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Gestion rationnelle des produits alimentaires pour la prise en charge de la malnutrition sévère cas de l'hopital pédiatrique de Lwiro

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par Jerome FAZILI SEKELE
ULB - Licence 1997
  

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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES

FACULTE DE MEDECINE

ECOLE DE SANTE PUBLIQUE

GESTION RATIONNELLE DES PRODUITS ALIMENTAIRES POUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION SEVERE

CAS DE L'HÔPITAL PÉDIATRIQUE DE LWIRO

Jérôme FAZILI SEKELE

Travail présenté en vue de l'obtention du titre de Licencié en Sciences de la Santé Publique - Gestion des Institutions des soins.

DIRECTEURS :

Professeur Philippe HENNART

Professeur Michèle DRAMAIX

Docteur Daniel BRASSEUR.

ANNEE ACADEMIQUE : 1996-1997

Je dédie ce travail à ma femme Noëlle Namwangu et à mes enfants :

Sandra Wabiwa,

Espoir Mubyukya,

Sophie Tabaye,..

en témoignage de ma profonde tendresse.

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier Monsieur le Professeur Philippe Hennart d'avoir financé mes études et de m'avoir orienté vers les sciences de la santé publique. Je le remercie aussi, en même temps que Madame le Professeur Michèle Dramaix et Monsieur le Docteur Daniel Brasseur pour leurs conseils éclairés dès le commencement jusqu'à la finition de ce travail

C'est en bénéficiant de l'encadrement scientifique et du soutien moral des membres de l'équipe CEMUBAC à Bruxelles que j'ai été réconforté pour aborder un tel sujet si complexe. Je les remercie pour le soutien apporté et l'amitié qu'ils m'ont toujours témoignée. Je pense ici à Alain Wodon, Marc Willeput, Paluku Bahwere, Philippe Donnen et Nathalie Moreau.

Ma reconnaissance s'adresse également à mon confrère Wakilongo qui a pris soins de rassembler les données qui m'ont permis de réaliser ce travail.

Enfin, durant mon séjour en Belgique, j'ai échappé à la fatale solitude caractéristique des pays développés grâce à la présence ininterrompue d'Anne et Alain , Esther et Lambert, Antoinette et Léonide, Adèle et Franck, Rachel et Abdon,...

TABLE DES MATIERES

CHAPITRE I. LA GESTION DES MEDICAMENTS ET PRODUITS 3

I.1 LA SÉLECTION DES MÉDICAMENTS 3

I.2 LA QUANTIFICATION DES BESOINS 4

I.2.1 LA MÉTHODE FONDÉE SUR LA MORBIDITÉ ET LE TRAITEMENT TYPE 4

I.2.2 LA MÉTHODE DE LA CONSOMMATION CORRIGÉE 5

I.2.3 CHOIX DE LA MÉTHODE 6

I.2.4 ADAPTATION DES QUANTITÉS AU BUDGET DISPONIBLE 6

I.3 L'APPROVISIONNEMENT 8

I.3.1 POLITIQUES D'APPROVISIONNEMENT 8

I.3.2 LE DÉLAI DE RÉAPPROVISIONNEMENT 10

I.3.3 LE STOCK DE SÉCURITÉ 10

I.3.4 LES QUANTITÉS À COMMANDER 11

I.4 LE SUIVI DU STOCK 12

I.5 LA CONSERVATION DES MÉDICAMENTS 13

I.5.1 CLASSEMENT DES MÉDICAMENTS 13

I.5.2 LE CONTRÔLE QUALITATIF 13

CHAPITRE II. ETUDE DE SITUATION : LA GESTION DES PRODUITS ALIMENTAIRES A L'HÔPITAL PEDIATRIQUE DE LWIRO. 14

II.1 PRINCIPE DE PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION SÉVÈRE 14

II.2 L'HÔPITAL PÉDIATRIQUE DE LWIRO 15

II.3 LA GESTION DES STOCKS ALIMENTAIRES ET LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION SÉVÈRE À L'HPL. 16

II.3.1 APPROVISIONNEMENT 16

II.3.2 SUIVI DES STOCKS 17

II.3.3 LA CONSERVATION DES PRODUITS 18

II.3.4 LE CALCUL DES RÉGIMES 18

II.3.5 LA PRÉPARATION DES REPAS 19

II.3.6 SURVEILLANCE DE LA CONSOMMATION 19

II.3.7 EVALUATION DE LA COUVERTURE DES APPORTS NUTRITIONNELS 19

II.4 COMMENTAIRES 19

II.4.1 LA SÉLECTION DES PRODUITS ALIMENTAIRES 19

II.4.2 LA QUANTIFICATION DES BESOINS EN PRODUITS ALIMENTAIRES 20

II.4.3 LES APPROVISIONNEMENTS 20

II.4.4 LA CONSERVATION DES PRODUITS 21

CHAPITRE III. ELEMENTS POUR LA MISE EN PLACE D'UN SYSTEME DE GESTION RATIONNELLE DES PRODUITS ALIMENTAIRES 22

III.1 LA SELECTION DES PRODUITS ALIMENTAIRES 23

III.1.1 PRINCIPE 23

III.1.2 CONTRAINTES 23

III.1.3 RÉSULTATS 26

III.2 LA QUANTIFICATION DES BESOINS EN PRODUITS ALIMENTAIRES 28

III.2.1 PRINCIPE 28

III.2.2 CONTRAINTES 28

III.2.3 RÉSULTAT 29

III.3 APPROVISIONNEMENT 30

III.3.1 PRINCIPE 30

III.3.2 CONTRAINTES 31

III.3.3 RÉSULTATS 32

III.4 ADAPTATION DES BESOINS AU BUDGET 34

III.4.1 PRINCIPE 34

III.4.2 CONTRAINTES 34

III.4.3 RESULTATS 34

III.5 LA CONSERVATION DES PRODUITS ALIMENTAIRES 37

III.5.1 PRINCIPE 37

III.5.2 CONTRAINTES. 37

III.5.3 RÉSULTATS 37

III.6 SUIVI DES STOCKS 38

III.6.1 PRINCIPE 38

III.6.2 CONTRAINTES 39

III.6.3 RÉSULTAT 39

CHAPITRE IV. DISCUSSION DES RESULTATS 40

IV.1 DE LA SELECTION DES PRODUITS 40

IV.2 DE LA QUANTIFICATION 41

IV.3 DE L'ADAPTATION DES QUANTITES AU BUDGET 42

IV.4 DE LA POLITIQUE D'APPROVISIONNEMENT 42

IV.5 DE LA CONSERVATION 43

IV.6 DE LA CAPACITE DE CONSERVATION 43

IV.7 DE L'UTILISATION DE L'INFORMATIQUE 44

IV.8 CRITERES D'EVALUATION DE CETTE GESTION 44

IV.8.1 LE CONTROLE DES QUANTITES 44

IV.8.2 LE CONTROLE SUR LES COUTS 45

CHAPITRE V. CONCLUSION 46

CHAPITRE VI. BIBLIOGRAPHIE 48

INTRODUCTION

La terminologie de la malnutrition a évolué parallèlement au progrès des connaissances physiopathologiques sur cette maladie carentielle. Les premiers auteurs (Normet 1926, Williams 1933) ont considéré que la malnutrition était la conséquence d'une carence en protéines d'où l'utilisation du vocable "malnutrition protéique". Plus tard l'importance d'une carence énergétique a été reconnue (McLaren, 1974; Waterlow, 1975 etc.). Ce qui a conduit à l'utilisation du vocable "malnutrition protéino-énergétique". Actuellement, on considère que la malnutrition est due à des carences multiples, ce qui fait que l'on parle de plus en plus de la malnutrition pluricarentielle, ou plus simplement de la malnutrition (Suskind, 1990). C'est cette dernière terminologie que nous adoptons dans ce travail.

La malnutrition est une manifestation pathologique due au déficit d'apport énergétique et en divers nutriments (Briend et al, 1993). Elle est plus fréquente chez les jeunes enfants. Elle est souvent associée, dans un cercle vicieux, aux infections. On parle de malnutrition primaire quand elle est directement liée au déficit du régime alimentaire et de malnutrition secondaire quand elle survient à la suite d'une infection chronique ou d'une malabsorption pathologique.

Au niveau physiopathologique, la première manifestation de la malnutrition est un retard de croissance staturo-pondérale. Si le déficit se prolonge, l'enfant va passer du simple retard de croissance à des formes plus sévères : le kwahiorkor et le marasme.

Les signes cliniques du kwashiorkor sont la présence d'oedèmes bilatéraux au niveau des pieds ou généralisés, les altérations de la peau et des cheveux, l'anorexie et le repli sur soi.

Les signes cliniques du marasme sont une maigreur extrême, la perte de l'élasticité de la peau, un aspect de vieillard et un appétit excessif.

Les taux de prévalence de la malnutrition sont plus élevés dans les régions du monde où la disponibilité alimentaire est insuffisante. On estime actuellement que 43% des enfants de moins de 5 ans vivant dans les pays en voie de développement présentent un retard de croissance pondérale (Onis, 1993). La prévalence de la malnutrition sévère est généralement plus faible, environ 2 à 3%. Elle peut atteindre 10 à 20% dans les situations de guerres et de famines.

Les états de marasme sont fréquents entre 6 et 18 mois d'âge lorsque le lait maternel ne couvre plus les besoins nutritionnels de l'enfant et que les aliments donnés en complément du lait maternel sont de faible valeur nutritionnelle. Les états de kwashiorkor surviennent fréquemment après le sevrage complet lorsque l'apport en protéines d'origine animale devient faible, c'est-à-dire après l'âge de deux ans (Briend et al, 1993).

Dans la région du Kivu montagneux, à l'Est du Congo, l'alimentation est constituée de 5 aliments principaux : les haricots, les patates douces, le manioc, les bananes et le sorgho. L'apport énergétique est en moyenne de 5 à 15% en dessous des normes définies par le comité mixte des experts FAO-OMS de 1973. Cet apport ne connaît que peu de variations saisonnières au cours de l'année grâce à la consommation régulière de la farine de manioc, principale source d'énergie. Par contre l'apport en protéines (50-90% des normes) connaît des fluctuations saisonnières puisqu'il dépend de la récolte des haricots. C'est pendant la période située entre deux récoltes de haricots, appelée période de soudure, que l'apport en protéines est beaucoup plus bas (Vis, 1969).

Les résultats de ces enquêtes nutritionnelles indiquent qu'en milieu rural, environ 50% de la population se trouve, en état de "malnutrition relative". Celle-ci est définie par rapport à l'état nutritionnel des individus qui ont un apport nutritionnel et un environnement (hygiène du milieu) estimés meilleurs. La courbe de croissance des enfants du milieu rural du Kivu montre qu'il existe un retard de croissance dès la vie foetale par rapport aux enfants vivant aux Etats-Unis et en Europe. En conséquence, le poids de naissance de ces enfants est en dessous de celui de leurs homologues américains ou européens. S'il existe un rattrapage durant les premières semaines de vie, la courbe des enfants du milieu défavorisé du Kivu présente une cassure vers l'âge de 4 à 6 mois (Hennart, 1984).

La malnutrition rencontrée au Kivu est caractérisée par :

· une prépondérance de la carence en protéines,

· une prévalence élevée chez des enfants plus âgés dont un grand nombre entre 2 et 6 ans,

· une prévalence plus élevée au début de la saison des pluies (octobre, novembre, décembre) c'est-à-dire lors de la période de soudure protéique,

· des carences en oligo-éléments dont l'iode, le cuivre, le zinc, le sélénium et des carences en vitamines, notamment la vitamine A.

Dans les pays en voie de développement la malnutrition sévère est associée de façon évidente à un risque élevé de mortalité chez les enfants (Van der Broeck et al 1993, Dramaix et al, 1993).

Il n'existe pas de consensus sur le lieu de traitement de la malnutrition sévère. Cependant la majorité d'auteurs (Waterlow, 1992; Briend, 1994; OMS, 1995) recommandent que le traitement de la malnutrition sévère soit conduit à l'hôpital afin de prévenir et de mieux prendre en charge les complications associées fréquemment à la malnutrition.

Le traitement est essentiellement diététique. Une alimentation appropriée pour ce traitement est donc indispensable pour réduire la mortalité dûe à la malnutrition sévère.

La disponibilité d'une telle alimentation ne peut être assurée que si un modèle pour assurer une gestion rationnelle des produits alimentaires existe.

Dans le but de réduire la mortalité due aux infections et de favoriser l'accessibilité aux soins de santé, l'O.M.S. a mis au point, dans le cadre de la stratégie des soins de santé primaires, un modèle de gestion permettant d'assurer une disponibilité en médicaments dans les pays en voie en développement (OMS, 1981). La rationalité de ce modèle s'explique par le fait qu'il tient compte des spécificités propres aux pays en développement, notamment les ressources financières limitées et les conditions climatiques particulières. Ce modèle décrit d'abord une démarche pour faire une sélection raisonnée des médicaments afin d'élaborer une liste nationale, régionale ou locale des médicaments "essentiels". Il décrit ensuite les méthodes permettant de quantifier les besoins en médicaments, d'assurer les approvisionnements et de mettre en place des conditions de conservation des médicaments adéquats. Ce modèle est aujourd'hui utilisé dans de nombreux districts de santé.

La malnutrition étant un problème de santé publique grave dans les pays en développement et l'alimentation en étant le principal remède, l'objectif poursuivi par ce travail est de proposer un modèle pour une gestion rationnelle des produits alimentaires en vue d'améliorer la prise en charge des enfants sévèrement malnourris.

CHAPITRE I. LA GESTION DES MEDICAMENTS ET PRODUITS

Le but de ce chapitre est de décrire un modèle théorique pour la gestion des médicaments. Ce modèle servira de base aux différentes étapes de la démarche suivie pour la construction du modèle de gestion des produits alimentaires. Ces étapes sont : la sélection des médicaments, la détermination des quantités nécessaires, l'approvisionnement et la conservation des médicaments. Le module sur l'organisation des systèmes de santé en rapport avec les pays en voie de développement qui décrit amplement ce modèle de gestion des médicaments (Vandenbuscche, 1997) a servi de référence principale pour ce chapitre.

I.1 LA SÉLECTION DES MÉDICAMENTS

Ce travail est effectué par les médecins afin d'établir une liste des médicaments essentiels pour un niveau de soins donné. L'établissement de cette liste nécessite deux décisions fondamentales :

* déterminer quels sont les problèmes de santé à traiter,

* déterminer quels sont les médicaments essentiels appropriés pour traiter ou prévenir ces problèmes.

La liste des problèmes de santé à traiter peut être dressée à partir soit des statistiques de morbidité si celles-ci existent ou en partant de la Classification Internationale des Maladies (CIM).

Les critères de choix des médicaments essentiels pour le traitement de chaque problème de santé sont basés sur la notion d'efficience en tenant compte des effets secondaires (OMS, 1981). La sélection des médicaments essentiels conduit donc à l'élaboration d'une liste limitative dont les avantages sont notamment :

· de réduire le nombre de produits pharmaceutiques à acquérir, stocker, et distribuer,

· d'améliorer la qualité de la consommation, l'information pharmaceutique et la pharmacovigilance,

· d'optimiser la gestion.

I.2 LA QUANTIFICATION DES BESOINS

La sélection des médicaments étant établie, la seconde étape consiste à quantifier les besoins en médicaments pour assurer la prise en charge de la population cible. Deux méthodes sont habituellement utilisées à cet effet :

La méthode fondée sur la morbidité et le traitement type ;

La méthode de la consommation corrigée.

Ces deux méthodes s'appuient sur les données relatives à l'utilisation des services de santé.

I.2.1 LA MÉTHODE FONDÉE SUR LA MORBIDITÉ ET LE TRAITEMENT TYPE

Cette méthode repose sur deux types de données : les données de morbidité, permettant de quantifier le nombre d'épisodes des maladies à traiter, et la définition d'un schéma type de traitement pour chacune de ces maladies.

Les composantes du schéma moyen de traitement sont :

1. Le nom du problème de santé et le numéro de la CIM

2. Le nom générique, la forme galénique et le dosage du médicament

3. La dose moyenne

4. Le nombre moyen de doses par jour

5. le nombre moyen de jours de traitement

6. La quantité moyenne totale pour chaque médicament utilisé (obtenue par le produit des 3, 4 et 5).

L'application de ce schéma type doit également tenir compte d'autres critères tels que la capacité du personnel à poser le diagnostic et à appliquer un traitement, la faisabilité pratique du traitement moyen dans le contexte où il s'applique, l'acceptabilité d'ordre culturel par la population cible, ...

La seconde composante de la méthode consiste à recueillir les informations sur la morbidité diagnostiquée et traitée par les services de santé. Soit plus précisément, le nombre d'épisodes de traitement parmi les malades consultants.

Pour déterminer les quantités nécessaires en médicaments pour traiter un problème de santé donné, pour chaque médicament i entrant dans le traitement du problème de santé, il faut multiplier les éléments recueillis selon la formule suivante :

QTi = Qi * N où

QTi = Quantité totale du médicament i pour traiter le problème de santé

Qi = Quantité du médicament i pour le traitement type d'un épisode

N = Nombre d'épisodes du problème de santé à traiter

Si un médicament sert à traiter plusieurs problèmes, on additionne les totaux de ces problèmes pour obtenir la quantité totale nécessaire.

I.2.2 LA MÉTHODE DE LA CONSOMMATION CORRIGÉE

Cette méthode permet d'estimer les besoins en médicaments à partir de la mesure des consommations antérieures pour un échantillon d'établissements.

On sélectionne un nombre d'établissements types se caractérisant par une charge de travail raisonnablement représentative, un approvisionnement acceptable et des prescriptions et une consommation rationnelles. On y analyse la consommation de chaque médicament et chaque fois qu'elle paraît anormale, on la corrige en procédant à un ajustement jusqu'à atteindre le niveau qui paraît adéquat. L'ajustement tiendra compte des ruptures de stock et des pertes par péremption.

Les quantités consommées sont exprimées en quantités types par nombre de patients traités ou d'épisodes de traitement. Ces quantités sont alors utilisées comme norme pour l'estimation des quantités des autres services. On postule donc que la consommation corrigée des établissements types représente de manière satisfaisante les besoins des autres établissements de même type. Il faut pour cela que les schémas de traitements dans les établissements types soient jugés suffisamment rationnels et que les profils de morbidités traitées soient représentatifs de ceux des autres établissements.

Le choix des établissements types constitue l'élément le plus crucial de la méthode. Les établissements types doivent répondre aux six critères suivants :

Un profil de morbidité et un nombre de consultations représentatifs

Des pratiques de prescriptions suffisamment rationnelles

Un approvisionnement adéquat et régulier

Des données complètes et précises sur les stocks, sorties et utilisations

Un faible niveau de pertes

Des statistiques complètes et exactes sur les consultations et hospitalisations.

Après avoir fait le choix des établissements types, la deuxième étape consiste à recueillir des statistiques sur le nombre total de contacts dans chaque établissement type. Il est conseillé de calculer les contacts, tout comme la consommation sur une période de 12 mois si l'on veut tenir compte des variations saisonnières.

On calcule ensuite la consommation de chaque médicament soit :

· en additionnant toutes les sorties de stock

· en calculant (stock initial + médicaments achetés - stock final).

La troisième étape consiste à corriger les quantités afin de tenir compte des pertes évitables et des ruptures des stocks éventuelles. Afin de ne pas enregistrer les pertes évitables comme une consommation, il faut les déduire des sorties du stock. Pour les ruptures des stocks, on risque de sous-estimer la consommation si une partie des produits n'a pas été délivrée car le produit manquait pendant quelque temps. Il s'agira donc de corriger les quantités enregistrées en les calculant pour une période complète, c'est-à-dire sans rupture de stocks.

Enfin, la dernière étape consiste à déterminer la consommation moyenne pour 1000 contacts avec les patients en divisant la consommation corrigée de chaque médicament par le nombre de consultations. Pour obtenir une estimation globale, chaque quantité de médicaments doit être multipliée par le nombre probable de contacts avec les patients.

I.2.3 CHOIX DE LA MÉTHODE

On peut constater que la méthode basée sur la morbidité et le traitement type convient dans une situation vierge sans référence tandis que la méthode de la consommation corrigée sera utilisée lorsqu'il existe des établissements de référence.

Quelle que soit la méthode utilisée, les quantités déterminées correspondent uniquement au traitement des patients. Il convient d'y ajouter un supplément afin de pouvoir faire face aux imprévus, aux pertes, ... Cet aspect sera ébauché au point 1.3.3.

