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Le droit international de l'environnement face aux enjeux liés à  la conservation de la biodiversité

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par Yannick Alain TROUPAH
Université de Limoges - Master II Droit International de l'Environnement 2010
  

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B. Les difficultés propres au droit international de l'environnement

Au niveau du DIE, la violation d'une obligation conventionnelle résulte rarement d'un acte délibéré et prémédité. La mise en oeuvre des règles est rendue difficile par trois facteurs : la mollesse des normes illustrée par l'abondance de la soft law, caractère souvent très général des obligations, faiblement contraignantes42, non quantifiées, atténuées ; le caractère non auto-exécutoire de la plupart des obligations ; le fait que les mécanismes classiques de réaction à la violation substantielle d'une obligation conventionnelle sont mal adaptés lorsque l'obligation constitue un engagement unilatéral, exempt de réciprocité. Les manquements trouvent aussi leur source dans les difficultés d'interprétation de Conventions peu claires et/ou, peu précises, ou encore dans l'incapacité de la Convention à évoluer et à prendre acte de changements de circonstances notamment en cas de nouvelles découvertes scientifiques par exemple. Le foisonnement normatif est également source de difficultés, comme cela a été rappelé ci-dessus : le DIE est un corps de règles construit dans l'urgence, au coup par coup face aux nombreux problèmes liés notamment à la destruction de la couche d'ozone ou encore à l'érosion très remarquée de la biodiversité. Il souffre malheureusement d'incohérences internes, voire de problèmes d'articulation externes dus à des cloisonnements normatifs et institutionnels par rapport à d'autres corps de règles relatives notamment au Commerce. Les insuffisances de la mise en oeuvre trouvent aussi leur source dans l'incapacité matérielle à se conformer à des obligations internationales dont

42 La souplesse constatée au niveau des obligations de la Convention sur la diversité biologique.

l'application a souvent un coût économique et social très important. Pour rendre compte de la réalité dans son ensemble, l'analyse juridique doit être au moins complétée par des analyses sociologiques et économiques. De ce point de vue, la théorie des régimes contribue à expliquer les différences de résultats et d'effectivité d'un régime à l'autre. Dans une réflexion plus prospective, elle permet d'ébaucher les formes que doivent prendre les dispositifs internationaux pour être les plus efficaces et effectifs.

Le droit de la biodiversité, branche du DIE, dispose d'un instrument juridique international de référence en matière de conservation de la biodiversité. Il s'agit notamment de la CDB. Cependant, le constat est que malgré l'entrée en vigueur de cette Convention depuis 1993, les objectifs visant à stopper l'érosion de la biodiversité n'ont pas été atteints. Cette situation n'est pas étrangère aux problèmes rencontrés par le DIE lui-même qui ont été présenté en amont. En effet, la CDB contient les stigmates d'une Convention difficilement applicable et dont l'effectivité reste douteuse. La CDB présentée lors de son adoption comme un accord contraignant, semble contenir des dispositions qui laissent penser le contraire. La CDB propose des obligations conventionnelles souples aux Etats Parties et conformément au principe de souveraineté des Etats laissent aux Etats la latitude de décider des modalités d'exécution et d'application de ces obligations. Cette démarche adoptée par la CDB confère le caractère non auto-exécutoire aux obligations de la CDB dans la mesure où leur application sera toujours conditionnée.

En outre, la CDB souffre aussi d'incohérences internes dus au cloisonnement de règles relatives au Commerce. Il convient de rappeler que le pays le plus concerné par la conservation et l'utilisation de la biodiversité à savoir les Etats Unis, n'a pas signé la texte final de la Convention, mais a participé à toutes les négociations et notamment fait des propositions. Les Etats Unis n'ont pas adhérés à la CDB parce qu'elle n'offrait pas de garantie suffisante à ses firmes industrielles, les enjeux économiques étaient la raison de la défection des Etats Unis43. Mais cette défection, ne signifiait pas que la CDB allait se consacrée uniquement aux impératifs écologiques. La CDB sous la pression d'autres pays industrialisés a dü prévoir des

43 Commission de la propriété intellectuelle et industrielle, 15 septembre 1999, l'accord relatif aux APDIC et la Convention sur la Diversité Biologique : quel conflit ?

dispositions traitant des enjeux économiques et financiers liés à la conservation de la biodiversité. Il s'agit des dispositions relatives à l'accès aux ressources génétiques avec les très controversés DPI, et de celles relatives au partage des ressources issus de l'exploitation de la biodiversité. Ainsi, la CDB est comme un iceberg, il y a la face visible qui fait de la protection et de la conservation de la biodiversité, une priorité pour stopper l'érosion de la biodiversité, puis il y a la face cachée de l'iceberg, où les enjeux économiques et commerciaux importants liés à la biodiversité sont positionnés soigneusement et attendent de se manifester. Le droit de la Biodiversité illustre bien les défaillances du DIE.

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