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Haà¯ti, un panorama socio économique désastreux. Tentatives d'analyses et d'explications(1970-2005)

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par Jean Luc FENELUS
Institut national d'administration, de gestion et des hautes études internationales( INAGHEI) - Licence en adminsitration 2006
  

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Méthodologie

JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

Le choix de ce sujet n'est pas le fruit du hasard. Il est motivé par deux raisons :

Ø absence de volonté et d'engagement politique de la part des autorités haïtiennes face à la dégradation de notre économie et ses répercussions sur les conditions de vie de la population ;

Ø il est lié à notre désir d'apporter notre modeste contribution à la réflexion sur les principales causes de la dégradation de l'économie et de formuler des recommandations qui, nous l'espérons, retiendront l'attention de nos décideurs politiques et de nos techniciens.

LA PROBLÉMATIQUE

Haïti, contrairement à certains pays de la région de la Caraïbe est soumise à des conditions physiques que nous pouvons qualifier de difficiles. Elle est limitée dans son développement économique par plusieurs facteurs.

1- Une Géographie physique difficile (terre montagneuse lisérée d'étroites plaines côtières):

Ø un relief accidenté (dont les montagnes occupent environ les trois quart de son territoire avec le sommet le plus élevé, situé au massif de la Selle qui culmine à 2680 mètres) qui limite les possibilités de l'agriculture haïtienne;

Ø un climat à succession alternée de deux saisons pluvieuses et de deux saisons sèches avec une température variant entre 20 et 35 degrés Celsius1(*). Malheureusement lorsque cette alternance est perturbée l'agriculture en subit le coup;

Ø un sol affecté par l'érosion provoqué par le déboisement incontrôlé et la surexploitation des sols arables. Cette situation traduit le désespoir et justifie la principale source des inondations et de longues sécheresses qu'ont connu et connaissent encore certaines régions du pays.

2- Sur le plan démographique la situation est préoccupante:

Ø la projection faite pour la période (1990-2005) par OMS/OPS en 1996 prévoyait un taux moyen annuel de croissance de 2.08%; un taux brut de natalité de 35,29 pour 1000 et une espérance moyenne de vie à la naissance de 55 ans. Aujourd'hui la situation n'a pas subi trop de variation avec un taux de croissance annuel constant de 2.08% ; d'un taux brut de natalité de 32,7 pour 1000 et d'une espérance moyenne de vie à la naissance de 54 ans;

Ø la structure par âge montre une population jeune. Les moins de 15 ans représentent 40% de la population totale (dont 15% d'enfants de moins de 5 ans). La population active représente environ 56% de la population totale dont 25% de femmes en âge de procréer (15-49 ans). Les personnes de plus de 65 ans représentent seulement 4% de la population totale. Haïti est le pays où la densité démographique était la plus élevée de l'Amérique Latine en 1995 soit 226 hab. /m2 d'après OMS/OPS. Aujourd'hui, la situation tend à se détériorer avec plus de 304 hab. /m2.

Le tableau suivant nous donne une idée de la situation.

Tableau 1- Haïti : Indicateurs Démographiques

 

Taux de naissance

Taux de la population de moins de 15 ans

Taux de la Population de 65 ans plus

Année

2000-2005

2000

2000

Haïti

2,08

39,9

3,8

Artibonite

1,82

42,6

4,0

Centre

1,67

43,9

4,0

Grand'Anse

1,39

41,8

4,5

Nord

1,64

43,9

3,7

Nord'Est

1,28

42,9

4,2

Nord'Ouest

2,15

45,7

4,7

Sud

1,26

41,8

4,3

Sud'Est

0,98

40,7

5,0

Source : IHSI, 1996

3- Sur le plan sanitaire, la population haïtienne fait face à des difficultés énormes. Haïti représente l'un des pays de l'Amérique où le taux de mortalité est le plus élevé. La situation s'est aggravée encore avec la crise socio-économique et politique que connaît le pays depuis les années 80. Le taux brut de mortalité était estimé à 13 pour 1000 en 1990 et se situait très nettement au-dessus de la moyenne latino-américaine qui est de 7 pour 1000 selon OMS/OPS en 1996. Tandis que l'espérance moyenne de vie à la naissance est de 55 ans contre 67 ans pour l'ensemble des pays de l'Amérique Latine. Les mauvaises conditions de vie de la population en Haïti expliquent cette faible espérance moyenne de vie.

La morbidité en Haïti porte sur les maladies suivantes :

Ø la diarrhée associée à la malnutrition, la malaria, le tétanos, les infections respiratoires aiguës (IRA), la tuberculose, la rougeole et la typhoïde. Ces facteurs expliquent dans une large mesure le taux élevé de la mortalité en Haïti particulièrement chez les enfants en bas âge. La malnutrition constitue l'un des facteurs de la mortalité et de la morbidité au niveau de toutes les tranches d'âge et plus précisément chez les couches les plus vulnérables;

Ø le problème de santé se pose aussi en termes d'infrastructures médicales, de la disponibilité des ressources et de leurs allocations. Seulement 645 institutions de soins et de services sanitaires pour une population estimée à environ 7180294 habitants en 19952(*) et selon le dernier recensement de la population et de l'habitat réalisé par l'IHSI en 2003, la population haïtienne est de 8373750 habitants. En termes de la répartition des infrastructures sanitaires pour l'ensemble du territoire la situation est ainsi présentée :

· 49 Hôpitaux ;

· 217 Centres de santé dont 60 avec lits ;

· 138 Centres de santé sans lits ;

· 389 Dispensaires dont 37% appartiennent au secteur public, 30% au secteur mixte, 31% au secteur privé et 2% au secteur non identifié ;

· 6400 lits d'hôpitaux seulement sont disponibles pour l'ensemble de la population et on ne compte que 1,6 médecins pour 10000 habitants et 1.27 infirmières et de 0.4 dentiste pour 10000 habitants.

Ø le personnel médical insuffisant est inégalement réparti et malheureusement très peu qualifié avec une logistique insignifiante. En effet, le personnel de santé était estimé à 9000 individus et la part du budget national octroyée au Ministère de la santé par le gouvernement central était de 13% seulement en 1997. Il convient de signaler que, depuis des années, nos ressources en terme de professionnels de santé, du nombre de lits d'hôpitaux et de centres hospitaliers n'ont pas véritablement subi de modifications. Cependant il faut faire remarque que, depuis un certain temps, la politique d'ouverture existant entre l'Etat haïtien et le l'Etat cubain a contribué à une légère amélioration dans le système sanitaire plus précisément avec l'arrivée de nos médecins qui ont été formés à Cuba et la présence des spécialistes cubains dans certaines régions du pays. Déjà, en 2003 le nombre de professionnels de santé cubains était de 556, contribuant ainsi à atténuer les problèmes de santé dans le pays suivant les données de l'AOPS publiées en 2004.

4- La situation du système éducatif haïtien pour sa part est aussi préoccupante:

Ø taux élevé d'enfants scolarisables non scolarisés.

En effet, alors qu'en 1991/1992 le nombre d'enfants scolarisables était de 1216808 (6 à 12 ans), seulement 926095 avaient été scolarisés avec 48,3% filles et une participation du milieu rural de 42,1%;

Ø l'inadaptation du contenu de l'enseignement et l'inaccessibilité de l'enseignement préscolaire à une forte proportion des enfants en âge scolaire posent de sérieux problèmes dans ce secteur. L'Etat pour sa part ne dispose que limitativement de quelques centres publics préscolaires pour l'ensemble de la population;

Ø faible contribution du secteur privé dans le système éducatif.

En effet, environ 14% seulement des enfants en âge scolaire selon les statistiques disponibles fréquentaient les établissements préscolaires privés avec un pourcentage équivalent de sur âgés. Les écoles publiques étaient moins nombreuses. D'où un taux général de fréquentation de 25% en 1993/19943(*). Et en milieu rural seulement 30% d'enfants scolarisables avaient pu fréquenter les établissements scolaires;

Ø le rapport élèves/salles de classe dans les écoles primaires pour l'ensemble du pays était de 47,4% en 1990/1991 et 47,7% en 1991/19924(*). Celui élèves/Maîtres au niveau primaire a connu lui aussi des modifications au cours des années antérieures et continue de l'être. Pour les années 1990/1991 et 1991/1992 on avait enregistré respectivement les ratios suivants : 33,6 et 33,8. Si pour cette période ces chiffres étaient plus ou moins acceptables aujourd'hui, l'encombrement des classes est excessif avec en moyenne 50 élevés par salle de classe.

Ø Le taux de transition dans le primaire, de 1979/1980 à 1990/1991 a subi certaines modifications à travers les différents niveaux. Et les taux de promotion, de redoublement et d'abandon de la première jusqu'à la sixième année fondamentale sont les suivants :

· promotion : 0,74; 0,77; 0,77; 0,77; 0,72 ;

· redoublement : 0,09; 0,12; 0,13; 0,13; 0,13;

· abandon : 0,16 ; 0,11 ; 0,10 ; 0,10 ; 0,15 ;

Bien que les informations soient inaccessibles dans ce secteur les données du tableau suivant nous permettent de faire une idée en terme de besoins en éducation5(*).

Tableau 2 - Quelques indicateurs relatifs au système éducatif haïtien

INDICATEUR

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Taux de scolarisation primaire brut (%)

70.7

74.0

77.2

80.1

85.0

88.5

-

Taux de scolarisation primaire net (%)

41.0

43.0

45.0

47.0

49.0

51.4

-

Taux de redoublement (%)

13.0

0.7

13.0

-

-

-

-

Taux d'abandon (%)

26.2

-

-

-

-

-

-

Ratio Elèves/Maîtres (primaire)

29.0

-

29.0

36.0

37.0

37.0

-

Taux de scolarisation secondaire (%)

11.9

14.4

14.0

13.5

13.1

12.8

-

Ratio Elèves/Maîtres (secondaire)

12.2

12.0

12.9

12.9

-

-

-

Taux d'alphabétisation adultes (%)

53.0

-

55.0

-

-

-

-

Taux de candidats présentés et admis au Bacc I (%)

24.8

32.5

46.5

46.4

33.6

52.6

-

Taux de candidats présentés et admis au Bacc II (%)

57.8

74.5

85.7

77.4

62.8

83.6

-

Sources : PNUD/Rapport Mondial sur le Développement 1990-1997,UNESCO, IHSI.

5- Dans le domaine de l'eau potable et assainissement, la population fait face à de sérieuses difficultés. Le taux de couverture des besoins en eau est très faible en zone urbaine et en zone rurale. La consommation d'eau de mauvaise qualité a des répercussions négatives sur l'état de santé de la population, augmentant ainsi le taux de morbidité et de mortalité des enfants atteints par la diarrhée, la typhoïde et autres maladies dérivées.

La couverture des besoins en eau potable au 31 décembre 1996 dans la zone métropolitaine était de 48%. Et au niveau des villes secondaires elle était estimée à 43%. En milieu rural pour la même période la couverture était estimée à 41%, pour une population estimée à 66% de la population totale du pays6(*).

Après avoir énuméré les différents facteurs qui handicapent l'économie haïtienne, comment se présente cette économie?

La structure de l'économie haïtienne se présente de la manière suivante : Un secteur primaire, un secteur secondaire et un secteur tertiaire. Cependant depuis plus d'une quinzaine d'années l'économie haïtienne connaît des difficultés majeures au niveau de ces secteurs et ces dernières se résument en ces termes :

Un secteur primaire dominé par l'agriculture, un secteur secondaire dominé par la sous-traitance et l'industrie de transformation tournée vers le marché interne. et un secteur tertiaire dominé par les services.