La quantité totale ainsi obtenue sera arrondie si le conditionnement des médicaments le justifie.

I.2.4 ADAPTATION DES QUANTITÉS AU BUDGET DISPONIBLE

La quantité totale nécessaire pour chaque médicament étant connue, son coût sera calculé suivant la formule :

CT = Nc * Pc

CT = Coût total, Nc = Nombre de conditionnements, Pc = Prix par conditionnement

La somme des coûts de chaque médicament détermine le budget total nécessaire.

Dans les pays en développement, le coût des médicaments jugés nécessaires sera souvent supérieur au budget dont disposent les services de santé. Il convient donc dans ce cas de procéder à une révision quantitative et de réduire la commande totale dans les limites du budget.

Cette révision peut se faire sur base de la valeur thérapeutique (système V.E.N.) ou sur base de la valeur monétaire ( méthode ABC), des médicaments.

Le système V.E.N. consiste à classer les médicaments se trouvant sur la liste dans l'une de trois catégories suivantes, définies par rapport à leur valeur thérapeutique :

* V : médicaments vitaux, c'est-à-dire susceptibles de sauver la vie et dont on ne peut pas se passer (ex : insuline pour le traitement du diabète)

* E : médicaments essentiels. Entrent dans cette catégorie les médicaments efficaces pour les maladies sans danger mortel mais ayant des incidences sérieuses sur la santé.

* N : médicaments non essentiels. On regroupe dans cette catégorie les médicaments à utiliser dans les maladies bénignes ou qui tendent à guérir d'elles-mêmes et les médicaments de prix élevés pour une faible efficacité.

L'adaptation de la demande au budget sera basée sur un jugement plus critique sur l'utilité de certains médicaments (médicaments de la catégorie N, par exemple).

La méthode ABC classe les produits selon leur valeur monétaire.

L'expérience montre qu'un nombre relativement peu élevé de médicaments comptent généralement pour une part importante du coût total. Selon cette méthode, les médicaments sont classés en fonction de leur part de ce coût total.

A : Médicaments représentant un pourcentage élevé du coût

B : Médicaments représentant un pourcentage moyen du coût

C : Médicaments représentant un faible pourcentage du coût

L'adaptation de la demande au budget sera basée ici sur un jugement sur le coût de certains médicaments (médicaments des catégories A et B).

I.3 L'APPROVISIONNEMENT

L'objectif de ce paragraphe est de décrire la démarche à suivre pour assurer un approvisionnement continu en médicaments.

Une bonne gestion des stocks doit établir un juste équilibre entre la nécessité d'avoir des stocks pour subvenir aux besoins de la population et leur coût.

Les objectifs des gestionnaires de stocks doivent être les suivants :

· augmenter la disponibilité des médicaments et diminuer leur temps d'attente,

· protéger contre les incertitudes en absorbant les variations de l'offre et surtout de la demande,

· prévoir les variations saisonnières en étant organisé pour s'adapter à ces fluctuations.

·

Le coût de stockage englobe :

· les frais généraux : maintenance des locaux, location ou construction, chauffage, électricité...

· les dégâts et détériorations,

· la péremption,

· le vol,

· le coût lié aux commandes.

Bien que les stocks aient une fonction vitale, les coûts de fonctionnement sont tels qu'il est très important que ces stocks soient maintenus à des niveaux appropriés pendant toute l'année grâce à des système de contrôle bien adaptés.

Le stock comporte deux éléments : le stock actif et le stock de sécurité. Le stock actif est utilisé pour satisfaire la demande normale entre deux approvisionnements. Le stock de sécurité est là pour faire face à une augmentation imprévue de la demande.

Pour réduire le stock disponible moyen et donc réduire les coûts de tenue de stock, on peut soit diminuer le stock actif et l'on doit alors augmenter la fréquences des commandes, soit diminuer le stock de sécurité mais on augmente alors le risque de rupture de stock.

I.3.1 POLITIQUES D'APPROVISIONNEMENT

Il existe différentes politiques d'approvisionnement : le flux tendu, l'approvisionnement à point de commande et l'approvisionnement à date fixe.

I.3.1.1 Flux tendu

La politique d'approvisionnement à "flux tendu" ou "juste à temps" ou encore "stock zéro" consiste à ne se réapprovisionner que lorsque le stock est à zéro. La quantité à commander est, pour chaque produit, déterminée en fonction de la consommation de la période précédente.

I.3.1.2 L'approvisionnement au point de commande

Dans ce système, le niveau du stock est vérifié continuellement. Lorsque le niveau tombe en dessous d'un niveau déterminé à l'avance appelé le point de commande, on déclenche le processus de commande. La quantité commandée est chaque fois la même. Elle est estimée en fonction de la consommation prévue et de la fréquence de commande que l'on espère.

Le point de commande se calcule comme suit :

PC = (DA * Cons) + S

où DA = délai d'approvisionnement
Cons = consommation moyenne par unité de temps
S = stock de sécurité

I.3.1.3 L'approvisionnement à date fixe

Le niveau des stocks est vérifié à échéances fixes. La commande est égale à la différence entre le niveau de stock existant et un niveau de stock maximum déterminé à l'avance.
Le stock maximum se calcule suivant la formule :

MAX = (IC * Cons) + (DA * Cons) + S

où IC = intervalle de commande
Cons = consommation moyenne par unité de temps
DA = délai d'approvisionnement
S = stock de sécurité

I.3.2 LE DÉLAI DE RÉAPPROVISIONNEMENT

Le délai de réapprovisionnement doit être estimé en prenant en compte les éléments suivants :

· Temps d'élaboration de la commande

· Temps de transmission de la commande au fournisseur

· Délai de livraison du fournisseur

· Temps de transport, réception et emmagasinage

I.3.3 LE STOCK DE SÉCURITÉ

Le stock de sécurité sert à pallier les augmentations de la demande par rapport aux prévisions de consommation. Il s'ajoute au stock actif (quantité prévue pour répondre aux besoins pendant une période donnée).

Le stock de sécurité peut être déterminé arbitrairement ou scientifiquement. Une des méthodes arbitraires consiste à calculer le stock de sécurité à partir des coefficients arbitraires correspondant à 1/4 ou 1/3 du stock total.

Il existe plusieurs méthodes pour déterminer scientifiquement le stock de sécurité. Elles sont basées sur la distribution des données des consommations antérieures. Si l'on suppose que la demande réelle suit une distribution normale dont la moyenne est égale à la demande prévue, la courbe de distribution normale sera déterminée si on connaît sa moyenne et son écart type. On utilisera 1, 2 ou 3 écarts-type selon que l'on souhaite satisfaire la demande respectivement à 84%; 97.5% ou 99.9%. Le niveau de stock de sécurité sera alors calculé sur base de l'écart type en utilisant la formule suivante :

Ecart type * Facteur de sécurité

Le facteur de sécurité correspond aux choix entre 1, 2 ou 3 écarts-type.

A titre d'exemple, si l'on souhaite couvrir la demande d'un médicament "v" à 100%, le facteur de sécurité sera de 3. Pour une demande de 100 Kg et un écart-type de 25 Kg, le stock de sécurité sera de 3*25 Kg soit 75 Kg !

Remarquons que dans le cas d'un approvisionnement au point de commande, le stock de sécurité doit être calculé pour une période correspondant au délai d'approvisionnement alors que dans le cas d'un approvisionnement à date fixe, ce même stock doit être estimé sur la période située entre deux commandes.

I.3.4 LES QUANTITÉS À COMMANDER

La quantification des besoins en médicaments est estimée sur une période d'un an afin de tenir compte des variations saisonnières. Ces quantités ne doivent néanmoins pas être systématiquement achetées en une seule fois. Elles sont souvent fractionnées pour couvrir les besoins de périodes plus courtes (mois, trimestre ou semestre).

Les quantités optimales à commander sont estimées par un équilibre entre deux coûts antagonistes : le coût d'entretien et le coût de passation de la commande.

Le coût d'entretien est lié à la gestion du stock, à la maintenance des locaux et à la location ou à la construction des locaux de stockage. Il est donc important d'estimer les surfaces qu'occupe le conditionnement d'un produit et de déterminer le volume global des conditionnements pendant une période donnée. Une autre contrainte à la limitation des quantités à stocker est la conservation des médicaments en particulier dans les pays en développement où la chaleur est élevée et l'humidité importante.

Le coût de passation des commandes est lié à la fréquence des commandes (papiers et envois) et aux frais de transport.

Afin de mesurer l'équilibre entre les deux types des coûts, il faut intégrer et pondérer les différents éléments constitutifs de ces coûts et parfois user de bon sens. Certains auteurs ont suggéré que des stocks correspondant à 3 mois présentent un bon équilibre pour le niveau intermédiaire.

I.4 LE SUIVI DU STOCK

Trois systèmes sont suggérés pour enregistrer les mouvements des stocks :

utilisation d'un cahier des stocks avec une page séparée par produit

utilisation d'une fiche individuelle par produit si l'on utilise un classeur

utilisation d'une fiche individuelle par produit, placée à l'endroit où les produits sont stockés.

Quelle que soit le système adopté, les informations minimales suivantes doivent être contenues dans les documents :

· la description du produit

· la description de la transaction

· la date de la transaction

· les quantités reçues ou sorties

· la quantité disponible

· le point ou niveau de déclenchement de commande.

Dans le contexte des pays en voie de développement, l'utilisation des fiches de stock pré-imprimées, d'usage aisé, paraît être la solution la plus adéquate.

I.5 LA CONSERVATION DES MÉDICAMENTS

Le but de l'amélioration des conditions de stockage est de limiter les pertes. Pour une meilleure conservation des médicaments les éléments suivants doivent être pris en compte : propreté des locaux, désinsectisation et dératisation régulières, toiture imperméable, pas d'entrée d'eau ni de rayons solaires sur les produits, bonne ventilation et un bon éclairage, clef accessible à tout moment, isolation des produits du sol d'au moins 10 cm, éloignement des produits des murs d'au moins 30 cm, hauteur maximale des colis égale à 2,4 m, dates de péremption écrites lisiblement sur les emballages, identification du produit sur emballages, température idéale du local entre 20°C et 25°C et humidité relative de l'air inférieure à 90%, bonne séparation entre les médicaments et les autres matériels non médicamenteux, utilisation de la méthode FIFO (first in - first out) pour la gestion des stocks afin de les utiliser dans l'ordre de péremption.

I.5.1 CLASSEMENT DES MÉDICAMENTS

En plus du classement par la méthode FIFO, les classements des médicaments selon l'ordre alphabétique ou selon les groupes thérapeutiques sont également jugés nécessaires. Ce dernier classement facilite le remplacement d'un produit manquant par un autre de la même classe thérapeutique et donc la rédaction des commandes.

I.5.2 LE CONTRÔLE QUALITATIF

Les stocks doivent être examinés au moins une fois par mois pour surveiller des altérations éventuelles et l'intégrité des emballages. Les produits périmés ou endommagés doivent être séparés des autres pour être éliminés ou renvoyés au fournisseur.

CHAPITRE II. ETUDE DE SITUATION : LA GESTION DES PRODUITS ALIMENTAIRES A L'HÔPITAL PEDIATRIQUE DE LWIRO.

II.1 PRINCIPE DE PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION SÉVÈRE

Le traitement de la malnutrition sévère comprend deux phases : la phase de réalimentation et la phase de récupération nutritionnelle.

L'alimentation pendant la première phase doit être donnée à intervalle régulier, en petite quantité et poursuivie même pendant la nuit pour éviter l'hypoglycémie. Le planning du traitement de la malnutrition sévère est résumé dans le tableau I ci-dessous.

Tableau I: Planning de prise en charge de la malnutrition sévère

 

PREMIERE PHASE

DEUXIEME PHASE

Durée

1-2 jours

3-7 jours

2-6 semaines

Prévention des complications

 
 
 

Hypoglycémie

 
 
 

Hypothermie

 
 
 

Déshydratation

 
 
 

Infections

 
 
 
 
 
 
 

Prise en charge diététique

 
 
 

Réalimentation

 
 
 

Compléments minéraux

 
 
 

Compléments vitaminiques

 
 
 

Récupération croissance

 
 
 
 
 
 
 

(OMS, 1995 : Management of the Child with Severe Malnutrition p. 1)

Les apports nutritionnels recommandés sont repris en annexe 1

II.2 L'HÔPITAL PÉDIATRIQUE DE LWIRO

L'Hôpital Pédiatrique de Lwiro (HPL) est situé dans la Région du Sud-Kivu, à l'Est de la République Démocratique du Congo, à près de 50 Km au Nord de la ville de Bukavu. La ville de Bukavu se trouve à la frontière orientale entre le Congo et le Rwanda.

L'HPL est rattaché au Département de Nutrition du Centre de Recherche en Sciences Naturelles (C.R.S.N.), une institution publique sous la tutelle du Ministère de l'Enseignement Supérieur, Universitaire et Recherche Scientifique. Le Département de Nutrition du C.R.S.N. travaille en coopération avec la section Soins de Santé Primaires et Nutrition du CEMUBAC (Centre Scientifique et Médical de l'Université Libre de Bruxelles pour ses Activités de Coopération) dans le cadre des soins de santé et de la recherche sur la malnutrition rencontrée dans la région du Kivu.

Le Département de Nutrition comprend en plus de l'hôpital pédiatrique, un laboratoire d'analyses médicales et une unité agronomique. L'hôpital pédiatrique a une capacité de 70 lits. Environ 3/4 des enfants hospitalisés souffrent d'une malnutrition (Rapports annuels du CEMUBAC de 1992-1996). Leur prise en charge diététique constitue une des activités importantes des soins. Le tableau II présente la distribution du diagnostic nutritionnel des enfants admis à l'HPL en 1996.

Tableau II: Diagnostic nutritionnel des enfants admis en 1996 à l'HPL

DIAGNOSTIC NUTRITIONNEL A L'ADMISSION

Effectif

%

% cumulé

Kwashiorkor

450

57%

57%

Kwashiorkor-marasmique

126

16%

73%

Marasme

39

5%

78%

Bon état nutritionnel

174

22%

100%

TOTAL

789

100%

 

(Rapport annuel du CEMUBAC, 1996 p.10)

L'équipe soignante est composée du personnel médical et infirmier, des diététiciens et du personnel auxiliaire.

II.3 LA GESTION DES STOCKS ALIMENTAIRES ET LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION SÉVÈRE À L'HPL.

Les activités réalisées pour la gestion des produits alimentaires et la réhabilitation nutritionnelle des enfants sévèrement malnourris à l'HPL sont :

1. L'approvisionnement des produits alimentaires

2. Le suivi des stocks

3. La conservation des aliments

4. Le calcul des régimes

5. La préparation des repas

6. La surveillance de la consommation alimentaire

7. L'évaluation des apports nutritionnels

II.3.1 APPROVISIONNEMENT

L'approvisionnement se fait soit par des achats ou par des apports en nature. Les achats se font à date fixe sur les marchés locaux, au moment où les différents budgets sont alloués aux différents services de l'hôpital. Les apports en nature proviennent essentiellement des récoltes du potager de l'Hôpital (Projet BIKA) mais aussi de façon aléatoire sous forme de dons des organismes caritatifs.

La figure 3 présente la répartition de la valeur monétaire des approvisionnements en produits alimentaires au cours de l'année 1996.

Figure 3: Distribution en % de la valeur monétaire des produits alimentaires consommés en 1996 selon les trois sources de financement

Les quantités à acheter sont calculées pour une période d'un mois. Elles sont souvent limitées par le budget disponible.

II.3.2 SUIVI DES STOCKS

II.3.2.1 La fiche de stock

Le suivi des stocks s'effectue par l'utilisation des fiches de stock. Il existe une fiche de stock par produit. Les renseignements inscrits sur chacune de ces fiches sont : le nom et le numéro d'identification du produit, la date de transaction, la quantité entrée ou sortie, le solde en stock, le stock d'alerte.

II.3.2.2 Le programme informatique

Un programme informatique est utilisé pour enregistrer une fois par mois, les informations suivantes : la quantité totale des approvisionnements par source de financement, le prix d'achat moyen des produits alimentaires, la quantité consommée, et le nombre de jours d'hospitalisation des enfants réalimentés.

L'analyse de ces données par le programme permet de calculer, pour une période déterminée, les coûts totaux des approvisionnements et de la consommation ainsi que le coût moyen de la consommation par enfant et par jour. Il permet également de calculer les apports nutritionnels moyens par enfant et par jour à partir d'une table de composition alimentaire et de déterminer le niveau de stock.

II.3.3 LA CONSERVATION DES PRODUITS

Les techniques de conservation ne sont pas très développées à l'HPL. Les produits frais (poissons, viandes) sont conservés dans un congélateur dont la température peut atteindre -20°C. Cependant l'inconstance de la fourniture du courant électrique qui alimente l'HPL rend cette conservation difficile et oblige souvent d'écouler plus rapidement que prévu tous les produits (consommation accélérée, dons ...). Les farines sont conservées dans leurs emballages d'achat (sacs ou plastiques). de même que les huiles (bidons), le sucre et le sel (sacs ou plastiques). La patate douce, la pomme de terre et la banane sont laissées par terre à la température ambiante. Les haricots sont enduits d'une mince couche d'huile de palme avant d'être mis en sac. Cette technique protège le haricot contre les attaques des charançons et permet sa conservation pendant plus d'un an.

A part les produits conservés au congélateur et les produits rangés par terre, tous les autres produits sont rangés sur des étagères en béton.

II.3.4 LE CALCUL DES RÉGIMES

Le calcul des régimes se fait, depuis 1989, par l'utilisation d'un programme informatique. Ce programme utilise comme base de données une table de composition alimentaire qui permet de calculer les apports nutritionnels par Kg d'enfant et par jour. Il permet également de rechercher les repas les plus économiques à partir du prix d'achat des produits alimentaires. Ce prix est régulièrement mis à jour en fonction de son évolution sur le marché. Le programme de calcul des régimes peut évaluer également les besoins en produits alimentaires pour un nombre d'enfants et une période bien définis. Et inversement, il peut déterminer la période pouvant être couverte par le potentiel des produits alimentaires stockés en fonction du nombre d'enfants à nourrir.

II.3.5 LA PRÉPARATION DES REPAS

Après le calcul des régimes, les quantités d'aliments nécessaires sont sorties des stocks pour être préparées. La composition de différents menus préparés à l'HPL est présentée en annexe 2.

II.3.6 SURVEILLANCE DE LA CONSOMMATION

Après la préparation, les repas sont distribués selon des horaires préétablis en fonction de la phase de traitement des enfants (Annexe 3). La prise de repas est surveillée par des auxiliaires de santé afin d'aider les enfants affaiblis à manger, de noter les quantités d'aliments consommées (phase I du traitement) et les remarques concernant l'état d'appétit de chaque enfant.

II.3.7 EVALUATION DE LA COUVERTURE DES APPORTS NUTRITIONNELS

L'évaluation de la couverture des apports nutritionnels est faite par le diététicien soit sur base de la consommation mesurée à chaque prise de repas (phase 1 du traitement) ou par l'analyse informatique des données sur la consommation mensuelle (point 2.3.2.2.)

II.4 COMMENTAIRES

Les différents moyens mis en oeuvre jusqu'à présent ont permis de mettre l'accent sur le suivi de la qualité diététique, c'est-à-dire la couverture des besoins nutritionnels des enfants malnourris (Fazili et al, 1990). Par contre peu d'efforts avaient été faits pour évaluer le système de gestion des produits utilisés.

L'analyse des données enregistrées au cours de l'année 1996 et l'utilisation des programmes informatiques permettent de faire les commentaires suivants concernant la gestion des produits alimentaires :

II.4.1 LA SÉLECTION DES PRODUITS ALIMENTAIRES

Jusqu'ici, les critères de sélection des produits alimentaires étaient uniquement basés sur la disponibilité. Tous les produits disponibles étaient utilisés dans le programme de réalimentation à condition d'être acceptés par les enfants.

Par ailleurs, même si le programme informatique de calcul des régimes en évaluant le prix des repas permet d'identifier les régimes les moins chers, il ne tient pas compte de la partie non comestible des aliments... Or certains produits alimentaires comme la patate douce, la pomme de terre, la banane, le poisson (tilapia séché salé) contiennent une proportion importante des déchets au moment de l'achat (Tableau III ). Ce prix n'est donc pas égal au prix de la partie comestible entrant réellement dans la préparation. Il serait plus rationnel de tenir compte du prix unitaire de chaque produit rapporté à ses parties comestibles si l'on veut identifier le produit le moins cher. En plus si l'on veut déterminer l'efficience d'un produit, le coût du produit doit être exprimé par unité de sa valeur nutritive et non plus de ses parties comestibles ni encore moins du produit brut.

II.4.2 LA QUANTIFICATION DES BESOINS EN PRODUITS ALIMENTAIRES

Les besoins annuels en produits alimentaires sont calculés en multipliant, pour chaque produit , la quantité journalière prescrite dans le régime type par le nombre moyen d'enfants présents à l'hôpital par jour et par 365. L'utilisation de cette formule exige :

l'enregistrement quotidien des enfants présents à l'hôpital

la connaissance des proportions moyennes des enfants dans chaque phase de traitement afin d'élaborer le régime type moyen.

La détermination de ces deux éléments implique un travail rigoureux et parfois difficile à obtenir mais qui, s'il est bien fait peut s'avérer très utile.

L'estimation des besoins en produits alimentaires par la méthode basée sur la morbidité et le traitement type décrite pour la gestion de médicaments (Chapitre I) est plus simple d'utilisation.

II.4.3 LES APPROVISIONNEMENTS

Les données analysées ne nous ont pas permis d'évaluer l'importance des ruptures de stock éventuelles ni celle de la détérioration de certains produits dépassant en stock leur période maximale de conservation. Ceci parce que l'encodage des données est fait sur la situation mensuelle. Il est possible, comme c'est souvent le cas que les produits qui manquaient à certains moments aient été remplacés par ceux qui étaient disponibles. L'idéal serait de tenir compte du délai d'approvisionnement, du délai de commande et du stock de sécurité pour assurer un approvisionnement de façon correcte.

II.4.4 LA CONSERVATION DES PRODUITS

Il faut insister sur le problème posé par l'inconstance du courant électrique pour la conservation des viandes, poissons, lait caillé et oeufs car ces produits sont facilement périssables. Si la fourniture du courant ne peut être garantie, il faut remplacer ces produits par des produits équivalents secs se conservant bien dans les conditions normales. Par ailleurs tous les produits devraient être reconditionnés en unités plus réduites pour faciliter le contrôle de qualité, l'inventaire physique et pour limiter les pertes dues aux manutentions répétées. La technique de conservation des haricots par de l'huile de palme peut être poursuivie si elle s'avère satisfaisante et efficiente.

CHAPITRE III. ELEMENTS POUR LA MISE EN PLACE D'UN SYSTEME DE GESTION RATIONNELLE DES PRODUITS ALIMENTAIRES

Ce système sera basé sur le modèle proposé pour la gestion des médicaments décrit au premier chapitre. Son cadre d'application sera l'hôpital pédiatrique de Lwiro, situé à l'est de la République Démocratique du Congo et spécialisé dans la prise en charge de la malnutrition sévère.

Certains auteurs (Ville de Goyet et al, 1978) ont déjà décrit quelques aspects de la gestion des aliments appliqués à la problématique des camps de réfugiés. Nous tiendrons compte de certains de ces aspects dans les étapes où ils peuvent être imités.

Les produits alimentaires présentent des particularités différentes de celles des médicaments. Ce travail tient compte de ces particularités à chaque niveau de la démarche proposée dans le modèle de référence.

Les données utilisées pour la construction de ce modèle proviennent essentiellement de l'Hôpital de Lwiro. La plupart des données provenant de Lwiro ont été collectées par l'auteur pendant environ six années de carrière dans cet hôpital en qualité de nutritionniste et responsable des programmes d'alimentation des enfants pris en charge pour la malnutrition sévère. Une autre partie a été tirée de la littérature spécialisée sur le traitement de la malnutrition.

Pour chacun de quatre points développés pour la gestion des médicaments, nous adaptons le principe théorique à la problématique des aliments, présentons les contraintes et enfin nous mettons en pratique le principe théorique.

III.1 LA SELECTION DES PRODUITS ALIMENTAIRES

III.1.1 PRINCIPE

Le principe de sélection est basé sur la notion d'efficience comme pour les médicaments. C'est-à-dire l'efficacité de chaque produit rapporté au coût. Nous avons pris la valeur nutritionnelle des produits alimentaires comme mesure d'efficacité. Pour ce faire, les produits sont classés en différentes catégories de valeur nutritionnelle en fonction de leur composition et comparés sur le critère "coût unitaire du principe nutritif de base". Nous nous sommes limités aux deux principes nutritifs afin d'éviter la complexité dans la classification des aliments. Il s'agit des protéines et de l'énergie. Dans chaque catégorie, les produits moins chers sur le critère de comparaison sont retenus dans la liste des produits alimentaires dits "essentiels" à la réhabilitation nutritionnelle. Les autres produits non sélectionnés sont dits "non essentiels".

Les unités de comparaison sont donc : le coût d'1 Kg de protéines pour les produits protéiques et le coût de 1000 Kcal pour les produits énergétiques.

Le coût d'un kilogramme de protéines pour un produit est obtenu de la manière suivante : soit P le prix par Kg du produit, c (compris entre 0 et 1) sa proportion comestible et p sa teneur en protéines pour 100 g des parties comestibles. Le coût d'1 Kg de protéines Kp sera :

Kp = [P/(c*p)* 100]

Le coût de 1000 Kcal est obtenu par la formule suivante : soit P le prix par Kg du produit, c (compris entre 0 et 1) sa proportion comestible et e sa teneur en énergie pour 100 g des parties comestibles. Le coût de 1000 Kcal Kc sera :

Kc = [P/(c*e)* 100]

III.1.2 CONTRAINTES

Actuellement, l'OMS (OMS, 1995) recommande l'utilisation du lait thérapeutique comme aliment capable de couvrir les besoins nutritionnels recommandés (Annexe 4) essentiellement au cours de la première phase du traitement. Ces formules peuvent être préparées soit avec du lait Nutriset ou du LHE-CMV1(*). Nous comparerons le coût par litre de ces deux formules lactés.

2. Au cours de la deuxième phase, l'utilisation des aliments solides est conseillée afin de préparer les enfants à leur alimentation traditionnelle une fois sortis de l'hôpital, à condition que les repas donnés apportent les quantités d'éléments nutritifs dont ils ont besoin. La liste des produits alimentaires disponibles et utilisés à l'HPL au cours de l'année 1996 est reprise dans le tableau III. Sont présentés dans ce tableau les éléments permettant de calculer le coût unitaire des protéines ou de l'énergie de chaque produit alimentaire.

Les données sur la composition nutritionnelle sont extraites des Tables de Degroote (1970).

Les proportions des parties comestibles et les prix des différents produits alimentaires proviennent de données enregistrées à l'HPL. Le prix représente la moyenne des prix sur l'année.

Tableau III: Composition nutritionnelle pour 100 g de parties comestibles et prix unitaire des produits alimentaires utilisés à l'HPL au cours de l'année 1996.

ALIMENT

PARTIES COMESTIBLES (%)

ENERGIE (Kcal)

PROTÉINES (g)

LIPIDES (g)

GLUCIDES (g)

PRIX (BEF)

Produits énergétiques

 
 
 
 
 
 

1. Les Huiles

 
 
 
 
 
 

Huile de palme

100%

900,00

 

100,00

-

26,70

Huile de colza

100%

900,00

 

100,00

 

66,70

2.Céréales &Tubercules

 
 
 
 
 
 

Maïs (farine)

100%

317,30

9,00

3,70

62,00

10,70

Riz

100%

353,70

7,60

1,70

77,00

38,30

Sorgho (farine)

100%

368,00

10,70

3,20

74,10

12,80

Bananes

60%

135,90

1,20

0,30

32,10

7,10

Manioc (farine)

100%

329,50

1,40

0,30

80,30

7,10

Patate douce

75%

122,20

1,60

0,20

28,50

2,80

Pomme de terre

75%

76,00

2,00

-

17,00

8,60

3. Sucre

100%

400,00

 

-

100,00

47,70

Produits protidiques

 
 
 
 
 
 

1. Protéines végétales

 
 
 
 
 
 

Haricot

100%

348,60

22,80

1,00

62,10

13,40

Soya (farine)

100%

436,00

38,00

20,00

26,00

16,60

2. Protéines animales

 
 
 
 
 
 

Produits laitiers

 
 
 
 
 
 

Lait caillé

100%

36,60

3,30

1,60

2,25

23,20

Oeufs-Poissons-Viandes

 
 
 
 
 
 

Oeuf

80%

162,40

13,00

12,00

0,60

134,00

Fretins frais

100%

107,00

20,00

3,00

 

76,60

Viande de boeuf

100%

107,00

20,00

3,00

 

111,00

Condiments

 
 
 
 
 
 

Sel

100%

 
 

-

 

15,60

III.1.3 RÉSULTATS

Les résultats sont présentés dans le tableau IV. Les aliments y sont classés par groupe de valeurs nutritionnelles. Le coût de chaque principe nutritif est donné ainsi qu'un coût relatif par rapport à l'aliment le moins cher.

Tableau IV: Comparaison des produits alimentaires par coût unitaire et par coût relatif

UNITÉ DE COMPARAISON

ALIMENT

COÛT UNITAIRE [FB]

COÛT RELATIF

1 litre de lait

LHE-CMV

20,3

1

 

LAIT NUTRISET

44,8

2,2

Kg de protéines animales

POISSONS FRAIS

383

1

 

VIANDE

555

1,4

 

OEUF

1.289

3,4

Kg de protéines végétales

SOJA farine

43,7

1

 

HARICOT

58,8

1,3

1000 Kcal des huiles

HUILE DE PALME

3,0

1

 

HUILE DE COLZA

7,4

2,5

1000 Kcal des sucres complexes

MANIOC farine

2,1

1

 

PATATE DOUCE

3,0

1,4

 

MAIS farine

3,4

1,6

 

SORGHO farine

3,5

1,7

 

BANANE

8,7

4,1

 

RIZ

10,8

5,1

 

POMME DE TERRE

15,1

7,2

1000 Kcal des sucres simples

SUCRE DE CANNE

11,9

-

A l'issue de cette comparaison, nous avons retenu comme produits essentiels le(s) produit(s) dont le coût relatif n'atteint pas la valeur 2, soit le double du coût du produit le moins cher de la catégorie. Le tableau V présente dans chaque catégorie les produits essentiels et les produits non essentiels.

Tableau V: Produits alimentaires essentiels et non essentiels à la réhabilitation nutritionnelle.

PRODUITS ESSENTIELS

PRODUITS NON ESSENTIELS

1. Préparations lactées

 

1.1. LHE-CMV (composition)

Lait Nutriset

Lait caillé

 

Huile de colza2(*)

 

Sucre

 

CMV

 

2. Produits énergétiques

 

2.1. Les Huiles

 

Huile de palme

Huile de colza

2.2. Les sucres complexes

 

Manioc (farine)

Banane

Patate douce

Riz

Maïs (farine)

Pomme de terre

Sorgho

 

2.3. Le sucre simple

 

Sucre de canne

 

3. Protéines végétales

 

Haricot

 

Soya (farine)

 

4. Protéines animales

 

Poissons frais

Oeuf

Viande

 

5. Condiments

 

Sel

 

Le sucre étant seul dans la catégorie des sucres simples, il est directement considéré comme produit essentiel. De même le sel, bien qu'il ne réponde pas aux critères de classification et de comparaison est considéré comme produit essentiel. Pour ces deux produits, il n'existe pas d'alternatives.

III.2 LA QUANTIFICATION DES BESOINS EN PRODUITS ALIMENTAIRES

III.2.1 PRINCIPE

Dans le chapitre précédent, nous avons décrit deux techniques utilisées en gestion des médicaments permettant de quantifier les besoins. Il s'agit de la méthode basée sur la morbidité et le traitement type et la méthode de la consommation corrigée.

Pour quantifier les besoins en produits alimentaires, il ne nous était pas possible de d'utiliser la méthode de la consommation corrigée par manque de données sur des établissements prenant en charge les enfants malnourris. C'est pourquoi, nous avons opté pour la méthode basée sur la morbidité et le traitement type.

III.2.2 CONTRAINTES

III.2.2.1 La morbidité

La morbidité a été estimée à partir de la proportion des enfants malnourris parmi les enfants admis à l'HPL en 1996 (Tableau III). Elle représente 78% des enfants hospitalisés soit 615 enfants malnourris sévères.

III.2.2.2 Le régime type

Les éléments nécessaires au calcul d'un régime type sont le poids moyen des patients et la durée moyenne de traitement. D'après nos analyses, le poids moyen des enfants malnourris sévères était de 10 Kg et la durée moyenne du séjour à l'hôpital de 27 jours (7 jours pour la première et 20 jours pour la deuxième phase).

Pour quantifier les besoins, il existe une énorme différence entre les médicaments et les produits alimentaires. Pour les médicaments, l'unité prescrite est égale à l'unité du traitement. Par contre pour les aliments, l'unité prescrite (nutriment) doit être convertie en terme d'aliments. Les critères de choix des aliments basés sur le coût de l'unité du nutriment ont permis de sélectionner les produits alimentaires essentiels.

Une autre contrainte qui s'ajoute est, la capacité d'absorption des aliments par l'enfant. Celui doit être en mesure d'absorber les quantités prescrites pour couvrir ses besoins. Ceci exige que la densité nutritive des repas soit élevée.

III.2.3 RÉSULTAT

III.2.3.1 Besoin en nutriments

Tableau VI : Besoins journaliers et totaux en protéines et énergie

NUTRIMENTS

PHASE 1

Durée : 7 jours

PHASE 2

Durée : 20 jours

TOTAL/Enfant

Durée : 27 jours

TOTAUX/An

PROTEINES

par jour

total

par jour

total

total

 

Animales

20 g

140 g

20 g

400 g

540 g

332,1 Kg

Végétales

 
 

20 g

400 g

400 g

246,0 Kg

ENERGIE (Kcal)

1.000

7.000

2.000

40.000

47.000

28.905.000

III.2.3.2 Besoins en produits alimentaires

Pour couvrir les besoins en nutriments présentés dans le tableau ci-dessus, plusieurs combinaisons avec les produits alimentaires essentiels sont possibles. Le tableau VII présente l'un des scénarios possibles en tenant compte des menus habituellement proposés à l'HPL (annexe 2) et de la capacité d'absorption des enfants (annexe 6).

Tableau VII : Besoins annuels en produits alimentaires

PRODUIT ALIMENTAIRE

QUANTITÉS/AN

1. CMV

47 Kg

2. Fretins frais

530 Kg

3. Haricots secs

746 Kg

4. Huile de colza

881 Kg

5. Huile de palme

725 Kg

6. Lait caillé

7.340 litres

7. Maïs farine

242 Kg

8. Manioc farine

483 Kg

9. Patates douces

2.664 Kg

10. Sel

50 Kg

11. Soja farine

171 Kg

12. Sorgho farine

348 Kg

13. Sucre

855 Kg

14. Viande

180 Kg

 

Ces quantités sont majorées de 10% représentant des pertes inévitables. La quantité de patates douces est en plus majorée de 25% représentant la proportion des parties non comestibles (épluchures)

.

III.3 APPROVISIONNEMENT

III.3.1 PRINCIPE

Afin d'assurer les approvisionnements de manière satisfaisante sans rupture de stocks, nous avons défini au premier chapitre les notions du délai de réapprovisionnement, du niveau de déclenchement de la commande et les méthodes pour déterminer le stock de sécurité.

Le délai de réapprovisionnement des stocks sera estimé pour chaque produit en fonction du temps qui s'écoule entre le moment où l'on décide de faire un achat et celui où le produit sera effectivement disponible dans le magasin.

Ce délai détermine, en fonction des chiffres de consommation le stock d'alerte ou le niveau de déclenchement de commande.

Le stock de sécurité sera calculé arbitrairement à défaut des données sur les consommations antérieures. Ce stock sera estimé différemment en fonction de la méthode d'approvisionnement (point 1.3.3)

La fréquence de renouvellement des stocks sera déterminée par la période que l'on veut couvrir avec une commande. Cette période devra, pour chaque produit être inférieure à la durée de conservation afin de limiter les pertes en stock des produits périssables.

III.3.2 CONTRAINTES

III.3.2.1 Contraintes liées à la conservation et au délai de livraison du produit

Le tableau VIII présente, la classification de nos produits essentiels en fonction de leur durée maximale de conservation et de leur délai de réapprovisionnement d'après les observations faites à l'HPL (Kilcher, 1995).

Tableau VIII: Durée de conservation et délai de réapprovisionnement des produits alimentaires

Délai de réapprovisionnement

Durée de conservation

1 jour

1 semaine

1 mois

1 semaine

Poissons frais

Lait caillé

Patates douces

Viande

 

3 mois

 

Farines

Sucre

 

6 mois

 

Huile de colza

Sel

CMV

Huile de palme

Haricot

III.3.2.2 Contraintes liées à l'approvisionnement

Le prix des haricots sur le marché fluctue en fonction des périodes de récoltes.

L'huile de palme coûte moins cher dans une région située à environ 100 km de Lwiro. Le délai d'approvisionnement est donc supérieur à celui des autres produits.

L'approvisionnement en lait caillé ne peut se faire qu'à jour fixe dans la semaine conformément aux exigences du fournisseur.

L'approvisionnement en patates douces et viande ne peut se faire que le jour du marché (un jour par semaine) donc à jour fixe.

Le prix du poisson frais fluctue au cours du mois. Il est plus élevé en période de pleine lune.

III.3.3 RÉSULTATS

III.3.3.1 Politique d'approvisionnement

En tenant compte de ces différentes contraintes, on peut définir différentes politiques d'approvisionnement pour chacun des groupes d'aliments présentés dans le tableau VIII.

Le flux tendu :

Cette politique conviendra pour le poisson frais. La quantité à commander sera calculée pour la consommation d'une semaine. Pendant la période de pleine lune, il faudra s'approvisionner en viande si le prix d'un kg de poisson dépasse celui de viande.

Approvisionnement à point de commande :

Ce mode d'approvisionnement sera adopté pour les farines, le sucre, l'huile de colza et le sel.

Une commande sera déclenchée dès que le stock atteindra la valeur du stock d'alerte. Ce stock d'alerte sera calculé en fonction de la consommation pendant le délai d'approvisionnement multiplié par un facteur 1.5 pour y ajouter un stock de sécurité de 50 %.

La quantité à commander sera calculée en fonction de la période que l'on espère couvrir. Elle sera égale au besoin annuel divisé par le nombre d'approvisionnements prévus au cours de l'année.

Tableau IX: Quantité annuelle nécessaire, nombre de commande, quantité à commander stock d'alerte des produits à approvisionnement au point de commande.

Produits

Quantité/an

Nombre

d'approvisionnement/an

Quantité à commander

délai d'approv.

Besoin pour délai approvisionnement

Stock d'alerte

Maïs

242

6

40

1 sem

5

8

Sorgho

348

6

58

1 sem

7

10

Soja

171

6

29

1 sem

3

5

Manioc

483

6

81

1 sem

9

14

Sucre

855

6

143

1 sem

16

25

Sel

50

2

25

1 sem

1

1.5

Huile colza

881

2

441

1 sem

17

25

Pour réduire le coût d'approvisionnement, on procédera au regroupement des commandes pour les produits dont le nombre de commandes par an est le même. La commande sera passée pour tous ces produits lorsque au moins un d'eux aura atteint le niveau du stock d'alerte.

3. Approvisionnement à date fixe :

Ce mode d'approvisionnement est d'une part imposé par le marché pour la viande, les patates douces et le lait caillé. D'autre part, il sera aussi appliqué aux produits pour lesquels des variations saisonnières de prix sont rencontrées, à savoir les haricots et l'huile de palme.

Pour la viande, patates douces et lait caillé (produits à rotation rapide), la quantité à commander sera estimée en fonction de la consommation de la semaine précédente. En cas de rupture de stock, on aura recours aux produits non essentiels dont la durée de conservation est plus longue. A titre d'exemple, le lait caillé sera remplacé par le lait en poudre, la viande par des poissons secs disponibles sur le marché local et la patate douce par du riz.

Pour le CMV, l'huile de palme et les haricots (produits à rotation lente), étant donné que la durée de conservation de ces trois produits est supérieure à la période de renouvellement des stocks, le stock maximum sera égal à la somme du stock actif , de la consommation pendant le délai de réapprovisionnement et du stock de sécurité.

Tableau X: Quantité annuelle nécessaire, stock actif, stock de sécurité et stock maximum des produits à approvisionnement à date fixe.

