WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Droit de la condition des étrangers les limites du droit applicable au regroupement familial

( Télécharger le fichier original )
par Dominique Arnaud Christ DINGHAT
Université Bourgogne - Master 2 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 2 : Le regroupement familial et le droit communautaire

Le droit au regroupement familial a tout d'abord été reconnu aux membres de la famille des citoyens européens (§1), avant qu'il ne soit étendu aux membres de la famille d'un étranger régulièrement établi sur le territoire d'un État membre (§2).

§ 1 : Le regroupement familial des membres de la famille du citoyen européen

En droit communautaire, le droit au regroupement familial est entendu comme un droit propre du travailleur communautaire. Il a pour objet de permettre l'intégration du travailleur dans le pays dans lequel il s'est établi pour exercer une activité professionnelle. A cette fin, des droits dérivés sont reconnus aux membres de sa famille, en particulier le droit d'entrer, de séjourner et de travailler. Le droit au regroupement familial et la reconnaissance de droits dérivés aux membres de la famille sont donc entendus comme des moyens de rendre effectif l'exercice de la liberté de circulation des travailleurs communautaires garantie par le Traité de Rome145.

Indirectement, la vie familiale des citoyens européens est protégée en vue d'éliminer les obstacles à l'exercice des libertés fondamentales garanties par le Traité de Rome146. Cet objectif est la clef de voûte de la consécration du droit au regroupement familial au bénéfice des membres de la famille du citoyen européen. Le rattachement au droit au respect de la vie familiale est plus récent.

En 1989, à la lumière des stipulations de l'article 8 de la Convention européenne, La Cour de justice des communautés européenne a considéré que le regroupement familial constituait un droit

145Le droit au regroupement familial n'est pas réservé aux étrangers membres de la famille du citoyen européen. Il a également été reconnu dans le cadre de l'application de l'Accord d'association conclu entre l'union européenne et la Turquie. Le droit au regroupement familial est reconnu aux travailleurs turcs afin de rendre effectif l'accès au marché du travail dans les États membres de l'Union européenne.

146Voir not. : CJCE, 11 juillet 2002, aff. C-60-00, Mary Carpentier, point 38 ; CJCE, 25 juillet 2002, aff. C-459/99, MRAX c. Belgique, point 53.

fondamental147. Depuis, la référence au droit au respect de la vie familiale est plus prégnante.

§ 2 : Le regroupement familial des membres de la famille des étrangers

Jusqu'à une époque récente, ni le droit communautaire originaire ni le droit communautaire dérivé, ne consacraient le droit au regroupement familial des étrangers au sens du droit communautaire, c'est à dire des ressortissants qui n'ont pas la nationalité de l'un des États membres. L'adoption de la directive 2003/86/CE du Conseil européen du 22 septembre 2003 relative au droit au regroupement familial148 marque donc une étape importante dans la protection des droits des étrangers dans les États membres de l'Union européenne. Le droit au regroupement familial est défini comme étant la cohésion au sein du pays d'accueil149. Il permet donc d'atteindre un double objectif correspondant pour le premier à un intérêt individuel, garantir la vie familiale des étrangers, et pour le second à un intérêt général, assurer la cohésion sociale et économique dans les pays d'accueil .

Le champ d'application personnel de la directive 2003/86/CE est restreint. Le régime défini dans cet instrument communautaire ne s'applique qu'aux ressortissants de pays tiers titulaires d'un titre de séjour d'une durée de validité supérieure ou égale à un an et justifiant d'une perspective fondée d'obtenir un droit de séjour permanent150 ainsi qu'aux réfugiés151. Les étrangers qui ont sollicité la reconnaissance de la qualité de réfugié et dont la demande n'a pas fait l'objet d'une demande définitive152, les bénéficiaires de protections temporaire ou subsidiaire et les membres de la famille d'un citoyen européen153 sont exclus de son domaine d'application. Élaborée à partir d'un

147CJCE, 18 mai 1989, aff. C-249/86, Commission c. République fédérale d'Allemagne, point 10, Rec. CJCE, p. 1263, concl. J.Mischo ; JDI 1990, chron. De jurisprudence de la Cour de justice des communautés européennes, pp. 476- 477, obs. M-C Boutard-Labarde.

148Directive 2003/86/CE du Conseil du 22 septembre 2003 relative au droit au regroupement familial, JOUE L 251, 3 octobre 2003, p. 12. Sur ce texte , voir not. : C. Urbano de Sousa, le regroupement familial au regard des standards internationaux, in F. Julien-Laferrière, H. Labayle et Ö. Edstrôm (dir.), La politique européenne d'immigration et d'asile : bilan critique 5 ans après le Traité d'Amsterdam, pp. 127-139.

149Considérant 4 de la directive 2003/86/CE : « le regroupement familial est un moyen nécessaire pour permettre la vie en famille. Il contribue à la création d'une stabilité socioculturelle facilitant l'intégration des ressortissants des pays tiers dans les États membres, ce qui permet par ailleurs de promouvoir la cohésion économique et sociale, objectif fondamental de la Communauté énoncé dans le Traité instituant la Communauté européenne ».

150 Cf. Art. 1Er et 3, paragraphe 1, de la directive 2003/86/CE.

151 Cf. Art. 9, paragraphe 1, de la directive 2003/86/CE.

152 Cf. Art. 3, paragraphe 2, point a) de la directive préc.

153 CF. Art. 3, § 3 de la directive . Le regroupement familial des membres de la famille du citoyen européen qui a exercé son droit à la libre circulation est régi par la directive 2004/38/CE du Parlement européen et du Conseil du 29 avril 2004 relative a droit des citoyens de l'Union et des membre de leur famille.

dénominateur commun minimal des politiques nationales migratoires, la directive est un texte novateur dans la mesure où le droit des étrangers au regroupement familial est formellement consacré par l'Union européenne alors que, jusqu'ici, le droit au regroupement familial garanti par le règlement (CEE) 1612/68, concernait exclusivement les travailleurs communautaires154. En outre, l'adoption de règles communes permet d'éviter que les étrangers choisissent un pays d'accueil en considération du régime favorable au regroupement familial adopté dans cet État.

La directive 2003/109/CE du Conseil du 25 novembre 2003155 étend le régime de regroupement familial défini par la directive 2003/86/CE aux membres de la famille du résident de longue durée, c'est à dire du ressortissant d'un État tiers156 qui réside de manière légale et ininterrompue depuis cinq ans sur le territoire d'un État membre157. Afin de maintenir l'unité familiale et de ne pas entraver l'exercice du droit au séjour du résident de longue durée. Les membres de sa famille peuvent l'accompagner ou le rejoindre dans tout État membre autre que celui qui a octroyé le statut de résident de longue durée et dans lequel il exerce son droit de séjour158. Les membres de sa famille qui remplissent les conditions visées à l'article 4, paragraphe 1, de la directive 2003/86/CE sont autorisés à l'accompagner . Pour les autres membres de la famille, les États sont libres de les autoriser à vivre auprès du résident de longue durée159. Le deuxième État membre, remet aux membres de la famille un titre de séjour renouvelable de durée identique à celle du titre délivré au résident de longue durée. Lorsque le résident de longue durée a fondé une famille dans le deuxième État membre, il est fait application des règles énoncées par la directive 2003/86/CE160.

Le droit au regroupement familial au sens de la directive 2003/86/CE est fondé sur l'obligation des États de protéger la famille et de respecter la vie familiale. Dans la directive 2003/109/CE, à l'instar de la directive 2004/38/CE du Parlement européen et du Conseil du 29 avril 2004 relative au

154H. TAGARAS, le champ d'application personnel du regroupement familial et de l'égalité de traitement des membres de la famille du travailleur dans le cadre du règlement 1612/68, Cah. dr. Eur. 1998, pp. 329-341.

155Directive 2003/109/CE du Conseil du 25 novembre 2003 relative au statut des ressortissants de pays tiers résidents de longue durée, JOUE L 16, 23 janvier 2004, pp. 44.

156Le champ d'application ratione personae de la directive est défini de manière restrictive. Aux termes de son article 3, § 2, elle ne s'applique pas aux ressortissants de pays tiers qui : « a) séjournent pour faire des études ou suivre une formation professionnelle : b) sont autorisés à séjourner dans un État membre en vert d'une protection temporaire ou ont demandé l'autorisation de séjourner pour ce même motif et attendent une décision sur leur statut... .

157 V. Art. 4, § 1 de la directive 2003/109/CE.

158 Lorsque le résident concerné exerce son droit de séjour dans un deuxième État membre, les membres de sa famille ne peuvent l'accompagner ou le rejoindre que si la famille était déjà constituée dans le premier État membre. Le principe et les conditions de séjour dans un deuxième État membre du résident de longue durée sont énoncées aux articles 14 à 23 de la directive 2003/109/CE.

159 V. Art.16 § 2 , de la directive 2003/109/CE.

160 V. Art. 19, § 3 de la directive 2003/109/CE.

Par ailleurs, avec la signature du Traité de Lisbonne161, outre le fait que la Charte des droits fondamentaux de l'Union a dorénavant une force juridique contraignante, l'on peut enfin de nouveau affirmer que l'harmonisation européenne sur la politique migratoire se veut être dorénavant effective, notamment en ce qui concerne le regroupement familial avec l'article 63 bis dudit Traité qui dispose que :

« 1. L'union développe une politique commune de l'immigration visant à assurer, à tous les stades, une gestion efficace des flux migratoires, un traitement équitable des ressortissants de pays tiers en séjour régulier dans les États membres, ainsi qu'une prévention de l'immigration illégale et de la traite des êtres humains et une lutte renforcée contre celle-ci ;

2. Aux fins du paragraphe 1, le Parlement européen et le Conseil, statuant conformément à la

procédure législative ordinaire, adoptent les mesures dans les domaines suivants :

a) les conditions d'entrée et de séjour, ainsi que les normes concernant la délivrance par les États membres de visas et de titres de séjour de longue durée, y compris aux fins du regroupement familial ; ... ». Il n'en demeure pas moins, que le Traité de Lisbonne ne vient que consolider les instruments juridiques communautaires existants en leur donnant une force juridique obligatoire.

Ceci dit, l'on a pu constater tout au long de cette première partie, que les États membres de l'Union européenne, tiennent à préserver leur souveraineté en matière migratoire, en voulant maîtriser les flux migratoires, notamment, pour le regroupement familial en particulier. Ainsi, ces restrictions législatives des États membres applicables au regroupement familial, tel qu'en France, pouvant susciter des discriminations, ne laissent pas les juges des libertés fondamentales162 indifférents. A cet égard, un contrôle visant à faire respecter et appliquer cette liberté fondamentale qui est « le respect de la vie familiale » s'impose.

161 Traité de Lisbonne, signé le 13 décembre 2007, et entré en vigueur le 1er décembre 2009.

162 En l'occurrence, le juge communautaire, le juge européen, le juge administratif, le juge constitutionnel.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo