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Commercialisation des produits piscicoles et de l'élevage

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par Malloum BRAHIM MALLOUM MBODOU
Adam Barka Tchad - article 2011
  

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- Période postcoloniale

A partir de 1966, l'administration tchadienne installe sur les marchés de la zone de notre étude une organisation accessoire destinée à contrôler le bétail. Ce contrôle est essentiellement orienté vers le prélèvement de taxe pour le compte de l'Etat. Sarniguet décrit ainsi les méthodes de prélèvements des taxes:

Le sous-préfet de Bol reçoit du Fonds de Développement et d'Action rurale (FDAR), un stock de carnets de tickets numérotés (une couleur par espèce animale avec mention de l'espèce et du prix du ticket). La perception de la taxe de transaction et le contrôle de la commercialisation sont confiés à un faki qui a sous sa responsabilité deux écrivains arabes. Lors que la transaction est faite, vendeur et acheteur se rendent auprès de l'écrivain public, et celui-ci

* Délivre à l'acheteur le ticket de la transaction contre paiement de la taxe, qui est de 100 f pour les bovins. Au verso du ticket, il mentionne le nom du vendeur et celui de l'acheteur, l'animal, objet de la transaction (espèce, sexe) ainsi que son prix.

* Enregistre toutes les transactions de manière très complète (numéro du ticket, nom et lieu de résidence du vendeur, nom du chef de village, caractéristique de l'animal, nom de l'acheteur et le prix)9(*).

Il y a plusieurs commis qui circulent sur le foirail et qui s'assurent que toutes les transactions font bien l'objet de l'acquittement de la taxe. Il y a également un commis qui se charge des transactions portant sur les ovins, les caprins, les asins et les équins. A la fin du marché, le faki remet les souches ainsi que les carnets inutilisés au sous-préfet, fait son versement et ce dernier s'assure que la somme versée correspond bien au nombre de tickets délivrés. Le faki perçoit 10 % du total encaissé et il rétribue son personnel sur les 10 % (écrivains publics et commis). Les sommes encaissées sont versées par le sous-préfet au FDAR. Ce circuit commercial est partagé aujourd'hui entre le ministère des Finances et de l'Elevage.

A partir de 1970, fonctionne à Bol, un ranch expérimental d'embouche. Il a dû fermer ses portes assez rapidement pour des raisons indépendantes de son objet, et un nouvel essai est souhaité. Il est difficile de dire si ces ranchs intéressent ou non les agents du commerce de bétail. Mais il est certain que les commerçants de bétail ne se sont pas en mis en travers du projet de ce type. Ils ne les ont pas imités non plus.

En somme, la commercialisation du poisson et des produits de l'élevage à donné l'exemple de la mise en place de structures issues des sociétés locales et régionales. Elle a résisté face à des tentatives de détournement et de récupération dans un but de `'rationalisation''10(*). Dans les deux cas, les interventions administratives sont à la fois moins vives et moins efficaces, et il est intéressant de rechercher les raisons. Nous en voyons au mois trois :

Pour l'administration tchadienne, le commerce du poisson et des produits de l'élevage correspondent à des activités à la fois nouvelles et diffuses. Nouvelles par l'ampleur qu'elles prennent et diffuses sur le plan géographique. La nouveauté vient surtout de l'extraordinaire essor du banda, mais aussi des gros besoins en viande du Nigeria. Il a donc pu y avoir un effet de surprise à partir des années cinquante, lorsque le besoin de rationalisation des filières se fait sentir.

L'aspect diffus vient de l'extrême mobilité des produits. Dans le cas du poisson, les lieux de collectes sont multiples et changeants. Cependant, les pirogues chargés de banda peuvent emprunter des itinéraires aussi variés que le permet la taille du lac Tchad. Dans le cas du bétail, les marchés sont connus, mais les pistes d'évacuation relèvent de la plus stricte contrebande.

Les experts économistes et les administrateurs qui se sont penché sur les commerces du poisson et des produits de l'élevage ont sous-estimé la solidité de ces structures. Elles sont mises en place spontanément à l'intérieur des sociétés agro-pastorales du bassin du lac Tchad, et particulièrement dans le département de Mamdi. Ces experts et administrateurs parlent des grands boubous haoussa, alors que la réalité est beaucoup plus complexe.

Nous pouvons dire en schématisant que la possibilité ou la nécessité d'établir des échanges interrégionaux portant sur un produit local est de créer une chaîne intermédiaire reliant le producteur au consommateur. Chaque groupe secrète ses agents selon ses aptitudes à assurer telle ou telle fonction à l'intérieur des aires d'influence des chefferies coutumières. Car, derrière tous ces maillons tissés par les logeurs, les courtiers, les agents des grands négociants, les commis et les collecteurs de poissons, se profile le clientélisme qui est la marque des sociétés traditionnelles.

La manière dont se déroulent les transactions obéit à des règles très anciennement inscrites dans la civilisation musulmane. Il est parfois difficile de trouver les marques de la logique européenne.

Les interventions sont parfois maladroites ou irréfléchies, lorsqu'elles ont porté sur les structures commerciales en place. Elles aboutissent souvent à enrichir les sous-préfets ou les commis de l'administration publique, partant l'administration tout entière. Lorsqu'elles ont porté sur les produits, soit pour en améliorer la qualité, soit pour en augmenter la quantité, elles ne sont pas parvenues à convaincre les producteurs et les commerçants du bien-fondé de l'entreprise. L'effort de sensibilisation, d'explication et d'éducation n'est pas mené à bien. La meilleure illustration de cette lacune est l'échec des coopératives créées pour améliorer le niveau de vie des producteurs et réduire le coût à la consommation.

* 9 Sarniguet, J., 1967, Exploitation du cheptel bovin au Tchad, secrétariat d'Etat à la coopération, Paris,

p. 34.

* 10 L'administration de la république du Tchad veut réorganiser les transactions commerciales traditionnelles. De ce fait, il fallait mettre en place une structure étatique qui puisse contrôler les marchés à la place des faki et de leur personnel. Comme les transactions évoluent en disparate il leur faut une coopérative dont l'Etat puisse contrôler les moindres mouvements du commerce du bétail.

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