Produits

Kg/an

Stock actif

Consommation délai de réapprovisionnement

Stock de sécurité

Stock maximum

CMV

47

25

4

6

35

HARICOTS

746

375

65

95

535

HUILE DE PALME

725

360

60

90

510

La quantité à commander sera calculée à la date d'approvisionnement comme suit :

Stock maximum - Quantité en stock.

III.4 ADAPTATION DES BESOINS AU BUDGET

III.4.1 PRINCIPE

Pour adapter les besoins au budget, on peut recourir à l'une de deux méthodes décrites dans le chapitre sur la gestion des médicaments : la méthode VEN ou la méthode ABC. La méthode VEN est utilisée lorsque dans la gamme de produits, on peut distinguer les produits vitaux et non vitaux, c'est-à-dire en fonction de la valeur thérapeutique.

La méthode ABC par contre classe les produits en fonction de l'importance de leur coût dans le budget d'approvisionnement. D'après cette méthode, les produits du groupe A ou des approvisionnements "standards" représentent 60 à 70% des consommations pour 5 à 10% des produits. Les produits du groupe B représentent 25 à 30% des consommations pour 25 à 30% des produits. Pour le groupe C, plus de 60% des produits représentent moins de 10% des consommations.

III.4.2 CONTRAINTES

Tous les produits sélectionnés sont dits "essentiels" sur base du critère fixé. On ne peut donc pas appliquer le système VEN. La méthode de choix sera donc ABC basée sur la répartition du budget.

III.4.3 RESULTATS

Dans le tableau XI , nous avons classé les produits par ordre décroissant de leur coût total et nous avons calculé les pourcentages cumulés du nombre des produits et des coûts correspondants.

Tableau XI: Coût des produits alimentaires, cumuls des produits et des coûts exprimés en %

 

PRODUIT

Coûts

(en BEF)

Cumul des coûts

(en BEF)

Cumul des produits (en %)

Cumul des coûts

(en %)

1

Lait

170.288

170.288

7%

41%

2

Huile de colza

58.763

229.051

14%

55%

3

Sucre

40.784

269.834

21%

65%

4

Fretins

40.598

310.432

29%

74%

5

CMV

35.485

345.917

36%

83%

6

Viande

19.980

365.897

43%

88%

7

Huile de palme

19.358

385.255

50%

92%

8

Haricots

9.996

395.251

57%

95%

9

Patates douces

7.459

402.710

64%

97%

10

Sorgho

4.454

407.165

71%

98%

11

Manioc

3.429

410.594

79%

99%

12

Soja

2.839

413.433

86%

99%

13

Maïs

2.589

416.022

93%

100%

14

Sel

780

416.802

100%

100%

Les résultats montrent que le lait caillé et l'huile de colza (55% du coût pour 14% des produits) appartiendraient au groupe A. Ces produits feront l'objet d'une gestion très rigoureuse visant à minimiser les coûts de stockage, de commande , de rupture de stock et surtout de perte par péremption.

La figure 4 ci-dessous présente la courbe des concentrations des produits et les 3 groupes A, B et C. (Gouget et al., 1997).

A

B

C

Fig. 4: Courbe de concentration des produits alimentaires.

III.5 LA CONSERVATION DES PRODUITS ALIMENTAIRES

De bonnes conditions de conservation peuvent réduire le niveau des pertes des produits alimentaires stockés.

III.5.1 PRINCIPE

C. De Ville de Goyet et al (1978) ont formulé des recommandations sur les conditions générales des tenues de stocks des produits alimentaires secs dans les camps de réfugiés. Ces recommandations sont reprises en annexe 5.

Pour les produits frais tels que le lait et le poisson et la viande, la conservation à froid convient le mieux mais l'état de fraîcheur et la qualité du produit avant la conservation et le maintien d'une hygiène rigoureuse sont les conditions préalables nécessaires à une meilleure conservation de ces produits. Nous reprenons en annexe 7 l'essentiel de la notion d'hygiène pour la meilleure conservation du lait, de viande, du poisson frais et produits assimilés

III.5.2 CONTRAINTES.

L'HPL dispose d'un congélateur pour la conservation des produits animaux frais : viande, poisson. Le lait frais est caillé. Le lait caillé est un produit qu se conserve mieux que le lait frais. Tous les autres produits secs sont conservés à la température ambiante dans des fûts métalliques ou dans des sacs ou encore sous plastique (farines de maïs, de sorgho, de soja)

III.5.3 RÉSULTATS

Les produits seront conservés par des moyens disponibles ou susceptibles d'être réalisables à Lwiro. Ils seront reconditionnés en unités plus réduites. Le tableau XII présente les moyens de conservation et les unités secondaires de conditionnement des produits.

Tableau XII: Lieu de conservation et unités secondaires de reconditionnement des produits alimentaires

PRODUIT

LIEU DE CONSERVATION

CONDITIONNEMENT

 
 

Matériel

Unité

Lait caillé

Réfrigérateur

Bouteille

1 litre

Patate douce

Etagère

En vrac

-

Poisson frais

Congélateur

Plastique

1 kg

Faine de maïs

Etagère

Plastique

1 kg

Farine de sorgho

Etagère

Plastique

1 kg

Farine de soja

Etagère

Plastique

1 kg

Farine de manioc

Etagère

Plastique

1 kg

Sucre

Etagère

Plastique

1 kg

Huile de palme

Etagère

Bouteille

1 litre

Huile de colza

Etagère

Bouteille

1 litre

Viande

Congélateur

Plastique

1 kg

Sel

Etagère

Plastique

1 kg

CMV

Etagère

Voir fabricant

Voir fabricant

Le reconditionnement en unités secondaires facilitera l'inventaire physique et le contrôle de qualité des produits. Il permettra aussi de minimiser les pertes dues aux manutentions répétées au niveau du stock.

Les produits une fois reconditionnés seront rangés de sorte que les premiers produits entrées soient aussi les premiers à être consommés. C'est la méthode FIFO de gestion des stocks.

III.6 SUIVI DES STOCKS

III.6.1 PRINCIPE

Le suivi de l'évolution du stock sur une fiche individuelle par produit est la méthode classique de gestion des stocks. Elle demeure efficace. Une fiche de stock comprend au minimum quatre rubrique en colonne. Ces rubriques sont la date, les entrées, les sorties et le solde. L'enregistrement des « entrées » et « sorties » se fait à chaque transaction. Un calendrier de contrôle de qualité et d'inventaire physique permet d'améliorer le suivi de stocks.

III.6.2 CONTRAINTES

L'HPL utilise déjà les fiches des stocks classiques. Il dispose également d'un matériel informatique pour l'enregistrement des données sur la consommation alimentaire des enfants hospitalisés.

III.6.3 RÉSULTAT

Le suivi de stock sera amélioré par la création des fiches de stock dans un logiciel informatique de type tableur . Ceci permettra de faire des opérations mathématiques avec plus de rapidité. La fiche de stock informatique n'exclura pas la fiche papier mais on pourra y limiter le nombre d'informations à enregistrer et réaliser les opérations mathématiques avec le tableur. Ainsi dans la rubrique "entrée" seul le prix unitaire sera enregistré, le prix total sera obtenu par la le produit du prix unitaire par la quantité commandée. La rubrique "solde" sera supprimée sur la fiche papier car cette valeur peut être calculée par le tableur à chaque transaction. Il sera indispensable que les deux fiches existent en prévision d'une éventuelle disparition de l'une ou de l'autre.

CHAPITRE IV. DISCUSSION DES RESULTATS

IV.1 DE LA SELECTION DES PRODUITS

La recherche de solutions aux problèmes sanitaires impose la notion d'efficience. Le planificateur de santé cherchera toujours entre les différentes solutions aux problèmes posés l'alternative permettant de donner un meilleur résultat au moindre coût.

Dans le cadre de la gestion des produits alimentaires comme solution thérapeutique au problème de la malnutrition, nous avons suivi, la démarche du planificateur sanitaire sans procéder à une analyse micro-économique proprement dite utilisée en recherche opérationnelle (Thilly, 1997)

La sélection des produits alimentaires essentiels a été faite, néanmoins sur un critère économique : le coût d'une unité de la valeur nutritive. Ce critère peut intéresser un planificateur de la santé dans le cadre de budgets limités comme c'est souvent le cas dans des pays en développement. Cependant, ce critère n'est peut être pas le seul qui peut orienter la décision. Les produits alimentaires choisis doivent faire l'objet de preuves thérapeutiques en recherche clinique. En effet, un produit moins cher peut s'avérer plus cher s'il ne permet pas une réhabilitation nutritionnelle en temps normal.

En outre les produits sélectionnés doivent être culturellement acceptables par la population cible.

Un autre élément qui se rattache à l'efficacité thérapeutique des produits alimentaires, est la densité énergétique des repas. En effet un repas à forte densité nutritionnelle a beaucoup plus de chance de subvenir aux besoins de l'enfant qu'un repas volumineux et peu nutritif. Tous ces éléments devraient entrer en ligne de compte pour la sélection des produits alimentaires. Seuls des essais cliniques randomisés permettent de juger de l'efficacité thérapeutique des produits.

Signalons que notre démarche répond à quelques unes des conditions :

1. Acceptabilité d'ordre culturel : Tous les produits ayant fait l'objet de la sélection l'ont été sur base d'une liste des produits utilisés à l'HPL au cours de l'année 1996 et font partie des habitudes alimentaires de la population cible.

2. Efficacité thérapeutique : Les régimes basés sur les produits alimentaires de base, permettent d'obtenir un gain pondéral moyen de 10g/Kg/j (Cemubac, Données non publiées). Il faut encore démontrer qu'avec les produits alimentaires sélectionnés comme "essentiels" ces résultats cliniques restent au moins équivalents. Il faut aussi remarquer que le critère de sélection des aliments utilisé dans ce travail à savoir le coût des protéines et de l'énergie est limitatif. En effet il faudrait aussi tenir compte des autres nutriments. En plus, il faut tenir compte de la manière dont les ingrédients sont assortis dans la composition d'un repas . En effet, certaines combinaisons peuvent limiter la bio-disponibilité de certains nutriments et d'autres peuvent l'améliorer. Par exemple, l'absorption du fer est meilleure en présence de vitamine C. Tandis que la biodisponibité du calcium est limitée en présence de phytates.