Le secteur primaire est en situation de déclin avec une régression de la production vivrière et des cultures d'exportation, ce qui a entraîné une baisse constante sa contribution dans la formation du produit intérieur brut (PIB) et également une baisse du revenu des agriculteurs. Les facteurs qui ont limité le développement de ce secteur sont : l'absence de politique agricole, l'absence de politique de prix, l'absence de mesures d'incitation et d'encouragement au bénéfice des agriculteurs, l'insuffisance d'intrants en qualité et en quantité, l'insuffisance des infrastructures rurales et le problème foncier ; l'insuffisance des services de base et l'insuffisance de crédit agricole.

Ø Le secteur secondaire était en essor au cours des années 70 avec l'implantation et le fonctionnement des usines de sous-traitance. Aujourd'hui ces usines sont fermées ce qui a exacerbé le chômage.

Enfin, en ce qui concerne le secteur tertiaire, le tourisme dans lequel Haïti avait trouvé sa vocation économique dans les années soixante et soixante dix n'est plus qu'un souvenir aujourd'hui. Cependant, nous pouvons noter avec satisfaction l'essor qu'a connu le secteur bancaire au cours de ces quinze dernières années.

HYPOTHÈSE DE DÉPART

Notre hypothèse de départ est ainsi formulée :

Les mauvaises voies de développement choisies par les différents gouvernements qui se sont succédés depuis l'indépendance à nos jours expliquent aisément la constante dégradation de l'économie haïtienne.

HYPOTHÈSES SECONDAIRES

L'absence de politique avec des objectifs clairement définis explique la situation de déséquilibre dans laquelle s'est retrouvée l'économie haïtienne.

La mauvaise gestion qui caractérise les différents secteurs de l'économie nationale explique également la dégradation de notre économie.

L'insuffisance de cadres capables de concevoir et d'exécuter les tâches qu'exige une économie moderne explique aussi la dégradation de l'économie haïtienne.

Des facteurs endogènes et exogènes ont limité ou empêché la croissance de l'économie haïtienne.

L'OBJECTIF DU TRAVAIL

Identifier et analyser les facteurs qui ont contribué à la dégradation de l'économie haïtienne au cours de ces quinze dernières années et étudier les répercussions de cette dégradation sur les conditions de vie de la population.

CHAMP D'ÉTUDE

Notre étude porte sur l'économie haïtienne, plus particulièrement sur les difficultés socio-économiques qu'a connues Haïti durant les quinze dernières années.

LA DURÉE DE L'ÉTUDE

Notre étude portera sur les quinze dernières années, compris entre la période de 1990 à 2005.

LE PLAN DU TRAVAIL

Notre travail est réalisé en trois grandes parties.

La Première Partie traite la situation socio-économique d'Haïti et des répercussions des déséquilibres économiques sur les conditions socio-économiques de la population au cours de la période allant de 1950 à 1996.

La Deuxième Partie traite des tentatives de planification ou refus du développement, en analysant aussi quelques programmes de développement qui ont été initiés à savoir: Les unités spatiales de développement, les plans quinquennaux, l'absence de structure de planification et la participation de la population au processus de la planification etc.

La Troisième Partie parle du refus de développement et de la pauvreté en milieu rural, du phénomène migratoire et ses conséquences, le chômage, le développement de l'habitat spontané et la ruralisation de la vie urbaine. Viennent enfin, la conclusion et les recommandations d'usages.

* 1 OMS/OPS, Analyse du secteur Eau et Assainissement, P-au-P, p. 20 1997.

* 2 MSPP/ OPS/OMS, Analyse de la situation sanitaire d'Haïti, Port-au -Prince, 1997.

* 3 MENJS, Diagnostic technique du système éducatif haïtien, Rapport de synthèse, 1994/1995, p.32.

* 4 MENJS, Diagnostic technique du système éducatif haïtien, Rapport de synthèse, 1994/1995, p.34.

* 5 PNUD, Rapport de coopération au développement, août 1997 p.15.

* 6 OMS/OPS, Situation sanitaire Haïti, 1997.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon