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à‰thique et pratiques communicationnelles de l' à‰glise Catholique pour la pacification de l'espace public au Burkina Faso

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par Anicet J. Laurent QUENUM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maà®trise en sciences de l 2002
  

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2.3.5. Tout sauf l'oubli

En jouant ainsi sur le clavier combien sensible de l'éthique humaine, l'Eglise catholique du Burkina nous projette à travers sa triptyque justice, vérité et réconciliation, dans une dynamique de pacification de l'espace public qui se refuse à légitimer tout abus par le jeu révoltant de l'impunité ou à absoudre (voir annexe 4) le coupable par le règne inique de l'oubli. Surtout, il s'agit de cet oubli dont nous parle Jean-Marie Gueullette dans Fêtes et Saisons en ces termes : « oublier une offense, c'est oublier l'évènement et donc également les acteurs de cet évènement. Cela veut dire qu'une partie, douloureuse certes de l'histoire commune est occultée »75(*)

Mais alors une question vient à l'esprit : pendant combien de temps pourrait-on occulter un crime sans courir le risque d'être tôt ou tard par l'histoire ou la justice ? N'est pas dix (10) ans après avoir quitté le pouvoir et en plein exil doré au Sénégal que l'ancien président tchadien, Hissène Habré s'est retrouvé dans le collimateur des instances des Droits de l'Homme et de la justice ? La mondialisation de la criminalisation politique des abus de pouvoir est passée par-là ...

A bien y penser donc, l'oubli n'offre alors aucune garantie de tranquillité pour l'avenir. Le pardon s'en démarque positivement dans la mesure où celui-ci, sans prétendre effacer le passé, permet en revanche, d'établir une justice avec lui. Et ce n'est pas cette condition, qu'il pourrait, selon les cas, aider à oublier.

Parallèlement, l'application de cette démarche justice, vérité et réconciliation constitue un traitement préventif du sentiment de vengeance que peut provoquer toute personne victime d'abus, le spectre, sinon la hantise d'une violation du droit ou d'un procès injuste. Et Dieu sait que ce genre de hantise n'est pas vaine dans la mesure où dans la plupart des Etats africains dont le Burkina Faso, on a encore trop souvent affaire à une justice qui n'est indépendante que de nom. Celle-ci est animée par les magistrats aux ordres qui sont certes qualifiés pour appliquer le droit, mais incapables d'initier par eux-mêmes des actions en justice contre l'Etat ou même de conduire à terme un procès qui donnerait raison au citoyen contre l'Etat.

Il apparaît ainsi clairement qu'en l'absence d'un système judiciaire indépendant et efficace, ce modèle « justice, vérité et réconciliation » est voué à l'échec, sinon à un simple simulacre. Autant dire qu'avec le modèle Justice, vérité et réconciliation, nous sommes toujours en présence d'un processus de pacification de l'espace public tributaire du fonctionnement démocratique de l'appareil judiciaire.

Exemple : si la crise politique née des assassinats de Norbert ZONGO et de David OUEDRAOGO a été particulièrement chronique et si certains cercles radicaux on continué de crier à l'impunité, il est quasiment admis dans l'opinion publique burkinabè que les louvoiements de cette justice en sont une cause majeure. L'illustration en est que, ce 30 mars 2001 et au moment-même où Blaise COMPAORE demandait pardon à son peuple au stade du 04 août à Ouagadougou, le Collectif contre l'impunité continuait à clamer tout haut que cette initiative n'était qu'une « mascarade »76(*) destinée à passer par pertes et profits tous les crimes politiques commis jusque là au Burkina Faso. C'est alors qu'il avait choisi de pratiquer la politique de la chaise vide au profit d'une cérémonie de recueillement sur les tombes de Norbert ZONGO et de Thomas SANKARA au cimetière de la même ville. N'est-ce pas cela aussi le droit à la différence ?

* 75 Fêtes et Saisons, Le pardon, août 2002, p. 21

* 76 Halidou Ouedraogo, président du collectif des organisations démocratiques de masse et des partis politiques

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