IV.2 DE LA QUANTIFICATION

La méthode basée sur la morbidité et le traitement type proposé dans ce modèle de gestion peut s'avérer inadéquate si certains éléments ne sont pas maîtrisés par le planificateur gestionnaire, notamment :

1. Le calcul des prévisions de morbidité. La courbe du nombre de patients admis dans un hôpital pendant une période donnée (généralement 1 an), peut prendre une certaine tendance avec les variations saisonnières. La connaissance des calculs des prévisions sur ces types de données sera un élément essentiel à la détermination du nombre de patients attendus (avec une certaine marge d'erreur) .

2. Le régime type défini par les cliniciens ne doit pas être sujet à révision à chaque instant. Dans le cas contraire, tous les calculs d'estimation des besoins seront chaque fois remis en cause. Une concertation des spécialistes est donc nécessaire avant de définir le régime type.

3. Dans ce modèle, la durée moyenne de traitement peut entraîner des estimations erronées des besoins si la distribution des durées autour de la moyenne n'est pas symétrique.

IV.3 DE L'ADAPTATION DES QUANTITES AU BUDGET

L'adaptation des besoins au budget est une tâche difficile car tous les produits sélectionnés et donc commandés sont jugés essentiels par rapport à leur coût et à leur efficacité thérapeutique. Cette adaptation devra préférentiellement ne pas être basée sur la réduction des quantités mais devra plutôt porter sur une amélioration de la gestion des stocks afin de réduire les coûts liés à l'approvisionnement des produits.

Plusieurs pistes devront être étudiées :

· recherche de produits équivalents moins chers par une révision des critères de sélection,

· optimisation du roulement des stocks afin de réduire au maximum les coûts combinés du stockage et des commandes.

La méthode ABC qui classe les produits en fonction de leur participation au budget, permet d'identifier les produits à étudier en priorité.

IV.4 DE LA POLITIQUE D'APPROVISIONNEMENT

On peut constater que si les critères de sélection et de quantification des besoins des produits alimentaires ont pu s'inspirer largement de ceux développés pour la gestion des médicaments, il n'en est pas de même concernant la politique d'approvisionnement. La principale raison en est que la plupart des produits alimentaires ont une durée de conservation très courte contrairement aux médicaments. Ce qui exige une rotation rapide et par conséquent augmente le frais de passation des commandes. Cette contrainte associée à une obligation d'approvisionnement à jour fixe imposée par le fournisseur nécessite le calcul au plus juste d'un stock de sécurité. Toute erreur de prévision à la hausse ou à la baisse entraîne des conséquences. Pour la première, l'élévation du coût de stock (le surplux des produits à la date d'une nouvelle livraison sera périmée). Dans le second cas, il y aura un coût de rupture des stocks. Une des solutions proposées en cas de rupture de stock est de prévoir un stock de produits nons essentiels (chers) ayant une durée de conservation plus longue. Cependant, il convient d'étudier les deux types de coût liés à l'approvisionnement. Une autre solution peut être de négocier avec les fournisseurs pour avoir des durées de livraison plus courtes que la durée de péremption des produits.

IV.5 DE LA CONSERVATION

En raison des difficultés d'approvisionnement liées à la conservation, le développement des techniques permettant d'allonger la durée de conservation des produits périssables s'avère une nécessité. Les produits tels que le poisson ou la viande doivent être conservés à -20°C et être reconditionnés en unités correspondant à la demande journalière. La mise en pratique des règles d'hygiène et le choix de produits frais au moment de l'achat est un élément essentiel à la conservation des produits périssables. Il faut signaler l'inconstance de la fourniture du courant électrique dans les pays en développement. Ceci peut entraîner des pertes de stocks énormes. Si une telle situation est fréquente, il faut limiter l'approvisionnement en ces produits et avoir recours aux produits secs, qui se conservent à température ambiante. Au Kivu on trouve, à titre d'exemple un poisson (tilapia) conservé par salaison qui supporte les températures ambiantes élevées pendant plus d'un an. Même si le prix par Kg du principe nutritif d'un produit est élevé, on fera globalement une économie par une réduction des pertes dues à la détérioration.

En ce qui concerne le lait frais et caillé, celui doit être conservé entre 4 et 6°C. En absence de moyen de conservation adéquate, il convient d'avoir recours au lait en poudre, plus cher, mais qui se conserve bien.

Pour les autres produits frais tels que la patate douce, il semble que certaines variétés se conservent mieux que d'autres. Les observations faites à l'HPL par Kilcher (1995) montrent que les pertes dues à la pourriture et à la déshydration des tubercules des patates douces est de l'ordre de 10%, deux semaines après la récolte.

La conservations des farines sous emballage plastique à volume réduit s'avère plus efficace que dans un sac contenant de grandes quantités. Une attention sera apportée au coût de réconditionnement et à la gestion des plastiques (modes de destruction après usage). La conservation des haricots avec une mince couche d'huile de palme s'est avéré efficace à l'HPL.

IV.6 DE LA CAPACITE DE CONSERVATION

Les quantités en stock, doivent correspondre à l'espace disponible. Nous avons parlé de reconditionnement des produits en unités secondaires. Par exemple, le lait sera conservé au réfrigérateur dans des bouteilles d'une capacité d'un litre. Dans ce cas, il faut évaluer si la quantité livrée puis reconditionnée peut être contenue dans le réfrigérateur. La quantité à commander sera alors fonction de l'espace disponible. Il en sera de même pour les autres produits.

IV.7 DE L'UTILISATION DE L'INFORMATIQUE

L'importance de la gestion informatisée des stocks a été démontrée et il existe plusieurs ouvrages édités sur ce sujet (Bénassy et Ploix de Rotrou, 1981). L'utilisation de logiciels de type tableur ou de programmes plus sophistiqués peut rendre le travail de calcul plus facile, rapide et avec moins d'erreur. L'informatique interviendrait dans la sélection des produits en utilisant les formules présentées au chapitre 3 ainsi que dans la quantification des produits, l'adaptation des quantités au budget ou la gestion des stocks.

IV.8 CRITERES D'EVALUATION DE CETTE GESTION

Il convient maintenant de définir les critères qui permettront de juger de la qualité de cette gestion. Il existe plusieurs critères pour évaluer la gestion des stocks (Bénassy et Ploix de Rotru, 1981 ; Zermati, 1996). Nous nous limiterons à présenter quelques éléments essentiels de contrôle budgétaire des approvisionnements. Ce contrôle doit porter à la fois sur les quantités et sur les coûts (Gouget et al., 1997).

IV.8.1 LE CONTROLE DES QUANTITES

Le contrôle des quantités sera fait par l'analyse des écarts et le calcul des quelques ratios significatifs.

IV.8.1.1 L'analyse des écarts

Cette analyse portera sur :

Les écarts observés entre les consommations prévues et les consommations réalisées. Les plus fortes variations doivent faire l'objet de remise en cause des calculs de prévision des consommations.

Les écarts observés entre les quantités prévues et livrées, les délais de livraison prévus et réalisés voire la qualité du produit livré. L'examen des résultats doit conduire à des décisions sur le choix des fournisseurs.

IV.8.1.2 Le calcul de ratios

On peut également procéder au calcul de certains ratios significatifs tels que :

· La fréquence des ruptures de stock :

Quantités manquantes

Quantités consommées

 

· La vitesse de rotation des stocks :

Coût d'achat des produits consommés

Stock moyen

 

· La fiabilité du fournisseur :

Nombre de livraisons réalisées dans les délais annoncés

Nombre total de livraisons

IV.8.2 LE CONTROLE SUR LES COUTS

Une attention doit être portée sur des écarts favorables sur le coût unitaires d'achat car on a souvent tendance de faire des approvisionnements en volume important lorsque le prix d'achat est inférieur aux prévisions. Rappelons que ceci peut avoir une incidence fâcheuse sur le coût de stockage, en particulier avec les produits alimentaires périssables. Certains fournisseurs diminuent le prix lorsque les produits sont de moindres qualité.

CHAPITRE V. CONCLUSION

L'objectif du travail était de proposer un modèle rationnel de gestion des produits alimentaires pour la prise en charge de la malnutrition sévère. Le modèle proposé par l'OMS pour la gestion des médicaments a servi de cadre de référence en partant du principe que face à la malnutrition sévère, les produits alimentaires constituent l'équivalent thérapeutique des médicament face aux maladies infectieuses.

L'adaptation du modèle de gestion des médicaments à celui de gestion des produits alimentaires reste partielle. Elle ne peut être faite à toutes les étapes. Le principe de sélection et de quantification des produits alimentaires peut être emprunté à la gestion des médicaments. Cependant, les politiques d'approvisionnement des produits alimentaires sont tributaires de la contrainte de durée de vie très courte. Cela exige le recours à plusieurs politiques d'approvisionnement en fonction de la durée de conservation des produits, précisément le flux tendu, le point de commande et l'approvisionnement à date fixe. Aux contraintes liées aux produits s'ajoutent les contraintes du marché obligeant d'avoir recours aux produits de substitution, non sélectionnés au départ.

La méthode ABC permet d'identifier les produits représentant une part importante du budget et donc de porter une attention sur leur gestion.

Si les moyens de conservation de produits frais tels que la viande, le poisson et le lait ne sont pas disponibles, de tels produits doivent être abandonnés au profit des produits équivalents qui ne nécessitent pas d'importants moyens de conservation. A ceci s'ajoute le problème causé par le reconditionnement des produits en unités réduites. Une étude de la gestion des emballages plastiques utilisés à cette fin doit être envisagée.

Enfin, l'utilisation de l'outil informatique s'adapte bien à la gestion de stock. Si les moyens le permettent, il faudra saisir cette opportunité. Cependant un minimum d'information sur papier reste indispensable.

Ce travail n'avait pas la prétention de développer les formules mathématiques décrites dans la littérature concernant la gestion des stocks. Nous avons voulu être pratique pour que le gestionnaire des produits alimentaires dans le contexte d'un pays en développement ne se sente pas dépassé.

La malnutrition sévère demeurant un problème de santé publique dans les pays en développement, nous espérons que ce travail peut apporter une contribution à une meilleure gestion de ce problème.

CHAPITRE VI. BIBLIOGRAPHIE

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25. Zermati P. (1996). Pratique de la gestion des stocks. 5 éd. Dunod. Paris.

* 1 LHE-CMV : Lait Haute Energie enrichi en Complexe Minéraux et Vitaminés.

* 2 L'huile de colza qui est un produit non essentiel dans la catégorie des huiles, devient essentiel parce qu'elle rentre dans la composition du LHE-CMV.






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