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Essai d'analyse du fonctionnement du secteur informel dans la diminution du chômage au Burundi : cas des activités informelles à  Bujumbura mairie

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par Faustin MULINDAHABI
Université Martin Luther King - Licence en gestion et administration des affaires 2010
  

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Conclusion

L'objet de ce chapitre a été donc de faire comprendre la signification des concepts et de tous les éléments que nous avons considérés comme constitutifs du SI, objet de notre travail dans la première section. Dans la deuxième section, il a été question de construire la grille d'analyse du dynamique changement social par rapport à la crise de la régulation capitaliste. Pour ce faire, nous avons emprunté aux réflexions de K. Polanyi les axes d'analyses théoriques qui nous permettent de faire la lecture de la dynamique sociale dans le contexte des changements en cours. Nous retenons de lui que les mouvements de résistances des masses populaires expriment leurs réponses au processus insécurisant du modèle de modernisation-accumulation. La spécificité de la résistance des masses populaires est qu'elle légitime l'économie populaire comme une démarche de reproduction sociétale.

Cette théorie met en relief le développement de l'économie informelle d'une part et la fonction que joue l'économie informelle dans la société d'autre part.

Après le cadre conceptuel et théorique, nous allons développer le 2eme chapitre dans lequel nous allons parler l'émergence du secteur informel dans le temps et dans l'espace.

CHAPITRE II. LE DEVELOPPEMENT DU SECTEUR INFORMEL ET SON

IMPORTANCE

Introduction

Le secteur informel a été et est, de nos jours, l'objet d'une multitude de théories, d'approches et d'analyses différentes voire divergentes. Au fait, phénomène historique décelable à l'ère coloniale à travers la dérogation de certains indigènes à l'imposition coloniale, le secteur informel ne cesse, aujourd'hui, de prendre des proportions sérieuses. Vu à ses premiers jours sous l'angle d'une anomalie temporaire au Ghana puis au Kenya, sa légitimité sociale n'est presque plus contestable à l'ère actuelle où le désengagement de l'Etat est au su et au vu de tous. Quoique frauduleux, dérogatoire en tout ou partie à la législation, il se positionne comme secteur à part entière auquel on reconnaît le mérite dans la réduction du chômage, la promotion de l'esprit d'entreprise et de solidarité, la création de richesses, etc., pour ne citer que ces avantages. Les raisons de l'émergence du phénomène sont la croissance démographique qui a une implication importante en matière d'emploi, de pauvreté et la diminution de l'offre d'emploi dans le secteur formel.

II.1. Emergence du secteur informel dans le temps et dans l'espace

II.1.1. Dans le temps

Sur le plan temporel, cette délimitation s'inscrit sur une période allant de 1970 à nos jours.

Ø 1960-1970s: Période marquée par le rôle prépondérant de l'appareil étatique.

Cette période a été littéralement marquée par une forte croissance de l'emploi dans le secteur public. La présence de l'Etat providence était quasi permanente dans tous les secteurs, soit en tant qu'acteur économique ordinaire, soit en tant que régulateur. L'essentiel de la régulation du chômage des diplômés avait été assurée après les indépendances, par le développement du secteur public et parapublic. Il y a eu alors nationalisation des postes occupés et création d'emploi9(*).

La plupart des Etats sortant de la colonisation ont entamé des politiques ambitieuses de construction d'une économie nationale en mettant en place les politiques et les stratégies d'industrialisation rapide afin de substituer aux importations. Mais ces politiques ne sont pas élevés à la hauteur des effets escomptés, du fait d'une allocation inefficiente des ressources.

Au cours de cette période (dans les années 70), l'Afrique s'est distinguée par une croissance démographique inversement proportionnel à la croissance économique. Les activités modernes créatrices d'emplois salariés connaissent souvent une stagnation face à une explosion urbaine et à une montée des jeunes à la recherche d'activités.

La détérioration des conditions de vie des populations, surtout en zone rurale, et l'espoir d'un destin meilleur, motivent une migration ininterrompue vers le milieu urbain. Mal préparées à recevoir cet afflux de populations souvent démunies, les villes leur réservent un avenir incertain, en particulier s'agissant de leur insertion professionnelle. Très vite, la demande d'emplois est apparue supérieure à l'offre.

Le secteur informel urbain joue alors un rôle d'absorption de cette main-d'oeuvre excédentaire mais pleine d'initiatives.

Ø 1970s-1980s: Période marquée par le processus de désétatisation au profit du « marchand »

Durant les premières décennies du développement, les interventions de l'acteur étatique ont été conçues et exécutées dans les limites territoriales ; c'est-à-dire dans les cadres de références des économies essentiellement nationales. Tel n'a pas été le cas pour la conception des politiques de développement dans les années septante et quatre-vingt (jusqu'au milieu des années quatre-vingt).

Au cours de cette période, les difficultés qui ont découlé de mauvaises gestions ont été le justificatif des divers programmes d'ajustement qui ont préconisé un rôle plus important du secteur privé.

La Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ont imposé les PAS, ceux-ci étaient censés restaurer les grands équilibres macroéconomiques, et relancer la croissance économique par l'allocation optimale des ressources et l'augmentation de l'efficacité (BANQUE MONDIALE, 1988, p.11). Fondé sur une logique entrepreneuriale de la gestion de l'économie, l'ajustement devrait ramener les économies du Sud aux normes du marché international (PEEMANS, J.P., 2002, pp.141-177). Certes, ces politiques ont permis certains équilibres macroéconomiques, mais leurs évaluations révèlent un échec et même une détérioration profonde des conditions socio- économiques dans les pays concernés (BANQUE MONDIALE, 1997, p.76).

La réduction des dépenses publiques, imposée par les mesures de stabilisation en vue d'atténuer les déficits budgétaires, a conduit les Etats à diminuer la part des budgets nationaux consacrés aux services sociaux de base. La liquidation des entreprises publiques déficitaires et la réduction des effectifs de la fonction publique ont entraîné des licenciements massifs, provoquant la baisse des revenus réels des populations.

Pour l'Afrique Subsaharienne, le pourcentage de revenu touché par les 20% les plus pauvres était de 6,8% et celui touché par les 20% les plus riches était de 44,1 en 198810(*).

En conséquence, l'augmentation du chômage, la nécessité de mobiliser toutes les ressources en travail familial pour survivre, ont entraîné une croissance accélérée des activités dites informelles tant à la ville qu'à la campagne.

Ø A partir des années 90 : pour un « autre développement » centré sur le Développement Humain

L'autre développement défend l'idée selon laquelle, chaque société doit baser ses projets de développement sur ses dotations propres en ressources et sur son environnement naturel. On ne peut y avoir une voie unique et universelle de développement. Chaque société doit en effet définir son chemin de développement en fonction de ses valeurs, de ses besoins propres et de sa vision de l'avenir eu égard à sa façon de comprendre le monde. Dans les milieux de vie concrets, la redistribution sociale ne concerne pas seulement les biens et services marchands (élargissement de la palette des choix des individus), elle concerne aussi les charges et contributions communautaires.

Selon le rapport de la Banque Mondiale (Banque Mondiale, op.Cit, p.183), la « mauvaise gouvernance» vers la fin des années 80, affirmait le caractère inquiétant du déclin politique de l'Afrique en générale. La corruption, le détournement, le népotisme sont les principaux maux qui gangrènent des sociétés africaines et qui perturbent le système de production et de redistribution équitable.

Pour atteindre le niveau de bonne gouvernance acceptable par les bailleurs, des reformes étatique sont nécessaires. Ces reformes peuvent se résumer par la remise en cause du monopole du pouvoir de l'Etat et de ses institutions.

La bonne gouvernance implique que d'autres organisations, issues avant tout du secteur privé et des « acteurs non étatiques11(*) » (la société civile), s'engagent parallèlement à l'Etat, dans les activités économiques et sociales.

Depuis que le Sommet du Millénaire12(*) a érigé la question de la pauvreté en enjeu global pour l'humanité et comme premier objectif du millénaire pour le développement, les Etats se sont fermement engagés en faveur de la lutte contre la pauvreté, sa réduction et voire son éradication. Il s'en est suivi l'élaboration de Documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP)13(*) ou de Cadres stratégiques nationaux de lutte contre la pauvreté (CSLP), élaborés avec l'appui d'organismes des Nations Unies, notamment du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), et financés par divers bailleurs de fonds étrangers. Il s'agit de processus multi-acteurs qui mobilisent l'administration, le secteur public, le secteur privé, ainsi que les organisations de la société civile à divers stades et à divers degrés.

Malgré ces politiques, la dégradation continue des économies africaines a entraîné un accroissement considérable du niveau de pauvreté sur le continent. Selon l'édition 1997 du Rapport sur le développement humain du PNUD, près de 40% des 590 millions d'habitants de l'Afrique subsaharienne, soit 220 millions de personnes, sont en-dessous du seuil de pauvreté absolue. Selon les données fournies par « Abolissons la pauvreté» le portrait mondial de la pauvreté en 2007 est accablant. Non seulement la pauvreté décime-t-elle toujours des populations entières, mais les organismes internationaux notent une aggravation généralisée du phénomène.

Chaque année, neuf millions de personnes meurent de faim ou de malnutrition, 1 milliard n'a pas accès à l'eau potable et plus d'un milliard de personnes vivent dans la misère extrême avec moins d'un dollar par jour14(*).

II.1.2. Dans l'espace

Presque partout dans les économies des pays, le secteur informel a existé sous une forme ou une autre à une certaine étape du développement. Sans nul doute, ce secteur existe aussi dans les pays industrialisés, mais l'échelle du phénomène et le contexte dans lequel il se produit sont tout à fait autres. On constate que lorsque les gens vivent dans une extrême pauvreté, ils se livrent à des activités en marge de la légalité ou complètement illicite. Ces tendances ont été remarquées dans des pays différents comme l'inde, le Pérou et plusieurs pays africains. Braudel mentionne quelques exemples de ce phénomène (F. GOOSSENS., 1997, p.37).

Par exemple:

§ La France, affamée de 1940 à 1945, a connu, avec le marché noir, une poussée de colportage anormale.

§ En Russie, la période de 1917 à 1922, avec ses troubles, sa circulation imparfaite, a vu réapparaître les intermédiaires ambulants.

La théorie économique du développement à laquelle nous faisions allusion a pourtant bien fonctionné sous d'autres cieux. Par exemple, il est rapporté qu'aux Etats Unis d'Amérique, le secteur informel a fait l'objet d'une absorption progressive et complète dans le secteur structuré. Au Japon semble-t-il, il a été le pivot de l'industrialisation. Des pays d'Asie comme la république de Corée, Singapour et Hong Kong ont réussi à élaborer des stratégies qui ont débouché sur une transformation efficace du secteur informel en secteur structuré.

Autre exemple, le secteur informel latino-américain se caractérise par sa colonisation, par sa pauvreté, par son développement économique et technologique et par son importante urbanisation.  Les 2/3 des habitants de l'Amérique Latine vivent et travaillent dans le secteur informel (HERNANDO de Soto, 2001, p.24).

Le secteur informel, en Afrique, a pris une importance telle que la Banque Mondiale et le FMI ont pris la bonne résolution de l'encourager (fait rare de la part de ces institutions qui veulent faire fonctionner les sociétés africaines à l'image de l'Occident) et dorénavant d'insérer ses activités dans les stratégies de développement du continent. Se basant sur la définition de la 15eme conférence des statisticiens du travail et dans une étude concernant une quinzaine de pays africains toutes régions confondues (Afrique du Nord, Afrique Sahélienne, Afrique côtière, Afrique centrale) J. CHARMES donne les estimations suivantes : Le S.I. représentait selon les pays 29 à 75% de la population active non agricole dans les années 1980. Dans les années 1990, ces taux sont passés à 25 voire 90% (CHARMES,J., 1995, p.27). Ainsi, entre 1975 et 1993, le poids du S.I. s'est considérablement accru dans tous les pays, il a effectivement joué un rôle d'absorption de la main d'oeuvre excédentaire sur le marché du travail tandis que le secteur moderne public et privé a vu ses capacités réduites sous l'effet de la crise puis de l'ajustement.

Du point de vue de l'emploi, le secteur informel tend à devenir le plus grand pourvoyeur d'emplois. A défaut de statistiques complètes, les estimations suivantes témoignent son ampleur au plan de l'emploi : l'OIT fait état de 500 millions de personnes, soit le quart de la population mondiale économiquement active en dehors de l'agriculture, qui tiennent leur survie du secteur informel. Par exemple,

- En Inde, en 1998, 93% de la population active en dehors de l'agriculture était dans le secteur informel.

- En Afrique, le secteur informel, plus pesant en milieu urbain, compte entre 45 % et 50%, voir même 95% du volume total de l'emploi dans certaines villes africaines selon les estimations de la Banque Mondiale.

Du point de vue de la création de revenu, le secteur informel constitue un facteur principal de création de revenus dans les pays en développement. Toutefois, selon Jacques CHARMES, la contribution au P.I.B. du secteur informel est inférieure à sa part dans l'emploi.

En Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud), la contribution du secteur informel dans le PIB non agricole en 1990 était de 39,4% et de 25,9% dans le PIB total. En Asie, la contribution est de 28% dans le PIB total et de 37% dans le PIB non agricole.

II.2. Emergence et évolution du S.I. au Burundi

Dans ce point, nous allons montrer comment le S.I. a pu émerger au Burundi en fonction des changements apportés dans les politiques et stratégies nationales de développement. Les raisons de son émergence sont comme celles évoquées précédemment ailleurs.

II.2.1. Dans le temps

Le Burundi a accumulé déjà une expérience de plus 30 ans en matière de planification du développement, depuis son indépendance. Il s'agit de :

§ 1968 - 1972 : premier plan quinquennal

§ 1973 - 1977 : deuxième plan quinquennal

§ 1978 - 1982 : troisième plan quinquennal

§ 1983 - 1987 : quatrième plan quinquennal

§ 1988- 1992 : cinquième plan quinquennal

Ces plans de développement de l'économie burundaise n'ont pas pris en compte, de manière spécifique le secteur informel. Une distinction fut faite entre industrie et artisanat, sans utilisation de critères pour délimiter leurs champs respectifs. L'appartenance d'une activité artisanale ou commerciale quelconque au secteur informel est généralement définie en référence à des situations irrégulières au regard des critères officiels d'enregistrement des comptables nationaux.

Période 1970s- 1980s : Economie burundaise a été marquée par trois plans de développement. Ces plans mettent l'accent sur la coordination de tous les efforts de développement, par l'Acteur Etatique fort et entreprenant  dans le cadre d'accélérer la croissance économique du pays. L'Etat était alors le premier employeur, celui qui a créé et développé le plus d'opportunités pour une certaine catégorie de salarié leur permettant ainsi d'élever leur position dans la hiérarchie sociale en étant plus instruits voire plus aisés financièrement.

Les deuxième et troisième plans ont commencé à mettre un accent particulier sur l'industrialisation (import- substitution) par la valorisation des produits agricoles et la promotion des produits d'exportation (le café en l'occurrence).

Le IIIème Plan Quinquennal vise explicitement la promotion de l'emploi particulièrement dans le monde rural. Il a mis le doigt sur les véritables dimensions de l'artisanat, l'accès généralement plus facile, l'artisanat devra participer à la croissance de l'économie du pays. Il aura pour effet d'indirect la création de l'esprit d'entreprise dans les masses rurales et offrira une base solide au secteur industriel. L'exploitation de cette possibilité offerte de diversifier les ressources du pays consistera à faire de l'artisanat une branche professionnelle organisée et productive.

Dans cette optique, les objectifs à atteindre sont les suivants :

- Augmentation de production et de diversification des produits artisanaux ;

- Création d'emploi, de préférence en milieu rural et formation professionnelle;

- Réalisation d'un développement équilibré du milieu rural par rapport aux centres urbains.

Depuis 1982 s'est affirmé une volonté politique de décentralisation au niveau des provinces et des communes, accordant un plus grand rôle aux collectivités locales et à la population dans le développement et créant un réseau de centres secondaires appelé à multiplier les activités informelles, à faire évoluer les structures rurales et à ouvrir la voie à l'aménagement du territoire.

Cette politique de regroupement de la population devait s'accompagner de la création de coopératives en milieu rural pour la commercialisation des récoltes ainsi que la création des formes d'instituts bancaires pour favoriser l'épargne en milieu rural. Elle fut validée par le congrès national du parti UPRONA, tenu du 26 au 29 décembre 197915(*).

Le quatrième plan quinquennal, bénéficie de ce système avec l'amélioration du système de planification, le taux de réalisation s'est également amélioré. Il s'est proposé d'investir 107 milliards de francs contre 64,5 au cours du troisième plan. La volonté de création de zones artisanales n'a reposé sur aucune étude préalable, les capacités industrielles restent sous utilisées et certains projets industriels ont été mis sur pied sans études préalables, ce qui a conduit à un ralentissement de la croissance industrielle ne permettant pas la résorption du chômage. Problème de l'accès au crédit n'a jamais été l'objet d'une quelconque attention.

Au Burundi, l'artisan effectue des petits boulots du secteur informel avant de s'installer à son compte. Jusqu'à présent, la non application d'une politique nationale de l'artisanat suite à l'insuffisance des moyens financiers s'est traduite par l'intervention dispersée, voire contradictoire, de multiples structures, étatiques ou non, qui ont mené dans ce domaine leurs propres politiques. Le gouvernement est accaparé par la promotion de l'industrie moderne.

Le secteur informel n'a jamais fait l'objet d'enquête statistique d'envergure nationale avant celle de l'ISTEEBU parue en 2007 mais il y a eu deux recensements, celui de 1979 et celui de 1990 qui l'ont confondu avec le secteur agricole.

Des enquêtes sur terrain se sont intéressées à des périodes différentes, au secteur informel urbain :

- enquête menée par le Ministère du travail et de la sécurité sociale en 1989 à Bujumbura, Gitega, Rumonge et Ngozi.

- enquête du même Ministère effectué en 1998 (Bujumbura, Muramvya, Ruyigi, Cankuzo, Muyinga, Kirundo, Ngozi, Kayanza).

Ces enquêtes ont donné lieu à des études fragmentaires qui permettent de connaître certaines caractéristiques du secteur. Elles ne permettent pas de faire des bonnes estimations globales et régionales du nombre d'emploi de ce secteur.

Vers les années 1986, devant la montée de l'endettement et des déséquilibres du budget et de la balance de paiement, le gouvernement en collaboration avec la Banque Mondiale et le Fond monétaire international; a adopté et a mis en oeuvre des politiques d'ajustement structurel (PAS). Avec ses effets pervers comme par exemple : la réduction des salaires, diminution des effectifs de la fonction publique, privatisation des entreprises d'Etat, etc., ont contribué à la dévalorisation du secteur public et donc au gonflement du nombre d'agents opérant dans le secteur informel. Ce programme se poursuivra jusqu'au début des années 1990.

Tableau no1 : Evolution des offres et demandes d'emploi sur le marché burundais

de 1988 à 2000

Années

Offres

Demandes

Ecarts demandes non satisfaites

Taux d'insatisfaction

en %

1988

2 035

9 304

6 999

75

1989

2 015

11 096

9 081

82

1990

3 005

13 090

10 085

77

1991

1 640

10 490

8 850

84

1992

885

7 313

6 428

88

1993

120

5 108

4 988

97

1994

367

2 001

1 634

81

1995

240

1 347

1 107

82

1996

214

491

277

56

1997

228

1 379

1151

83

1998

398

895

497

55

1999

647

666

19

2

2000

730

1 133

403

35

Total global

12 524

64 313

51789

80%

Source : Fait par nous-mêmes à partir du document du Ministère du travail et de la sécurité sociale, documents d'archives, de 1985 à 2005

- De 1988 à 1992, les données sur les offres et les demandes d'emploi ont suivi une évolution qui n'est pas linéaire mais en dent de scie.

- De 1988 à 2000, la demande a été toujours supérieure à l'offre pour toute la période.

- Dans l'ensemble, de 1988 à 2000, on peut conclure que les demandes cumulées sont loin supérieures aux offres cumulées soit avec taux de 20% de satisfaction contre 80% d'insatisfaction. Demandes 64 313, Offres 12 524. Toutes ces demandes 51789 non couvertes par des offres constituent parfois des rangs de chômeurs désoeuvrés complètement ou encore sous-employés quelque part.

A la veille du Vème plan, ces obstacles subsistent malgré les progrès réalisés ces dernières années ; les efforts devront donc se poursuivre en vue de surmonter les obstacles relevés surtout le long de la filière du produit artisanal (Gouvernement du Burundi, Vème PQDES 1988-1992, p.70).

Le Vème plan 1988-1992 a été élaboré en tenant compte des impératifs macroéconomiques découlant du PAS adopté en 1986. Il s'exécute par tranches annuelles (le programme d'investissement public, PIP) selon la technique de « programmation glissante16(*)» qui permet d'assurer une adaptation souple aux changements de la conjoncture.

Entre 1989-1990, la tendance négative de la courbe de l'emploi débute légèrement au niveau du secteur structuré moderne, les emplois, chiffrés à 94291, accusant une diminution de 5,6% par rapport à l'année 198917(*) .

Ø Période des années 1990 à nos jours : Participation de la société Civile dans la conception et la gestion des projets communautaires.

Depuis la fin des années 1980, grâce à l'instauration de la liberté d'association, plusieurs associations de citoyens se sont créées avec comme objectifs de promouvoir l'entraide et le développement communautaire. Une fois encadrées et soumises à des règles d'éthique de gestion et de transparence, ces associations peuvent être des partenaires efficaces dans le cadre d'une politique d'approche participative qui sera soutenue par la communauté des bailleurs des fonds.

Avec l'appui des Bailleurs de fonds, dont le chef de file est la Banque Mondiale, le Gouvernement prépare un cadre national de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP), qui définira les actions spécifiques à mener en vue de réduire sensiblement la pauvreté, ainsi que le rôle de ses partenaires au développement dans ce projet ambitieux.

Le Programme de lutte contre la pauvreté est multidimensionnel et multisectoriel. Il est multidimensionnel parce qu'il cible des objectifs d'amélioration des indicateurs économiques et sociaux; multisectoriel parce qu'il implique des projets couvrant tous les secteurs de l'économie nationale.

Le Gouvernement visera en priorité la création d'emplois à travers les projets générateurs d'emplois tels que l'entretien des routes et pistes, les adductions d'eau, les reboisements, les programmes de pavage des rues et les projets d'électrification rurale. En ce qui concerne ces derniers, ils seront liés au programme de création des centres urbains, foyers de développement des petites et moyennes entreprises également génératrices de nombreux emplois non agricoles.

II.2.2. Dans l'espace

Les activités de production et de service qui génèrent des revenus sont concentrées en milieu urbain plus spécialement à Bujumbura. D'après l'enquête 123 réalisée dans 4 villes (Bujumbura, Gitega, Kirundo, Makamba) du pays, l'emploi en milieu urbain est marqué par la prépondérance des services (52,5%), suivis du commerce (20,2%), du secteur primaire (14,1%) et enfin des emplois dans le secteur industriel (10,5%). Tandis que le monde rural constitué par les autres provinces s'occupe de l'agriculture de subsistance (CSLP, Seconde revue, 2009, p.77). La proportion de la population occupée en Mairie de Bujumbura est moins importante que celle des autres régions (81,4 % contre 87,2%). De plus, on remarque que le sous-emploi est moins important en Mairie de Bujumbura que dans le Reste du pays (9,2 % contre 12,4 %)18(*). En milieu rural, l'emploi d'après l'enquête réalisée par le PAM en 2008, l'agriculture est toujours la principale activité pour 77,2% des ménages ruraux, et est pratiquée pour l'autoconsommation par 92,7% d'entre eux. Seuls 21,2% des ménages pratiquent une agriculture commerciale, et la moitié des ménages ont recours à du travail manuel journalier comme complément de revenus.

Le nombre d'emploi créé par les différents métiers du secteur non structuré en milieu rural et urbain a augmenté entre 1982 et 1987, de 27435 en milieu urbain et 127263 en milieu rural soit 154703 au total en 1982 et 32692 en milieu urbain et 147176 en milieu rural soit 179068 au total en 1987, ce qui représente une différence de 25 665 emplois au total soit un accroissement total de 14% et un accroissement annuel moyen de 2,8%.(SIRIBA Philippe, 2003, p.27).

Le gouvernement burundais a lancé certaines actions pour la promotion de l'emploi dont les principales sont les actions d'ordre institutionnel et les reformes du PAS en matière d'emploi.

Avec les moyens financiers apportés par des partenaires extérieurs (PNUD, FIDA, FAO, ...), et avec les programmes initiés et appuyés par des organisations non gouvernementales, nationales ou internationales des projets de développement qui accordent des microcrédits en faveur des groupes constitués d'agriculteurs, d'éleveurs, d'artisans ou en faveur de ménages ruraux à faibles revenus, etc., ont été mis en place. Elles interviennent en appui aux populations pauvres et marginalisées sous forme de crédits, soit directement ou en interface avec d'autres institutions de micro-finance. Les multiples organisations peuvent être classées de la manière suivante : banques commerciales et établissements financiers, organisations de type coopératif, organisations non gouvernementales, projets et sociétés de développement, groupes auto-organisés : Tontines et Fonds d'entraide et de solidarité, Les ASBL, etc. (NIYONGABO Ephrem, UCL, 2007, p.57)

Tableau n°2 : Offre d'une vue synthétique des différentes interventions.

Type d'organisation

IMF

Couverture géographique

Démarrage du système d'épargne et de crédit

1. Banques et établissements financiers

BNDE

Couverture nationale

1967

FMCR

Bujumbura Mairie

1998

COFIDE

Ngozi, Kayanza et Kirundo

2000

SBF

Bujumbura Mairie

-

FPHU

Bujumbura Mairie

-

FDC

Nationale

2000

2. organisations de type coopératif

FENACOBU

Nationale

1984

CECM

Bujumbura Mairie et ses environs

1995

COSPEC

Cibitoke

2001

COPED

Bururi, Rutana, Makamba, Mwaro

1992

CODEC

Bujumbura Mairie

-

3. Organisations non gouvernementales

JAMII BORA

Bujumbura Mairie et ses environs

2002

OAP

Bujumbura Rural

1994

4. Groupes autoorganisés

4. Projets, ONG et ASBL à volet crédit et/ou épargne

FSTE

Nationale

1995

FSCJ

Nationale

1998

FSCS

Nationale

1998

TONTINE ROHERO

Bujumbura Mairie

1990

TWITEZIMBERE

Nationale

1993

UCODE

Ngozi, Kayanza, Kirundo

2001

5. Projets et sociétés de développement

PNUD

 
 

FIDA

 
 

FAO

 
 

COGERCO

 
 

BTC

 
 

OTB

 
 

Source : BIT (2001)

Dans le cadre d'une approche participative, les partenaires pourront fixer les objectifs et les actions prioritaires, en privilégiant la réalisation des projets à haute intensité de main d'oeuvre susceptibles d'injecter des revenus monétaires dans la population, et de lui redonner ainsi un pouvoir d'achat qui a été sérieusement érodé par la crise.

Dans le cadre de la Promotion de l'emploi, et avec l'appui des partenaires, deux chantiers importants ont été lancés par le gouvernement à savoir le PTPCE (Projet de Travaux Publics et de Création d'Emplois) pour l'exécution de plusieurs projets communautaires axés sur la promotion de l'emploi (pavage, marchés, abattoirs), et PMRSE (Projet Multisectoriel de Réinsertion Socioéconomique) pour une bonne réinsertion socio-économique des groupes défavorisés.

Les résultats atteints sont mitigés, car ces services n'orientent pas leurs actions dans la recherche de stratégie de création d'emplois. A partir de 1993, les crises socioéconomiques et politiques ont été accompagnées d'événements exceptionnels (comme l'embargo, les déplacements massifs des populations et le gel de la coopération internationale). De plus, la restructuration du secteur public a entraîné des licenciements massifs et l'arrêt des recrutements à la fonction publique, et a renforcé par conséquent le processus d'appauvrissement et d'exclusion économique et sociale.

Tableau n°3: Répartition des emplois supprimés suite à l'embargo

Catégories de travailleurs

EFFECTIF D'EMPLOIS SUPPRIMES

Chiffres absolus

Parts relatives

Hauts cadres

40

1,53%

Agents de maitrise

85

3,26%

Hautement qualifiés

229

8,77%

Qualifiés

528

20,23%

Semi qualifiés

379

14,52%

Manoeuvres

1349

51,69%

Source : Ministère du Travail, de l'Artisanat et de la Formation Professionnelle, 1998

L'ampleur de l'éloignement du niveau de vie du seuil de pauvreté plus marquée en milieu rural qu'en milieu urbain reflète la situation d'extrême pauvreté que vivent de nombreux ménages en milieu rural. L'évolution récente de la proportion du nombre de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté monétaire montre qu'elle atteint la barre de 60% sur les 10 dernières années (1990- 2000).

Les résultats de l'enquête QUIBB, menée en 2006, révèlent un taux de pauvreté de 67% sur le plan national, dont 69% en milieu rural et 34% en milieu urbain (Seconde revue CSLP, op.Cit, pp.34-36).

Tableau no4: Evolution de la pauvreté, 1990-2000

Population vivant en dessous du seuil de pauvreté relative

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Milieu rural

35.1

35.5

34.8

39.6

48.4

53.3

57.4

58.1

56.4

57.1

57.8

Milieu urbain

32.4

32.0

32.9

40.9

47.2

51.2

64.0

66.0

66.5

67.4

68.2

Niveau national

34.8

35.3

34.7

39.7

48.3

53.2

57.8

58.6

57.0

57.7

58.4

Source : Enquête Budget et consommation des ménages 1986-1990

Enquête prioritaire 1998-2000

Des estimations de la pauvreté réalisées récemment en 2008 (PNUD, 2010, p.10), dégageaient de seuil de pauvreté respectif d'environ 820 Fbu/jour en milieu urbain et 525 Fbu/jour en milieu rural. Avec ces seuils, environ 67% de la population burundaise est pauvre. Cette pauvreté se repartit inégalement à raison de 69% de la population en zones rurales contre 34% en zone urbaines. Il en est de même de sa répartition au niveau des provinces. Aussi, il ressort que la proportion des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté a presque doublé car elle était 67% en 2006 contre 35% en 1990.

* 9 http://www.ilo.org/public/french/employment/strat/publ/etp28.htm consulté 13/04/2002

* 10 http://www.ilo.org/public/french/employment/strat/publ/etp28.htm consulté 13/04/2002

* 11 Le terme» Acteurs Non Etatiques» désignent les organisations qui regroupent des structures de la société civile, en dehors des gouvernements et de l'administration publique. Ces organisations sont indépendantes et sans but lucratif. Ainsi on entend par « ANEs» notamment : les ONG, les organisations communautaires de base et leurs associations représentatives sociaux (syndicats, associations, d'entrepreneurs), les associations du secteur privé, les mouvements confessionnels, les universités, etc.

* 12. Il s'est tenu à New York au siège des Nations Unies du 6 au 8 septembre 2000

* 13. Le DSRP est établi à travers un processus participatif qui mobilise diverses parties prenantes internes et externes, notamment les bailleurs de fonds et les IFI. Il décrit les politiques, projets et programmes macroéconomiques sur une période de 3 ans ou plus. GOHY Gilles, dans son article Pauvreté : les mots et les faits au Bénin dénonce « leur ton paternaliste, condescendant et au demeurant dogmatique », La pauvreté, une fatalité ? (ouvrage collectif)

* 14 Les objectifs du Millénaire pour le Développement :http://www.un.org/french/milleniumgoals/

* 15. Nations Unies : Deuxième conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés : Mémoire du Burundi, Paris, 3-14 septembre 1990

* 16 Un plan glissant «c'est celui que l'on révise à la fin de chaque année et des estimations des objectifs

et des projets pour douze nouveaux mois ajoutés à la suite de ceux qui s'appliquent à l'année terminale

* 17 Ministère de la planification, du développement et de la reconstruction, Forum des états généraux

de l'économie Burundaise, Recueil des communications, IDEC, Bujumbura, 2003, p.180

* 18 http://www.burundistats.org consulte le 03/10/2010

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