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Le processus électoral au Cameroun

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par Mbassi BEDJOKO
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master droit de l'Homme et Action Humanitaire 2004
  

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Paragraphe 2. La responsabilité des partis politiques

« Un parti est une réunion d'hommes qui professent la même doctrine politique » écrivait Benjamin Constant en 1816. Ainsi considéré il doit dans son objectif d'accéder au pouvoir, assurer l'encadrement des personnes qui se réclament idéologiquement de lui.

Le Cameroun donne cependant l'exemple type d'un pays où les partis s'illustrent par un déficit d'encadrement de leurs membres et partant des électeurs. Ils donnent surtout l'image des formations très dépendantes en proie à une absence de cohésion qui aurait pu constituer leur force s'ils la faisaient cesser.

A. Le déficit d'encadrement des membres et des électeurs.

L'observateur étranger estime généralement que le trait original qui caractérise la vie politique camerounaise, c'est la multiplicité des partis. Ceux-ci sont dans la plupart des cas dirigés par des personnes peu expérimentées.

A la différence du «  two party system » qu'on retrouve dans certains pays103(*), le Cameroun a opté pour un système illimité des partis politiques. L'article 2 de la loi n° 90-56 du 19 décembre 1990 relative aux partis politiques stipule en ce sens que : «les partis politiques se créent et exercent librement leurs activités dans le cadre de la Constitution... »

De plus l'article 11 en déterminant les conditions à remplir pour créer un parti passe sous silence la question relative à la formation de base des candidats ; la loi électorale exige simplement qu'ils sachent lire et écrire en français ou en anglais du moment où ils postulent à un poste électif. Cette dispense de justifier d'une expertise éprouvée encourage l'aventure politique d'un nombre important d'individus sans envergures, incapables d'assurer à leurs militants et sympathisants l'encadrement dont ils ont besoin pour renforcer les capacités de leur parti. A cet égard, il n'est pas étonnant de voir que certains citoyens ignorent tout de leurs droits, des procédures à suivre pour les faire respecter, prévues par la législation électorale.

A cause des phénomène d'analphabétisme et de l'illettrisme évoqués, les partis devaient servir, de relais, si leurs leaders avaient l'expertise nécessaire, pour former, informer et enseigner les citoyens, certes dans le but d'atteindre les objectifs du parti, mais aussi pour participer, aux côtés des autres acteurs politiques, à l'oeuvre de construction de la culture politique qui fait encore défaut au Cameroun. Le déficit d'encadrement des citoyens réside aussi dans l'insuffisance des moyens matériels et financiers des partis.

Créer un parti politique au Cameroun est la chose la plus facile à obtenir. Toute la difficulté réside cependant dans son organisation ainsi que son fonctionnement qui requièrent de ressources suffisantes. Autrement le parti se désintègre, à défaut de se limiter dans le cadre du village de son géniteur ou plus simplement de sa famille.

Sans exagération, trois-quarts des partis politiques actuels se trouvent dans cette situation de vulnérabilité matérielle et financière et ne peuvent se déployer facilement à travers le territoire national pour faire connaître leurs programmes politiques.

Fort de ce constat, le principe d'égale chance a conduit l'Assemblée nationale à voter une loi pour soutenir l'effort des partis politiques. Au terme de l'article 4 de la loi considérée, une subvention est servie par l'Etat à chaque formation politique. Cette disposition illustre les bonnes intentions du législateur de sortir les partis de la mendicité politique. Mais elle est trahie à cause de son imprécision. Si elle énumère les modalités de répartition de la subvention, elle ne dit rien de la période, encore moins de la date à partir de laquelle doit intervenir cette répartition.

La pratique récente montre en effet que la manne électorale est distribuée en période électorale. Elle ne peut dont servir à couvrir véritablement tous les objectifs visés par la loi.

Au contraire, elle court le risque de distraire de nombreux partis, à la veille d'une élection, à se concentrer dans la bataille électorale, d'atténuer l'activisme de leurs leaders partagés entre la tentation de garder l'enveloppe pour soi- même et la nécessité de consacrer celle-ci au besoin immédiat et pressant du parti. La distribution de la subvention politique aux partis, à quelques semaines de l'échéance électorale, apparaît en outre comme une sorte de corruption politique, ne permet pas aux autres membres du parti bénéficiaire de s'assurer que l'allocation servie par l'Etat sert véritablement leurs intérêts et qu'elle n'a pas été détournée.

De même, la participation des partis aux différentes Commissions électorales est l'une des plus médiocres. Il n'est pas rare de constater que les Commissions locales ne renferment pas toujours tous les représentants des partis politiques, l'une des principales raisons étant le manque d'assistance qu'ils sont en droit d'attendre de ces partis très dépendants, par ailleurs, à cause de leur absence de cohésion interne.

* 103 Cf. les Etats-Unis, la Grande Bretagne, Israël etc.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon