difficile pour les allocataires du RMI d'ouvrir un compte bancaire, d'assumer des dépenses extra scolaires, d'obtenir un prêt ou encore de se nourrir après le 15 de chaque mois. Cet enfermement économique a des conséquences non négligeables sur la vie sociale.

Tantôt accusés de « faux chômeurs », de tomber dans la « trappe à inactivité », ou considérés comme les victimes du système, les allocataires du RMI rencontrent de véritables difficultés sociales :

- un repli sur soi qui entraîne une exclusion de la vie sociale, et une réduction de leur

réseau.

- Des difficultés d'intégration du monde du travail, car considérés non plus comme

des travailleurs potentiels avec des compétences, mais comme des assistés auxquels il faut tendre la main.

- Une renonciation à la santé, à l'aide juridictionnelle

- Une peur de l'institution qui les contraint à se justifier de leur statut de pauvre.

Une mise en accusation constante des politiques, des institutions et d'autrui les conduit à se mettre en situation d'échec ou d'abandon de projet comme le rappelle Serge Ebersold qui montre que les individus se trouvent invalidés et sont considérés tels des « handicapés sociaux ».

4 Le stigmate, selon Goffman : l'individu est dit stigmatisé lorsqu'il présente un attribut qui le disqualifie lors de ses interactions avec autrui. « Cet attribut constitue un écart par rapport aux attentes normatives des autres à propos de son identité » (Nizet, J et Rigaux N, la sociologie de Erwing Goffman, p 26, Paris, 2005).

R. Castel montre que cette invalidation est due aux transformations économiques et sociales engendrées par la mondialisation et à cause de l'effondrement de la société salariale, alors que d'autres tendent à pointer du doigt l'incompétence des individus et leur incapacité « à participer aux processus interrelationnels qui fondent les liens sociaux, à communiquer positivement et à négocier leurs compétences et leurs valeurs » (Ebersold, S., La naissance de l'inemployable ou l'insertion aux risques de l'exclusion, Presses Universitaires de Rennes, Paris, 2001, p 18).

Que l'on se situe sur une approche macro ou une approche micro, la conséquence principale de ces défaillances est l'inemployabilité supposée ou réelle des allocataires du RMI, plus ou moins accentuée par des difficultés d'insertion sociale à divers degrés.

Une telle stigmatisation les marginalisent et les accusent de leur incapacité à être dans la normalité.

Elle n'est pourtant pas sans conséquences sur le comportement des individus. Dans l'article du CREDOC, Retour à l'autonomie des bénéficiaires du RMI, un chemin parsemé d'obstacle, D. Chauffant et E. David nous montrent combien il est difficile pour les allocataires du RMI de retrouver la confiance en soi, moteur principal de l'insertion sociale et professionnelle. Cette perte de confiance signe un repli de la personne sur soi, une désocialisation par l'amenuisement du réseau social et professionnel, et une aggravation de la précarité de la personne.

Cette stigmatisation sociale, mais surtout institutionnelle nous mène à une question essentielle dans notre travail de réflexion : quel rôle joue l'institution, au travers le dispositif RMI, dans la précarisation des personnes qui y sont inscrites ?

L'exclusion est-elle alors conséquente de la précarisation ?

C'est ce dont nous allons traiter dans la prochaine partie, afin de comprendre quel est le concept de l'exclusion, à quoi nous pouvons le rattacher, et ce que signifie être exclu.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius