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L' ONU et le démantèlement des groupes armés dans la sous région de grands lacs

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par Mussu Pwtrick FARAJA MWILARHE ZIMINIKA
Université officielle de Bukavu - Licence 2009
  

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SECTION 2 : EMERGENCE DES GROUPES ARMES DANS SOUS-LA REGION DES GRANDS LACS

Avant une analyse spécifique de chaque pays, nous allons passer en revue d'une manière générale les contextes sociopolitiques qui expliquent, l'émergence des groupes armés dans la sous-région des Grands Lacs.

§1 : CONTEXTE DE L'EMERGENCE DES GROUPE ARMES

Les conflits armés, en l'occurrence les groupes armés trouvent leurs racines dans des rapports de pouvoir, de structures sociales concernant notamment les accès différenciés aux emplois rémunérés ; aux ressources naturelles et au foncier1(*)

Cet état des conflits se montre prospère dans les milieux sous développés avec un taux important de sous-emploi qui font que les jeunes sans emplois y participent massivement. Le contrôle des ressources par « les aînés » priorité donnée aux autochtones ou tout simplement rareté des ressources ; la question de l'accès à la terre et aux ressources naturelles afférentes (eau, pâturages,...) sont aussi des facteurs essentiels de la dynamique des conflits et des groupes armés2(*).

La Banque Mondiale relève, omis les autres facteurs politiques, que le trait le plus frappant survient dans une lourde proportion dans les pays les plus pauvres. La guerre engendre la pauvreté mais la raison essentielle de sa concentration dans les pays pauvres est que la pauvreté accroît le risque du conflit, et le conflit réside dans l'échec du développement économique3(*).

Les tensions ethniques sont considérées comme facteurs premiers de conflits en Afrique en général et dans la sous-région des Grands Lacs en particulier «  les antécédents antérieurs à la colonisation, des différends ethniques et des guerres intestines suggèrent une disposition culturelle au conflit ».

Pour les chercheurs qui défendent cette thèse, le colonialisme et d'autres facteurs plus récents en rapport avec les ressources se greffent simplement sur une mosaïque de méfiance et de violence préexistante depuis des générations1(*).

En effet, les problèmes identitaires dans la sous-région des Grands Lacs sont anciens. D'importants flux migratoires avant, pendant et après les périodes coloniales, une pression démographique considérable, le statut incertain des autorités traditionnelles, les dynamismes politiques et économiques de la région constituent des facteurs amplifiant la question identitaire.

Ainsi, pour le cas du Burundi, depuis son accession à l'indépendance en 1962, celui-ci connaît de temps des violences cycliques plus ou moins aiguës, preuve de l'existence d'un malaise social et politique ou mieux d'un conflit profond. Ce conflit a très vite été défini par les acteurs politiques burundais comme ethnique. Une ressource était ainsi construite pour servir les intérêts de groupes détermines. Durant toute la période post-coloniale, la gestion du pays a ainsi été caractérisée par des stratégies d'instrumentalisation du levier ethnique soit pour conserver le pouvoir (des oligarchies issues de la composante sociale Tutsi), soient pour le conquérir (des organisations issues de la composante sociale Hutu). Cette instrumentalisation a connu de moments cycliques de violences extrêmes comme en 1965, 1972 et 1988 et plus encore vers 1993. Un chaos institutionnel s'en est suivi. Un état de guerre civil s'est installé et les conditions de vie et surtout de sécurité ont été dégradées. Ces conflits ont pris une ampleur nouvelle à partir du moment où des rebellions (comme CNDD-FDD et PALIP HUTU-FNL) revendiquent la représentation des Hutus se sont constituées à travers tout le pays et bénéficiaient du soutien ethno politique à la base2(*)  

A travers ses manifestations sanglantes et les acteurs et les victimes qu'il expose à la face du monde, ce conflit laisse fondamentalement croire à l'instrumentalisation ethnique. C'est la vision que les acteurs politiques Burundais ont imposée à l'opinion nationale et internationale lors de négociation à Arusha1(*).

Néanmoins, il est reconnu que, outre cette dimension ethnique de l'origine des groupes armés au Burundi, il existe autre dimension notamment politique, économique, socioculturelle et géopolitique2(*).

En outre, l'Etat Burundais, comme la plupart des Etats africains, laissait des insatisfactions énormes par rapport aux attentes toujours plus grandes3(*).

Dans la dimension socio-économique, dans le conflit burundais se trouvait aussi l'enjeu de la compétition pour le contrôle de l'Etat et de ses ressources et dans cette société l'Etat est perçu comme le seul et unique point de salut compte tenu de l'étroitesse de l'espace étatique. Le pouvoir, quelle que soit l'origine ethnique et régionale de son détenteur, apparaît comme source d'injustice et d'inégalité des conditions et des chances d'accès aux revenus, d'une inégale répartition du sol et d'autres biens, d'un accès inégal à la scolarité, de l'absence d'un groupe dans le commerce et dans le monde professionnel, ou encore du non accès à des positions économiques avantageuses.

Dans l'analyse des origines des ces deux pays (Burundi et Rwanda) l'élément commun est l'instrumentalisation de quelques ethnies au détriment des autres, oeuvre du colonisateur pour asseoir son pouvoir par le biais d'une ethnie qui se voit récompenser et jouir de privilèges plus que d'autres et cela n'a pas laissé indifférentes d'autres ethnies après les indépendances.

En RDC, le phénomène de groupes armés est lié à de facteurs complexes : problèmes foncières, politiques, économiques, ethniques, etc.

Premièrement, l'implantation des immigrés rwandais à l'Est de la RDC a occasionné des problèmes identitaires et par conséquent des problèmes fonciers au Kivu dans sa partie septentrionale. D'importants flux migratoires avant, pendant et après la période coloniale, une pression démographique considérable sont des facteurs liés à cette ethnicité.

Cela était sanctionné par un important contentieux entre les « Banyarwanda », les « rwandophones » établis au Kivu constitués de plusieurs groupes et les « autochtones » établis depuis dès avant la période coloniale.

Les « immigrés » et les « transplantés » de la période colonial «  les infiltrés » ou les « clandestins » d'avant et après 1960, les réfugiés tutsi et les réfugiés hutu, ce brassage a contribué à la naissance d'un litige dès les années 1960 déjà à l'époque dite de la « rébellion kanyarwanda »5(*)

Vers les années 1993 après un temps d'une vie en communion, d'autres événements viennent illustrer le caractère fluide des catégories ethniques. En effet, ce sont le « banyarwanda : Hutu comme Tutsi qui sont victime d'une vague de violence déclenchée contre eux par des groupes « autochtones » hunde, Nande et Nyanga soutenus par leur milices (Maï-Maï et les Ngilima).

Cette ethnisation s'est remarquée au Sud-kivu par le conflit et la haine qui existaient entre les originaires de territoire de Fizi et le Banyamulenge à la recherche du pâturage. Celle-ci a concouru à la formation des plusieurs milices d'autodéfenses dénommées « Maï-Maï » dans la plaine de la Ruzizi et dans le Fizi.6(*)

Deuxième, outre les facteurs ethniques et fonciers, les groupes armés trouvent leur racine dans des rapports de pouvoir. Les problèmes politiques en RDC ont parvenu à éclore les différents groupes armés et par manque de politique ils sont arrivés à demeurer dans de montagnes et forêts jusqu'à contrôler quelques localités au dépend du régime en place. En effet, avec le régime du président Mobutu et l'assassinat du premier ministre P.E Lumumba, plusieurs guérillas se sont formées pour défendre l'idéologie Lumumbiste et combattre le régime autoritaire qui s'était installé. Ainsi nous avions connu de mouvements tels que Parti révolutionnaire du peuple PRC en sigle, PLP (Parti de Libération du Congo) et sa branche armée, ALC (Armée de Libération du Congo), Front Patriotique de Libération du Congo, Front Watalinga, etc.7(*)

A la longue, le désordre qui a ravage le pays, l'autoritarisme du régime à contribué au durcissement de certains groupes.

Concernant le Rwanda, les analyses démontrent que les origines de conflits au Rwanda en l'occurrence les groupes armées sont identiques à celles du Burundi : questions identitaires occasionnées par le colonisateur belge, l'instrumentalisation des ethnies ayant conduit à privilégier l'ethnie tutsi dans le recrutement des autorités politiques indiques8(*)

Une dictature avérée liée à l'ethnicisme de détenteurs du pouvoir, ainsi l'histoire de confrontation armé du Rwanda est profondément marquée par les difficultés de cohabitation entre la majorité Hutu et la minorité Tutsi. Ces clivages, comme il est indiqué ci-haut, n'ont rien d'ancestraux. Ils sont le fruit d'une politique délibérée d'instrumentalisation de la question ethnique, tout d'abord par les colonisateurs belges, puis les différents régimes qui se sont succédé depuis l'indépendance9(*)

Vers 1959 on va assister à la première vague de violence occasionnée par l'agression d'un cadre du parme hutu (une association de la défense de droit ou de l'émancipation de Hutu créée par Grégoire Kayibanda) qui provoqua une sanglante flambée de violence ethnique faisant près de 300 morts et plus de 20 000 déplacés en grande majorité de Tutsi10(*)

C'est dans ce contexte ponctué par de nouveaux troubles ethniques en 1960 et en octobre 1961 que Grégoire Kayibanda est élu premier président de la République du Rwanda en 1961 et que le pays accède à l'indépendance le 1er juillet 1962.

Ces événements occasionnèrent l'immigration des Tutsi dans les pays limitrophes. Congo belge, Burundi, Tanzanie et Ouganda.

C'est donc à partir de ces communautés établies à l'étranger que des petits groupes de rebelles armés, surnommés « inyenzi » parurent. Ils s'infiltrent au Rwanda pour commettre des actes terroristes suscitant de la part des autorités Hutus de sanglantes représailles à l'encontre de la population civile Tutsi.

Une seconde vague d'environ 100 000 Tutsi s'enfuit à l'étranger en décembre 1963 suite à la dynamique de chasse au Tutsi en tant qu'une réponse à la tentative ratée de reconquête du pouvoir par des Tutsi réfugies au Burundi.

A la longue, il s'est fait remarqué que le Rwanda s'enfonce au cours des années 1960 dans la dictature ethnique et subit une dérive autoritaire ; élimination progressive de toute forme d'opposition ; instauration du parme hutu en tant que parti unique : omnipotence naissante du chef d'Etat ; orientation du pouvoir aux mains d'une clique issue de sa région d'origine.

Mécontent de la manière de conduire les affaires du pays, on va assister à un coup d'Etat militaire orchestré par des officiers nordistes originaires de la région de Gisenyi. Ils placent à leur tête le Général Juvénal Habyarimana, qui devient l'homme fort du pays. Ce dernier consolide son pouvoir en entreprenant par ce biais une politique de réconciliation avec le tutsi, mais chose étonnante, il n'a pas su négocier avec les maquisards qui étaient parrainés par la NRA de Yoweri Museveni.

Vers le début des années 1980, le Rwanda a connu une prospérité économique par la modernisation de ses infrastructures et l'absence de tensions ethniques majeures ; mais cet âge d'or ne dure pas. A partir de la seconde moitié de la décennie 80, le président jadis avide de réconciliation se transforme sous l'influence de son entourage en l'homme d'un clan prêt à tout pour défendre son pouvoir et préserver son contrôle sur la «  rente étatique ».

Cette dernière dérive du régime est provoquée par l'accumulation d'une série de tendances lourdes (impacts négatifs de forte densité de la population, surexploitation des terres, aggravation du fossé entre riches et pauvres et le retournement de la conjoncture socio-économique (imposition par Brettons Wood d'une politique d'ajustement structurel inadéquate, la chute de cour de café à partir de 1987 ; sécheresse et menace de famine en 1988 - 1992).

La combinaison de ces facteurs engendre une dégradation brutale du niveau de vie des populations et engendre frustration agression et jalousie. De ce fait, le facteur ethnique n'est pas considéré comme étant la seule déterminante mais cela étant la principale qui fusionne avec les facteurs politique, démographique et même économique.

* 1 Hugon P. Op Cit, p 132

* 2 R. MINANI BIHUZO, Au pacte de stabilité du Nairobi à l'acte d'engagement de Goma, enjeux éd défis du processus de paix en RDC, Kinshasa CEPAS/REDHCIC, 2008. p 182

* 3 Banque Mondiale, Briser la spirale de conflits, guerre civile et politique de développement, Bruxelles de Boeck, p 74

* 1 R. MINANI BIHUZO. Op Cit, p6

* Julien NIBUBON, la résolution des conflits au Burundi, processus, acteurs enjeux et incertitude, in Afrique des Grands lacs, sécurité et paix durable, Butare, UMR, 2004, p 147

* 1 Acte d'engagement d'Arusha art. 4

* 2 Julien NIBUBOM, Op Cit. p 149

* 3 Ibidem

* 5 Reythjens, la guerre des grands lacs, alliances mouvantes et conflits extraterritoriaux en Afrique central, Paris, Harmattan 1999, p 13

* 6 Conférence sur la paix, la sécurité et le développement des Provinces du Nord et Sud-Kivu, déclaration de Bafuliro, Janvier 2008, p 2-3

* 7 JM Balancier & De la Grange, Op Cit, p 388-399

* 8 F.Reythjens, Op Cit, p 19

* 9 J.M. Belancie & De la Grange A, Op Cit, p 340

* 10 Idem

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway