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Etude comparative des conditions de travail des enfants issus des ménages agricoles au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Mali

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par Kodzovi Senu ABALO
Ecole nationale supérieure de statistiques et d'économie d' Abidjan - Ingénieur statisticien 2011
  

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Apports et intérêt, perspectives...

Cette étude a permis d'aller au-delà de la question des pires formes de travail des enfants pour établir un schéma descriptif global suivant une approche nouvelle prenant en compte une certaine forme de travail domestique. Par ailleurs, cette étude a permis de nuancer certaines conclusions établies voir préétablies par les organismes internationaux s'occupant de la problématique du travail des enfants (OIT, Unicef, etc.) et qui tendent à s'universaliser, apparaissant hasardeuses dans le contexte socioéconomique particulier des pays d'Afrique subsaharienne, et particulièrement du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire et du Mali. Le lien immédiat établi entre promotion de la scolarisation et réduction du travail des enfants, le rapprochement systématique fait entre pauvreté des ménages, mobilité des enfants et prévalence du travail enfantine, ne semblent pas toujours prévaloir de façon indiscutable dans les études de cas de cette présente analyse. Le travail des enfants apparait comme un phénomène relevant d'une logique socioéconomique propre aux sociétés africaines subsahariennes. En outre, les normes culturelles qui prévalent dans cette partie du monde prédisposent à certaine une tolérance envers certaines formes de travail des enfants, considérées comme des gages de socialisation et de responsabilisation des enfants.

Ces constats ouvrent ainsi de nouvelles perspectives d'analyse qui mériteraient d'être explorées. Par ailleurs, les effets de substitutions entre le travail des enfants et celui des adultes, qui peuvent influer le comportement de ces derniers relativement à la décision de participation des enfants au travail, auraient pu mériter une analyse particulière.

...et recommandations

Au-delà des objectifs fixés, des éléments idoines de recommandations allant dans le sens d'une lutte ciblée et efficace contre le travail des enfants sous ces formes inacceptables se doivent d'être proposés. Ils s'adresseront essentiellement aux organismes nationaux ou internationaux qui oeuvrent dans le domaine de la lutte contre le travail des enfants sous ces formes insoutenables (ou inacceptables). En effet, chercher à mettre un terme au travail des enfants serait pour les organismes de lutte, une stratégie vouées à l'échec et la manifestation d'une incompréhension totale des sociétés subsahariennes62. Cette réalité est très manifeste au Burkina Faso et au mali, où nombre de variables liées aux normes socioculturelles ont pu être mises en évidence dans l'explication du travail des enfants. Le travail des enfants relève d'une utilité certaine et participe à l'éducation de ceux-ci. Ce phénomène n'est donc pas forcément

62 On pourra même parler de "choc des civilisations".

un mal ou un frein à l'épanouissement de l'enfant. D'ailleurs, la plupart des enfants qui travaillent sont également scolarisés. Par conséquent, la scolarisation n'est pas le simple résultat d'un arbitrage d'avec le travail. Les organismes de lutte doivent donc faire la part des choses en intégrant les réalités anthropologiques et sociales des pays concernés à leur vision, afin d'adapter au mieux leur stratégies de lutte contre les formes de travail qui méritent réellement une lutte acharnée : les formes inacceptables de travail63.

[ R1] Selon la FAO, 70% des enfants travailleurs sont issus des ménages agricoles. Aussi, les enfants sont beaucoup plus actifs dans les fermes et les plantations que dans les usines ou autres bureaux. Cette étude a, en outre, permis de noter que la prévalence du travail des enfants est sensiblement plus importante dans le monde agricole, en comparaison aux chiffres nationaux des trois (03) pays étudiés. Il est donc primordial que les organismes de lutte contre le travail des enfants surtout sous ses pires formes, dans ces trois (03) pays, multiplient leurs efforts dans le monde agricole en orientant prioritairement leurs actions sur les secteurs agricoles et domestique.

[ R2] Le fait pour les enfants de travailler ne semble pas gêner considérablement leur éducation. La scolarisation est donc loin d'être un substitut parfait au travail par rapport auquel, elle n'est d'ailleurs pas en concurrence. Miser sur la seule promotion de la scolarisation serait ainsi une stratégie vouée à l'échec. La politique de l'Education Pour Tous (EPT), à travers une éducation primaire obligatoire doit, en outre, continuer d'être promue. Toutefois, elle doit venir en complément à d'autres mesures visant à expliquer le bien-fondé pour les parents de ne pas exposer leurs enfants à certaines formes de travail pouvant être dommageables pour le bien-être et l'émancipation de leurs enfants.

[ R3] Le rôle de la pauvreté parait assez limité pour les cas particuliers du Burkina Faso et du Mali. En fait, les normes sociales favorables à l'utilisation de la main d'oeuvre enfantine jouent un rôle déterminant dans la mise au travail de ceux-ci. Il faudrait ainsi mettre un accent particulier sur la sensibilisation des populations en insistant sur l'utilité future, du point de vue de la maximisation de la satisfaction des ménages d'une scolarisation et / ou du "non travail" de l'enfant. En Côte d'Ivoire où le niveau de pauvreté influe significativement la propension des enfants à travailler, des politiques visant à améliorer le bien-être des populations en milieux agricoles sont indiquées. Plus généralement, il apparait que le travail des enfants dans l'agriculture est surtout lié aux systèmes de subsistance des ménages

63 Voir le cadre conceptuel.

agricoles et à leur vulnérabilité économique. Créer d'autres sources de revenus pour les ménages réduirait la nécessité de faire travailler les enfants et permettrait à leur famille de les envoyer à l'école.

[ ] La localisation géographique joue un rôle essentiel surtout au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire. Dans ce dernier pays, il apparait que la prévalence du travail enfantine est plus forte dans les zones de forte intensité de culture cacaoyère. De plus, l'estimation séquentielle a permis de montrer, à travers l'effet croisé de la scolarisation et de la localisation, que les pires formes de travail sont plus présentes dans ces zones. Les conclusions tirées après la mise en marche du protocole Harkin & Engel sont ainsi confirmées. Des actions prioritaires doivent donc y être menées. Toutefois, l'ampleur du travail enfantine est aussi alarmante dans les autres régions Il est donc nécessaire de concentrer les efforts déployés aussi bien dans les régions productrices de cacao que dans les zones hors production cacao. Au Mali et

surtout au Burkina Faso, ce sont les zones de moyenne et de forte intensité d'émigration quisont les plus concernées par le phénomène. Des actions prioritaires doivent donc y être menées par les organismes intéressés par la problématique du travail des enfants.

[ 5] Les facteurs explicatifs de l'exposition des enfants aux pires formes de travail ne sont pas les mêmes d'un pays à l'autre. Les approches de lutte doivent s'adapter à chaque pays, les stratégies standards étant a priori vouées à l'échec. Les stratégies à privilégier doivent, en outre, mettre l'accent sur la sensibilisation des parents et l'adoption de mesures légales coercitives de lutte pour une éradication, somme toute, souhaitable.

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